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Accueil du site > Actualités > Médias > Vietnam, documentaire sur Arte, par André Bouny

Vietnam, documentaire sur Arte, par André Bouny

La guerre est toujours perdue.

Je rappelle que la version qui nous a été donnée à voir dure un peu moins de 8 h, présentée comme la moitié de celle originale diffusée aux Etats-Unis. Ceci peut expliquer son montage comprenant des transitions qui perturbent parfois la chronologie des faits. Cependant, tant de non-dits et de contre-vérités, d'interprétations restreintes des chiffres lorsqu'il s'agit des morts vietnamiens, du tonnage général de bombes tombées sur le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge ou, par exemple, du volume des agents chimiques épandus, entre autres ; d’interprétations élargies jusqu’à la complaisance, voire taiseuses ou bien fausses lorsque sont évoquées les « affaires » américaines liées à cette guerre, tandis que la plupart de ces données sont déclassifiées et documentées. Il n’était pas difficile pour des réalisateurs états-uniens ayant travaillé plus de dix ans sur le sujet de s’emparer d’archives avérées et officielles, me semble-t-il.

 

En effet, en 2005, dans le cadre de relations « apaisées » avec les États-Unis, le Viêt Nam révéla officiellement qu’un million de combattants et quatre millions de civils avaient été tués sans qu’aucun pays de la communauté internationale ne remette en cause ce bilan – qui pourrait s’avérer en-deçà de la réalité. Le documentaire Vietnam se tient très éloigné du compte.

 

La voix off du documentaire Vietnam évoque le tonnage de bombes larguées sur le seul Nord-Viêt-Nam et fait une comparaison à minima avec celui de la Deuxième Guerre mondiale. Or, le Viêt Nam a reçu trois fois et demie (comparer les 7 078 032 tonnes de bombes sur le Viêt Nam aux 2 057 277 tonnes de toute la Seconde Guerre mondiale) le tonnage de bombes larguées durant toute la Deuxième Guerre mondiale. Au cours de la guerre secrète, le petit Laos voisin a pour sa part reçu, à lui seul, une quantité plus importante que durant toute la seconde guerre mondiale à raison d’un raid toutes les 8 minutes pendant 9 ans. Mais cette terrible pesée n’est pas terminée, car nous devons encore y ajouter les bombardements considérables d’une autre guerre, secrète elle aussi, menée parallèlement au Cambodge, qui en reçut peu ou prou autant que le Laos. Ces chiffres ahurissants, inimaginables, suffisent à donner une idée de l’ampleur, et du nombre effroyable de victimes, du conflit. En fait, il est tombé 6 fois le tonnage de bombes de la Seconde Guerre mondiale sur l’ancienne Indochine.

 

Quant à l’Agent Orange, ce documentaire Vietnam l’occulte quasiment alors qu’il fera des millions de victimes au sens large du terme –, la voix off évoque 72 millions de litres épandus tandis que le dernier rapport financé par l’Académie nationale des Sciences de Washington, réalisé par Jeanne M. Stellman et son équipe de l’Université Columbia de New York au début des années 2000, paru dans la revue scientifique Nature, annonce 84 millions de litres (pour ma part, à l’appui des mêmes documents de l’Armée américaine utilisés par cette éminente scientifique, j’estime qu’en équivalent/hectares ce volume pourrait s’établir à 4 fois ce chiffre). Par ailleurs, le Rapport Stellman montre que 3 851 villages subirent les épandages d’agents chimiques et place le nombre de personnes directement exposées entre 2,1 et 4,8 millions. Ce nombre n’inclut pas les personnes contaminées ultérieurement par leur environnement, ni celles qui seront atteintes par la chaîne alimentaire, ou nées avec des malformations. Ceci ne peut en aucun cas être restreint à deux phrases, comme s’il s’agissait d’un détail de l’Histoire. En effet, à propos de cette guerre chimique, ce documentaire Vietnam n’a qu’une phrase blanche à son début et une à la fin laissant entendre que les USA décontaminent le Viêt Nam. En vérité, il s’agit pour l’instant d’une opération de décontamination de surface qui concerne seulement quelques hectares sur la base de Da Nang faisant partie des 28 points chauds répertoriés. Et les États-Unis ne sont pas seuls à la financer, loin de là. Par contre, l’opération est réalisée par des entreprises états-uniennes, car si la contamination rapporte, la décontamination aussi.

 

D’autre part, le documentaire Vietnam présente les « incidents du golfe du Tonkin » comme vrais. Or, ces faux « incidents » déterminèrent la suite de la guerre. Les 2 et 3 août 1964, deux destroyers américains croisant à la limite des eaux internationales auraient essuyé des tirs de canonnières nord-vietnamiennes. Puis, le 4 août, la marine US annonça de graves incidents, invoquant le tir de dizaines de torpilles contre elle… des faits qui ne se sont jamais produits. Nous le verrons plus tard avec les grandes « affaires » américaines liées à la Guerre du Viêt Nam. Une méthode vieille comme le monde qui consiste à provoquer (voire inventer) un événement pour en tenir l’ennemi responsable. Que c’est-il passé : en mai 1970, la « guerre secrète au Cambodge », qui suivit la « guerre secrète au Laos », est révélée par le New York Times, relançant la contestation d’une nouvelle guerre « illégale » qui favorisera l’accession des Khmers rouges, et marquera le début de l’affaire des Papiers du Pentagone. Ils ont révélé que le texte de la Résolution du golfe du Tonkin adoptée par le Congrès le 7 août 1964, avait été rédigé par l’administration Johnson plusieurs mois avant que les fameux incidents ne se produisent. Cependant, ils fournirent au Président un prétexte pour faire voter par le Congrès une « Résolution » lui donnant ainsi le feu vert grâce à ce casus belli cousu main. Et « en représailles » Johnson fit bombarder les équipements côtiers nord-vietnamiens. Désormais, l’armée américaine était directement impliquée dans la Guerre du Viêt Nam, sur l’ensemble du territoire s’entend. Le 13 juin, le premier article des Pentagon Papers, paraît dans le New York Times, puis quelques jours plus tard dans le Washington Post. Un premier épisode tiré d’un dossier comptant 7 000 pages (en 47 volumes) établissait l’illégalité de la guerre après le détournement de la Constitution des États-Unis d’Amérique lorsque Johnson trompa le Congrès sur les « incidents du golfe du Tonkin » qui lui permirent d’engager totalement l’armée américaine dans le conflit du Viêt Nam. Mais il indiquait aussi la violation de la Constitution que représentait l’engagement de la guerre secrète au Cambodge (par Nixon, Républicain) sans l’aval du Congrès, comme précédemment son extension de la même manière au Laos (par Johnson, Démocrate). Au regard de la seule loi états-unienne, la guerre s’avérait maintenant illégale aux yeux des élus et du peuple trompés. Fou de rage, Nixon fait interrompre la publication du feuilleton et saisit la Cour suprême, qui le déboute. Ces dossiers secrets d’État ont été remis à la rédaction du journal par Daniel Ellsberg, un esprit brillant ayant appartenu au staff de McNamara. Parallèlement, ces dossiers sont remis à Howard et Roslyn Zinn, et Noam Chomsky, qui les analysèrent. En introduction au dossier Ellsberg écrivait : « Les dirigeants des États-Unis, y compris le Président en exercice, Richard Milhous Nixon, pour les six dernières années au moins, pourraient bien être coupables de crimes de guerre ». Les Papiers du Pentagone seront publiés. Nixon veut alors détruire ceux qui s’opposent à lui et met en place une unité d’espionnage chargée de compromettre ses ennemis politiques dans des affaires douteuses. L’entreprise signera sa perte. Ce sera une nouvelle « affaire » : le Watergate.

 

Le scandale du Watergate tient son nom d’un complexe d’immeubles situé à Washington dont un des bâtiments abritait des bureaux du Parti démocrate. Dans la nuit du 17 juin 1972, à 1 h 30 du matin, un agent de sécurité de l’immeuble prévient la police. Cinq « cambrioleurs » sont arrêtés, ils portent sur eux un matériel d’écoute sophistiqué. L’un d’eux est un gradé de l’armée de l’Air, ancien du FBI et de la CIA, et de surcroît, membre du Comité pour la réélection du président Nixon. Les cinq ressemblent davantage à des agents secrets qu’à des cambrioleurs ; un carnet d’adresses trouvé sur l’un d’eux révèle des personnes de tout premier rang. Un informateur secret communique à deux journalistes du Washington Post, Robert Woodward et Carl Bernstein, des informations essentielles à propos du Watergate, et des « plombiers de la Maison Blanche » chargés de fabriquer des lettres destinées à ruiner la réputation des candidats démocrates. Les deux journalistes d’investigations parviennent à éclaircir l’affaire avant le département de la Justice (le ministère de la Justice) contrôlé par la Maison Blanche. Leurs articles affirment que les proches du Président, tout comme Nixon lui-même, s’adonnent à toutes sortes de graves malversations : sabotages politiques, corruption, association de malfaiteurs, cambriolages, écoutes clandestines, détournement de fonds, parjures et faux témoignages, obstruction à la justice… Tel que le cambriolage du cabinet d’un psychiatre détenant des éléments compromettant à l’avantage de Nixon. Plus tard, Nixon refusera de remettre les 64 bandes magnétiques d’enregistrement du Bureau ovale à la Justice qui les réclamait. Saisie, la Cour suprême se prononce pour la restitution, certaines bandes seront remises, partiellement effacées : Nixon cherchait à masquer ses propos grossiers et insultants révélant son alcoolisme et les manigances tramées dans le Bureau ovale. Une procédure d’« impeachment » sera déclenchée contre Nixon, premier Président de l’histoire des États-Unis d’Amérique à démissionner afin de ne pas subir l’humiliation de la destitution. Les deux journalistes ne révélèrent jamais l’identité de leur indicateur connu sous le nom de « Gorge profonde ». En 2005, à 91 ans, l’homme sortit lui-même de l’ombre : Mark Felt, ancien directeur adjoint du FBI sous Nixon. À la mort de Hoover, Felt se porta naturellement candidat. Nixon l’écarta et nomma Patrick Gray. Peut-être est-ce là l’origine du plus grand scandale qu’aient jamais connu les États-Unis d’Amérique. Au travers des Papiers du Pentagone et du Watergate, il est facile de comprendre de quelle façon et avec quelle cruauté fut menée la guerre du Viêt Nam. D’après Noam Chomsky, la destitution ne menaça Nixon que parce qu’il s’était attaqué à aussi puissant que lui, et non à cause de pratiques illégales abondamment utilisées contre d’autres personnes de la société jugées subversives pour l’ordre établi.

