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Accueil du site > Tribune Libre > Maximilien l’archidupe : exécution d’un jeune empereur

Maximilien l’archidupe : exécution d’un jeune empereur

« Je pardonne à tous, que tous me pardonnent ! Que mon sang prêt à couler soit répandu pour le bien du pays. Vive le Mexique ! Vive l’indépendance ! » (19 juin 1867).



Il y a cent cinquante ans, le 19 juin 1867, Maximilien Ier, empereur du Mexique, a succombé sous les balles d’un peloton d’exécution, à Querétaro, au Mexique. Homme droit et courageux, victime du cynisme des cours européennes, il était encore jeune, à peine 35 ans (né le 6 juillet 1832 à Vienne). L’aventure napoléonienne du Mexique s’est en quelques sortes conclue de cette manière…

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Maximilien était le petit frère de François-Joseph 1er, ce dernier de deux ans son aîné (né le 18 août 1830). François-Joseph fut le grand empereur d’Autriche qui régna sur l’Europe centrale du 2 décembre 1848 au 21 novembre 1916, en pleine Première Guerre mondiale. Maximilien portait alors le titre d’archiduc d’Autriche et de prince de Hongrie. Préféré à son frère par leur mère Sophie de Bavière, il était aussi plus populaire un peu plus tard que son frère empereur parce qu’il avait épousé les idées libérales de son temps, du XIXe siècle industriel.

L’Autriche-Hongrie avait acquis la Lombardie et la Vénétie lors du Congrès de Vienne, en 1815, et donc, François-Joseph Ier fut également roi de cette région autour de Milan et de Venise, deux grands centres économiques dont la population restait opposée à la domination autrichienne.

Entre le 18 et le 22 mars 1848, les Autrichiens furent chassés de Milan et de Venise, mais les Autrichiens sont revenus à Milan le 25 juillet 1848 et à Venise le 24 août 1849. Victor-Emmanuel II se retrouva roi de Sardaigne le 28 juillet 1849 après l’abdication de son père Charles-Albert de Sardaigne qui venait d’être battu par l’Autriche.

Pour apaiser cette colère en Lombardie-Vénétie, François-Joseph Ier nomma le 2 septembre 1857 son frère Maximilien à la tête de ce territoire, avec le titre de vice-rois de Lombardie-Vénétie (il le resta jusqu’au 10 avril 1859). Maximilien venait de se marier (le 27 juillet 1857 avec Charlotte de Belgique, fille du roi des Belges), et il s’installa près de Trieste (au château de Miramar). Ses idées libérales ont permis de pacifier le climat sans pour autant empêcher une nouvelle guerre pour l’unification de l’Italie voulue par Cavour, Premier Ministre de Sardaigne (depuis le 4 novembre 1852), et par Garibaldi.

Le 21 juillet 1858 à Plombières (dans les Vosges) se sont réunis Napoléon III et Cavour pour sceller une alliance secrète entre la France et Victor-Emmanuel II qui fut ratifiée le 26 janvier 1859 à Turin. L’accord prévoyait qu’en échange de l’aide française pour protéger la Sardaigne contre une attaque autrichienne, la France recevrait la Savoie et Nice (ce qui n’a pas du tout réjoui Garibaldi, originaire de Nice).

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François-Joseph Ier précipita les événements en déclarant la guerre à la Sardaigne le 26 avril 1859. Les armées italiennes et françaises ont repoussé l’attaque et le 5 juin 1859, les Autrichiens furent évacués de Milan. Victor-Emmanuel II et Napoléon III entrèrent triomphalement à Milan le 7 juin 1859. La guerre se termina le 12 juillet 1859 avec l’annexion de la Lombardie au Royaume de Sardaigne et la cession de la Savoie et de Nice à la France, formalisées dans le Traité de Zurich le 11 novembre 1859 (l’Autriche garda la Vénétie jusqu’au 18 octobre 1866).

Napoléon III continua à impliquer les troupes françaises dans la marche vers l’unité italienne (ce que contesta notamment Victor Hugo). Le peuple autrichien était très mécontent du retrait autrichien de Milan et rendait leur empereur responsable de cet échec. Il réclamait alors son abdication en faveur du populaire Maximilien.

