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Il y a 500 ans, Luther publiait ses 95 thèses

Une parole intéressante de Karl Marx consiste à dire que "les hommes font l'Histoire sans savoir l'Histoire qu'ils font". Il me semble que cette maxime peut très bien s'appliquer à Martin Luther, moine augustinien allemand né en 1483 et mort en 1546. Si dans un premier temps, ses "95 thèses" placardées sur le chateau de Wittenberg sonnent comme un "coup de gueule", elle n'en devinrent pas moins l'origine d'une scission profonde et d'une révolution en Occident, aussi bien au niveau religieux que moral, politique et philosophique. Martin Luther eut le temps de se rendre compte des divergences qui plongeraient l'Europe dans un grand tumulte de conflits, mais il ne vit pas de son vivant l'héritage profond de la Réforme dans le monde occidental. 

Que s'est-il passé le 31 octobre 1517 et pourquoi cet événement eut-il de telles conséquences ? 

 

Que s'est-il passé ? 

Commençons par détailler les événements du 31 octobre 1517. Qu'a-t-il bien pu se passer ce jour là et pourquoi ? D'abord, il faut évoquer une des causes, une pratique très courante dans l'Eglise de l'époque et qui choqua le moine allemand : la vente des Indulgences. Que cela signifie-t-il ? Que l'Eglise, pour financer la construction de Saint-Pierre de Rome, vendait aux croyants le moyen de raccourcir le temps de passage au purgatoire après la mort. Les indulgences existent toujours aujourd'hui mais ne sont plus commercialisées. 

Le 31 octobre, afin d'afficher publiquement tous ses désaccords, il afficha ses "95 thèses" sur la porte de l'Eglise du château de Wittenberg, ville où il enseignait la théologie. Rassurez-vous, il n'a pas passé 95 thèses de doctorat (c'est physiquement impossible). Ces thèses se résument chacune à quelques lignes, sous forme de déclaration. Il s'agissait aussi de montrer son désaccord avec Johan Tetzel, frère dominicain avec qui il entama une controverse en 1518. 

Au départ, Martin Luther ne pensait d'ailleurs toucher qu'un public restreint, bien que l'affichage le 31 octobre (veille de la Toussaint et du rassemblement des fidèles) ne soit pas anodin. Mais il fut surpris de la diffusion et du succès rapide de ses déclarations. Ses thèses mettent pourtant en avant des principes nouveaux qui vont également lui attirer les foudres de l'Eglise : Dieu seul est sacré, la Grâce seule permet de sauver, la Foi seule compte devant Dieu, les Ecritures seules sont sources de la Vérité... A cela s'ajoutera le sacerdoce universel, ce qui amplifie la remise en cause des autorités religieuses et de la Tradition. Tous ces événements ne manquèrent pas de faire basculer les choses rapidement d'un continent religieusement homogène à un continent fracturé. 

 

A cours terme : l'éclatement 

Réfléchissons d'abord à court terme. Bien évidemment, après que l'Eglise demanda le retrait de "41 erreurs" (ce que l'Allemand refusa, brûlant la Bulle apostolique) c'est l'excommunication qui s'imposa contre le moine récalcitrant, mais ce ne fut pas tout. Charles Quint, Empereur du Saint-Empire, le somma de renoncer à ses idées devant la Diète de Worms en 1521, ce que Luther refusa également. Il fut alors mis au ban de l'Empire et interdit de publication. Cela n'empêcha pas la diffusion de la Réforme dans les milieux artistiques, ecclésiastiques et princiers, ce qui devint ensuite un prétexte pour contester l'autorité impériale : les princes "protestants" (notamment Frédéric III de Saxe) accueillirent Luther et se convertirent. Ils contestèrent également l'Empereur à la Diète de Spire en 1529, revenant sur la liberté religieuse et forment en 1531 la Ligue de Smalkalde. Après un trêve, les Protestants refusèrent de reconnaître le Concile de Trente qui commençait en 1545, et perdirent la bataille de Mühlberg en 1547. La Paix d'Augsbourg de 1555 entérina la division par son fameux cujus regioejus religio (Tel Prince, Telle Religion).