Sans guerre du Viêt Nam, pas de Pentagon Papers, ni de Watergate, affaire qui poussa Nixon à la démission pour échapper à une destitution plus infâmante encore, qui aurait été une première dans l’Histoire des États-Unis d’Amérique. La fonction présidentielle elle-même en sort profondément affaiblie : le documentaire Vietnam semble la préserver.

Il fallut attendre 2001 pour que l’historien de la National Security Agency (NSA) Robert Hanyok mette en évidence que ces communications sur les « incidents du golfe du Tonkin » avaient été volontairement truquées. L’administration G. W. Bush (dont les justificatifs de la guerre en Irak étaient contestés) interdit la publication de ce rapport interne, et le New York Times n’en divulgua le contenu que cinq ans plus tard. Le documentaire Vietnam ne dit rien là-dessus.

 

De la bombe atomique, le documentaire Vietnam tait le sujet. Pourtant, son utilisation a été évoquée au moins à trois reprises en ce qui concerne le Viêt Nam.

La première, quand les États-Unis la proposèrent pour aider les Français à Dien Bien Phu.

La seconde, lorsque 6 000 Marines se retrouvèrent encerclés dans « leur » base de Khe San, tout près de là ou la piste Ho Chi Minh passait du Nord-Viêt Nam en territoire Laotien.

La troisième fois, elle est suggérée pour forcer les Vietnamiens à « quémander la paix » à la table des négociations : « Je refuse de croire qu’une petite puissance de quatrième ordre comme le Viêt Nam n’ait pas de point de rupture », disait Kissinger. Afin de dissuader l’entêtement Nord-vietnamien, « l’action doit être brutale », ajoutait-il. En septembre 1969, il donne les instructions à son équipe : « Ce sera la mission de ce groupe que d’étudier l’éventualité d’une attaque impitoyable et décisive contre le Nord-Viêt Nam […] Vous devez vous asseoir et mettre au point ce que serait une attaque impitoyable », ordonna Kissinger, futur Prix Nobel de la Paix. Fin 1969, Nixon décide de mettre à l’étude la terrible opération Duck Hook, dans laquelle il est prêt à tenir le rôle du « bombardier fou ». Des documents déclassifiés révèlent que Henry Kissinger, secrétaire d’État de Nixon, échangeant des notes avec le Président, écrivait :

- « Doit-on songer à l’arme nucléaire ? »

- « L’enchaînement des choses ne doit rien exclure », répond Nixon.

Par ailleurs, le général Curtis E. LeMay était aussi un fervent partisan de l’utilisation de la bombe atomique. Ce chef d’état-major de l’US Air Force la préconisa à chaque conflit. Connu pour transgresser les décisions politiques, ferme partisan de la méthode du fait accompli, Johnson et McNamara l’écartèrent en 1965 craignant d’élargir le conflit à la Chine et à l’Union soviétique. La crainte que l’opinion publique américaine et mondiale ne se déchaîne sauva probablement les Vietnamiens de la vitrification.

 

Nixon se rabattit sur la « vietnamisation » (évoquée dans le documentaire Vietnam de façon succincte et pour le moins confuse), pouvant remplacer avantageusement « la bombe ». Cette stratégie avait pour but d’endiguer le flot des cercueils recouverts de la bannière étoilée à destination de l’Amérique en faisant se tuer entre eux les Vietnamiens. Elle permettra de réduire le nombre des troupes américaines au combat, sans renier le dessein états-unien. Ce qui fera écrire à l’historien Nguyen Khac Vien dans son livre Vietnam, une longue histoire  : La « vietnamisation » dans l’esprit de Nixon, devait se compléter par l’« indochinisation » et ensuite par l’« asianisation ». Les Indochinois devraient combattre les Indochinois, les Asiatiques, les Asiatiques pour assurer la domination américaine en Asie. Washington n’aurait à fournir que les dollars et les armes ; la couleur des cadavres changera, mais la mainmise américaine persistera.

 

L’alcoolisme de Nixon, il n’est pas évoqué dans le documentaire Vietnam. Des bandes magnétiques, enregistrées entre le mois de novembre 1972 et janvier 1973, jettent un nouvel éclairage sur la façon dont Nixon s’adressait à Kissinger, conseiller à la Sécurité nationale, dans le bureau ovale : « N’oubliez jamais : la presse est l’ennemi. L’establishment est l’ennemi. Les professeurs sont l’ennemi. Les enseignants sont l’ennemi. Écrivez cela au tableau noir 100 fois et ne l’oubliez jamais. » Cette conversation de maître à écolier, probablement due à l’alcoolisme de Nixon, date de décembre 1972, peu de temps avant les bombardements massifs sur Hanoi et Hai Phong. Lorsqu’elles sont déclassifiées, le mardi 2 décembre 2008, j’en fis part à Howard Zinn qui me répondit : « Merci beaucoup, Andre, pour tirer mon attention a l'ouverture des archives de Nixon. Revelations extraordinaires. Il est evident que Nixon a commence a perdre son balance [équilibre] mental. Howard » Howard Zinn avait été appelé à la barre lors du procès de Daniel Ellsberg ayant divulgué les Pentagon Papers, démontrant que ce dernier n’avait pas porté atteinte à la sûreté de l’État fédéral. Plus de 2.200 heures d'enregistrement sont désormais disponibles aux Archives nationales. Elles sont accessibles en ligne, alors que les documents écrits peuvent être consultés aux Archives nationales ainsi qu’à la bibliothèque présidentielle de Nixon. Rien n’est dit à propos de l’alcoolisme du Président de la première puissance du monde en guerre dans le documentaire Vietnam.

 

Par ailleurs, le documentaire Vietnam ne fait apparaître que 3 bases américaines sous la DMZ du 17e parallèle, menant d’Est en Ouest vers Khe San. En réalité, il y en avait une foule, sans compter les positions élevées, les voici :

Bases du Corps de la zone I sous la DMZ : A Shau ; An Hoa ; Binh Hoa ; Cam Lo ; Camp Carrol ; Camp Eagle ; Camp Esso ; Camp Evans ; Camp Henderson ; Chu Lai ; Con Thien ; Da Nang, China Beach ; Dong Ha ; Duc Pho, LZ (Landing Zone, pour Zone d’atterrissage) Bronco ; Firebase Jack ; Firebase Rakkassan ; Firebase West ; Hill 63 ; Hill 69 ; Hoi An ; Hue ; Khe Sanh, Firebase Smith ; Lang Co Bridge ; LZ Baldy ; LZ Dogpatch Hill 327 ; LZ Geronimo ; LZ Jane, Firebase Barbara ; LZ Langley, Firebase Shepard ; LZ Profess, Hill 55 ; LZ Rockcrusher, Hill 85 ; LZ Rockpile ; LZ Ross ; LZ Sandra ; LZ Snapper, Firebase Leather ; Marble, Hill 59 ; Phu Bai ; Luc Phu, LZ Tommahawk ; Quang Nai ; Quang Tri, LZ Nancy.

 

Bases du Corps de la zone II : An Khe, Camp Radcliff ; An Lao, LZ Lamarie ; Ban Me Thuot ; Ben Het ; Bon Song, LZ Two Bits ; Bre Nhi ; Cam Ranh Bay ; Camp Granite ; Che Oreo ; Da Lat ; Firebase Pony ; Kontum ; Dog LZ, LZ anglais ; LZ Oasis ; LZ Putter, Firebase Bird ;

LZ Uplift ; Nha Trang ; Phan Rang ; Phan Tiet ; Plei Ho, SF (Special Forces) Camp ; Plei Jerang ; Pleiku ; Puh Cat, LZ Hammond ; Quy Nhon ; Song Cau ; Tuy An ; et Tuy Hoa.

