Bonheur et isolement : le bon mariage ?
Il y aurait plusieurs chemins dans la quête du bonheur. L’isolement, qui n’est pas le plus connu, en est un crédible.
par Guillaume Liset
« On obtient le bonheur dans la mesure où l’on ne l’attend que de soi », cette citation de Marcel Jouhandeau, écrivain français du XXè siècle, semble indiquer que la recherche du bonheur devrait passer par soi-même, par l’intérieur.
Avant tout, il est nécessaire d’expliquer ce qu’est le bonheur. André Comte-Sponville, philosophe français et ancien maître de conférence, commence son propos en évoquant que « tout Homme veut être heureux » puis que tous appellent ‘’bonheur’’ ce qu’ils désirent, mais tous ne désirent pas la même chose.
La définition est complexe, notamment parce que le bonheur est subjectif, il n’est pas perçu de la même manière selon chaque individu et l’on ne peut pas le toucher. Voltaire disait que « le bonheur n’existe pas, il n’existe que des instants de bonheur ».
L’isolement, quant à lui, correspond à l’état d’une chose isolée, d’une personne qui vit isolée ou d’un groupe de personnes se trouvant séparé des autres membres de la société. La forme d’isolement auquel on s’intéresse est celle de l’isolement choisi et à court et moyen terme. Pourquoi ? Tout simplement parce que son analyse est sociologiquement et philosophiquement intéressante.
La quête du bonheur par l’isolement a bien souvent une dimension personnelle et réflexive. Il y a en effet une quête de sens, une expérience de vie qui sont recherchées avec des motivations profondes.
A la question, « peut-on être heureux en s’isolant ? », certains vous répondront par la négative. Ces derniers n’auraient pas tort. Il en est un exemple qui montre que cette expérience de vie peut s’avérer être un échec.
Cet exemple est l’histoire de Christopher McCandless qui a inspiré l’ouvrage de Jon Krakauer puis le célèbre film Into the Wild. Dans ce cas, Christopher avait quitté son quotidien pour trois mois. Son idéal de vie était de partir seul en Alaska pour y trouver le bonheur. Après de nombreux jours totalement isolé en pleine nature, il s’aperçoit que le bonheur qu’il avait idéalisé ne se trouvait pas dans l’isolement mais dans l’amour de l’autre, de l’humain.
Cet échec dans la quête du bonheur réside dans la vision du bonheur que s’était fait Christopher McCandless. Ce n’est pas ce à quoi il s’attendait. Il dira dans des notes retrouvées après sa mort que « le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ».
Malgré cela, on peut dire que bonheur et isolement sont un bon mariage. Chacun voit le bonheur différemment et c’est pour cela qu’il est possible d’être heureux en s’isolant. Cela ne dépend que de l’Homme et de sa vision de la vie. Des exemples variés montrent que l’on peut trouver le bonheur en s’isolant.
Les randonneurs, les pèlerins marchant sur les chemins de grandes randonnées, notamment celui de Saint-Jacques de Compostelle, sont un très bon exemple. Ces marcheurs ont le plus souvent une motivation particulière. Ce chemin si particulier, si symbolique a du sens pour ceux qui le font. Spirituelle ou personnelle, cette démarche est une forme de quête du bonheur, de quête de sens.
Selon Robert Azaïs, président de la Fédération Française de Randonnée Pédestre, ces marcheurs sont « des personnes simples, humbles souvent motivées par une réflexion, vivant ce chemin dans la spontanéité » et « qui font de ce chemin un défi, une aventure, une histoire personnelle ».
Parmi tous ces randonneurs, il y a Rémi. Son portrait atypique apparaît dans le livre de Mathilde Giard, « Ils ont fait le chemin de Compostelle, 28 portraits de pèlerins ». Ses propos rejoignent ce qui a été dit auparavant, « le chemin, c’est la prise de conscience de l’importance de sa vie », « ce chemin est une rencontre avec moi-même ». La dimension personnelle et réflexive est souvent mise en avant.
Autre exemple d’isolement, les skippers participant au Vendée Globe. Malgré la dimension sportive, cette aventure permet aux marins de connaître une situation intense d’isolement. Il y a une recherche de bonheur à travers la confrontation à la nature et à soi-même. La plupart d’entre eux restent une centaine de jours sur le bateau et ont le sentiment d’être heureux dans cette difficulté.
Eric Bellion, 9è du dernier Vendée Globe, mesure cette situation, « ma chance est que c’est une solitude choisie et je serais fou de m’en plaindre ».
Ainsi, il y a des échecs mais aussi bon nombre de réussites car cet isolement est choisi, souvent réfléchi, mûri par des motivations personnelles.
Cette démarche ne peut venir que de l’individu lui-même, personne ne peut aller à l’encontre des envies et des besoins de l’individu, c’est en cela que l’on peut dire que ce chemin du bonheur est crédible.
Cette question de la recherche de bonheur par l’isolement peut, selon les évolutions de la vie, amener chacun un jour ou l’autre à la réflexion : et si c’était ce chemin parmi tant d’autres ?
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