De la même manière, les guerres de Religion en France mélangèrent les conflits religieux aux désaccords politiques, tout simplement parce que le pouvoir politique et la souveraineté royale de l'Epoque se fonde sur une origine divine. Par ailleurs, ce fondement est le socle de l'unité du pays (Un Roi, une Foi, une Loi). 

Si le premier bouleversement est violent, clivant et menace la stabilité des Etats de l'époque, un second vient se consacrer progressivement, d'un point de vue philosophique et juridique. Si les Réformateurs comme Luther ne sont pas des novateurs philosophiquement parlant, leur "geste" donnera lieu à des nouveautés dans ses conséquences. Ce n'est donc pas la pensée de Luther et Calvin (qui sont respectivement opposés au libre arbitre et défenseur de la prédestination), mais leur vision de la théologie, de l'herméneutique biblique et de l'histoire humaine qui vont changer les mentalités. C'est en cela qu'ils sont l'impulsion de certaines nouveautés, bien que leur volonté de restitution et de retour aux sources du christianisme ancien font d'eux des conservateurs dans l'âme.

 

A long terme : les héritages de la Réforme protestante

Premier point essentiel, la Réforme remet en cause le concept de vérité religieuse car toute vérité est par essence unique. Or, la Réforme prétend aussi incarner la Vérité. Elle introduit de fait un pluralisme qui réduit la vérité. Par ailleurs, la critique et l'histoire s'invitent dans l'herméneutique biblique et la Vérité révélée contenue par la Bible perd sa dimension sacrée. En effet, la critique nouvelle de celle-ci se fonde sur la liberté d'analyse (celle-ci n'est plus seulement réservée aux spécialistes et autorités), la grammaire, la rhétorique et la contextualisation. D'ailleurs, Erasme et Reuchlin avant eux avaient introduit cette méthode rationnelle d'analyse des Ecritures sans toutefois franchir le pas de la scission religieuse. La Réforme est donc, avec l'Humanisme, à l'origine du rationalisme qui entame un mouvement de dissociation entre philosophie et théologie. Descartes en est un bon exemple, lui et son doute radical père de toute réflexion rationnelle. 

Au-delà d'une remise en cause de la vérité au travers de l'individu, la "geste réformatrice" entraîne également des mutations profondes dans les sociétés concernées, par le droit et la politique. En effet, le pluralisme amène également progressivement à l'idée de Tolérance. Les thèmes de la cohabitation et de la liberté religieuse s'imposèrent progressivement, comme si la Réforme et ses conséquences avait permis une bonne gestation des idées des Lumières. La transition se fait peu à peu d'une souveraineté de privilèges (droits accordés par le Roi) à une souveraineté d'acquisition de droits par les individus. En France, les philosophes et politologues réfléchissent sur la légitimité du pouvoir royal, notamment après la révocation de l'Edit de Nantes, qui fut pour les Réformés difficile, puisque cela actait leur inexistence officielle pour près d'un siècle. Et c'est bien parce que le pouvoir royal est mis à mal dans son unicité que cette Révocation arrive : le Roi se devait en effet de défendre deux religions, deux vérités... Ces réflexions aboutissent à des éléments qui "sapent" déjà quelque part l'autorité royale : 

 

  1. Etienne de la Boétie estime par exemple qu'il est naturel chez l'Homme de se retourner contre un roi tyrannique au nom de la Liberté. 
  2. La Tolérance est de plus en plus considérée comme un droit naturel et un droit des gens, non comme un privilège (on voit d'ailleurs que la notion perd déjà de sa force sans même qu'il ne soit question d'impôts). 
  3. L'idée d'un contrôle de l'autorité royale commence même à germer, entraînant la possibilité théorique d'une souveraineté divisée. Cette idée naît d'ailleurs dans les deux camps qui s'opposent lors des Guerres de Religion. 