 

Bases du Corps de la zone III : An Loc ; Ben Cat ; Ben Hoa ; Cholon ; Cu Chi ; Dau Tieng (Michelin) ; Dien-Duc, Firebase Elaine ; Duc Hoa ; Firebase Di An ; Firebase Frenzel ; Firebase Jewel, LZ Snuffy ; Firebase Mace ; Katum ; Lai Khe ; Loc Ninh ; Long Binh, Firebase Concord ; LZ Fish Nook ; LZ Schofield ; Nha Be (Navy Base) ; Nui Ba Den, Firebase Carolin ; Phouc Vinh ; Phu Chong ; Phu Loi ; Qua Viet ; Quang Loi ; Saigon ; Song Be ; Tan Son Nhut ; Tay Ninh ; Trang Bang ; Vo Dat, Firebase Nancy ; Vung Tau ; et Xuan Loc.

 

Bases du Corps de la zone IV : Ben Luc ; Ben Tre ; Can Tho ; Cao Lanh ; Dong Tam ; Firebase Grand Canyon ; Firebase Moore ; Ham Long ; Moc Hoa ; My Tho ; Nam Can ; Phnom ; Phu Quoc ; Rach Gia ; Seafloat ; Soc Trang ; Tran An ; Tieu Con ; Tra Vinh ; Vinh Loi ; et Vinh Long.

 

Je voudrais aussi parler du Programme Phoenix, à peine abordé dans le documentaire Vietnam, opération secrète et rampante américano-sud-vietnamienne montée par la CIA en collaboration avec les services secrets sud-vietnamiens. Ce programme vise à démanteler l’organisation Viêt Cong dans le delta du Mékong. Côté américain, les SEAL (contraction de Mer, Air, et Terre), corps d’élite opérant dans n’importe quel élément avec les moyens les plus sophistiqués, ont à leur côté les URP, anciens Viêt Congs indigènes, soudoyés et retournés. Par groupe de 10 ou 20, il s’agit de filer, d’enlever, d’interroger et d’assassiner les responsables, membres et sympathisants de la guérilla, estimés à 100 000 dans le seul delta. Une des méthodes d’interrogatoire consiste à embarquer trois ennemis dans un hélicoptère. En altitude, la porte est ouverte et celui qui en sait le moins est jeté dans le vide sous les yeux des deux autres. Puis vient le tour du second. S’il parle, un sursis advient. Il est alors éloigné du seuil et on prend des notes. Parfois, il faut l’avancer de nouveau pour qu’il se souvienne. Puis, celui qui est supposé en savoir d’avantage sur l’organisation de son village est mis au bord du vide à son tour. S’il ne parle pas, celui qui a déjà parlé est éjecté sous ses yeux. S’il ne parle toujours pas, il est poussé vers le sol. S’il parle, il subit le même sort. Renseignements obtenus, on prend d’assaut la maison ou le village. On assassine. On tue tous les membres de la famille. C’est la règle. Parfois, les oreilles des victimes sont rapportées au camp comme trophée. Selon les sources, entre 20 000 et 60 000 personnes ont ainsi été éliminées. En réalité, les 100 000 Viêt Congs du delta s’opposant au régime du Sud seront réduits à 1 000, tandis que la terre vietnamienne continuait de boire la dioxine de l’Agent Orange. Je crois me souvenir que le documentaire Vietnam effleurant le sujet fait état d’un chiffre restreint, 6 000 (à vérifier).

 

À propos de My Lai…

16 mars 1968. Peu avant 8 h du matin, 120 GI de la Charlie Company, dépendant de la 11e brigade d’infanterie légère de la Division Americal, entrent dans les hameaux de My Lai, surnommés « Pinkville », et de My Khe. Ils se situent au sud-ouest de Da Nang, dans la province de Quang Ngai, près de My Son, haut lieu de l’ancien royaume du Champa ravagé par l’Agent Orange et les bombardements. Dans le cadre de l’opération Wheeler Wallawa, incluant les missions de « recherche et destruction », les hommes du lieutenant William Calley abattent les premiers habitants qui s’enfuient par les rizières, incendient les paillotes et mitraillent ceux qui en sortent bras en l’air, tirant même sur les poules et les cochons. Ils réunissent les vieillards et les exécutent à la grenade. Des mères protégeant de leur corps nouveau-nés et enfants cramponnés à leurs habits, des vieux et des adolescents hurlants sont rassemblés le long des fossés de drainage et exterminés au fusil-mitrailleur. Ceux qui bougent et respirent encore sont achevés. Des soldats signent de leur baïonnette la première lettre du nom de leur compagnie sur la poitrine des victimes. Des femmes sont violées, sodomisées avant d’être abattues de la façon la plus épouvantable qui soit. L’une d’elles, enceinte, est éventrée au couteau. Les sacs de riz sont aspergés d’essence et brûlés. Derrière, on ordonne de tuer la jeune « bridée » qui rentre du champ de paddy. Chose faite, elle est allongée dans l’eau de la rizière, la cervelle éparpillée autour de son crâne ouvert. Dans l’incendie des huttes, on jette les clisses sur lesquelles sèchent les galettes de riz au-dehors. Les hommes sont fous. Il faut tuer, tuer, tuer encore pour oublier qu’on a tué (extraits de mon ouvrage Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam). Un GI monte sur un buffle et frappe la bête à coups de couteau jusqu’à ce qu’elle s’affaisse, dira un des témoins. Un des neuf hélicoptères survolant l’opération pour la protéger ne comprend pas car, d’en haut, tout semble se passer trop facilement. Il fait alors une approche, et réalise soudain la situation au sol. Atterrissant au milieu de la tuerie, il parvient à sauver une dizaine de civils en les emportant puis, bien qu’à court de carburant, se pose une seconde fois pour embarquer un petit garçon isolé. [le documentaire Vietnam appuie sur cet acte de bravoure qui, par ailleurs, le mérite] Un peu plus loin, des soldats auraient mis une arme automatique dans les mains d’un enfant pour qu’il tue les siens ; mais le gamin en est incapable et laisse tomber ce fardeau : il est exterminé. Plus tard, un témoin déclarera que ses compères firent une pause-déjeuner à côté des cadavres et, de temps en temps, tirèrent sur quatre ou cinq femmes et enfants qui bougeaient encore dans un fossé. Il ajoute que la plupart d’entre eux ne considéraient pas les civils vietnamiens comme des êtres humains… et qu’ils devaient juste les traiter comme des animaux. Sous les morts, une mère serre sa fille contre elle pour étouffer ses pleurs. Elles survivront. Le comble de cette histoire est qu’il n’y avait aucun Viêt Cong dans le hameau de My Lai. D’ailleurs, la liste des victimes comporte très peu d’hommes en âge de combattre. Cependant, le général Westmoreland annoncera une grande victoire au cours de laquelle 128 Viêt Congs et 22 civils auraient été tués. Le massacre sera dissimulé par l’armée. Le Pentagone couvrira. C’était l’intérêt de tous. Mais lorsque le journaliste d’investigation, Seymour Hersh, révèle le massacre dans le Saint Louis Post-Dispatch du 13 novembre 1969 (soit un an et demi après les faits), l’opinion publique américaine honteuse demande un jugement pour crimes de guerre, tandis que les officiers supérieurs camouflent ce meurtre collectif d’« humains orientaux », selon la terminologie du tribunal. À cette occasion, les vétérans américains du Viêt Nam attestent que de telles atrocités sont le quotidien de cette guerre, tant lors de raids de bombardements qu’à l’occasion d’opérations au sol. La mère du lieutenant Calley témoigne : « Je vous ai donné un bon garçon et vous en avez fait un meurtrier. » De son côté, Calley déclare avoir reçu l’ordre d’exterminer ce hameau, d’Ernest Medina, son capitaine. L’histoire ne dit pas de qui ce dernier a reçu ses directives, ni qui a envoyé des photographes militaires sur les lieux de l’extermination pour en documenter l’horreur. Un soldat raconte qu’ils avaient été conditionnés pour ce massacre, et il ajoute avoir entendu ses chefs parler de 700 victimes. Le rapport du général William Peers, commandité par le département de la Défense, amoindrit les faits qualifiés d’« incidents » oubliant de mettre en avant la directive 525-3 selon laquelle le général Westmoreland instituait le « feu à volonté » dans les zones réputées tenues par le Viêt Cong sans aucune mesure particulière pour les non-combattants. À My Lai, 504 civils désarmés, hommes, femmes, enfants et vieillards, furent exterminés. Cela ne prit pas beaucoup de temps. Le lieutenant Calley, seul militaire condamné, verra sa peine commuée par le Président Nixon… le véritable criminel. My Lai est l’arbre qui cache la forêt, et non pas l’exception comme laisse entendre le documentaire Vietnam, qui amoindrit le nombre des victimes.

 

La même brutalité et violence habita les milliers d’opérations menées par l’US Army au Viêt Nam, telles que les Hameaux stratégiques, ou d’autres jamais évoquées, comme la Ligne McNamara ; ou bien le « fragging  » désignant l’usage de grenade à fragmentation pour tuer son officier, qui devient une pratique ordinaire…

 

Tout ceci sous réserve que ces manquements ne figurent pas dans la version originale du documentaire Vietnam…, mais nous pouvons en douter et penser qu’au-delà des problèmes de programmation posés par un tel format existent quelques scrupules à nous présenter le complément. Les images, qu’elles appartiennent à la propagande américaine ou à la propagande vietnamienne, subissent une interprétation que modifie tout commentaire, durci ou dulcifié. Quant aux témoignages, nombreux des deux côtés, leur durée me parait plus importante chez les américains. Mais le point de vue artistique compense cela, la concision de ceux vietnamiens les rend percutants. Tous nous disent que la guerre est toujours perdue et que la chose qu’ils ont en commun est leur humanité.

