Ils sont fous, ces mycologues !
On peut dire ce qu’on veut, mais quand on voit le nom de certains champignons, on peut se demander à quoi pensaient les mycologues distingués quand ils ont attribué un nom à certains champignons...
Hypholome... c’est en effet le nom d’un champignon, qu’il soit velouté, (et alors délicieux comestible), pour d’autres larmoyant, en touffe, rouge brique, c’est un joli champignon, la plupart du temps immangeable, mais ne pourrait-on s’interroger, s’il faut l’homme, pourquoi ne faudrait-il pas la femme ?
Surtout quand dans un sentier forestier apparait, dressé et fier, le phallus impudique, même si la particularité de ce champignon est d’abord d’être repéré à l’odeur : il dégage une puanteur qui voyage très loin.
Pourtant contre toute attente, on peut porter ce phallus à la bouche, il est en effet comestible lorsqu’il est encore en forme d’œuf, et à un délicieux gout de radis.
On pourrait aussi s’interroger sur le nom traditionnel des cèpes, le bolet...le mycologue semblant hésiter sur l’aspect physique de ce champignon...même si tout le monde s’accordera à le trouver beau.
Et quid du pleurote ?... il pleure ? Mais la chanterelle chante-t-elle quand elle rissole dans un peu de beurre, et d’ail ?
Dans le même ordre d’idée, pourquoi appeler « trompette de mort » (craterelle corne d’abondance) un champignon tout à fait inoffensif ?
Il n’est certes pas l’un des meilleurs, mais de là à lui attribuer un qualificatif mortifère ?...
Le coprin chevelu n’a par contre pas un poil sur le caillou, juste quelques mèches, et le grand Georges, qui manquait rarement d’air, avait pourtant écrit « les copains d’abord ».
Mais ces appellations étranges n’en épargnent pas d’autres, animalières celles-ci.
De « l’aile d’épervier », nom donné à un champignon, le polypore écailleux en l'occurence, dont le chapeau rappellerait le plumage d’un rapace...
...est de la même famille que celle du pied de mouton, (hydnum repandum) les hydnes, et si on peut effectivement trouver une ressemblance du premier avec celle d’un rapace... difficile de faire un rapprochement du second avec le pied d’un mouton.
Et quid de la langue de bœuf, (fistuline hépatique) ce champignon tout rouge que l’on peut consommer cru, car il faut beaucoup d’imagination pour y voir la langue d’un bovidé...
Des bœufs, des moutons, des éperviers, et pourquoi pas des poules pendant qu’on y est ?
La poule des bois est en effet un champignon, dont le vrai nom est polypore en touffe, ou encore grifola frondosa, est tout à fait comestible s’il est cueilli jeune, poussant sur les troncs d’arbres, de là à y voir une ressemblance avec une poule... ?
Même le cerf a son champignon, puisqu’il existe la « plutée du cerf », champignon dont la couleur rappellerait celle de la robe du cerf.
Du cerf au loup, il n’y a qu’un pas à franchir, puisqu’existe la « vesse de loup géante », (lycoperdon géant) laquelle peut attendre le poids respectable de 25 kg.
Dans la même famille, citons la vesse de loup hérisson (lycoperdon echinatum) qui peut en effet rappeler ce petit mammifère plein de piquants, et grand amateur de vers de terre.
La bible s’invite même dans l’appellation des champignons, puisqu’il existe une « oreille de judas », lequel est celui que nous dégustons dans les restaurants chinois, ou vietnamiens, appelé dans les menus « champignon noir ».
Il pousse chez nous aussi, surtout sur les troncs de vieux sureaux...et son nom scientifique est auricularia auricula.
Restons dans les oreilles pour vous présenter l’oreille de cochon, (pézize veinée) délicieux champignon, aussi bon, sinon meilleur, que la morille, et qui pousse à la même époque.
Un cousin de celle-ci s’appelle l’oreille de lièvre (otidée veinée) mérite aussi le détour.
Même les noms de fruits, de légumes, sont utilisés pour qualifier certains champignons, telle cette pêche ridée (rhodotus palmatus), champignon assez rare au demeurant.
Ainsi il existe une clavaire chou-fleur, appelé aussi ramaria botrytis, aussi comestible que le dit choux fleur, à condition de ne pas se tromper, car il existe d’autre clavaires très purgatives.
Et quid de la « dent sanguinolente » (hydnelle de Peck) ?
On le voit, les champignons nous réservent toujours d’originales surprises... l’occasion de prodiguer quelques conseils en ces temps propices aux ramasseurs de champignons.
N’écrasez jamais un champignon pour la seule raison que vous ne le connaissez pas, car même s’il est parfois mortel (ce qui reste assez rare), il a toujours une raison d’être dans la nature.
Entre ceux qui vivent en symbiose et débarrassent les arbres de leurs excréments (exsudat racinaire), pour leur nourrir à leur tour lorsqu’ils meurent, et ceux que l’on pourrait appeler charognards, puisqu’ils se nourrissent d’arbres morts, de feuilles, ils ont tous une raison d’être...même ceux qui sont des prédateurs.
Sans les champignons charognards, nous ne pourrions jamais pénétrer dans un bois, puisque la décomposition des feuilles et des arbres morts ne serait pas possible.
Comme dit mon vieil ami africain : « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse ».
L’image illustrant l’article vient de http://etrangenature.blogspirit.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
Les amateurs de champignon sont invités à Chimilin, (nord Isère) le 8 octobre, pour une exposition mycologique gratuite, avec visite guidée, dégustation de bourru, et de châtaignes. (à partir de 10h du matin et dès 14h)
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