 

On le voit donc, la France et son absolutisme fut au coeur de la réflexion philosophique protestante. Mais il ne faut pas oublier la circulation des Idées : la République des Lettres, les exilés aux Pays-Bas, les autres protestantismes, ont aussi favorisé le développement d'idées nouvelles, comme en Angleterre (John Locke sécularise l'origine du pouvoir et développe sa théorie du Contrat) et aux Pays-Bas. Jurieu et Bayle, de leur côté, diffusent les idées rationnelles au Royaume d'Orange, diffusant par la même occasion la langue française. Jurieu conteste en effet l'origine divine du pouvoir, l'absolutisme et défend l'insurrection du peuple, comme la Boétie. Il est toutefois orthodoxe religieusement et ne reprend pas à son compte l'idée de tolérance, loin s'en faut. Pierre Bayle, lui, développe toute la base des arguments antireligieux des Lumières, bien que ces derniers les aient interprétés plus radicalement. Pierre Bayle affirme en effet l'indépendance de la morale par rapport à la religion et affirme que la raison ne peut soutenir la religion sans mener au Déisme. Lui reste "proprement" calviniste et croit en la Nécessité de la Grâce, seule à pouvoir expliquer les mystères de la Religion, inaccessibles à la Raison. Par rationalisme, les Lumières comprendront cela comme une critique de toute religiosité, pas comme un scepticisme. 

L'éclatement provoqué à court et moyen terme par la "geste réformatrice" initiée par Martin Luther est donc conséquent. C'est cela qui conduit d'ailleurs en partie au développement d'idées nouvelles au niveau philosophique, politique et juridique dans l'Europe occidentale. Passeurs de Lumières, les réformés ont joué un rôle non négligeable dans ces nouveautés qui constituent concrètement des héritages. Les calvinistes furent très largement patriotes pendant la Révolution Française et la Tolérance devint avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen une vertu d'éthique naturelle, tout comme la Liberté de Conscience devint un droit fondamental. 

Mais là n'est pas le seul héritage. Il convient aussi de comprendre une seconde phase de l'héritage protestant, développée par l'historiographie réformée du XIXème et du XXème siècle. Une des oeuvres majeures est celle de Max Weber qui lie étroitement l'esprit du capitalisme à un ethos protestant. D'abord, il apparaît que dans son autorisation "tempérante" du prêt à intérêt, Calvin participe à développer un esprit capitaliste. Mais le comportement puritain adopté par des branches du protestantisme favoriserait aussi le développement du capitalisme moderne. En effet, les Calvinistes croient à la prédestination : le salut n'est dû qu'à la Grâce Divine et Dieu a déjà un plan pour nous tous. Dés lors, l'enjeu ne réside plus dans l'obtention de son salut par des bonnes oeuvres, mais dans la réception de signe laissant penser qu'on est élu. Cela favoriserait ainsi un travail méthodique dans une vie rigoureuse. Aussi, le célèbre sociologue allemand voit aussi dans Luther l'origine de la profession et du travail comme devoir qui favoriserait également le développement du capitalisme et l'enrichissement personnel. Tous ces arguments, ajoutés à l'importance de la raison dans le protestantisme, favoriserait l'organisation rationnelle du travail, la comptabilité rationnelle, la recherche rationnelle de marchés porteurs, la réévaluation et la recherche de l'amélioration, la séparation entre propriété industrielle et personnelle. 

Si l'oeuvre de Weber reste fondamentale, elle n'en fut pas moins critiquée et relativisée, même si un parallélisme peut tout à faire être admis entre l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Dans d'autres domaines, ont peut aussi dire que le protestantisme a également été un ferment de l'individualisme (ce qui est une conséquence non voulue de la Réforme selon Michel Grandjean). Ce n'est peut-être pas totalement faux, tant les conséquences de la Réforme furent grande pour la liberté de conscience, la tolérance et le droit des gens. Par ailleurs, l'application stricte de l'herméneutique biblique protestante amène à se passer allègrement de toute autorité et à un examen très individuel et personnel des Ecritures. La dynamique du protestantisme n'est-elle pas d'aller vers une dissolution de l'idée d'Eglise comme communauté ? L'éclatement du protestantisme en de très nombreuses branches peut en partie le confirmer bien que les protestants n'aient pas vraiment renoncé à l'idée de communauté (ni d'ailleurs au dialogue avec Rome). Toujours est-il que culturellement, les Eglises Evangéliques (qui ont le vent en poupe) incarnent bien cette volonté de recentrage individuel mais y adjoint une chaleur communautaire évidente. Régis Debray estime également que la culture protestante américaine est à l'origine du culte de l'émotion, du témoignage et de la pluralité qui sont largement acquis en Occident. 