 

« Et j’en dirais et j’en dirais », néanmoins je n’ai pas le goût de la critique pour la critique. Je pense que les réalisateurs du documentaire Vietnam donnent aussi à voir les couleuvres qu'ils ont eux-mêmes avalées. La promotion dithyrambique de ce documentaire Vietnam avant diffusion, accomplie par des gens qui n’étaient pas nés lors de cette guerre et qui ne la connaissent pas vraiment, le plus souvent par bribes, inquiète. La fin du film nous apprend que le Viêt Nam ne porte plus de trace de cette guerre, ah bon ! où a-t-il été celui qui parle ? et montre des GI portant dans leurs bras des petits enfants vietnamiens dénudés. John Wayne n’est pas loin. En fait, comme nous-mêmes, les États-Unis ne parviennent pas à se regarder.

 

Pensons alors aux équivalentes 7 h 45 de Français si vous saviez, film en trois époques sorti en février 1973 (année du retrait américain au Viêt Nam) :

"En passant par la Lorraine" (2 h 30) : La défaite de 40, pour beaucoup inattendue, provoque l'effondrement total du pays. Mais le conflit de 14-18, puis les années 30, préparent, à leur façon, la débâcle...

"Général nous voilà" (2 h 30) : Le bilan après la victoire et les choix qui s'offrent à la France. Une époque troublée et ambiguë : l'épuration, le procès Pétain, Brasillach, le stalinisme...

"Je vous ai compris" (2 h 45) : Le portrait d'un homme admiré et contesté, De Gaulle, face à la 3ème crise que vivent les Français : la décolonisation...

 

Depuis, que n’avons-nous pas découvert et appris de nos dirigeants comme de nous-mêmes !

 

André Bouny*

 

*Auteur de Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam et Cent ans au Viêt Nam.

https://www.agent-orange-vietnam.org

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.78/5   (54 votes)




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51 réactions à cet article    


  • Scuba 25 septembre 2017 14:09
    sur la bombe A, vous écrivez :
    La première, quand les États-Unis la proposèrent pour aider les Français à Dien Bien Phu.
    Je croyais qu’au contraire, ce sont les français qui l’ont demandé aux USA, et qu’Eisenhower, alors président des USA l’avait refusé ?

    • André Bouny André Bouny 25 septembre 2017 14:38

      @Scuba
      La réalité est toujours d’une extrême complexité, il y eu un va-et-vient des positions, je te donne si tu me donnes... je te tiens tu me tiens... voici un extrait de : https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2003-3-page-77.htm

      "(...) Ces débats confirment que les milieux politiques américains envisagent la poursuite des opérations en Indochine, et non pas le dégagement de Diên Biên Phû. Pourtant, durant la dernière décade d’avril, le cabinet Laniel va passer très près d’accepter l’action concertée, dans le vain espoir d’obtenir Vautour.

      Au matin du 22 avril, Laniel hésite : il pourrait accepter l’internationalisation du conflit si le sauvetage de Diên Biên Phû s’ensuivait à coup sûr. Bidault voit alors en une intervention américaine « la limite du possible ». Dans l’après-midi, Dulles, présent à Paris pour une réunion de l’Alliance atlantique, demande à son homologue français si des bombes atomiques tactiques pourraient être utilisées efficacement à Diên Biên Phû, et en propose deux à la France. Pourquoi douter de la réalité de la proposition ? Bidault et l’ambassadeur Jean Chauvel la mentionnent dans leurs Mémoires ; surtout, le ministre en a immédiatement fait part à trois de ses proches collaborateurs (Roland de Margerie, Maurice Schumann, Guy de la Tournelle), et le général Ely la relève dans son journal tenu au jour le jour. La véritable difficulté réside dans l’interprétation de l’offre de Dulles. Le secrétaire d’État n’était certes pas habilité à présenter une telle ouverture. Mais la possibilité d’employer la bombe à Diên Biên Phû avait déjà été soulevée devant lui par Radford, et il craignait une capitulation diplomatique de la France à Genève, que le gouvernement Laniel justifierait auprès de l’opinion publique en alléguant que les États-Unis n’avaient pas consenti tous les efforts au bénéfice du camp retranché. Dulles a donc peut-être voulu persuader Bidault que les États-Unis ne reculaient devant aucun sacrifice en faveur de l’Indochine, quand bien même eût-il été fort embarrassé si son collègue l’avait pris au mot. De toute manière, le ministre français a refusé. (...)


    • Ouallonsnous ? 25 septembre 2017 16:46

      @Scuba

      Où l’on voit que Arte, chaîne soi disant culturelle, est au service du propaganda-staffel yankee succédant au propaganda-staffel nazi !


    • Lonzine 25 septembre 2017 17:31

      @Ouallonsnous ?
      non, la bombe était un échec en France, De Gaule l’a demandée aux Anglais et il l’a obtenue contre sa levée du veto à l’adhésion des Anglais au marché commun


    • izarn izarn 25 septembre 2017 17:38

      @André Bouny
      Il faut etre réaliste, on ne voit pas pourquoi sous Nixon l’ultilisation de la bombe A était impossible, et possible sous Eisenhower.
      L’URSS était toujours la, et les armes des viets étaient russes, comme en Corée...
      Ensuite les américains n’avaient pas besoin de bombe A pour sauver Bien dien Phu. On est en plein délire.
      Ils ont laissé se faire tuer l’armée française, but de la manip.
      Ensuite, si je me souviens bien, c’est bien Nixon qui a arrété la guerre du Viet-Nam, débutée sous Kennedy...C’est bien lui qui est allé en Chine serrer la main de Mao Zedong....
      Quand aux démocrates pacifistes, c’est de la foutaise....


    • amiaplacidus amiaplacidus 25 septembre 2017 18:36

      Je reviens de voyage, je n’ai pas pu voir ces émissions, mais elles repassent demain matin et jeudi matin, après les avoir vues, je reviendrais sans doute ici pour parler de ce que j’en pense.

      @André Bouny

      je n’ai pas encore eu le temps de le lire posément votre lien, mais à première vue, il me semble très intéressant.

      Pour illustrer la complète imbécilité de la politique US, il faut rappeler que le Viet Minh de fin 1944, alors en lutte à la fois contre les Japonais et les Français, a reçu beaucoup d’armement de la part de lOSS (ancêtre de la CIA). Voir, entre autres, (navré, je n’est que des références en anglais) :
      http://www.academia.edu/4817951/Ho_Chi_Minh_and_USA_through_the_OSS_premise _of_CIA_
      https://parallelnarratives.com/vietnam-vignette-the-oss-and-ho-chi-minh-1945/
      Lors de la déclaration d’indépendance* du Vietnam par Hô Chi Minh, le 2 septembre 1945, il y avait, à côté de lui, plusieurs officiers de l’OSS, Patty notamment. Les USA faisaient tout pour que la France ne revienne pas en Indochine.
      Les choses ont changé après la victoire de Mao en Chine. Les USA ont alors totalement payé la guerre d’Indochine.
      Cet afflux d’argent a payé les « miracles économiques » de la IVème République, financé l’industrie d’armement française et liquidé les surplus militaires, hommes et matériel.

      Les USA sont ensuite intervenu directement au Vietnam pour finir par y recevoir une magistrale déculottée.

      L’objectif affiché de l’intervention US au Vietnam était de contenir la Chine. Si les Étatsuniens avaient eu un minimum de connaissance de l’histoire, ils auraient compris qu’aider le Vietnam, ou le laisser en paix, quel que soit son régime politique, était le plus sûr moyen de contenir la Chine. Il semble qu’avec 40 ans de retard et des millions de morts, ils aient maintenant compris.
      .
      En tapant ce texte, je repense à de curieux destins. Une partie des prisonniers de guerre allemands en France se sont engagés dans la Légion. Quelques uns (estimés à environ 300) de ces engagés ont ensuite déserté, pour passer au Viet Minh, certains sont ensuite restés au Vietnam (Nord) y ont fondé une famille, d’autres ont rejoint l’Allemagne de l’est et, s’il y en a encore de vivants, il sont maintenant en Allemagne et peuvent venir en Franc, sans problème ?
      Il y a deux ans, j’ai rencontré, au fin fond des montagnes du nord du Vietnam, dans un endroit improbable, l’un des fils qu’un de ces Allemands avait eu de sa femme Vietnamienne.
      .
      .
      .
      * À titre anecdotique, mon épouse se souvient, toute petite fille à l’époque, elle avait à peine 6 ans, d’avoir assisté à cette déclaration, c’est un souvenir confus, mais bien réel. Bien entendu, elle ne se souvient pas que qui était sur la tribune, mais il existe des photos montrant Hô Chi Minh et les officiers de l’OSS.


    • André Bouny André Bouny 25 septembre 2017 19:20

      @amiaplacidus
      Effectivement ce sont les Etats-uniens qui, par leur bombardements, chassèrent les forces nippones qui occupaient le Tonkin, encore sous administration fantôme de Pétain, lui-même sous celle nazi. Sans cela, Ho Chi Minh n’aurait pas eu la possibilité de vaincre l’occupant japonais tout en tenant à distance le colonisateur français même vaincu en Europe par l’Allemagne, et donc l’opportunité de proclamer la République démocratique du Viet Nam. Les intérêts des différents acteurs s’entremêlaient... il ne s’agit pas ici d’écrire un livre mais, encore une fois, la simplification de l’Histoire institutionnelle (dite officielle) ne permet pas de comprendre l’extraordinaire complexité qui l’anime. 


