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La gamelle dans tous ses états (généraux)

Les producteurs de melons, comme ceux d'abricots, jettent leur production. Un scandale et une honte. Mais aussi une réalité qui décourage, pousse à la ruine et souvent au suicide bien des agriculteurs. Concurrence « libre » mais faussée des produits équivalents espagnols se plaignent les exploitants français. C'est vrai et cela ne changera pas tant qu'une harmonisation sociale, fiscale et normative au niveau de l'Europe ne corrigera pas cette concurrence faussée. Ca, c'est un problème conjoncturel concernant un secteur précis de l'activité agricole. Mais il est un parmi une foultitude de problèmes constituant ce qu'il est convenu d'appeler « la crise de la filière agricole ».

Les producteurs de lait ne sont pas mieux lotis. Le prix du lait est le même que celui qu'on leur payait en...1991 ! A cette époque, une vache rapportait autant qu'un hectare de blé. Aujourd'hui, il faut 7 à 8 vaches pour égaler le produit d'un hectare de blé…

Et que dire des filières porcines, volaillères, ovines, bovines. Partout la crise qui peut se résumer en une phrase : le prix offert par les metteurs en marché est souvent inférieur au prix de revient des producteurs. En 2016, un agriculteur sur deux a « gagné » moins de 350 euros par mois ! Résultats : la crise, la ruine des exploitations à taille humaine, les suicides et le glissement inéluctable vers une agriculture industrielle dont l'exemple étasunien donne un exemple effrayant : usines à viande auprès desquelles notre « ferme à mille vaches » est un doux havre écolo, fruits et légumes OGM bourrés de pesticides, etc. C'est le triomphe de la « malbouffe ».

Face à cet état de fait, pour concrétiser une promesse électorale de Macron, s'ouvre ce jeudi à Bercy « les Etats généraux de l'alimentation ». « Je veux redonner un pouvoir de négociation aux producteurs face aux industriels », martelait le maintenant Président lors de sa campagne présidentielle. C'est bien de le dire, ce serait mieux de le faire. Face à eux qui se présentent en ordre dispersés, les producteurs ont la grande distribution mais aussi les transformateurs industriels. Et ils ne font pas le poids. Leur principal syndicat a longtemps été présidée par feu un ponte de cette industrie agro-alimentaire…

Ce pouvoir de négociation, les agriculteurs - désespérés par la mauvaise volonté quand ce n'est la mauvaise foi tant des industriels transformateurs que de la grande distribution – tentent de l'obtenir par des actions de « desesperados » en déversant leurs melons, abricots, pèches devant les hypers ou encore fumier et déchets devant les préfectures. C'est contre ces extrémités que ces « Etats généraux » doivent trouver des solutions.

Mais le public, l'acheteur final, le consommateur qui ne veut plus être un con-sommateur sont aussi appelés à donner leur avis. Non, pas à la table des négociations, faut pas rêver, mais par une consultation publique sur une plate-forme participative (egalimentation.gouv.fr) où chaque citoyen est invité à s'exprimer, avec des questions renouvelées au fil des semaines pour nourrir le débat en cours. Mais le fait que cette consultation du public soit prévue en plein été et à la rentrée plutôt qu'en amont des Etats généraux va rendre la participation pour le moins « difficile ». Et puis qui tient compte de l'avis du cochon de payant ?

Un premier bilan sera tiré fin septembre dans l'espoir d'avoir trouvé des solutions concrètes pour pacifier les relations entre producteurs et distributeurs. Juste à temps pour espérer peser sur le round annuel de négociations tarifaires entre industriels et distributeurs, qui s'ouvre tous les ans en octobre.

Bon courage…

 

Photo X - Droits réservés


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9 réactions à cet article    


  • Ciriaco Ciriaco 20 juillet 2017 20:38

    Merci pour le lien egalimentation.


    J’ai regardé. L’impression globale que les propositions officielles m’ont fait est qu’elles entrent dans un cadre précis, celui de la régulation des problèmes par le marché.

    Autrement dit, les consommateurs décident, avec leurs contraintes financières, et tout en haut c’est la PAC Européenne. Grosso modo, tout ira mieux parce que la liberté du marché enrichit globalement les populations, qui pourront alors mieux choisir dans leur magasin favori, et l’offre s’adaptera pour produire certes plus cher, mais avec une meilleure qualité et en faisant un effort d’investissement pour la santé (quand on demande poliment).

    Les jeunes citoyens, eux, passeront leur CAP ou leur bac sans qu’ils n’aient rencontré un seul petit mois un cours « Alimentation & Physiologie ». Le marché, c’est tellement sacré que celles et ceux déjà conscients du problème pourront peut-être payer à leurs gamins une école privée plus complète.

    Quand certains sociologues notent que les sociétés modernes changent de structure en évoluant vers des formes dites « en sablier », on observe quand même assez vite une légère impasse à la théorie libérale (sans parler des causes).

    Mais bon, ça doit juste être des cumulonimbus dans la stratosphère. Et puis on s’en fout puisque visiblement on est bienvenu dans les 30 glorieuses, et que y’a quand même des tonnes de bouffe en plus. Les petits paysans n’ont qu’à se recycler dans la médecine, y’a marché : ils soigneront leurs copains de ce qui n’est qu’un symptôme de nostalgie avant la mise en bière.

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2017 19:08

      @Ciriaco
      « L’euro est dans le pré »
      Les consommateurs ne décident rien du tout, ou si peu ! Demandez- leur s’ils sont d’accord avec la malbouffe ? Bien sûr que non, or 95% des courses alimentaires sont faites dans les grandes surfaces.


