Ce qui prouve en tous cas, Nicolas, que le glyphosate est toujours là ! (*)
Une manifestation, lancée à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, bloquait ce vendredi matin les Champs-Elysées, à Paris pour protester contre l'éventuelle interdiction du glyphosate. Hulot a rencontré les agriculteurs en colère : le mouvement répondait à son annonce selon laquelle il voterait contre le renouvellement de l'autorisation du glyphosate à l'Union européenne. S’il faut saluer cette initiative, il faut aussi savoir quelles sont les forces en présence.
Le glyphosate est un herbicide cancérogène jugé inoffensif par les « experts » de l'Union Européenne, l'Agence Européenne des Produits Chimiques (Echa), en conséquence de quoi les produits chimiques utilisés dans le « Roundup » de Monsanto, le désherbant leader sur le marché, sont utilisés par les professionnels aussi bien que par le grand public malgré une protestation grandissante en raison de risques Sanitaires à moyen et long terme.
Les gouvernements européens et les autorités sanitaires sont divisés sur le sujet : certains scientifiques de l'Organisation Mondiale de la Santé établissent bien un lien entre le produit et le cancer, mais d’autres nient toute espèce de risque.
Au cours de l’été 2016, l’ECHA a été invitée à évaluer la toxicité du glyphosate après que certains pays de l'UE aient annoncé leur intention de refuser une reconduction de l’autorisation pour l'herbicide le plus vendu, malgré une recommandation positive de l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
L'agence a conclu que "les preuves scientifiques disponibles ne satisfaisaient pas aux critères de classement du glyphosate comme cancérogène, en tant que mutagène ou toxique pour la reproduction".
"Cette conclusion était basée à la fois sur la preuve humaine et sur le poids de la preuve de toutes les études sur les animaux examinées", avait déclaré en Mars 2017 M.Tim Bowmer, président du Comité d'évaluation des risques à l’ECHA.
Une recommandation selon laquelle le glyphosate provoque des lésions oculaires graves et insistant sur la toxicité du produit pour la vie aquatique a été maintenue, mais la controverse sur ses effets pour la vie en-dehors de l’eau est passée à la trappe.
Puis l’avis de l’ECHA a été confrontée à un contrôle interne avant d’être soumise soumise à la Commission Européenne ces jours-ci afin qu'une décision finale puisse être prise.
Il faut savoir que l'équipe responsable de l'étude a elle-même été accusée de conflits d'intérêts par Greenpeace, car plusieurs de ses membres avaient effectué des travaux de conseil pour des entreprises chimiques incriminées ou travaillaient pour des instituts en relation avec ces entreprises.
La directrice de la politique alimentaire de Greenpeace Europe, Franziska Achterberg, avait déclaré : "L’ECHA a effectué un travail important pour effacer tous les éléments prouvant que le glyphosate peut causer un cancer. Les données dépassent largement ce qui est légalement nécessaire pour l'UE d'interdire le glyphosate, mais l’ECHA a détourné son regard. "
Les acteurs de l'industrie chimique s’étaient félicités de l'évaluation. "La science a prévalu", avait déclaré M. Graeme Taylor, de l'European Crop Protection Agency. "Le glyphosate n'est pas cancérogène. Nous espérons que la Commission Européenne avancera rapidement dans le processus d'enregistrement du produit dans l'UE et lui accordera une autorisation de 15 ans ".
Mais le rapport d’un procès fédéral américain connu de longue date concernant des personnes atteintes de lymphomes a soulevé des questions gênantes sur les relations de Monsanto avec les organismes de réglementation de l'Environmental Protection Agency (EPA).
Ce rapport montre que le géant américain des biotechnologies agricoles a été dirigé par M. Jess Rowland, également directeur de division adjoint de l'EPA, ce qui lui permet de désamorcer les offensives éventuelles. Selon ce rapport, M. Rowland aurait déclaré à un dirigeant de Monsanto qu'il empêcherait toute enquête du gouvernement sur le glyphosate en ajoutant : "Si je peux empêcher ça, je mérite une médaille".
Parmi les documents révélés dans le procès américain, figure une lettre étonnante de Mme Marion Copley, une scientifique de l'EPA, qui a déclaré qu'elle était "absolument certaine" que le glyphosate était générateur de cancer. Mme Copley, qui était elle-même en phase terminale de cancer, a mis en évidence plusieurs cas de conflits d'intérêts : "J'ai un cancer et je veux que les graves problèmes dans les services sanitaires abordés avant d’être enterrée. J'ai fait mon devoir."
Un million de personnes ont signé une pétition demandant une interdiction européenne du glyphosate, ainsi qu’une réglementation et des contrôles obligatoires pour réduire l'utilisation des pesticides. La Commission européenne devra se déterminer clairement et choisir entre le lobbying industriel et l’intérêt des populations.
Bon courage, M. Hulot !
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(*) Souvenirs de la Commune :
« C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
A l'enterrement de Vallès
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu'on était un fier tas
A lui servir d'escorte
Ce qui prouve en tous cas Nicolas,
Que la Commune n'est pas morte. »
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