    • André Bouny André Bouny 26 septembre 2017 08:39

      @Ouallonsnous ?
      Dans une interview, un des réalisateurs états-uniens de Vietnam dit avoir beaucoup appris sur l’Histoire de son pays en faisant ce documentaire. Nous sommes prêts à le croire plutôt deux fois qu’une. Et rien ne permet de remettre en cause sa sincérité - à part peut-être quelques retenues dues au contexte géopolitique de ce début de siècle. C’est bien pour cette raison qu’ils nous donnent à voir des couleuvres qu’ils ont eux-mêmes avalées.


    • phan 27 septembre 2017 13:14

      @Scuba
      À Diên Biên Phû, les Etats-Unis ont-ils proposé deux bombes atomiques à la France ?

      La BBC rapporte d’ailleurs les propos de Maurice Schumann, alors secrétaire d’État aux Affaires étrangères :
      « [Dulles] n’a pas vraiment offert les bombes atomiques. Il a fait une suggestion, et a posé une question. Il a prononcé les deux mots fatals : “bombe nucléaire”. La réaction immédiate de Bidault a été de faire comme s’il ne prenait pas la proposition au sérieux. »
      L’Indochine passa ainsi à côté d’un nouvel Hiroshima. Pourquoi ce refus de la France ? Bidault explique que si une bombe atomique permettrait d’éliminer les troupes vietminh, elle ferait de même avec ses propres soldats.
      Quelques jours plus tard, après 56 jours de siège, l’armée française abandonnait le combat. Bilan : plus de 1.100 morts côté français, environ 1.600 disparus et entre 4.000 et 5.000 blessés. Côté vietminh, la BBC parle de 22.000 pertes humaines. Des dégâts moindres qu’une bombe atomique, certes, mais qui restent importants.


    • Alren Alren 1er octobre 2017 12:31

      @Lonzine

      "non, la bombe était un échec en France, De Gaule l’a demandée aux Anglais et il l’a obtenue contre sa levée du veto à l’adhésion des Anglais au marché commun« 

      Cela n’est pas exact : les Britanniques n’ont pas livré la bombe A clé en main aux Français car les Étatsuniens y auraient été formellement opposés et les Britanniques n’avaient pas les moyens psychologiques de braver leur »grand frère« .

      Ce qu’a révélé beaucoup plus tard Yves Rocard, le père de la bombe française, c’est que les physiciens français ne pouvaient pas trancher par le calcul entre deux options pour la fabrication de la bombe et que par sympathie née durant la guerre, des savants atomistes anglais leur ont donné le »bon choix« .
      Ce fut décisif pour le premier essai, mais au final secondaire dans l’immense travail préparatoire : pile atomique, extraction du plutonium 239 etc.

      Au contraire l’explosion de la première bombe atomique française en février 1960, fut une mauvaise surprise pour les USA, non parce qu’ils ne savaient pas que la France en fabriquait une - ils l’espionnaient au maximum en profitant d’indicateurs français »américanophiles« trahissant leur patrie - mais par la qualité de la réaction nucléaire produite.
      En effet, lors de la réaction en chaîne causée par les neutrons, une partie seulement du plutonium est fissionné avant que le métal soit dispersé.
      Or les Français ont réussi du premier coup une fission théorique maximale (je crois que c’est de l’ordre de 70%).

      Nos »alliés« US avaient envoyé, en toute amitié bien sûr, un avion espion survoler la zone de l’explosion. Il avait prélevé des échantillons d’atmosphère pour effectuer cette mesure.
      Ils ont eu beau dire que l’explosion était quasi-ratée, par dépit, la réalité était inverse.
      Une fois encore, avec des moyens ridicules par rapport au projet Manhattan, ces maudits Français égalaient l’Amérique.

      Les USA auraient souhaité être les seuls à disposer de l’armement atomique pour ainsi »tenir" l’Europe de l’ouest terrorisée (les dirigeants de droite) par une URSS prétendument agressive (ce qu’elle n’était pas).
      La bombe anglaise les dérangeait un peu mais ils ne pouvaient nier l’apport des savants européens dont les Britanniques dans la mise au point de leurs propres bombes.

      Mais la France disposant de la bombe avec un de Gaulle qui avait constaté, à Londres et à Alger, à quel point les USA souhaitaient que la France d’après-guerre reste un petit pays vaincu, c’était la certitude que ce pays chercherait à redevenir indépendant d’eux.
      Ce qui leur était, leur est, insupportable


    • Dzan 25 septembre 2017 15:46

      Combien d’Oradour sur Glane Vietnamiens ?
      Ah, on me dit dans l’oreillette, que ce n’étaient pas des nazis en Asie !


      • Paul Leleu 27 septembre 2017 12:07

        @Dzan


        oui... les américains sont bien pire que les soviétiques... Le capitalisme est une idéologie mortifère qui entraine des génocides sans nombre... Corée à l’été 1950... Indonésie en 1965... Viet-Nam... Irak... embargos... famines... bombardements... 

        la France peut se targuer de sa « décolonisation douce » au Cameroun, avec des centaines de milliers de civils passés au napalm, à la grenade et à la décapitation... Sans parler de l’Algérie et autre... le Rwanda, avec son million de « domages collatéraux » suivi des millions de morts des guerres au Congo... 

        Après tout, les anglo-américains n’ont pas hésité à bombarder les villes allemandes et japonaises en faisant des millions de morts... au napalm et à la bombe atomique... vive la « modération libérale »... 

      • ZenZoe ZenZoe 25 septembre 2017 16:34

        Cette guerre-là aura été un pivot dans l’histoire contemporaine. Peu importe ce qui s’est vraiment passé en coulisses à cette époque-là, mieux vaut le laisser aux historiens. Ce qui compte, c’est la claque monumentale prise par les Etats-Unis et le renversement de l’opinion mondiale à leur sujet.

        On se rappellera toujours la petite fille nue qui courait sous les lances au napalm. La brûlure la plus lancinante et la plus durable pourtant, c’est les Américains qui se l’ont prise avec leur humiliation totale lors de la chute de Saïgon.


        • André Bouny André Bouny 25 septembre 2017 17:14

          @ZenZoe
          « Cette guerre-là aura été un pivot dans l’histoire contemporaine. »
          Elle aura aussi été une tribune de notre propre émancipation contre les valeurs de nos parents, le plus souvent militaires et religieuses.


        • Dom888 Dom888 28 septembre 2017 09:04

          @ZenZoe
          "Peu importe ce qui s’est vraiment passé en coulisses à cette époque-là, mieux vaut le laisser aux historiens"

          Non malheureusement on ne peut pas faire confiance aux historiens, l’ampleur de cette guerre, le nombre de civils tués impunément, le poison déversé qui empoisonne encore aujourd’hui.

          C’est un crime contre l’humanité qui doit être rappelé plus souvent encore que la Shoah, parce qu’il n’y a plus de nazis mais que les USA continuent à détruire des pays et à massacrer des civils en toute impunité.


        • Emile Mourey Emile Mourey 25 septembre 2017 16:50

          @ l’auteur


          Comme je vous l’ai écrit dans mon commentaire d’approbation, il serait bon de rappeler, à l’origine, le désaccord entre l’amiral Thierry d’Argenlieu, soutenu par de Gaule, partisan d’une reprise en mains de l’Indochine et le général Leclerc, partisan d’une négociation avec Hô-Chi-Minh qui n’était alors que nationaliste. Rappelons également le massacre de Sétif qui correspond également à une volonté gaulliste de reprise en mains de l’Algérie. D’où les deux graves conflits qui ont suivi.

          • André Bouny André Bouny 25 septembre 2017 17:08

            @Emile Mourey
            Oui, bien sûr, d’autant plus que de Gaulle, dans son discours de Phnom Penh, fera la leçon aux Etats-uniens, car il (la France) avait payé pour voir... J’aborde cela dans mon ouvrage, mais, ici, s’agissant d’un article, je ne pouvais pas remonter si loin dans une telle profondeur de détails... le lecteur risquant de quitter l’écran parce que le texte est trop long... smiley


          • phan 25 septembre 2017 20:39
            @Michel Maugis
            Par nationaliste, il veut décrire le patriotisme c’est tout !
            Un pseudo de Hồ Chí Minh est Nguyễn Ái Quốc (Ái : aimer ; Quốc : pays) : Nguyễn le patriote.
            Et il y a, à Paris, au père Lachaise, un monument érigé aux martyrs de Châteaubriand. Sous le nom de Huỳnh Khýõng An, une simple mention, d’ailleurs anachronique : Annamite.

