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Accueil du site > Tribune Libre > Le développement durable plaidé à partir de Montréal : Ma part de (...)

Le développement durable plaidé à partir de Montréal : Ma part de vérité

« Le bien commun : une intention éthique entre la loi du marché et l’individualisme »

Jacques Beauchemin

 

"Il m’a été donné d’animer une conférence à l’Ecole Polytechnique à Montréal à l’invitation de l’Association scientifique canadienne Lecodev. Le thème portait sur le nouvel ordre énergétique et le Développement Durable . L’auditoire composé pour une grande part d’universitaires bien intégrés qui, par leur présence et leur nombreuses questions lors du débat, ont montré qu’ils avaient plus que jamais l’Algérie au cœur pour peu que nous sachions quoi leur demander en rapport avec leurs compétences Dans cette contribution je vais dire quelques mots du Canada et du Québec. A la fois sur le plan énergétique mais aussi sur le plan humain".

Quelques données énergétiques sur le Canada

Le Canada est un immense pays, quatre fois l’Algérie, s’agissant du différentiel de température Il y a des températures de + 40C en Algérie et de -40C au Canada. Avec 669 TWh Le Canada produit plus d’électricité que l’Allemagne et près d'une fois et demi la production électrique de la France. Le Canada a un stratégie qui fait appel aux énergies renouvelables ( principalement hydrauliques avec un peu d’éolien) mais aussi nucléaire dont il est l'un des leaders, et enfin aux fossiles (charbon, gaz naturel, sables bitumineux et pétrole) 

Par ailleurs, la province du Québec consomme 171 TWh/an pour 8,3 millions d’habitants contre 60 TWh pour 41 millions d’habitants pour l'Algérie soit un rapport de 1 à 15. Hydro-Québec, produit plus de 99 % de son électricité le modèle énergétique du Québec peut de mon point de vue être à 100 % renouvelable. Locomotion comprise avec le formidable boom de cette énergie Il est d’ailleurs prévu que la province du Québec mette en circulation 100.000 voitures électriques d'ci 2030

 Mon impression sur le Québec

 Ce que j’ai retenu brièvement de ce pays ; c’est la joie de vivre, la simplicité des gens. Il est quand même extraordinaire de trouver des locuteurs occidentaux de la langue française qui ne se prennent pas pour le nombril du monde qui ne prennent pas les gens de haut et qui ne tentent de dicter la norme d’une doxa dont ils seraient les seuls détenteurs. Ce qui m’a plus aussi c’est le maintien d’anciennes expressions françaises qui sont abandonnées en France. Contrairement à certains intellectuels et hommes de lettres qui pour certains se contentent de se lamenter de la perte de la spécificité française voire européenne à l’instar d’Eric Zemmour avec sa nostalgie et Régis Debray avec son dernier ouvrage sur l’américanisation de l’Europe, les Canadiens se souviennent qu’ils ont été traité par Louis XV lors du Traité de Paris en 1765 où ils furent cédés à la perfide Albion non sans avoir lutté héroïquement lors de la fameuse bataille de Montréal. Ils sont toujours en lutte – c’est comme cela qu’ils comprennent la francophonie- contre l’invasion inexorable de l’anglais.

Ainsi, on parle encore de sous pas de centimes et même la résilience vis à vis de la langue anglaise - la vulgate planétaire dont s’était plaint à juste titre Pierre Bourdieu- est une invention de mots adoptés et adaptés. On dit par exemple, courriel à la place de mail ( mot subi ou consenti en France) On dit aussi remue méninge à la place de brain storming .. Pour toutes ces raisons le Canada propose un art de vivre : Le Canadian Way of Life fait d’empathie de sérieux et de réserve. Cette terre d’accueil a mis en place un projet de société œcuménique et comme le dit le premier ministre Justin Trudeau, les différentes mosaïques qui composent le Canada sont la trame de l’identité spécifique canadienne. Naturellement le Canada a connu quelques soucis avec certains migrants qui de mon point de vue n’ont pas bien compris qu’en temps que citoyens il y a des droits et des devoirs. Le vivre ensemble à la canadienne c’est la proposition d’accommodements raisonnables, qui respectent les identités et les spiritualités dans la sphère privée.

