Colère sans ordonnance
Citoyen de seconde zone
Billet à cœur ouvert
Je vous avais narré la perte de mon médecin référent, parti sans crier gare vers une activité plus lucrative, sans se soucier des patients abandonnés à leur triste sort ni même sans proposer de remplaçant. Triste en effet dans une ville devenue un désert médical à l’instar de bien d’autres communes de par ce pays bien malade. Malgré mon premier billet et de vains appels pour trouver un médecin, je décidai de prendre mon mal en patience.
Voilà que la canicule, de manière fort retorse, me poussa dans les bras d’une redoutable bronchite. Après une semaine de toux, de nez qui coule, d’étouffements divers, je décidai de prendre le taureau par les cornes et de me rendre à la maison médicale la plus proche de chez moi. La Maison de Santé Pluridisciplinaire Liliane-Coupez me tendait les bras.
C’est donc le cœur rempli de l’espoir de retrouver enfin un médecin référent que je me rendis au 69 Boulevard Marie Stuart à Orléans, dans le quartier très populaire de l’Argonne. Je n’imaginais pas que j’allais être reçu comme un chien dans un jeu de quilles. La standardiste finit par poser son téléphone pour répondre à ma requête de soins mais quand elle apprit que je n’avais plus de médecin référent, la porte s’est refermée soudainement : « Désolé, nous ne prenons plus de nouveaux patients »
Je lui expliquai encore calmement que je voulais me soigner, que je n’en pouvais plus de tousser ainsi depuis huit jours. Rien n’y fit, on ne peut plus être soigné dans ce pays si moderne. Refus catégorique de la gardienne du temple et colère de votre narrateur. Je me suis emporté, réclamant un certificat écrit de refus de soins. Naturellement au royaume des carabins, le courage n’est pas la qualité première, nulle trace écrite ne me fut accordée par la malheureuse subalterne chargée de faire la sale besogne au nom de ses patrons bien à l’abri de mon courroux. Je promis donc de faire billet vengeur pour démontrer la forfaiture de cette maison payée avec mes impôts.
La seule réponse de la pauvrette, nullement décideuse de cette lamentable situation était de saisir le Conseil de l’Ordre. J’avoue que cette remarque ne manque pas d’humour tant cette institution bassement corporatiste est largement responsable de l’impasse actuelle. Je fis vainement appel à des témoins parmi les quelques patients déjà présents dans la salle d’attente sans que je sois compris ou bien entendu. Quand on a un médecin, il convient de ne pas le perdre en se le mettant à dos
C’est donc sans être reçu que je repartis de cette formidable maison de Santé. Que faire maintenant ? Surcharger le service des urgences parce que j’ai tout simplement les bronches et le nez encombrés ? Je pense qu’il ne faut pas exagérer et valider ainsi un comportement qui se généralise par la faute d’une situation devenue intenable.
Je prends acte : je ne suis plus un citoyen ayant accès au système de soins. Toutes les portes se referment, les généralistes sont débordés. Sans le Sésame du Référent, je n’ai plus accès aux soins en dehors de l’hôpital public. Je réclame donc un statut spécifique accompagné naturellement d’une réduction de mes prélèvements sociaux. Ce ne serait que justice, je ne dois pas être ponctionné pour des prestations qui me sont désormais refusées.
Si par miracle je trouvais un médecin, sans doute sous les sabots d’un cheval, la première mesure de santé qu’il devrait prendre est de me vacciner contre la rage. J’ai en effet la haine de ce système honteux qui, à force de se prendre pour une pompe à fric, a oublié les fondements de ce noble métier. Le conseil du désordre recevra naturellement copie de ma colère qui devient dans la foulée une lettre à la plaie ouverte.
Il ne se passera rien, les Carabins sont en vacances. Ne cherchez pas à vous soigner l’été, c’est peine perdue. L’hiver ils partent aux sports d’hiver, il convient là encore de ne pas prendre froid. Je profite néanmoins de cette tribune d’humeur pour lancer un appel : un généraliste du Loiret accepterait-il de me recevoir dans sa patientèle ? On ne sait jamais, des miracles sont toujours possibles.
Bronchitement leur.
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