La langue de Macron 1er
L’un de ces prédécesseurs, un président de petite taille, avait le goût pour les formules choc... style « casse-toi, pauv’con »...et notre nouveau président semble vouloir renouer avec la pratique d’une prose populaire, voire vulgaire...même s’il aime étaler de temps en temps sa culture, en sortant des mots oubliés dans de vieux tiroirs.
Lors de sa récente prestation, laquelle a tout de même réussi à réunir 10 millions de téléspectateurs, il s’était offert 3 journalistes bien polis, lesquels ont tout juste eu le temps de poser quelques questions, puisque chaque réponse à durait un long quart d’heure...pour une prestation totale d’un peu plus d’une heure....
On imagine facilement que tout était probablement cadré, en se demandant naïvement si les questions avaient été préalablement choisies par les 2 camps, et en regrettant qu’il n’ait pas été fait appel à des journalistes un peu impertinents...
Hélas, ce n’était pas le cas...même s’il faut relever la timide attaque de Pujadas évoquant la richesse de son interlocuteur...laquelle a jeté un froid glacial sur le plateau...
Extrait : « statistiquement, vous l’êtes » (riche)... affirmait Macron s’adressant au journaliste... « Comme vous » avez rétorqué Pujadas... « Et alors ! » répondit alors l’intéressé lien
Ce « et alors » n’est pas sans rappeler d’un candidat malheureux à la présidentielle piégé par des costumes offerts...
Mais revenons à Pujadas.
Y avait-il là une volonté de vengeance de la part de l’ex meneur de jeu du « 20h » de la « 2 », évincé, on s’en souvient, et remplacé par Anne-Sophie Lapix.
Certains ont voulu y voir la main du nouveau président, lequel n’aurait pas apprécié l’interview mené tambour battant par David Pujadas en mars dernier. lien
En invitant ce dernier le 15 octobre, Macron s’est même fendu d’une pique qui a fait sourire l’intéressé, et qui confirmait quelque part que l’éviction de Pujadas venait bien d’en haut... lien
Mais revenons aux mots présidentiels...
Le nouveau Prez s’est longuement étendu sur son nouveau vocabulaire...le mot « bordel » par exemple... en justifiant qu’il aimait le « parlé vrai »... et que ce mot avait été validé par l’Académie française.
On peut donc s’attendre à ce qu’il nous propose d’autres mots de ce cru, et validés par « l’académie »... con ? Salope ? seront-ils bientôt dans la langue présidentielle d’autant qu’ils ont été eux aussi validés par l’académie française ?
En même temps, Macron a sorti d’un vieux tiroir le mot « croquignolesque » qui doit avoir accumulé pas mal de poussières depuis les siècles où il a été tristement abandonné dans une vieille bande dessinée.
Il nous avait sorti il y a peu le mot « perlimpinpin » servi avec sa poudre habituelle... il y a eu aussi le célèbre « galimatias », ainsi que « larcin » assez peu utilisé, mais par contre régulièrement pratiqué, dans tous les milieux, y compris le milieu politique.
Et quid des « saut de cabri » ?....
Récemment il se serait allé à traiter les Bretons de « ploucs »... pas sûr qu’ils apprécieront. lien
Encore plus étonnant, l’utilisation du mot « antienne » qui a du faire ouvrir quelques dictionnaires... et qui signifie entre autres, « répéter inlassablement la même litanie »...
Une certaine chanteuse, d’origine égyptienne, déclarait dans l’une de ses œuvres, « parole, parole, parole »...et à défaut des beaux discours souvent creux, auxquels tente de nous habituer le nouveau président, on aimerait peut-être bien qu’il passe enfin à l’acte.
On attend encore qu’il améliore la couverture des soins pour tous... qu’il fasse prendre en charge à 100% les prothèses auditives et dentaires, comme il s’y était engagé.
Mais aussi qu’il instaure la transparence sur les prix, et plus de concurrence afin de les faire baisser...