 Il est pratiquement avéré qu’avec le temps les nouvelles générations (enfants des migrants) vont fondre dans un moule Celui d’une identité plurielle. Il est à espérer que cette intégration ne soit pas à terme une désintégration de l’identité originelle bien comprise qui de mon point de vue est un plus pour la culture canadienne car si les Canadiens se souviennent à juste titre de leurs racines identitaires, les Canadiens récents devraient aussi s’approprier respectueusement ce mot d’ordre  ; je me souviens et en faire un graal toujours recommencé qui s’enrichira de nouveaux apports qui feront du canada plus que jamais une terre de tolérance de liberté du respect de la dignité de chacun Le Canada peut être un pays de cocagne pour celles et ceux qui veulent s’intégrer en apportant leur valeur ajoutée sans rien renier leur spécificité

 Introduction à la conférence

 Comme préambule j’ai tenu à rappeler que l’Ecole Polytechnique d’Alger fondée en 1917 n’avait pas à l’indépendance d’enseignants elle fit appel aux experts de l’Unesco sommités mondiales détachées en Algérie jusqu’en 1980 ensuite l’apport d’une coopération algéro canadienne permit dans le cadre de relations entre l’Ecole Polytechnique d’Alger que j’ai initiée avec celle de Montréal la mise en place d’un plan de formations de formateurs et des experts canadiens aidèrent à ce plan de formation. Au passage j’avais rappelé qu’en 132 ans d’œuvre positive de la colonisation moins d’un millier de cadres furent formés.

 Sans aller dans le détail j’ai tenu à rappeler quelques évidences : Tout d’abord j’ai tenu à raconter l’aventure humaine de l’énergie en commençant par l’invention du feu tournant majeur dans la civilisation humaine qui a permis l’homme de se civiliser passant du cru au cuit, de se chauffer et de se protéger des animaux sauvages Graduellement l’homme s’intéressa d’abord à sa force musculaire ensuite la domestication des animaux comme le cheval, la mise en esclavage d’autres hommes lui a permis de disposer d’une main d’œuvre biologique. L’utilisation des moulins à eau lui a permis de fabriquer des moulins, les premiers ayant vue le jour en Irak sur les bords du Tigre et de l’Euphrate . La voile lui permettre de quitter sa terre pour des contrées de plus en plus éloignées L’exploitation du charbon a partir du XIIe siècle lui permit de disposer d’un combustible solide et le XVIIIe siècle vit le démarrage de la première Révolution industrielle. Le Charbon sera détrône vers 1910 par le pétrole et en 1920 le premier milliard de tonnes est atteint, les années 70 virent l’avènement du gaz naturel et parallèlement le nucléaire civil. Depuis le début 2000 c’est le démarrage du renouvelable et vers 2010 le démarrage des énergies non conventionnelles

 Le pétrole, n’est pas une énergie renouvelable !

 Nous avons déjà consommé 1200 milliards de barils A l'échelle géologique si on considère que les 4500 milliards de barils ultimement récupérables se sont formés depuis le début du Cambrien (520 millions d'années), la production naturelle de pétrole (récupérable) est de l'ordre de 8 650 barils par an. La production journalière mondiale en 2016 est de l'ordre de 94 millions de barils par jour. La Nature produit donc par an ce que nous consommons en 8 secondes. On ne parle plus de peak oil pourtant les découvertes sont de plus en plus rares pour des grands gisements encore moins de super-géants comme Gawhar en Arabie Saoudite

