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Parce que Toulon

Un samedi à Mayol

Voilà un passage presque obligé pour saisir l’âme de cette ville. Le marché, le port et le stade Mayol sont sans aucun doute les hauts lieux de cette cité à la fierté enkystée dans l’antre des rouges et noirs. Déjà, dans les rues, le parfum du match à venir se laisse humer par mille et un détails alors que ce n’est qu’une rencontre ordinaire, un journée banale du championnat de France de Rugby.

Le Rugby et Toulon c’est une histoire d’amour et de haine, de violence et de passion. Il y a le passé, marqué par les grandes épopées autour de la famille Herrero. Il y a désormais la saga qu’est en train d’écrire Mourad Boujelal, le roi de la bande dessinée et des mercenaires de l’hémisphère sud. C’est une curieuse alchimie qui a prise dans ce sud est qui s’est ouvert à ces gens venus d’ailleurs, étrangement devrais-je ajouter quand leurs préférences électives ne poussent pas à cette curieux esprit de tolérance.

Un stade en centre ville, c’est déjà tout autre chose que ces immenses écrins périphériques qui provoquent embouteillages et migrations urbaines. À Mayol, on s’y rend à pieds après être descendu d’une navette fluviale puis avoir investi les tavernes, brasseries et restaurant de la rade. C’est convivial, bon enfant, chaleureux et férocement chauvin. Tous d’être habillés aux couleurs de leurs favoris, monstres de chair et de muscles.

L'arène est relativement réduite. Dix sept mille personnes peuvent s’y entasser, un dixième de la population locale. L’enceinte est inondée de soleil, la foule murmure, les futurs acteurs de la bataille qui va s’y dérouler sont en période d’échauffement. L’arbitre dispose de son préparateur physique, ses déplacements dénotent quelque peu de ceux des athlètes dévoreurs de fonte qui se préparent à quelques mètres de lui.

Autre contraste, les joueurs du club visiteur semblent être issus d’une autre planète. Leur échauffement ressemble à une joyeuse récréation tandis qu’en face, on devine que chacun joue une partition individuelle savamment programmée. Je m’amuse de constater à quel point ces deux approches sont dissemblables. Pendant ce temps, une chorale d’hommes vient faire monter la pression en chantant à capela un magnifique « Ce canto » méridional.

Dans les travées, on circule beaucoup. Les porteurs de verre de bière commencent leur étrange migration : de la buvette à leur place, de leur place aux sanitaires, des sanitaires à la buvette pour reprendre le cycle infernal de l’hydratation suivie de l’évacuation. Ailleurs, la consommation d’alcool est strictement réservée aux privilégiés des loges. Ici, tout le monde à le droit à sa dose à condition de payer sa consommation en Pilou-pilou, la monnaie locale.

De très jeunes filles se trémoussent avec des plumeaux au bout des main pour occuper ceux qui ne sont pas partis vers les buvettes. Elles tentent de réveiller l’ardeur d’une chambrée qui semble n’avoir aucun doute sur l’issue de la rencontre. Chacun est venu ici voir à quelle sauce seront mangés les gars du limousin. Pour marquer cette certitude, le Pilou-Pilou, sorte de Haka local, aussi grotesque que dérisoire résonne, repris par dix sept mille gorges exaltées.

Le coup d’envoi va pouvoir être donné. La suite sera affaire de spécialiste. Il n’est jamais aisé de pratiquer ce jeu quand les forces sont disproportionnées, que les carottes sont cuites dès le départ et quand les joueurs n’ont qu’une idée en tête, briller au détriment des autres. À ce petit jeu insignifiant, la première mi-temps sera une longue purge agrémentée d’une pluie de cartons jaunes distribués par un arbitre dépassé.

Puis, les victimes expiatoires relèveront la tête, sauveront l’honneur et retrouveront leur fierté en marquant trois essais à une formation toulonnaise manquant singulièrement d’humilité. Le score n’a aucune importance, la messe était dite depuis longtemps. Le coup de sifflet final déversant à nouveau dans la ville un flot d’hommes et de femmes ayant l’envie de jouir du soleil et du plaisir de se reconnaître derrière une couleur, une identité.

Nous sommes si loin des hordes belliqueuses du football. Tout se déroula de manière agréable, le service d’ordre était discret, la foule aimable et bienveillante. Il est parfois des endroits où tout devient possible. Le stade Mayol est de cela et qu’importe si le spectacle sportif fut ce jour-là relativement médiocre, c’est le public qui avait gagné la partie, celle du bonheur simple d’un partage sans anicroches ni invectives. Merci à eux.

Sportivement leur.


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23 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 30 octobre 2017 09:12

    Mon fils, pratiquant le rugby, fait souvent cette réflexion, que je crois banale :

    « Le football, c’est un sport de gentleman joué par des voyous ; le rugby, c’est un sport de voyou joué par des gentlemen. ».


    • C'est Nabum C’est Nabum 30 octobre 2017 18:11

      @amiaplacidus

      C’est la vérité


    • Henry Canant Henry Canant 30 octobre 2017 10:08

      Nabum,

      Tu salis tout ce que tu touches.

      • C'est Nabum C’est Nabum 30 octobre 2017 18:11

        @Henry Canant

        Je ne risque pas de vous toucher


      • juluch juluch 30 octobre 2017 13:36

        effectivement Nabum, les joueurs et supporter du Rugby sont bien differents des hordes footbolesques !!


        Merci à vous !