Et quid de « ce service sanitaire de 3 mois pour tous les étudiants en santé, dans lequel était prévu que 40 000 d’entre eux viennent épauler les associations, les infirmières, et les services de santé...
Ces derniers devaient se rendre en priorité dans les quartiers difficiles et dans les zones rurales, là où la prévention est peu développée, et là où les inégalités sont les plus vives » déclarait-il le 15 mars 2017.
Il voulait aussi généraliser la vente de médicaments à l’unité, affirmant qu’aujourd’hui, « nous subissons un gaspillage de 7 milliards d’euros par an ».
Pour l’instant, les 6 premiers mois de son mandat qui sont sur le point de finir n’ont pas vu grand-chose de ces belles promesses... et seuls les patrons, et les plus aisés profitent pour l’instant des largesses présidentielles.
Mais revenons à la prose macronienne.
Il aime aussi montrer l’étendue de sa culture, en proposant des formules latines, comme par exemple « pacta sunt servanda »... « diminutio capitis »... « Aggiornamento »... ainsi que d’autres, moins latins, comme « Fongibilité »... « Linéament »... « Totipotent »...« irrédentisme »... « Fonts baptismaux »... « Rhizome »...
Certains rétorquerons que le grand Charles aimait aussi à proposer des mots tombés dans l’oubli populaire...la « chienlit » de mai 68 s’en souvient encore...
Mais tentons de revenir à l’essentiel...
Comme s’interroge Daniel Schneiderman dans « arrêt sur image », quelle est cette maladie qui frappe les présidents français ? lien
Du virage de la rigueur mitterrandienne, à la fracture sociale chiraquienne, en passant par le désamour de la finance hollandais, ils n’ont cessé de tourner le dos à leur conviction.
Le dernier en date, Macron, donc, après avoir affirmé qu’il n’était « ni de droite, ni de gauche », finit par se révéler le président des riches.
On se demande quel naïf aurait pu en douter ?
Quand Macron défend maintenant le « premier de cordée » qui serait menacé par des jets de pierres, il manie maladroitement une métaphore, car ceux qui ont pratiqué l’alpinisme savent bien que le danger vient d’en haut.
Lorsqu’une pierre se détache, le premier de cordée prévient « attention, sucre ».... et ceux qui suivent tentent de s’en préserver.
En réalité, c’est le « premier de cordée » qui prend tous les risques, mais qui fait aussi courir les risques aux autres, s’il fait le mauvais choix.
Macron a donc tourné le dos à une précédente métaphore, celle du ruissellement, fable destinée à nous faire croire que, « plus les riches le seraient, plus les pauvres s’enrichiraient »...mais même le FMI n’y croit plus. lien
Monsieur « en même temps », président des nantis, des patrons, et des banquiers, même s’il s’en défend, tente maladroitement de faire croire qu’il est le président de tous... mais c’est lui qui, tout en haut, s’amuse de ceux qui sont tout en bas, accumule les promesses... la fin du chômage, promise depuis des lustres... la fraternité, difficile à valider quand on traite les autres de fainéants... l’égalité, quand on renforce les inégalités...la liberté, laquelle vient de prendre un coup de vieux avec les nouvelles lois de sécurité (lien)...
Tout ça ne serait-il pas un leurre, juste pour se maintenir au moins un quinquennat, voire deux... histoire de tester la limite de la crédulité des citoyens ?
En tout cas, malgré son langage fleuri, son « parler vrai », ses formules latines, ce pauvre président n’a, semble-t-il, pas convaincu grand monde, 61% des français ne l’ont pas trop apprécié, et seulement 7% de ceux-ci ont été complètement convaincus...lien
Sur les 10 millions de téléspectateurs qui ont assisté à ce « débat », 700 000 français...c’est peu.
Car comme dit mon vieil ami africain : « celui qui avale une noix de coco fait confiance à son anus ».
L’image illustrant l’article vient de http://larealiteenface.overblog.com
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Articles anciens
Macron vous fait bien marcher !
Ils font leur nid dans le ni-ni
Méritons-nous ces hommes politiques ?
Choisir entre la peste ou le choléra
52 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON