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Bonheur et isolement : le bon mariage ?

Source : Pixabay – banque d'images libres de droit

 

Il y aurait plusieurs chemins dans la quête du bonheur. L’isolement, qui n’est pas le plus connu, en est un crédible.

 

par Guillaume Liset

 

 

« On obtient le bonheur dans la mesure où l’on ne l’attend que de soi », cette citation de Marcel Jouhandeau, écrivain français du XXè siècle, semble indiquer que la recherche du bonheur devrait passer par soi-même, par l’intérieur.

Avant tout, il est nécessaire d’expliquer ce qu’est le bonheur. André Comte-Sponville, philosophe français et ancien maître de conférence, commence son propos en évoquant que « tout Homme veut être heureux » puis que tous appellent ‘’bonheur’’ ce qu’ils désirent, mais tous ne désirent pas la même chose.

La définition est complexe, notamment parce que le bonheur est subjectif, il n’est pas perçu de la même manière selon chaque individu et l’on ne peut pas le toucher. Voltaire disait que « le bonheur n’existe pas, il n’existe que des instants de bonheur ».

L’isolement, quant à lui, correspond à l’état d’une chose isolée, d’une personne qui vit isolée ou d’un groupe de personnes se trouvant séparé des autres membres de la société. La forme d’isolement auquel on s’intéresse est celle de l’isolement choisi et à court et moyen terme. Pourquoi ? Tout simplement parce que son analyse est sociologiquement et philosophiquement intéressante.

La quête du bonheur par l’isolement a bien souvent une dimension personnelle et réflexive. Il y a en effet une quête de sens, une expérience de vie qui sont recherchées avec des motivations profondes.

 

A la question, « peut-on être heureux en s’isolant ? », certains vous répondront par la négative. Ces derniers n’auraient pas tort. Il en est un exemple qui montre que cette expérience de vie peut s’avérer être un échec.

Cet exemple est l’histoire de Christopher McCandless qui a inspiré l’ouvrage de Jon Krakauer puis le célèbre film Into the Wild. Dans ce cas, Christopher avait quitté son quotidien pour trois mois. Son idéal de vie était de partir seul en Alaska pour y trouver le bonheur. Après de nombreux jours totalement isolé en pleine nature, il s’aperçoit que le bonheur qu’il avait idéalisé ne se trouvait pas dans l’isolement mais dans l’amour de l’autre, de l’humain.

Cet échec dans la quête du bonheur réside dans la vision du bonheur que s’était fait Christopher McCandless. Ce n’est pas ce à quoi il s’attendait. Il dira dans des notes retrouvées après sa mort que « le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ».

 

Malgré cela, on peut dire que bonheur et isolement sont un bon mariage. Chacun voit le bonheur différemment et c’est pour cela qu’il est possible d’être heureux en s’isolant. Cela ne dépend que de l’Homme et de sa vision de la vie. Des exemples variés montrent que l’on peut trouver le bonheur en s’isolant.

 

Les randonneurs, les pèlerins marchant sur les chemins de grandes randonnées, notamment celui de Saint-Jacques de Compostelle, sont un très bon exemple. Ces marcheurs ont le plus souvent une motivation particulière. Ce chemin si particulier, si symbolique a du sens pour ceux qui le font. Spirituelle ou personnelle, cette démarche est une forme de quête du bonheur, de quête de sens.

Selon Robert Azaïs, président de la Fédération Française de Randonnée Pédestre, ces marcheurs sont « des personnes simples, humbles souvent motivées par une réflexion, vivant ce chemin dans la spontanéité » et « qui font de ce chemin un défi, une aventure, une histoire personnelle ».

Parmi tous ces randonneurs, il y a Rémi. Son portrait atypique apparaît dans le livre de Mathilde Giard, « Ils ont fait le chemin de Compostelle, 28 portraits de pèlerins ». Ses propos rejoignent ce qui a été dit auparavant, « le chemin, c’est la prise de conscience de l’importance de sa vie », « ce chemin est une rencontre avec moi-même ». La dimension personnelle et réflexive est souvent mise en avant.

Autre exemple d’isolement, les skippers participant au Vendée Globe. Malgré la dimension sportive, cette aventure permet aux marins de connaître une situation intense d’isolement. Il y a une recherche de bonheur à travers la confrontation à la nature et à soi-même. La plupart d’entre eux restent une centaine de jours sur le bateau et ont le sentiment d’être heureux dans cette difficulté.

Eric Bellion, 9è du dernier Vendée Globe, mesure cette situation, « ma chance est que c’est une solitude choisie et je serais fou de m’en plaindre ».

Ainsi, il y a des échecs mais aussi bon nombre de réussites car cet isolement est choisi, souvent réfléchi, mûri par des motivations personnelles.

Cette démarche ne peut venir que de l’individu lui-même, personne ne peut aller à l’encontre des envies et des besoins de l’individu, c’est en cela que l’on peut dire que ce chemin du bonheur est crédible.

Cette question de la recherche de bonheur par l’isolement peut, selon les évolutions de la vie, amener chacun un jour ou l’autre à la réflexion : et si c’était ce chemin parmi tant d’autres ?


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9 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 2 novembre 2017 19:14

    Nous ne sommes jamais aussi accompagnés qu’avec nous même, si nous ouvrons la porte à l’inconnu.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 3 novembre 2017 10:39

      @sarcastelle


      Grande nuance entre « ouvrir à un » inconnu et à l’inconnu. Si tant de femmes et d’hommes restent avec des personnes qui les battent, des manipulateurs pervers, c’est aussi et surtout parce qu’elles craignent de se retrouver seules. Et surtout, face à elle-même.

    • Macondo Macondo 3 novembre 2017 08:39

      Bonjour et merci pour cet article. J’ajoute ce qu’en a dit le poète : « le tourisme de masse, en faisant disparaître la possibilité d’un ailleurs, a rendu le voyage impossible ». Alors l’isolement, forcément, jusqu’à la fin de la nuit des temps, devient le Graal absolu du voyageur. Pas sûr, que les grégaires urbains connectés, possèdent l’application permettant d’en saisir la portée, un anti-Gps, un radar à nuisible, un détecteur de pignouf à forfaiture illimitée ...


      • Hégésias 3 novembre 2017 10:55

        C’est vrai, tourner nos désirs et nos espoirs vers l’extérieur nous force à accepter les contraintes que le monde nous opposera(Difficulté à obtenir l’argent, l’amour, la considération...) Ces contraintes sont autant de facteurs de souffrance, car ils sont indépendants de notre volonté. Quand nous tournons nos désirs et nos espoirs vers nous même nous sommes maîtres de nos petits jeux névrotiques.

        Malheureusement, nous voulons toujours ce que nous ne pouvons pas avoir, et ce fonctionnement « interne » n’opposant que peu de résistance, la lassitude se fait vite sentir.

        Le bonheur n’est pas absolu mais relatif, il n’existe que par contraste avec un état antérieur plus douloureux (Le plaisir de boire n’existe que parcequ’on à soif) Une personne recherchant le bonheur recherche en fait le soulagement, c’est pourquoi la quête du bonheur est aussi celle de la souffrance.

        Le conquérant stoïque, passera sa vie dans les montagnes russes, entre grandes souffrances et profonds soulagements.

        Le solitaire désœuvré, sur un carousel.

        Quelqu’un à une alternative à proposer ?


        • francois 3 novembre 2017 11:37

          Rosemar aurait un second pseudo.


          • Jean Keim Jean Keim 3 novembre 2017 17:56

            J’ai le sentiment que nous confondons le bonheur et le plaisir.


            Le bonheur arrive à l’improviste, quand s’invite le plaisir le bonheur disparaît.

            Il est impossible de provoquer le bonheur.

            Le souvenir du bonheur est également impossible, seul reste les moments de plaisir.

            Le souvenir d’un moment de plaisir peut donner des regrets parfois douloureux.





            • Sozenz 3 novembre 2017 18:43

              pourquoi les personnes se sentent t’ elles obligées de toujours séparer les choses .

              esprit scientifique vs esprit philosophe par exemple

              solitaire vs être avec les personnes .

              et si tout simplement il suffisait d’apprécier les moments de solitudes et les moments avec ceux que l on aime ou des personnes que l on rencontre en chemin .
              le bonheur c est de savoir voir le meilleur dans ce que nous vivons à chaque instant .
              ( quand il n y a pas de gros casses couilles qui viennent nous pomper l air ^^, je ne fais pas du 100 % planant , j ai conscience des réalités, aussi )


              • Nolats Nolats 3 novembre 2017 18:43

                Le sujet est intéressant, mais tout dépend le sens que l’on donne à « isolement », le cas de la personne qui veut s’installer durablement en Alaska n’est pas de même nature que le marin solitaire ou le pélerin dont l’isolement est une parenthèse de durée limitée.
                En outre, il y a certes l’isolement complet, mais aussi un certain isolement dans la vie -librement choisi, non pas le cas d’isolement subi-, qui limite les relations au strict nécessaire, on parle parfois de quelqu’un qui s’est « retiré du monde » ou qui s’est « enterré à la campagne ». Le type de « bonheur » est alors plutôt un détachement zen proche du stoïcisme ...ou bien une vie intérieure bovaryste.

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