 Fuite en avant ou réalité ? L’utopie du pétrole et de gaz de schiste tente de s’imposer. Cela peut durer mais les spécialistes disent que la bulle schisteuse ne durera pas au vue des catastrophes multiples qu’elle engendre en s’saccageant des Etats. Il faut retenir quelques données, Il faut 15000 m3 d’eau par puits et par fracturation dont la durée de vie ne dépasse pas quelques années. Plusieurs centaines de produis chimiques dont certains seraient tres dangereux et pourraient migrer vers la nappe albienne, des gaz rares radioactifs comme le radon, responsables de la mort des oiseaux, des tremblements de terre récurrents jusqu’à 4 sur l’échelle de Richter. On dit qu’en Arkansas il y aurait 1000 tremblements de terre par an depuis l’exploitation des gaz et pétroles de schiste contre 3 avant ! Assurément la technologie est loin d’être respectueuse de l’environnement et l’Algérie a tout intérêt à attendre pour voir

 Quelles sont les durées des réserves fossiles ? 

Au rythme de production et de consommation actuelles Pour le pétrole : environ 45 ans Pour le Gaz : environ 50 ans (200 ans avec le Non conventionnel ) Pour le charbon : environ 120 ans Dans le cas de l’uranium il existe 442 réacteurs pour la production électrique civile 31 pays : environ 100 ans (sur la base des réacteurs de 2et de 3e génération,  De ce fait en théorie d’ici 2070 le pétrole et le gaz ne seront plus structurants des bilans énergétiques mondiaux. Exception faite des réserves non conventionnelles Le renouvelable sera de plus en plus important dans tous les domaines essentiels : (transport, résidentiel..) On pense aussi à la fusion comme solution. Il faut seulement espérer que d’ici là le climat ne s’emballe pas

 L’apartheid économique, et énergétique concernant les pays pauvres

 Selon Forbes En 2014 le patrimoine des 80 personnes les plus riches de la planète (1900 milliards de dollars) a dépassé celui des 3,5 milliards les plus pauvres (1850 milliards de dollars . Un plein de 4x4 en biocarburant diesel issu de la transformation de 225 kg de maïs peut nourrir un sahélien pendant un an ! 50 % d'aliments sains sont gaspillés chaque année dans l'UE, Dans le reste du monde 865 millions de personnes souffrent de la faim. Plus de 240 000 tonnes de nourriture finissent à la poubelle chaque jour en Europe. Le continent africain est victime aussi d’une « forme d’apartheid énergétique » Car on sait que le PIB est étroitement indexé sur la consommation d’énergie. Plus de 500 millions de personnes n’ont pas accès l’électricité en Afrique. Aujourd’hui, la consommation d’énergie du milliard de personnes vivant sur l’ensemble du continent africain équivaut à ce que la Belgique offre à ses 11 millions d’habitants » Selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2013, 1,2 milliard d’individus vivent sans électricité dans le monde. Un tiers d’entre eux sont concentrés dans vingt pays asiatiques et africains. C’est cela l’humanité que nous impose le système mondial actuel Une guerre de tous contre tous et malheur aux vaincus de la vie !

 Les conséquences des changements climatiques

 Le 2 aout 2017 la planète a dépassé le viatique que Dame Nature a mis à la disposition des humains pour une année. C’est ce qu’on appelle l’overshoot day ou encore le jour du dépassement. Depuis cette date nous vivons à crédit sur les cinq mois qui nous restent jusqu’au 31 décembre. Naturellement beaucoup de pays gaspillent et vivent comme s’ils avaient plusieurs planètes à leurs disposition pendant que des pays occidentaux vivent comme s’ils avaient un quart de planète. Naturellement tout ceci se paye par la combustion des énergies fossiles selon le scénario anthropique qui semble de plus en plus crédible à savoir que c’est l »homme dans uen très grande majorité qui serait responsable de ce chaos climatiques par la combustion des énergies fossiles l’envoi de CO2 dans l’atmosphère Les pays du Sud sont les plus vulnérables ce sont eux qui en premier absorbent les chocs climatiques provoquant des morts par milliers si ce n’est par dizaines de milliers par ans.