          • phan 26 septembre 2017 01:29
            @Michel Maugis
            Pendant la guerre d’indépendance contre le colonialisme français, on parle du Viêt Minh (ancêtre du Viêt Công)

            Le Việt Minh, également orthographié Viet-Minh, Viêt-Minh ou Vietminh (contraction de Việt Nam Ðộc Lập Ðồng Minh Hội, en chữ nôm 越南独立同盟會, traduit en français Ligue pour l’indépendance du Viêt Nam ou Front pour l’indépendance du Viêt Nam), était une organisation politique et paramilitaire vietnamienne, créée en 1941 par le Parti communiste vietnamien.
            Le Viêt Minh se présentait comme un front commun regroupant des nationalistes de toutes obédiences, et visant à lutter pour l’unité et l’indépendance du Viêt Nam, alors sous contrôle français et composé de deux protectorats (le Tonkin au nord, l’Annam au centre) et d’une colonie (la Cochinchine au sud). En pratique, la direction du Viêt Minh fut toujours nettement dominée par les communistes, dont le principal dirigeant était Hô Chi Minh. L’Armée populaire vietnamienne a été créée par Võ Nguyên Giáp en tant que branche armée du Viêt Minh. La ligue fut officiellement rebaptisée en 1951, mais le nom de Viêt Minh demeura d’usage jusqu’à la fin de la guerre d’Indochine pour désigner les indépendantistes et leurs forces armées.

            Nationalisme
            Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.

            Premier sens : le nationalisme « libérateur »

            Ce nationalisme est une doctrine et une action politique qui visent à l’indépendance d’une nation lorsqu’elle est placée sous une domination étrangère. Le nationalisme peut aussi chercher à défendre une culture opprimée ou niée par un occupant ou dissoute au sein d’un ensemble plus vaste.


            Le nationalisme s’appuie alors sur l’unité historique, culturelle, linguistique de la population (Voir Nation). Il est fondé sur le principe d’autodétermination des peuples (« droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ») avec pour conséquence la souveraineté populaire et l’indépendance de l’État sur un territoire national.

            Ce mouvement, qui s’est développé au XVIe siècle, a abouti à la création de nations indépendantes (Grèce, Italie, Allemagne). La fin de la Première Guerre mondiale et la chute des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman ont conduit à une autre vague de créations d’Etats indépendants : Pays baltes, Pologne, Finlande, Yougoslavie, Turquie...

            Lorsqu’il s’agit de revendications par une communauté particulière au sein d’un Etat-nation plus étendu, on parle de régionalisme, d’autonomisme ou d’indépendantisme, suivant le degré souhaité d’autonomie.


          • Alren Alren 1er octobre 2017 12:41

            @Michel Maugis

            « Hô-Chi-Minh qui n’était alors que nationaliste »
            Que signifie ce « ne que » ?

            En effet l’adjectif « indépendantiste » aurait mieux convenu.

            D’abord l’indépendance, avec union de tous ses partisans contre une puissante armée coloniale.

            Puis le choix d’un régime politique décidé par les Vietnamiens au regard de l’activité des différents groupes patriotiques durant la guerre d’indépendance : voilà ce me semble la tactique de Ho Chi Minh, calquée sur celle de Mao Tsé Toung pendant la guerre contre les Japonais et après leur départ.


          • Alren Alren 1er octobre 2017 12:50

            @Emile Mourey

            Il est clair, au sortir de la guerre, que de Gaulle considérait que l’empire était essentiel au rétablissement de la puissance française.
            Il a changé d’avis beaucoup plus tard en constatant que le développement rapide de la France métropolitaine était plus efficace, les « colonies » ne fournissant guère que des matières premières que l’on pouvait se procurer sur le marché international et que lesdites colonies avaient un coût que ne supportaient ni l’Allemagne ni les USA.

            Leclerc voulait consacrer les forces militaires renaissantes de la France à la lutte contre le communisme et donc ne pas les disperser dans des guerres coloniales lointaines.
            Peut-être a-t-il infléchit son point de vue au contact des colons français d’Indochine qui lui ont fait valoir la menace communiste et indépendantiste qui pesait sur toutes les régions d’extrême-orient sous domination occidentale.


          • Bertrand Loubard 25 septembre 2017 17:58

            Merci pour votre article. On savait que des MY LAÏ, il y en eut "des vingt et cent, il y en eu des milliers« .... La »honte" occidentale au Vietnam nous aurait servi de leçon de géographie, d’histoire, de chimie, de psychologie .... pour optimiser et mettre à jours les méthodes belliqueuses de notre culture triomphante de l’horreur.....Les multiples applications suivront rapidement entourées du type de propagande orchestrée ... comme celle d’ARTE .... Bien à vous.


            • bob de lyon 25 septembre 2017 18:02

              Grain de sel.

              Pour alimenter cette excellente chronique, un détail.

              Dans les années 1970, un éminent interlocuteur étranger demanda à un haut responsable du Pentagone pourquoi une telle obstination dans ce fracas de bombardements et de tueries devenus inutiles, il répondit en ouvrant sa braguette : « pour ça ! ».

               

              (entendu sur France Culture il y a quelques jours).


              • UnLorrain 25 septembre 2017 21:23

                @bob de lyon

                Hé Hé Bob ouhouu Bob !! ( appel façon Dupontel de son sketch,Bob,je suis un plaisantin a cette heure !)

                Moi sur franceculture,quand j’écoutais cette fréquence,un jour j’entendis ce truc ( cataclysmique parce que la personne,une femme,qui disait cela semblait être très au parfum de ce a quoi elle faisait allusion,une femme âgée) qui dit « Staline en avait une grosse et il s’en servait » !!!!pu... ! mais vous imaginez le scoop !!l’info !!!!!????


              • franc tireur 25 septembre 2017 20:04

                fichtre entre francais et etasuniens les viets se sont pris l’enfer sur la gueule et on les entend jamais beugler et demander reparations comme les algériens .
                la dignité c est une culture.


                • phan 25 septembre 2017 20:58
                  @l’auteur
                  D’abord, je vous remercie vivement pour votre formidable action à travers votre activisme pacifique, particulièrement votre énorme soutien aux victimes d’Agent Orange.

                  Et pour compléter votre excellent article, je vous cite 2 autres articles : Assassiner l’Histoire de John Pilger, et Vietnam : Documentaire ou fiction ? de Moon of Alabama .

                  Citant The War of the Flea de Robert Taber, Lansdale a dit : «  Il n’y a qu’un seul moyen de vaincre un peuple insurgé qui ne veut pas se rendre, c’est de l’exterminer. Il n’y a qu’une seule façon de contrôler un territoire qui résiste, c’est de le transformer en désert. »

                  Stein de Newsweek : La guerre du Vietnam : le nouveau documentaire de Ken Burns ignore les causes de l’inutile et désastreux conflit
                  Burns s’efforce de donner un poids égal à chacune des visions contradictoires du conflit, mais il s’enlise rapidement dans une grande boue historique et s’égare dans le méandre des théories opposées qui cachent les véritables causes des guerres ...
                  Thomas A Bass de Mekong Review : L’amnésie américaine
                  Dans l’épisode deux, « Insurrection » (1961-1963), nous entrons plus profondément dans l’univers de Burns. La guerre a été présentée comme une guerre civile, les Etats-Unis défendant un gouvernement démocratique librement élu dans le sud contre les communistes du nord qui l’envahissent. Les soldats américains se battent contre un ennemi sans dieu que Burns dépeint comme une marée rouge qui s’étend sur les cartes de l’Asie du Sud-Est et du reste du monde.
                  Les documents historiques de l’épisode 1, « Déjà Vu** » (1858-1961), qui contestent cette vision de la guerre, sont soit ignorés soit mal interprétés. ...
                  David Thomson de la London Review of Books : Simplement un Empire
                  Si le film semble être une épopée, une fiction héroïque, c’est parce qu’il ne recherche pas la vérité historique mais s’intéresse plutôt au sens de la vie et de la mort.
                  ...
                  Burns et Novick précisent que, malgré l’opposition passionnée qui s’est élevée contre la guerre, et pas seulement de la part des jeunes, la majorité des Étatsuniens disent qu’ils y croyaient. Ils ont soutenu la Garde nationale de l’Ohio quand elle a tiré sur des étudiants à Kent State. Leur approbation paresseuse est brillamment décrite par l’expression de Nixon « la majorité silencieuse ». ... Il ne fait guère de doute que les révolutions culturelles des années 1960 - les « ruisselets*** » de Merrill McPeak – ont été une libération pour une minorité de personnes, et qu’elles ont créé un schisme en Amérique qui s’est manifesté de manière toujours aussi évidente dans les élections de 2016.

                  • André Bouny André Bouny 25 septembre 2017 21:15

                    @phan
                    Oui j’ai lu ces parutions, merci. C’est exactement ça. Cela dit, plus une nation est puissante, plus elle est aveugle, hypnotisée par elle-même. L’un ne va pas sans l’autre.


                  • Bertrand Loubard 25 septembre 2017 21:31

                    @André Bouny

                    Une guerre ne se gagne pas ... c’est la paix qui se gagne.... Celle-là a été gagnée par le sang du peuple vietnamien au Vietnam et par la rue aux USA .... « Notre » pauvre culture « batardisée » et ses défenseurs lobotomisés nous permettront-t-ils encore longtemps de nous exprimer modérément à propos de la paix ?


                  • maidoc25 maidoc25 26 septembre 2017 01:44

                    @André Bouny

                    J’apprécie.

                  • André Bouny André Bouny 29 septembre 2017 11:25

                    @Bertrand Loubard

                    Bonjour,
                    Un retour important sur Vietnam diffusé sur Arte. Voici une excellente critique sur la série de cette diffusion qui vient de prendre fin au Etats-Unis : http://www.publicbooks.org/burns-and-novick-masters-of-false-balancing/
                    Quelle n’avait pas été ma surprise lorsque apparut à l’image Negroponte (sachant ce que fut son rôle ultérieurement - Honduras) que je n’ai pas relevé dans mon article afin de ne pas dérouter le lecteur...
                    Ici, ce lien vers cet article critique états-unien d’une grande lucidité, le fait !
                    Bonne lecture à tous.