      Qui a décidé que les agriculteurs devaient fabriquer de l’alimentation industrielle, sans tenir compte ni de la santé des sols, de la leur, ni de celle de consommateurs ? La PAC en 1957, appliquée à partir de 1962.

      Article 39 de la PAC : 1. La politique agricole commune a pour but :

      a) d’accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique, en assurant le développement rationnel de la production agricole ainsi qu’un emploi optimum des facteurs de production, notamment de la main-d’œuvre.


      Nulle part n’apparaît la notion de qualité ou de santé. Il s’agit d’accroître la productivité en investissant toujours plus dans les technologies, en s’endettant et en utilisant le moins de main d’œuvre possible.

      Quand les agriculteurs qui se sont endettés pour se moderniser, voient les cours baisser, ils sont ruinés.


    • Ciriaco Ciriaco 21 juillet 2017 20:11

      @Fifi Brind_acier
      C’était du second degré, inspiré par la lecture des propositions gouvernementales sur l’égalimentation ^^


      C’est-à-dire qu’on raisonne toujours en fonction de son milieu et de son expérience. Et comment diable raisonne un libéral éduqué, cultivé, intelligent et convaincu ? Plutôt bêtement dois-je avouer, du moins c’est la conclusion que tout individu ayant une expérience contraire significative peut en tirer. La réciproque est dans le débat, face auquel cette théorie trace justement des limites radicales. C’est à mon avis là qu’il faut soulever le coin du voile.

      Bien sûr, vous avez raison (sauf sur le fait que les consommateurs seraient privés de décision - acheter une bagnole, un smartphone, aller faire les soldes, choisir une banque, etc.). Mais quand des gens meurent en travaillant, on mets les pieds sur terre : le rôle de l’État est de constater et d’intervenir sans distinction idéologique.

      Il semble que ce gouvernement ne comprenne pas bien ses propres attitudes. Et c’est bien le constat récurrent que je fais - malgré mes efforts - dès que je me rapproche de leur logique. Je navigue entre deux positions : soit les libéraux, aussi cultivés soient-ils, sont des ignorants aux manettes, soit ce sont de grosses brutes qui attendent leur « Nouveau Monde » en attendant que périsse l’ancien, dont la paysannerie est très symbolique.





    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 22 juillet 2017 06:24

      @Ciriaco
      Les consommateurs, à l’insu de leur plein, gré sont bombardés du matin au soir par la publicité, et en tous lieux... Dire qu’ils sont libres, c’est méconnaître l’influence pernicieuse de la pub, qui agit sur l’inconscient en utilisant les ressources de la psychanalyse.


    • Ciriaco Ciriaco 22 juillet 2017 10:14

      @Fifi Brind_acier
      Très bon dossier, je ++ entièrement. Mais je ne pense pas qu’il faut avoir une attitude condescendante ou paternaliste envers le phénomène de la consommation de masse, dans lequel s’exerce des libertés qui n’ont pas seulement à voir avec le niveau socio-culturel.


    • anamo 20 juillet 2017 20:39

      Effectivement l’information reste confidentielle. J’active immédiatement le lien proposé. L’enjeu est important.


      • Balamou Balamou 21 juillet 2017 14:05

        Comment pouvez vous ne pas être ébahi d’admiration devant les merveilles de la « société civile ».
        Comment ne pas applaudir à ce ramassis de margoulins de seconde zone qui ont passé l’essentiel de leur vie à rêver d’être calife à la place du calife


        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2017 18:36

          Sans sortie de l’ UE, une dévaluation de la monnaie et du protectionnisme, les agriculteurs français continueront à disparaître. La fameuse « concurrence libre et non faussée » des Traités européens, c’est du pipeau.

          Il n’y a pas de SMIC agricole en Allemagne et en Espagne.

          Voilà pourquoi les fermes à 1000 vaches et les abattoirs prolifèrent en Allemagne.
          Et pourquoi les fruits et les légumes sont à prix cassés en Espagne, ce qui convient très bien à la grande distribution !


          Les contre sanctions russes ont plombé le marché de la viande, du lait et du fromage, et provoqué une surproduction européenne, d’où la baisse des prix du lait.

          L’euro est trop fort /$ et plombe les exportations françaises.

          Voilà quelques exemples des méfaits de l’ UE et de l’ euro sur l’agriculture française.

          «  UPR Les Français vont-il laisser mourir l’agriculture française ? »


          • BA 22 juillet 2017 13:36

            A propos de la construction européenne, de la Commission Européenne, de la connerie européenne :


            Quelle est la dernière proposition de la Commission Européenne ?


            Réponse :


            La dernière proposition de la Commission Européenne vise à réglementer la température de cuisson des aliments à base de pomme de terre. Problème : la Belgique refuse de modifier ses méthodes de cuisson traditionnelles. La Belgique a donc engagé un véritable bras de fer avec la Commission Européenne pour sauver la frite belge traditionnelle.


            Résultat du bras de fer : la Commission européenne a accepté de revoir le texte en n’obligeant pas les friteries belges à revoir leurs méthodes de cuisson. Du coup, la Belgique a fini par approuver la proposition de la Commission.


            La frite belge est sauvée. Mais la frite française ?


            Que va-t-il se passer si l’Union Européenne réglemente la cuisson des frites françaises ?


            Le suspens est insoutenable.


            Et maintenant l’UE va réglementer... la cuisson des frites.


            Les États membres de l’Union Européenne ont approuvé un texte réglementant la cuisson des aliments pouvant libérer de l’acrylamide. La Belgique inquiète pour l’avenir de sa tradition de la frite a fini par approuver le texte.


            http://www.lefigaro.fr/conso/2017/07/22/20010-20170722ARTFIG00010-et-maintenant-l-ue-va-reglementer-la-cuisson-des-frites.php

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