 En Europe les ordres de grandeur sont beaucoup plus faibles Dernièrement en Italie avec plus de 40 degrés au thermomètre, la vague de chaleur nommée "Lucifer" a également déclenché des incendies de forêt et endommagé des cultures. « Environ deux Européens sur trois pourraient être exposés tous les ans à de telles catastrophes d'ici à 2100, contre 5% durant la période 1981-2010. Comme lue dans la revue "The Lancet Planetary Health". Cela signifie qu'ils pourraient en mourir, être blessés, malades, perdre leur habitation ou subir des effets indirects comme un stress après l'événement. Les vagues de chaleur seront le phénomène le plus meurtrier, provoquant 99% des décès liés aux événements extrêmes. Le nombre de morts qu'elles entraînent pourrait "augmenter de manière exponentielle", grimpant de 2.700 à 151.500 par an (+5.400%). L'augmentation du nombre de morts est due pour 90% au réchauffement climatique et 10% seulement à l'augmentation de la population, à l'urbanisation et aux migrations dans des zones exposées aux risques »

 L’aspect géopolitique du monde du futur

 Le moins que l’on puisse dire est que le monde ne va pas vers l’apaisement. Chaque grand pays développe des stratégies de domination et tente de résister au monde unipolaire que l’empire américain et ses vassaux tentent de faire perdurer. Qu’il nous suffise de savoir que le marché des armes n’a jamais été aussi florissant : 1300 milliards de dollars alors que 50 milliards de dollars permettent de réduire la famine. Le budget du Pentagone est supérieur à celui de l’ensemble des Etats de la planète. L’amenuisement des sources d’énergie fossile mais aussi des matières premières minérales créera des tensions de plus en plus importantes. Il y a de plus en plus de murs : près de 40.000km) la circonférence de la Terre ! Il y actuellement une dizaine de conflits qui ne concernent que les pays ayant des ressources énergétiques ou minérales ( pays du moyen Orient et Afrique. Les pays émergents comme les BRICS tentent de résister en militant pour un monde multipolaire des accords se font des banques se créent . On parle même de nouvelle route de soie. On l’aura compris les pays du Sud ne sont pas concernés ou si peu par le développement. Ils seront des variables d’ajustement entre les stratégies des futurs séigneurs ( saigneurs) du monde…

 Plaidoyer pour un développement humain durable

 Dans toute cette anomie que j’ai décrite dans cette conférence j’ai plaidé pour un Développement Humain Durable Au cours des prochaines décennies, la croissance de la demande mondiale en énergie sera portée aux deux tiers de son niveau actuel par les pays hors OCDE. Nombre de pays feront évoluer significativement leurs mix énergétiques. La Chine qui a décidé d’investir à marche soutenue dans les énergies renouvelables investira pas moins de 344 milliards d’Euros dans les énergies renouvelables d’ici 2020. Malgré tout les efforts pour sortir des énergies carbonées notamment des pays comme la Chine, les Etats Unis et l’Allemagne, si rien n’est fait pour combattre encore plus les changements climatiques, le modèle à 2030 sera à au moins 70 % fossile. Des études ont montré que pour respecter la barre des 2 C il est nécessaire que 2/3 des réserves fossiles existantes ne soient pas extraites.. Que devons nous faire à l’échelle de la planète ? Faut il faire appel aux gourous de la géo-ingénierie cette technique qui consiste à renvoyer les rayons de soleil ? Pulvériser du soufre dans la stratosphère, modifier la chimie des océans, On estime à 5 millions de tonnes par an la quantité de soufre pour bloquer de 2 % le rayonnement solaire !