        • C'est Nabum C’est Nabum 30 octobre 2017 18:12

          @juluch

          Notre voisin du haut doit être footballeur

          Merci l’ami


        • Bernie 2 Bernie 2 30 octobre 2017 19:47

          Tiens dubêret fait dans l’article sportif maintenant. Après les mythomanies de la loire (contre 18€ et 3€ de frais de port en sus), la tournée bretonne, les pauvres qui ont faim et le chantier dans la rue.

          Une nouvelle corde à un arc qui bande pas fort.

          Vous devriez faire un livre de contes sur les aventures d’un ballon de rugby au coeur d’une mêlée.

          « Moi ce que j’aime dans le rugby, c’est les douches » . Félix Santini


          • C'est Nabum C’est Nabum 30 octobre 2017 21:17

            @Bernie 2

            C’est déjà fait


          • Bernie 2 Bernie 2 30 octobre 2017 21:55

            @C’est Nabum

            Pourquoi je ne suis pas étonné ? Vous feriez un billet de tout et surtout de rien. Alimenter le melon, se croire un scribouillard important qui informe la masse informe. Qui amuse sans même une muse.

            Le Roi a de bonnes humeurs ce matin !

            Que la voilà chaude, billet ligérien.Que la voilà froide, billet citoyen. Que la voilà sèche, billet sport et culture. Enfin, humide, billet voyageur et aventure.

            Mais au final, toujours que vos humeurs, en Franssois de nos jours, de la m.....

            Merci de nous faire reluire votre étron quotidien, nous en sommes fort aise.


          • C'est Nabum C’est Nabum 31 octobre 2017 04:53

            @Bernie 2

            Je confonds sans doute diarrhée et logorrhée et je ne suis pas dans vos petits papiers


          • nono le simplet 31 octobre 2017 04:19

            petit bémol ...

            du temps des frères Herrero l’ambiance était moins « sympathique » et il n’était pas rare que certains joueurs se fassent porter pâles pour le déplacement à Toulon ...

            • C'est Nabum C’est Nabum 31 octobre 2017 04:55

              @nono le simplet

              Un autre temps, loin du discours angélique de l’homme au bandeau


            • nono le simplet 31 octobre 2017 04:27

              petite remarque aussi ...

              je vois que la douceur persistante favorise encore l’apparition de mouches dans tes articles ...

              • C'est Nabum C’est Nabum 31 octobre 2017 04:55

                @nono le simplet

                Les mouches sont tenaces et le site complice


              • nono le simplet 31 octobre 2017 09:59

                @C’est Nabum
                salut à toi,

                je suppose que tu n’es pas enclin à appuyer sur le bouton désintégrateur de fly tox et c’est tout à ton honneur ! ... d’ailleurs je partage cette attitude et même si je n’ai pas été attaqué ( ou si peu )
                dans mes deux articles ces asticots me font plus rire qu’autre chose quand ils s’en prennent à moi ... j’espère que ça ne te perturbe pas trop non plus mais, si c’était le cas, un bon coup de fly tox t’apporterait un peu de sérénité et je serais le premier à te défendre !
                bonne journée !


              • C'est Nabum C’est Nabum 31 octobre 2017 18:56

                @nono le simplet

                Ils me donnent envie de vomir


              • nono le simplet 1er novembre 2017 02:24

                @C’est Nabum
                je m’en doutais ...

                alors, si tu veux retrouver ta sérénité une seule solution même si elle te répugne ... les virer de tes articles !
                je me doute que tu n’écris pas pour passer à la postérité mais pour ton plaisir ... et ce plaisir là t’appartient , et il n’ôte rien à personne, au contraire même puisque tu as des lecteurs dont je fais partie ...pour ceux qui n’aiment pas tes billets, une seule solution raisonnable : ne pas les lire, donc ne pas les commenter !

                d’autant que je suis sûr, qu’une fois tes articles débarrassés de ces « parasites », certaines personnes feront des commentaires, ce qu’ils n’osent pas faire dans le climat actuel !
                et je suis absolument sûr et certain que tu auras le soutien de nombreuses personnes !
                donc, mon cher C’est Nabum, feu à volonté !
                amicalement, Jean ( mon vrai prénom )


              • C'est Nabum C’est Nabum 1er novembre 2017 02:42

                @nono le simplet

                Je pense disparaître d’ici et leur donner raison puisqu’ils agissent avec la complicité tacite d’Agoravox


              • nono le simplet 1er novembre 2017 06:57

                @C’est Nabum
                AN NON ! ce serait plus que leur donner raison ! 

                Agoravox te permet avec le bouton de blocage de les faire taire sur tes articles 
                Utilise le au moins pour voir ! tu prendras ta décision ultérieurement !

              • C'est Nabum C’est Nabum 1er novembre 2017 06:59

                @nono le simplet

                Comment faire sans trahir ces convictions ?

                La censure est la pire des choses
                Mais ce qu’ils font depuis si longtemps relève du harcèlement


              • nono le simplet 1er novembre 2017 09:11

                @C’est Nabum
                La censure est la pire des choses 

                ce sont eux les censeurs en essayant de te faire taire !
                ça peut paraître paradoxal mais en les laissant faire tu favorises leur censure et encore plus en abandonnant ton écriture sur AV 
                ce n’est pas contraire à tes convictions, pas du tout !



              • C'est Nabum C’est Nabum 1er novembre 2017 10:43

                @nono le simplet

                Je suis pourtant le plus minable de l’endroit si on veut bien les croire


              • nono le simplet 1er novembre 2017 09:19

                @Balamou
                je viens de faire un tour sur tes coms ne te connaissant pas ... deuxième éclat de rire smiley

                sur les énergies tu frises le sublime ...

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