Peu de temps après, Maximilien allait devenir le monarque rêvé d’un Mexique en voie de décomposition politique. Très interventionniste, Napoléon III voulait profiter de la guerre de Sécession et de l’indisponibilité des troupes des États-Unis pour s’implanter au Mexique et y construire une nation industrialisée alliée à la France qui rivaliserait avec les États-Unis. Selon Eugène Rouher, c’était "la plus grande pensée du règne". Les troupes françaises furent présentes au Mexique du 8 décembre 1861 au 21 juin 1867, pour une véritable guerre de conquête qui fit des milliers de morts.

Parallèlement, l’intérêt du Mexique, pour ses conservateurs catholiques qui avaient demandé de l’aide à l’Europe, était d’instaurer une monarchie catholique pour contrebalancer la république protestante américaine. Ils voulaient ainsi placer un monarque catholique européen et Maximilien, issu de la Maison de Habsbourg-Lorraine, correspondait bien au profil souhaité. Maximilien accepta le principe de devenir l’empereur du Mexique le 10 octobre 1863 (on le lui avait proposé le 11 juillet 1863) et il accepta les conditions à Paris, en début mars 1864, en particulier celle qui le faisait renoncer définitivement à ses droits sur la couronne d’Autriche.

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Maximilien fut déclaré officiellement empereur le 10 avril 1864 et il débarqua sur les côtes mexicaines le 28 mai 1864, à Veracruz. Il fut accueilli comme un héros à Mexico le 12 juin 1864. Sans enfant, Maximilien adopta les petits-fils du seul empereur du Mexique avant lui, Augustin Ier (empereur du 19 mai 1822 au 19 mars 1823), afin d’assurer l’avenir dynastique.

Maximilien avait accepté cette curieuse couronne car il avait déjà voyagé en Amérique latine. Il aurait dû se marier avec la princesse Marie-Amélie du Brésil, qui faisait partie de sa famille et qu’il avait revue lors d’une escale au Portugal début 1852 (il servait dans la marine autrichienne), mais Marie-Amélie mourut de tuberculose avant leurs fiançailles (le père de cette malheureuse princesse était roi du Portugal et empereur du Brésil).

Une fois marié avec Charlotte, il resta très nostalgique de son premier amour et fit même en janvier 1859 le voyage au Portugal puis au Brésil : « Fidèle à ma parole, je reviens chercher sur les flots de l’océan un repos que l’Europe chancelante ne peut plus donner à mon âme agitée. Mais une mélancolie profonde me saisit quand je compare les deux époques. Il y a sept ans, je m’éveillais à la vie, et je marchais allègrement vers l’avenir ; aujourd’hui, je ressens déjà la fatigue ; mes épaules ne sont plus libres et légères, elles ont à porter le fardeau d’un amer passé. ».

Revenons à son empire mexicain. Maximilien s’inspira de l’action de l’empereur du Brésil Pierre II, le demi-frère de Marie-Amélie, qu’il considéra comme son tuteur. Après la guerre civile, le pays restait au bord de l’anarchie. Malheureusement pour lui, les décisions qu’il prenait n’étaient mises en œuvre que dans les zones occupées par les troupes françaises (dirigées par le maréchal Bazaine particulièrement brutal avec la population).

Les troupes françaises durent quitter rapidement le Mexique pour venir en aide à Napoléon III pour le défendre des Prussiens (d’autant plus que les Autrichiens avaient été battus à Sadowa le 3 juillet 1866). Si bien que sans protection française, Maximilien n’avait plus beaucoup de puissance face aux républicains libéraux menés par Benito Juarez, lui-même Président du Mexique du 15 janvier 1858 au 17 juillet 1872, y compris lorsque Maximilien y régnait car tout le territoire mexicain n’était pas sous le contrôle impérial.

Benito Juarez avait fait adopter des lois de modernisation de l’État mexicain, notamment des lois de laïcité un peu équivalentes à celle, future, du 9 décembre 1905 en France. Le pays était très endetté et Benito Juarez a suspendu le 17 juillet 1861 le remboursement de la dette, ce qui provoqua l’expédition du Mexique par la France, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Autriche et l’Espagne. Le gros du contingent était surtout français.

Maximilien aurait dû se méfier puisque son seul prédécesseur Augustin fut fusillé le 19 juillet 1824 (à l’âge de 40 ans) lors de son retour au Mexique après un court exil à Londres. Au lieu de retourner en Europe, se croyant populaire auprès des habitants (ce qui était faux en raison de la brutalité des forces françaises qui venaient de partir), il envoya son épouse demander un soutien financier et militaire à la France mais Napoléon III le lui refusa, ainsi que le pape Pie IX.

Les troupes des républicains, soutenues officieusement par les États-Unis (la guerre de Sécession venait de s’achever), ont reconquis progressivement tout le Mexique, laissant seulement quatre villes aux mains de l’empereur.







Le 4 mars 1867, les troupes impériales furent assiégées à Querétaro et le 15 mai 1867, probablement en raison de la dénonciation d’un proche, Maximilien, qui avait refusé d’abdiquer, fut arrêté. Son frère, le puissant empereur d’Autriche, n’a pas pu faire grand chose pour lui si ce n’est le rétablir dans ses droits successoraux. Maximilien croyait que les républicains l’auraient laissé quitter le Mexique et regagner l’Europe. C’était sans compter sur l’esprit de vengeance de Benito Juarez.

En effet, une cour martiale installée dans un théâtre l’a condamné à mort, conformément à la volonté de Benito Juarez. L’exécution a eu lieu le 19 juin 1867 vers sept heures du matin. Avant de mourir, il a fait parvenir un médaillon, qu’il avait toujours avec lui et qui représentait Marie-Amélie, à la mère de celle-ci pour lui dire qu’il a quitté la vie en contemplant l’image de celle qui aurait dû devenir sa femme.

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Trois hommes se dressèrent devant le peloton d’exécution : Maximilien et ses deux généraux Miguel Miramon et Tomas Mejia. La gravure représentant la sortie de Maximilien du couvent où il était interné pour son lieu d’exécution (issue d’une peinture de Jean-Paul Laurens datant de 1882) a fait l’objet d’une parodie récurrente par Pierre Desproges, dans son "Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis", au même titre que la célèbre peinture "Guernica" de Picasso dans son "Almanach" de 1988.

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Beaucoup de représentations de l’exécution ont été réalisées car celle-ci avait ému de nombreux artistes dont le plus illustre fut le peintre Édouard Manet qui consacra une année à réaliser plusieurs esquisses et tableaux sur ce thème. Le corps fut par la suite transféré à Vienne.

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Quant à sa femme Charlotte, qu’il avait renvoyée en Europe le 9 juillet 1866 pour chercher de l’aide, elle perdit la raison et fut internée d’abord au château de Miramar puis rapatriée en Belgique avant de mourir à 86 ans le 19 janvier 1927, bien après tous les empires centraux.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 juin 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Maximilien Ier du Mexique.
Napoléon Ier.
Napoléon III.
Le Traité de Vienne.
Thiers.
Victor Hugo.
Sarajevo.

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4 réactions à cet article    


  • anaphore anaphore 16 juin 2017 16:38

    Rakotoarison c’est ce mec qui vit en 2017 et arrive à nous casser le couilles avec des sujets carrément obsolètes voire ringards ..... je n’ai rien contre lui, je veux juste que AV mette un bandeau devant ses articles , genre : Attention cet article peux occasionner des séquelles graves à votre cerveau, il vous entraine dans les arcanes d’un dangereux récidiviste ! Genre : C’est du porno ! Dés fois que des jeunes iraient sur le web et découvriraient que leurs parents copulent !


    • Ouallonsnous ? 16 juin 2017 20:09

      @anaphore

      Sylvain ne comprend rien, on lui avait dit de rester couché et ne pas venir faire sa bouse sur Avox, je suis de votre avis, il faut censurer ses écrits !

      Je crois qu’à la modé d’Avox il y a des gens qui s’y connaissent, il faudrait seulement les guider pour qu’ils s’emploient utilement à censurer avec bon sens !!


    • agent ananas agent ananas 17 juin 2017 10:35

      ... Et Theresa May est l’harpie DUP.


      • cartouche cartouche 17 juin 2017 14:54

        Y utilisent même pas de cartouche les sauvages.

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