 

Conclusion

Nous commémorons aujourd'hui les 500 ans d'un événement à la fois fondateur de l'Occident et perdu dans un faisceau causal. Car bien évidemment, retenir uniquement Luther, c'est également oublier Calvin après lui, mais aussi Hus et Wiclyf avant lui. C'est également oublier la dynamique réformatrice catholique médiévale tout comme l'influence de l'Humanisme. 

Il faut donc retenir le moine augustin moins comme fondateur que comme celui qui donne l'impulsion. Comme dit précédemment, beaucoup de conséquences sont indirectes plus que directes, involontaires plus que préméditées et pensées. Luther, c'est l'élément déclencheur par excellence dans un contexte qui était favorable au changement. 

Quel changement ? D'abord l'éclatement politico-religieux, ensuite les idées nouvelles, la sécularisation, le désenchantement du monde. "Contre-religion", la Réforme rationalise la Foi, désacralise la religion et tout son univers mental plus ou moins superstitieux pour tout ramener à Dieu, les Ecritures et le Salut de chacun. 

Si l'Eglise catholique avait le potentiel pour se réformer et si de telles idées se seraient probablement développées par d'autres moyens (l'humanisme notamment), Luther fut, par ses choix de rupture profonde, un formidable accélérateur d'histoire à l'aube de notre modernité. 

 

Sources

Les 1001 jours qui ont changé le monde. F.Gersal. Flammarion.
Histoire de la Philosophie. Pradeau JF (dir), Editions Points.
Oratoire du Louvre 
Le Temps
Réforme.net 
Musée Protestant 
Enquête Revues 
Wikipedia
 


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25 réactions à cet article    


  • Christian Labrune Christian Labrune 2 novembre 2017 17:47

    Quel changement ? D’abord l’éclatement politico-religieux, ensuite les idées nouvelles, la sécularisation, le désenchantement du monde. « Contre-religion », la Réforme rationalise la Foi, désacralise la religion et tout son univers mental plus ou moins superstitieux pour tout ramener à Dieu, les Ecritures et le Salut de chacun.
    ------------------------------------------------------------
    à l’auteur,
    Votre conclusion me paraît bien surprenante. Si l’histoire avait pu faire l’économie de Luther et de Calvin, on s’en serait probablement trouvé beaucoup mieux, et le protestantisme n’a pas du tout été un facteur de progrès. La Réforme se veut un retour aux sources, aux évangiles. Elle ne surgit pas du néant : les ordres mendiants, et particulièrement les franciscains, avaient déjà prêché, bien avant Luther, un retour aux exigences du sermon sur les Béatitudes. Cela peut paraître bien sympathique, mais cela me fait quand même penser à une sorte de salafisme, et le calvinisme à Genève, tel qu’il est décrit par beaucoup d’historiens, ressemble fort à un totalitarisme. L’un des plus grands esprits du temps, Michel Servet, sera brûlé en place publique par la volonté de Calvin, et le pauvre Castellion aurait vite connu le même sort si une crise cardiaque ne lui avait providentiellement épargné l’incommodité de la fumée et des flammes.

    Le catholicisme du XVe siècle, avec ses ribambelles de saints et son culte marial était devenu un aimable polythéisme, et ces sortes de religions, on le voit bien quand on examine la cité antique, prédisposent à l’ouverture d’esprit et ne sauraient favoriser le fanatisme. L’Eglise, certes, était formidablement corrompue, mais sa corruption même aurait dû induire les peuples au scepticisme et les détacher des croyances religieuses délirantes.

    La religion luthérienne, le retour à l’augustinisme, a contrario, devait induire un renouveau tout à fait intempestif des spéculations théologiques. Tout le XVIIe siècle, qui aurait pu sans cela être déjà le siècle des Lumières, se passionne avec les gens de l’Oratoire puis les Jansénistes, pour les questions qui touchent à la grâce et à la prédestination. La réforme catholique est une conséquence vraiment abominable des questionnements de la réforme, et l’Eglise tridentine s’en trouvera fort salement contaminée.

    Les religions sont acceptables quand elles sont une espèce de folklore associé à une morale minimale correspondant, comme le confucianisme des Chinois, à ce goût bien innocent que tous les peuples peuvent avoir pour les rites et les cérémonies qui paraissent donner un semblant de sens à la vie sociale.