                  • Bertrand Loubard 1er octobre 2017 16:40

                    @André Bouny

                    Merci pour ce lien. Je suis cependant étonné d’y trouver que Stephen Kinzer s’y exprime sur Negroponte pour dénoncer l’attitude « affabulatrice » de ce dernier (article « Our Man in Honduras » de 2001, "http://www.nybooks.com/articles/2001/09/20/our-man-in-honduras/ ) "avec certainement des raisons tout à fait valables de le faire. Mais j’avais aussi remarqué que Stephen Kinzer était évoqué par Naomi Klein dans "The Shock Doctrine« , à propos de son livre de 2006 »Overtrown" (where he tries to get to the bottom of what has motivated the U.S. politicians who have ordered and orchestrated foreign coups d’état over the past century"). Car on peut se poser des questions sur l’opportunité de citer Stephen Kinzer à propos de la propagande et de la politique étrangère américaine quant on sait qu’il a été le chantre dithyrambique du dictateur Paul Kagamé du Rwanda dans son livre "A Thousand Hills : Rwanda’s Rebirth and the Man Who Dreamed It" (2008). En effet, si son attitude s’est légèrement mitigée elle n’a pas fondamentalement changée puisqu’ en 2014 il disait encore : "The killing campaigns in Syria and Rwanda are totally different in both origin and nature« (america.aljazeera.com). Ce qui est inexact, compte tenu du  »backing US" du début de la guerre d’octobre 1990 au Rwanda, jusqu’au génocide de 1994. En janvier 2017 il « insistait » (ou récidivait) en quelque sorte à propos de la « future » réélection de Paul Kagamé comme Président du Rwanda (https://www.bostonglobe.com). Or la structure et la stratégie actuelle de la propagande, tant au Vietnam qu’au Rwanda, procède de la même planification : offrir un « rappel » en biaisant l’histoire et oblitérant des faits : 8h de films par Ken Burns et Lynn Novick pour 19 ans de guerre au Vietnam il y a 62 ans ; 1h30 de film pour 3 ans 1/2 de guerre au Rwanda, il y a 27 ans, dans le film "Ikontanyi ou les sept vies de Paul Kagamé" de Christophe Cotteret (qui sort actuellement sur nos écrans) .... Propagande ? Bien à vous.


                  • phan 2 octobre 2017 12:32
                    @André Bouny
                    Bonjour,

                  • André Bouny André Bouny 2 octobre 2017 13:30

                    @phan
                    Merci Phan pour ce lien qui contient une véritable critique, exhaustive, c-à-d avec un regard double. A lire par tous, oui.


                  • antiireac 25 septembre 2017 22:06

                    Il faut préciser un aspect important de cette guerre.

                    Ce sont bien les E-U qui ont remporté finalement cette guerre contre les communistes .
                    En effet aujourd’hui le Vietnam pratique le capitalisme contre lequel il combattait naguère.
                    C’est donc une victoire des E-U à posteriori sur cette idéologie morbide qu’est le communisme.

                    • xana 27 septembre 2017 22:03

                      @Michel Maugis
                      Merci Michel Maugis d’avoir mouché ce connard.
                      Jean Xana


                    • titi titi 25 septembre 2017 22:43
                      Et sinon ?

                      Il en est où le Viet Nam aujourd’hui ? L’école ? l’anti-corruption ? la santé ?

                      Tout baigne ?

                      • amiaplacidus amiaplacidus 26 septembre 2017 15:03

                        @titi
                        .
                        L’école fait partie, selon les classements, des meilleures de la planète, bien au-dessus de l’école française.
                        .
                        La corruption, omniprésente, là, c’est l’échec, en tout cas pour l’instant. Mais il commence a y avoir passablement de remous autour, les gens râlent, efficace ? L’avenir le dira.
                        Mais on peut dire que c’est une corruption « démocratique » en ce sens que tout le monde en profite, du bas en haut de l’échelle, contrairement à la France où l’arrosage des copains se fait en petit comité de coquins situés en haut de la hiérarchie, les petits fonctionnaires français étant, la plupart du temps, intègres.
                        Mais, même « démocratique », la corruption est un fléau absolu.
                        .
                        La santé, c’est mitigé. Les soins médicaux sont d’un niveau correct. Les soins et la médecine préventive sont gratuits jusqu’à 12 ans et au delà de 60 ans.
                        Entre ces deux âges, c’est différencié, soins de base corrects sans plus à bon marché ou gratuits selon les cas. Pour une médecine de qualité supérieure, cela coûte relativement cher.

                        Un exemple concret de soins de base, lors d’un séjour, j’attrape un refroidissement qui perdure après plus d’une semaine, je me décide à aller à l’hôpital du quartier simplement pour confirmer qu’il ne s’agit de rien de sérieux, me réservant d’aller dans un autre hôpital le cas échéant. J’explique rapidement mon cas à un premier bureau.On me fait passer devant une assez grande file d’attente, je demande pourquoi, réponse : « les personnes âgées de plus de 60 ans sont prioritaires ». J’arrive devant un ORL, il me pose quelques questions, m’ausculte, me tire la langue (la mienne ...), introduit une caméra dans ma gorge et le diagnostique tombe : angine. Ordonnance d’antibiotiques que je vais acheter à la pharmacie de l’hôpital, là on me donne exactement le nombre de comprimés prescrits dans l’ordonnance (et pas un emballage complet, cela me semble une pratique excellente pour lutter contre le gaspillage, bon, cela ne va peut-être pas dans le bon sens pour les actionnaires des labos ). Au total, consultation d’une demi-heure et médicaments j’en ai pour une dizaine d’€ (ce qui est une somme relativement importante pour un Vietnamien).

                        Toujours dans l’anecdotique, j’ai fait, ici, un infarctus, dont je me suis totalement remis, il y a quelques années, cela ne m’empêche pas d’aller vivre plusieurs mois par année au Vietnam, je sais qu’en cas de problème je peux y avoir des soins convenables, par exemple, la pose de stent y est de pratique courante. Je reste conscient qu’en allant parfois me balader au fin fond de nulle part je prend des risques, mais ce sont les même risques que je prendrais en faisant certains GR en France.
                        .
                        Au total, pour un pays que Nixon voulait ramener à l’âge de la pierre (ce qu’il a affirmé à plusieurs reprises), le Vietnam ne se débrouille pas trop mal. Il n’y a plus de misère, même si la pauvreté existe encore, plus spécifiquement en campagne. Une « classe moyenne », c’est à dire des travailleurs atteignant un certain niveau d’aisance se développe rapidement. Il reste que les zones montagneuses posent encore passablement de problème de pauvreté.


                      • Alainet Alainet 25 septembre 2017 23:55

                        - NB : Avec les dépenses considérables engendrées par la guerre du Viêt-Nam, la compétitivité accrue des pays européens et celle du Japon, le gouvernement américain réalise en 1971, pour la première fois au XXe siècle, un déficit commercial. Le 15 août 1971, le président Richard Nixon change complètement la donne du système monétaire international en annonçant la fin de la convertibilité du dollar en or... et Nixon en 1971 en signant la fin des accords de Bretton-Woods signa 1 descente aux enfers interminable du £ et 1 crise monétaire non-résolue depuis...
                        http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=529


                        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 26 septembre 2017 08:48

                          Pour ceux que ça intéresse et pour compléter cet excellent article :

                          « Vietnam » - Documentaire ou fiction ?Assassiner l’Histoire

                          • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 26 septembre 2017 08:49

                            @Jeussey de Sourcesûre

                            Pour ceux que ça intéresse et pour compléter cet excellent article :

                            « Vietnam » - Documentaire ou fiction ?



                          • Initiativedharman Initiativedharman 27 septembre 2017 02:16

                            Je me souviens plus si ils ont parlé du nombre de victimes dans les reportages.

                            Pour mémoire : - Américains tués : environ 60 000
                                         - Vietnamiens tués : environ 1 million 500 000
                            Les plus traumatisés étant les américains...Je comprends moyennement...

                            • devphil30 devphil30 27 septembre 2017 06:36

                              Un immense merci pour votre éclairage sur le Vietnam durant cette période de guerre.

                              Je n’ai pas regardé le documentaire car je supposais qu’il était orienté et biaisé dans son approche historique.

                              Philippe


                              • Ruut Ruut 27 septembre 2017 07:10

                                Tous ces morts pour rien.
                                Les guerres ne servent JAMAIS les peuples.


                                • BB1951 BB1951 27 septembre 2017 10:45

                                  Je suis né fin 1950 à Saïgon... juste au milieu du merdier !


                                  • phan 27 septembre 2017 14:18
                                    Au sujet du false flag du golfe du Tonkin (1964)

                                    Par ailleurs, le général Curtis E. LeMay était aussi un fervent partisan de l’utilisation de la bombe atomique. Ce chef d’état-major de l’US Air Force la préconisa à chaque conflit. Connu pour transgresser les décisions politiques, ferme partisan de la méthode du fait accompli, Johnson et McNamara l’écartèrent en 1965 craignant d’élargir le conflit à la Chine et à l’Union soviétique. La crainte que l’opinion publique américaine et mondiale ne se déchaîne sauva probablement les Vietnamiens de la vitrification.

                                    La paire (Johnson et McNamara) ont aussi couvert le false flag de l’USS Liberty (1967), Johnson était près de vitrifier l’Egypte (Nasser était pro-soviétique), heuresement l’USS Liberty, meurtri par l’attaque, fût escorté par deux destroyers soviétiques.

                                    • adeline 27 septembre 2017 17:48

                                      un chose m’interpelle, dans ma vie active j’ai eu des collègues (et même amis) de là bas, ils n’ont aucune haine , c’est très curieux, et leur rêve c’est d’aller aux states.... va comprendre charles


                                      • phan 27 septembre 2017 18:21

                                        @adeline
                                        Et le soir, ils iront au Buffalo Grill manger un steak de bison, et après ils regarderont un film où Rambo est en train de mettre une branlée aux Nhà Quê et où Bruce Willis en se suicidant a sauvé le monde de la méchante météorite. Dans la paix et la sécurité, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants !


                                      • phan 27 septembre 2017 18:09

                                        Al Qaïda, Daesh, la guerre contre le terrorisme .... ne sont que des produits Made in USA : La terreur, composante de la doctrine américaine
                                        « Assassinats et incendies sont des moyens légitimes »
                                        A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les stratèges militaires et politiques américains comprennent qu’ils ne peuvent remporter la lutte contre le communisme et contre le mouvement indépendantiste du tiers monde avec de simples armées classiques. Une nouvelle sorte de guerre est nécessaire, la guerre terroriste.
                                        12 mars 1947. Le nouveau président américain Harry Truman prononce un discours à la radio. Il prévient l’Union soviétique et les mouvements communistes de résistance du monde entier : « Je pense que la politique des Etats-Unis doit être d’assister, avec l’aide des minorités armées ou de pressions extérieures, les peuples libres qui s’opposent à des tentatives de renversement. Nous aiderons les peuples libres à déterminer leur propre sort à leur propre façon. »
                                        A la demande du président, l’analyste militaire George Kennan et les anciens officiers du service de renseignement OSS, Charles Thayer et Franklin Lindsay, rédigent un rapport destiné à l’état-major général de l’armée, dans lequel ils notent qu’« il faut créer une école spéciale d’opérations de guerre », ainsi qu’un « corps spécial » afin de combattre le communisme.
                                        En 1950, éclate la guerre de Corée. La montée des communistes convainc encore plus les hautes instances de l’armée américaine du bien-fondé de la proposition de Kennan, Thayer et Lindsay.
                                        En mai 1952, à la base militaire de Fort Bragg (Caroline du Nord), est créé le Psychological Warfare Center et, en juin de la même année, les généraux fondent un nouveau corps : les Special Forces.
                                        A Fort Bragg, ces hommes apprennent à intervenir en petits groupes de dix à quinze hommes au maximum. Ils apprennent à s’infiltrer, à créer des cellules d’espionnage, à dynamiter des bâtiments, à assassiner des personnalités hostiles, à constituer des organisations de groupes amis. « C’est un programme d’entraînement tout à fait inédit pour notre armée », déclare un colonel.
                                        Empêcher que la subversion pointe le nez
                                        Avec l’accession au pouvoir de Kennedy, en janvier 1961, les Special Forces et Fort Bragg reçoivent la priorité.
                                        Dans la lutte contre le communisme, Kennedy est « un aigle parmi les aigles ».
                                        Il n’est pas en place depuis dix jours qu’il décide de porter les effectifs des Special Forces de 1.000 à 4.000 hommes. Quinze jours plus tard, il rédige un National Security Action Memorandum intitulé Development of Counter-Guerrilla Forces.
                                        Il y dit que les Special Forces ont des opérations antiguérilla pour mission : jusqu’alors, leur seule tâche était d’opérer derrière les lignes ennemies. Désormais, elles devront également combattre la guérilla qui menace les régimes en place.
                                        Le 28 mars 1961, Kennedy explique sa politique dans une lettre au Congrès : « La sécurité du monde libre peut être menacée par une attaque nucléaire mais également par le fait que nous avons été progressivement évincés des cercles les plus extérieurs de notre sphère d’influence par la subversion, l’infiltration, les attaques directes ou cachées, la révolution interne, le chantage diplomatique, la guérilla ou certains conflits locaux. »
                                        Contre-insurrection signifie, dit Kennedy, que nous pouvons répondre sur le plan militaire et civil, où que ce soit dans le monde, à l’agitation et au soulèvement.
                                        En juillet 1962, le chef de l’état-major, le général Lyman Lemnitzer, écrira que « peu réalisaient à l’époque ce que le président voulait dire. Nous savons maintenant qu’il veut une stratégie nationale dynamique pour vaincre les communistes sans faire appel à l’arsenal nucléaire. Il veut que nous éliminions la subversion là où elle se manifeste. Plus encore : il veut que nous empêchions cette subversion de pointer le bout du nez où que ce soit. »
                                        « Nous devons organiser des actions terroristes »
                                        Dans les cercles militaires, on a planché entre-temps sur le contenu de cette fameuse contre insurrection.
                                        En mars 1961, la revue Military Review publie un article intitulé Une proposition de guerre politique. Il est favorablement accueilli dans les milieux politiques et militaires. On y lit entre autres : « La guerre politique (political warfare) est une guerre et pas une forme de relations publiques. Cette guerre revêt diverses formes de contrainte et de violence, y compris émeutes, agitation, sanctions économiques, soutien à la contre-guérilla et, au besoin, enlèvement et assassinat de dirigeants hostiles. »
                                        Dans les milieux politiques et parmi les officiers, l’idée se répand que la terreur peut être un moyen efficace pour combattre les mouvements de libération et les communistes.
                                        En décembre 1960, l’armée publie, à usage interne, un manuel secret : Opérations de contre-insurrection.
                                        C’est le premier manuel qui recommande la terreur. L’une des conséquences pratiques de cette évolution de la doctrine militaire est la lutte contre la guérilla en Colombie, en 1962.
                                        Cette année-là, le général William Yarborough se rend dans ce pays sud-américain. A son retour, il rédige un rapport à l’état-major. Dans un appendice secret de ce rapport, il écrit qu’il est nécessaire « d’organiser des actions paramilitaires, terroristes et de sabotage contre les opposants communistes ».
                                        En janvier 1965, avant leur départ pour le Vietnam, les Special Forces reçoivent une lettre d’instructions. Il y est mentionné que la guerre de contre-guérilla et la lutte contre l’insurrection constituent leur principale tâche. Font partie de cette tâche, y précise-t-on : « dresser des embuscades, organiser des expéditions de pillage, des actions de sabotage et de terrorisme contre le Vietcong ».
                                        Désormais, les Américains se situent sur la même ligne que le fasciste sioniste israélien Yitzhak Shamir qui, en 1943, dirigeait le groupe terroriste Lehi et essayait de chasser les Palestiniens de leur terre.
                                        Dans le journal de Lehi, Shamir écrivait en 1943 : « Nous devons réfuter toutes les jérémiades contre le recours à la terreur par des arguments simples, évidents. La terreur est une arme de guerre. Nous menons un combat national et nous pouvons nous passer des doutes moraux comme d’une rage de dents. Une fois pour toutes : la terreur fait partie de la guerre politique. »


                                        • xana 27 septembre 2017 22:12

                                          Merci André Bouny pour cet article extrêmement intéressant.
                                          Je n’ai pas de télé pour ne pas me laisser trop facilement manipuler et je me méfie a-priori de tout ce qui vient d’outre-atlantique, Je n’ai pas vu le ou les films et n’ai pas l’intention de les voir un jour, subodorant une oeuvre de propagande comme d’habitude. Pourtant je suis passionné par l’histoire et par cette guerre du Vietnam en particulier.
                                          Votre article m’a appris beaucoup de choses que j’ignorais. Je vous remercie également des réponses fort précises que vous donnez aux commentateurs de bonne foi, et j’apprécie autant votre fermeté que la clarté et la précision de vos informations.

                                          De plus c’est un plaisir de vous lire, cela ne gâche rien.
                                          Jean Xana


                                          • François Vesin François Vesin 1er octobre 2017 11:58

                                            @phan

                                            « Le réel a bien eu lieu » !

                                            Merci à A. Bouny et à tous les autres intervenants
                                            d’apporter la preuve magistrale qu’une Presse Libre
                                            (qui s’articule sur la stricte collecte de faits avérés et 
                                            la volonté d’informer) constitue le dernier rempart
                                            contre l’hégémonisme du monde ultra-libéral en marche ! 

                                            • JPCiron JPCiron 3 mai 2019 19:16

                                              Briser un peuple pour le pousser à venir « quémander la paix » à la table des ’’négociations’’ démocratiques. Et s’étonner : « Je refuse de croire qu’une petite puissance de quatrième ordre comme le Viêt Nam n’ait pas de point de rupture », disait Kissinger. »


                                              C’est toujours le même mécanisme qui est utilisé pour contraindre les peuples... Et, en réponse, les sentiments d’injustice et d’humiliation renforcent leur détermination.


                                              J’ai peur que le sentiment suprématiste ne soit si profondément enraciné dans la Culture et les Croyances US, qu’il serait vain de penser pouvoir l’éradiquer.


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