 En fait la seule façon de diminuer l’ébriété énergétique c’est d’aller vers la sobriété énergétique synonyme de développement durable et dans ce cadre le secteur des transports peut faire sa mue graduellement pour aller vers la mobilité électrique qui mobilisera jusqu’à 30 % des carburants. Il est prévu en effet que vers 2035 le parc de voitures comprendra 500 millions de voitures électriques sur les 1,7 milliard prévu avec au moins 20 millions de barils jour de carburants soit 3 milliards de tonnes de CO2 qui n’iront pas stationner dans l’atmosphère. La mobilité électrique est l’une des principales solutions permettant de réduire les émissions de GES. La part de lʹélectricité dans la consommation finale d’énergie va croître de plus en plus dans le monde. Le recours au vecteur électrique est partout très développé et la part des énergies renouvelables dans le bilan électrique mondial dépassera 33%, un chiffre supérieur au poids du gaz naturel (25%). La part du nucléaire serait à 20%, le reste de l’électricité est produit avec du charbon. 

 Aujourd’hui, par exemple, la Californie se positionne clairement dans sa lutte contre le changement climatique. Dans la ville de Los Angeles le conseil d’administration en charge des transports de l’agglomération a adopté jeudi 27 juillet 2017, un projet visant à convertir l’ensemble de ses bus au tout électrique d’ici 2030. Tesla commercialise la Tesla 3 à 35000 dollars avec une autonomie autour de 400km et promet d’arriver à faire descendre le cout de la batterie à 100$ le kWh d’ici 2020.

 Dans cet ordre la troisième révolution industrielle peut être un début de solution La troisième révolution industrielle est proposée par l’économiste américain Jeremy Rifkins Comment promouvoir une « Une croissance verte », qui peut être un levier de sortie de l’ébriété énergétique due aux fossiles , Comment « remettre du bien-être et de l'humain dans l'économie Le défi est triple : La crise énergétique, le changement climatique, le développement durable. Ces défis seront relevés par un changement de la mondialisation à la « continentalisation ». C'est-à-dire la fin d'une énergie divisée, pour une énergie distribuée. Les cinq piliers de la Troisième Révolution Industrielle sont :

1) - Passer aux énergies renouvelables.

2) - Transformer les bâtiments sur chaque continent en mini-centres énergétiques, créant de nombreux emplois.

3) - Permettre à chaque bâtiment de conserver cette énergie.

4) - Utiliser la technologie internet pour créer un réseau similaire d'énergie. Chaque bâtiment ayant de l'énergie en trop pouvant la vendre sur ce réseau.

5) - Créer des réseaux électriques continentaux dans lesquels les véhicules électriques puissent vendre leurs surplus d'énergie en se branchant à une prise, tout en étant garés. 

 « Nous sommes écrit l’agro-philosophe Pierre Rabhi, tous dépendants des lois de la vie. nous naissons et mourrons un jour. Nous avons "conscience", notamment de notre finitude. Le problème est que la société du "tout avoir au plus vite" décourage l'effort ».  A l'échelle de la naissance supposée de la Terre, cinq milliards d'années, l'apparition de l'homme est tardive. Très tardive. Sa présence représente 2 à 3 minutes sur une horloge de 24 heures. La Terre a donc fonctionné sans l'homme. Quand je mange une pomme venant d’Afrique du Sud, je contribue à la pollution en payant le voyage de 12000km à la pomme pour qu’elle atterrisse dans mon assiette à Montréal Pourquoi ne pas être à l’écoute de la Nature ? Respecter le rythme des saisons !Manger local Penser global ! Développer le lien, en développant l'économie du partage , donner une seconde vie aux choses en développant l'économie circulaire 