    Dès que les religions sont prises au sérieux, la violence apparaît. Les guerres de religion du XVIe siècle n’auraient pas eu lieu sans les prétentions des réformés. On se souvient surtout, évidemment, de la Saint-Barthélémy de 1572, dont le catholicisme est responsable, mais si les protestants avaient pu l’emporter, peut-être bien que les choses eussent été pires encore, et plus totalitaires. Quelquefois, pensant au sort de Trotsky perçu par les gauchistes comme une victime du Petit Père des Peuples, je me dis que si le boucher de Cronstadt l’avait emporté sur Staline, il eût encore été capable de faire pis dans l’horreur. Le protestantisme, pareillement, est évidemment plus totalitaire que le catholicisme. 

    Je suis athée, mais mes sympathies iraient plutôt aux jésuites. Ceux-là au moins savent vivre et s’accommoder du monde tel qu’il est. Ils sont bien également nuisibles en faisant perdurer l’opium du peuple, mais ils le sont infiniment moins que tous les marchands d’absolu. 


    • sukhr sukhr 2 novembre 2017 17:56

      @Christian Labrune
      rha j’étais d’accord sur tout ! dommage pour le dérapage sur les jésuites : ils ont fait un carnage pour la recherche scientifique en France... Sans les jésuites, on aurait peut-être eu un Newton Français. Mais bon, il fallait que les découvertes collent avec la bible... merci les jésuites ! 




    • amiaplacidus amiaplacidus 2 novembre 2017 18:12

      @sukhr

      Je ne veux pas me faire le défenseur des jésuites, mais, de nouveau, ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Pensez à Teilhard de Chardin.


    • eric 3 novembre 2017 11:30

      @Christ Roi
      Oui... ! Il n’y a eu de parti communiste puissant et durable que dans les pays catho ou orthodoxes. Les taux de pratique religieuse en occident sont d’autant plus faible que le pays est catholique. Les pauvres sot les moins pauvres dans les pays protestants, c’est statistiquement prouvé.
      En revanche, il est vrai que le catholicisme progresse.


    • Vindex Vindex 4 novembre 2017 10:28

      @Christian Labrune
      Merci pour votre réponse. 


      Tout d’abord, je tiens à préciser que mon objectif n’est pas de glorifier le protestantisme et la Réforme. Il n’y a pas de jugement de valeur (enfin je crois) dans mon article. 

      Sur votre premier point : évidemment, les réformateurs n’ont pas agi sans influence et ils ont au minimum une essence conservatrice dans leur action. Ils sont des hommes de leur époque, donc pas des progressistes... Cela n’apparaît pas sympathique ni antipathique, c’est ainsi. Toutefois, parler de totalitarisme est anachronique (ou alors l’Eglise au XIIIème siècle l’est tout autant). 

      Sur votre deuxième point : si vous me lisez bien (notamment en conclusion), je dis bien que le catholicisme avait aussi en lui la possibilité d’une réforme et d’une évolution vers des principes tels que la tolérance et la liberté de conscience. En cela, l’intervention des réformateurs fut une accélération (indirecte) vers ces principes. 

      « Dès que les religions sont prises au sérieux, la violence apparaît » : cette remarque est vague, sans fondement. 

      Il me paraît peu opportun d’essayer de refaire l’histoire... Avec des « si »... vous connaissez la suite. 

    • Christian Labrune Christian Labrune 4 novembre 2017 15:41

      le catholicisme avait aussi en lui la possibilité d’une réforme et d’une évolution vers des principes tels que la tolérance et la liberté de conscience. En cela, l’intervention des réformateurs fut une accélération (indirecte) vers ces principes.
      ...................................................................... .....
      @Vindex
      On a coutume d’associer protestantisme et liberté de conscience parce que la monarchie française s’est toujours efforcée, même avant 1685, de réprimer le protestantisme et d’induire les fidèles de la R.P.R. (Religion Prétendue Réformée, comme on disait alors) à revenir au catholicisme. Quelqu’un parlait d’Agrippa d’Aubigné ; Madame de Maintenon, par exemple, qui était sa petite-fille, n’attendra pas la révocation pour rejoindre la religion du roi.

      Si le protestantisme n’avait pas été mal vu par le pouvoir politique, s’il avait eu pignon sur rue, je doute qu’il se fût montré plus tolérant que le catholicisme. Le calvinisme à Genêve constitue bien, je le répète, à l’époque de Calvin, un véritable système totalitaire, une théocratie.
      Dans la France du XVIIe siècle, les protestants incarnent certes, face à l’absolutisme monarchique, une tendance républicaine qui influencera plus ou moins directement les Parlements des provinces. Si Louis XIV s’efforce de réduire les pouvoirs de ces assemblées et même au besoin de les humilier, c’est parce qu’il voit là un véritable danger.

      Les prétentions de Rome ont toujours été totalitaires. La tendance des papes aura toujours été d’induire les princes à se soumettre à l’autorité des papes, mais la tradition du gallicanisme, qui est une lointaine préfiguration de notre actuelle laïcité, remonte en France à Philippe le Bel. Le pouvoir politique et le pouvoir temporel sont séparés. Dieu d’un côté, César de l’autre. Ce clivage, qui n’existait pas dans la Genève de Calvin, aura toujours été un obstacle à toutes les prétentions théocratiques. Je comparais Genève au temps de la réforme à l’Iran parce que l’Iran est bien une « république », mais cette république-là n’a évidemment rien de démocratique et se soucie fort peu de la liberté de conscience.

      Je maintiens que les religions prises au sérieux conduisent fatalement à des horreurs. Les chrétiens aujourd’hui sont, pour parler comme Marcel Gauchet, « sortis du religieux ». Leur religion, s’ils vont encore à l’église -mais de moins en moins !- est un élément de leur confort mais il y a déjà longtemps qu’ils ne la prennent plus au sérieux, qu’ils ne croient plus à la divinité de Jésus, à la virginité de Marie, à la résurrection des morts, et le symbole de Nicée-Constantinople qu’on leur a fait apprendre par coeur, c’est pour eux du chinois. Ces mauvais chrétiens sont de bons citoyens. Les mauvais musulmans qui, il y a quarante ans, à la différence de nos actuels salafistes, n’étaient pas encore persuadés qu’il fallait nécessairement massacrer les associateurs et les mécréants, étaient aussi, paradoxalement, de bons citoyens.

      Les intégristes chrétiens ne tuent encore personne, et c’est heureux, mais les intégristes musulmans, qui sont les vrais musulmans, applaudissent aux exactions qui se multiplient partout dans le monde parce qu’ils prennent désormais au sérieux leur religion.

      Cet aspect est une tare des monothéismes. il vaut mieux plusieurs dieux qu’un seul, et les religions antiques, toujours promptes à ajouter un nouveau dieu exotique à leur panthéon, n’étaient pas du tout sanguinaires. J’ai la plus grande admiration pour Julien l’Apostat, mais je vomis Constantin et plus encore Théodose !


    • Vindex Vindex 4 novembre 2017 21:46

      @Christian Labrune

      -Je pense toujours qu’il est totalement anachronique d’utiliser la notion de totalitarisme pour ces époques... 

      -Je comprends mieux ce que vous dites au sujet du protestantisme et de la libre pensée et de la liberté de conscience. Bien sûr, certaines tendances protestantes ont connu une vraie intolérance. Mais il n’est pas du tout faux d’associer la Réforme au thème de la liberté de conscience pour deux raisons (au moins) 

      ==> D’abord parce que l’individu est, selon la Réforme, capable d’interpréter lui même les Ecritures et peut se passer de tout intermédiaire pour se former sa bonne conscience. 

      ==> Ensuite parce que la Réforme introduit dans des sociétés qui ne l’avaient jamais connu la question du pluralisme religieux, ce qui va bien sûr aboutir à des conflits mais aussi à une cohabitation progressive du fait du maintien des positions. 


      -Pour vos jugements de valeur sur ce que pensent les chrétiens, c’est risible. Qui êtes vous pour juger de ce que pensent réellement les croyants ? Pour juger de leur sérieux ? Fréquentez-vous ces gens ? Ces milieux ? Avez-vous des éléments qui confirment ce jugement peu égayé et à l’emporte pièce ? Etes vous Dieu pour être capable de connaître la conscience de chacun ? 

    • Christian Labrune Christian Labrune 5 novembre 2017 10:12

      @Vindex
      Sur la question de l’interprétation des textes, je peux être d’accord, encore qu’il s’agisse d’une disposition essentiellement réactionnelle : si cette liberté n’existait pas et n’était pas fondée, le protestantisme, qui est issu d’un refus de l’autorité romaine ne le serait pas non plus. On peut donc dire qu’il s’agit d’une théorie pro domo, laquelle tend à justifier un premier fait : le désaccord avec Rome. C’est ce fait accidentel qui est premier, il se trouve théorisé a posteriori, il ne découle pas d’une d’une délibération philosophique a priori.

      Pour ce qui touche à la liberté de conscience et au pluralisme, on peut faire la même observation. Le rêve du protestantisme n’a jamais été le pluralisme, mais de balayer autant que faire se pouvait le catholicisme. Ca n’allait pas trop mal dans le Saint-Empire, mais les choses se passèrent autrement en France. Quand on demeure très minoritaire, qu’on ne peut pas réaliser l’hégémonie qu’on rêverait et qu’on ne veut pas être entièrement ratatiné, on prône le pluralisme, mais encore une fois, ce n’est certainement pas par amour du pluralisme, c’est parce qu’on n’a pas le choix et parce que c’est le seul moyen de conserver quelques maigres avantages 

      Votre dernier paragraphe est assez rigolo. Il n’y a aucun « jugement de valeur » -mais je ne me les interdirais pas !- sur « ce que pensent les chrétiens ». Je suis baptisé, j’ai vécu dans une famille pas très catholique mais catholique quand même et ce que je rapporte, c’est ce que je sais par expérience et c’est le résultat de bien des dialogues. Je ne dis pas que cela se passe ainsi chez les paroissiens de Saint-Nicolas du Chardonnet ou de Saint-Eugène, mais la majorité des « catholiques » font baptiser leurs enfants parce ça plaît aux parents. Ils se marient à l’église parce que c’est plus solennel et plus conforme à une certaine idée romantique de l’amour (ils ont raison) et ils demandent qu’on fasse passer leur cercueil par l’Eglise avant le cimetière parce ça ne peut pas faire de mal et que les cérémonies religieuses catholiques, même présidées par un diacre incompétent, cela a quand même une tout autre gueule qu’une ridicule cérémonie pour libre-penseur au crématoire du Père-Lachaise. Là encore je leur donne rai raison, et très volontiers, mais si vous discutez avec eux, vous verrez bien qu’ils ne croient pas à la résurrection des morts et que les dogmes de la théologie catholique sont en général totalement ignorés. Pour 90% des catholiques au moins, si j’en juge par les questions que j’ai pu poser, le dogme de l’Immaculée Conception, qu’on ne sait jamais dater, renverrait à la virginité de Marie ! L’histoire des conciles est totalement ignorée, et même les bases de la théologie. J’avais discuté, il y a quelques années avec quelques catholiques, et c’était pourtant devant le porche de Saint-Nicolas du Chardonnet ! Je leur avais parlé du « fides quaerens intellectum » de Thomas de Cantorbery, dont tout élève de terminale, en philo, aurait dû entendre parler. - Qui ? Ils ignoraient tout cela. Eux pourtant, qui sont des intégristes, devraient être capables, aussi bien que les protestants qui prennent plus au sérieux leur religion, d’en connaître un peu mieux les principes.

       Je ne leur jette pas la pierre. Je vous l’ai dit : moins une religion est prise au sérieux, mieux cela vaut pour l’intelligence collective et la paix sociale. Je n’ai rien d’un athée anti-religieux et je suis un peu comme Marcel Proust qui, dans le « Contre Sainte-Beuve », considérait que lorsque le catholicisme serait définitivement mort, il faudrait continuer à dire des messes pour la beauté de la chose. Mais c’était à une époque où les guitares électriques yé-yé de Vatican II n’avaient pas encore envahi le choeur des églises !


    • Vindex Vindex 5 novembre 2017 18:22

      @Christian Labrune
      Merci pour ce commentaire instructif. Votre expérience a une certaine valeur mais je suis en désaccord sur le fait de dire qu’une religieux « prise au sérieux » donne forcément lieu à des horreurs. Je connais de nombreuses personnes qui croient réellement aux dogmes, avec sérieux, mais qui ne sont pas d’effroyables intégristes. Après, que l’inculture religieuse se soit emparée de notre pays reste une réalité. 