 L'humanité dans sa globalité et l'homme dans son individualité sont rongés par la vanité, celle de croire qu'ils peuvent tout dominer, y compris le destin, Dieu, ou la nature. Pour sauver l’humanité Il faut changer de paradigme « La "sobriété heureuse", (Al kana’a) est une réponse, puissante, au capitalisme. Cette sobriété explore la manière de générer davantage d'être en réduisant l'avoir. Cet avoir que l'on accumule sans fin et qui permet de tout acheter, sauf l'essentiel : le bonheur. En Afrique Des gens qui auraient toute raison de s'inquiéter parce que leur repas du lendemain n'est pas assuré, et qui au contraire sont dans la joie. Pourquoi ? Parce qu'ils saisissent chaque instant, et y introduisent de la convivialité, de la simplicité, de la fraternité, de la solidarité ». On ne peut envisager de changement "de société", sans changement "humain" et, sans changement "en chacun de nous". La Terre ne nous appartient pas nous l’avons emprunté à nos petits enfants (Antoine de Saint Exupery)

 J’emprunte à Pierre Rabhi la légende du colibri : « Il est dans la forêt, en proie à un incendie. Il s'active, cherche des gouttes d'eau qu'il verse au-dessus des flammes. Un tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Tu n'es pas fou ? Ce n'est pas avec des petites gouttes que tu vas éteindre l'incendie". Et le colibri répond : « Je sais. Mais je fais ma part » » Puisse chacun de nous contribuer à faire sa part comme le colibri en préférant au partage du monde actuel un monde du Partage qui réhabilitera l'humain. Amen

 Que devrait faire l’Algérie pour se développer sans compromettre l'avenir des génératiions futures !

 Depuis vingt ans l’Algérie n’a pas joué la prudence en sortant de l’ébriété aux énergies. fossiles Ce n’est ni l’endroit ni le moment de faire le bilan. Tournons nous vers l’avenir La transition énergétique est plus que jamais à l’ordre du jour Après les conséquences d’une chute vertigineuse des prix du pétrole, voilà que l’Algérie fait face à l’arrivée d’un puissant concurrent sur le marché du gaz en Europe, le schiste américain serieux concurrent avec le gaz quatari le gaz russe Elle tente de garder ses clients européens face au gaz russe et qatari, le gaz de schiste américain vient s’introduire comme un sérieux concurrent sur le vieux continent. l’annonce des sanctions américaine contre la Russie, concernant le gazoduc si elles venaient à être appliquées permettrait un sursis à l’Algérie même si l’on sait que le gaz américain n’a pas vocation à remplacer les 160 milliards de m3 de gaz russe pour le marché européen

Quand les contrats à long terme viendront à expiration en 2019 se posera un sérieux problème car les acheteurs voudront renégocier les contrats dans un contexte d’abondance artificielle de gaz naturel La rente gazière ira en diminuant du fait de deux facteurs, il sera de moins en moins possible de maintenir le niveau actuel des exportations du fait que les découvertes couvrent de moins en moins la production , de plus la boulimie gazière débridée fera que nous arriverons rapidement aux 50 milliards de m3 et à ce rythme de consommation de seulement 6% par an, nous atteindront les 100 milliards de m3 de consommation. Le problème des exportations sera réglé puisque la quantité exportée sera de loin marginale. Le même raisonnement se pose pour le pétrole car il n’y a aucun signe avant coureur d’une réelle prise en charge d’une transition énergétique et écologique que nous appelons de nos vœux

 Les cours du Brent ont enregistré un recul hier en s’affichant à 51,64 dollars ceci est dû à plusieurs facteurs Le non-respect par certains pays de l’OPEP de l’accord de limitation de la production De plus La production libyenne non concernée par les quotas de 865 000 barils par jour durant tout le mois de juillet, soit 11% de plus que le niveau, initial fragilise l’accord. « Les hausses de la production de l’OPEP à 32,87 millions de barils/jour et du pétrole de schiste américain commencent à ressembler à une guerre des nerfs, », indique l’analyste Lukman Otunuga. En clair nous allons continuer à confier le destin du pays aux convulsions erratiques d'un baril de pétrol dont nous ne maitrisons ni les tenants ni les aboutissants

 Par ailleurs la canicule et les fortes chaleurs ont été à la base des incendies de forets. Le Directeur général des forêts, a révélé qu’il y eut 1 604 incendies depuis le 1er juin, ayant ravagé 14 310 hectares de surfaces forestières, maquis et broussailles Dans le pays on ne parle plus de barrage vert, ni de reboisement La lutte contre l’érosion ce n’est pas de remplacer ce qui est perdu mais d’augmenter dans de très grandes proportions la plantation d’arbres à croissances rapides qui peuvent permettre des micro-climats où il sera possible de développer une agro-industrie 

Nécessité d’une transition énergétique vers un bouquet à 50% renouvelable d’ici à 2030 est possible

Cinquante-cinq ans après l’indépendance, n’est pas capable de vivre sans le pétrole et le gaz ? Pendant plus de dix ans on nous disait que le solaire n’était pas rentable. De plus le GPL était banni nous n’arrivons pas à le commercialiser et il n’intervient que pour 2¨% dans le bilan carburant par suite du manque de vision les voitures importées ne sont pas au GPL, on n’oblige pas à la double carburation et on fait croire à l’Algérien que le GPL ( sirghaz est dangereux le pétrole est brulé au lieu d’être réservé aux usages nobles comme la pétrochimie. La problématique globale est celle de passer d’un modèle de consommation où tout est gratuit et dont personne n’est responsable vers un modèle de consommation vertueux où chaque calorie est épargnée, grâce à des économies. 

 Nous devons prendre le train du progrès. Nous avons une fenêtre de quelques années pour pouvoir mettre en œuvre une politique volontariste basée sur une sobriété énergétique. A l’instar des pays développés, il nous faut sans tarder mettre en place une stratégie audacieuse. Un mix énergétique à 50% renouvelable. Le modèle énergétique part du principe du développement humain durable qui est de laisser un viatique aux générations de 2030. Pour cela il faut freiner drastiquement la consommation d’énergie fossile par une rationalisation de l’énergie, mais aussi de l’eau, mettre en place les 3R (récupération, recyclage et réutilisation des déchets), le traitement des eaux usées, l’exploitation des forêts et surtout sortir des carburants thermiques.

 C’est une transition vers le développement humain durable qui repose sur une stratégie énergétique qui devra être flexible et constamment adaptable. Ce scénario 50% renouvelable à atteindre d’ici 2030 nous ferait économiser des milliards de m3 de gaz. Nous avons même prévu l’introduction graduelle à partir de 2018 de la voiture électrique qui pourrait être rechargée même chez soi, cela ferait à l’horizon 2030 un million de voitures électriques. Naturellement ces calculs sont donnés à titre indicatif, ils indiquent des tendances. A titre d’exemple une centrale de 1 000 MW solaire permettrait d’économiser 1,5 milliard de m3 de gaz naturel. Le même raisonnement devra être appliqué aux carburants qui devraient être revus à la hausse, sachant qu’une étude de la Banque mondiale nous apprend que 15% de l’essence consommée au Maroc ou en Tunisie provient d’Algérie. Cette hémorragie aux frontières jointe à un gaspillage sans précédent de l’énergie ( les véhicules importées consomment ne moyenne 20 % de carburant que ceux en Europe (120gde CO2/km contre 145gde CO2 pour les véhicules en Algérie) oblige l’Algérie à importer selon les années jusqu’à 3 milliards de dollars par an de carburants qui est revendu 5 fois moins cher au consommateur

 Dans ce modèle une place importante est réservée aux économies d’énergie qui peuvent aller jusqu’à 20%.Les économies sont multiformes, cela va de l’eau économisée à l’électricité, aux carburants et plus largement aux aliments aux choses à qui il faudra donner une seconde vie par le partage, l’échange Il faut expliquer au citoyen que 80% des subventions sont aspirées par ceux qui ont les moyens de payer plus mais qui paient des sommes dérisoires. Même le FMI recommande de cibler les catégories à aider.

 La formidable révolution électrique dans les transports qui font que l’électricité sera de plus en plus utilisée ; le diesel qui est cancérigène sera abandonné. Volkswagen ne fabriquera plus de voitures diesel à partir de 2025. La France supprimera les carburants fossiles et totalement d’ici 2040. Les voitures vont coûter moins cher que les voitures à carburants fossiles. D’ici 2020. Les constructeurs comme Renault Nissan et d’autres sont en train de mettre en œuvre des voitures low cost électriques. Elles sont en train d’être construites en Chine avec un prix autour de 7 000 euros (1 million de DA) comme le prévoit Renault. Nous pouvons gagner une étape en nous inscrivant dans cette révolution électrique. Nous devons demander sans complexe à Renault de nous aider à mettre en place une voiture électrique low cost comme elle s’apprête à le faire en Inde. Nous devons demander à Volkswagen, non pas de nous aider à mettre en place une industrie des voitures thermiques qui seront rapidement obsolètes, mais une industrie des voitures électriques.

 De plus le plan solaire qui devrait démarrer fera que le Sahara sera une véritable pile électrique qui fournira de l’électricité pour le transport multimodal : voitures camions, rail. Cette électricité solaire peut même remplacer le gaz naturel dans le chauffage et la cuisson domestique. C’est autant de gaz naturel et de pétrole qui sera laissé en viatique aux générations futures. « On peut imaginer des villes nouvelles au Sahara avec la disponibilité de l’eau et de l’énergie permettant les activités agricoles et même une transsaharienne du rail et des camions électriques. » Il n’est pas interdit de penser à un nouveau schéma d’aménagement du territoire qui permettrait la création de villes nouvelles renouvelables avec la disponibilité de l’eau et de l’électricité qui permettront le développement de l’agriculture avec une politique de transport utilisant l’électricité dans les véhicules, les camions, le rail qui permettrait de désengorger le Nord. C’est cela qui fera que le Sahara pourra être une seconde Californie.

 Il nous faut de même aller vers une vérité graduelle des prix de l’énergie et de l’eau par une pédagogie de tous les jours de façon à inculquer les fondamentaux du Développement Durable notamment aux Jeunes à qui nous devons laisser un pays en ordre de marche. C’est une formidable opportunité pour un développement endogène qui fait du compter sur soi le but ultime de cette formation. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui seront générés par cette vision du développement durable Les start-up de jeunes ingénieurs et de techniciens dont il faudra réhabiliter les formations technologiques qui ont été supprimées prendront en charge la demande sociale. C’est cela une véritable Ansej de l’intelligence.  

Je suis convaincu que la transition énergétique est l’affaire de tous les départements ministériels, c’est à l’école que l’apprentissage de l’écocitoyenneté se fera, c’est la formation professionnelle et l’enseignement supérieur qui auront à former les milliers de techniciens et d’ingénieurs dont la formation qui a disparu devrait en toute logique être réhabilitée. La transition énergétique devrait aussi avoir le consensus du plus grand nombre, à travers un consensus politique national car au moment de l’application, ce sont des citoyens qui feront que cette stratégie réussira car il s’agit de ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures.

La conférence en vidéos

 1 Première partie .https://www.youtube.com/watch?v=LWkKP1Uo5B0&t=122s

2.Deuxième partie : https://www.youtube.com/watch?v=UdAQPZlCfYM

3.Troisième partie https://youtu.be/mFQ3lAVguQ0

4.Quatrième partie .https://www.youtube.com/watch?v=G1jNKMzZVXs&t=20s

5.Cinquième partie .https://www.youtube.com/watch?v=7alyrac5JMM

Article de référence : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5248310

 

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

 


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1 réactions à cet article    


  • francois 17 août 2017 17:35

    l’expression « développement durable » est une imposture future synonyme de génocide climatique.

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