      Pour ce qui est du protestantisme, je ne dis pas qu’il prône le pluralisme dans l’article, mais bien qu’il lui ouvre la voie. 

      D’ailleurs, mon article dit assez clairement (je crois) qu’il y a plus de conséquences indirectes que volontaires... 

    • Christian Labrune Christian Labrune 5 novembre 2017 22:07

      Pour ce qui est du protestantisme, je ne dis pas qu’il prône le pluralisme dans l’article, mais bien qu’il lui ouvre la voie.

      @Vindex

      Je vous l’accorde bien volontiers, et il est probablement assez vain, comme je le fais, de regretter qu’il y ait eu le christianisme et tous ses rameaux divergents. On lui doit quand même les cathédrales, et parmi les papes de la renaissance, plusieurs auront beaucoup fait pour le développement des arts. L’histoire est ce qu’elle est, et on peut difficilement imaginer ce qu’elle aurait pu être si quelques événements n’avaient pas eu lieu.
      Quand même, si je puis m’autoriser ici un certain prosélytisme, je plaiderai pour un retour à la religion des anciens Egyptiens, que je trouve bien supérieure, dans son infinie complexité, à celle des Grecs et à toutes celles qui ont suivi. On aurait bien pu en rester là, et je préfère Atoum, Geb, Nout, et surtout Hathor, Isis et Nephtys, aux figures assez sinistres et déprimantes de l’ancien comme du nouveau Testament !


    • amiaplacidus amiaplacidus 2 novembre 2017 18:09

      @l’auteur,

      Votre article est intéressant.

      Je suis issu d’une mère athée (elle-même issue d’une famille athée) et d’un père protestant. Mon père était croyant sur un plan théorique mais ne pratiquait absolument pas.

      Quant à moi, produit du mélange, je suis agnostique, c’est à dire, que je n’ai absolument aucune croyance, ces choses, à mon avis, dépassent l’entendement humain et je ne m’en préoccupe pas.

      J’ai toutefois reçu une éducation religieuse protestante, calviniste pour être plus précis, la bible, comme tous les protestants, je l’ai lue.
      .
      J’aimerais compléter votre article par quelques remarques..

      - Il y a bien longtemps qu’une immense majorité des protestants ont abandonné l’idée de prédestination.

      - Le protestantisme me semble effectivement avoir mis en place les conditions nécessaires à l’avènement du capitalisme, lequel capitalisme devant remplacer le mercantilisme, compte tenu de l’évolution des conditions matérielles (vous voyez, je suis aussi marxiste).

      - La Saint-Barthélémy dans un premier temps, puis la révocation de l’Édit de Nantes et les dragonnades ensuite ont porté un coup sévère à la France. Les gens qui fuyaient la France étaient en général instruits, cultivés (pensez à Agrippa d’Aubigné), parfois riches. Ces talents sont allés enrichir les pays protestants alentour, GB, Allemagne, Suisse, etc.
      C’est ainsi que, c’est un exemple, l’horlogerie suisse a été créée par des réfugiés huguenots français.
      .
      Une dernière remarque qui s’adresse à Christian Labrune. Il faut aborder Calvin de façon nuancée, certes il était, pour le moins, austère, mais il ne faut pas, à mon sens, le comparer à un ayatollah. Les « condamnations » pour cause de luxe se résumait souvent à peu de chose, quelques sous tout au plus.
      Ce n’est pas Calvin qui a condamné Michel Servet, il l’était déjà en venant à Genève, mais on peut sans hésiter reprocher à Calvin de n’avoir rien fait pour empêcher la mort de Servet.


      • Christian Labrune Christian Labrune 2 novembre 2017 21:26

        la révocation de l’Édit de Nantes et les dragonnades ensuite ont porté un coup sévère à la France. Les gens qui fuyaient la France étaient en général instruits, cultivés (pensez à Agrippa d’Aubigné),
        ================================
        @amiaplacidus
        Je vois mal comment Agrippa d’Aubigné aurait pu être victime des dragonnades après la révocation de l’Edit de Nantes. D’Aubigné était mort en 1630, c’est-à-dire plus de cinquante ans avant la révocation, laquelle date de 1685. Je suis cependant bien d’accord pour considérer cette décision de Louis-le-Grand, que j’admire beaucoup par ailleurs, comme la plus monumentale sottise de son règne.

        Par ailleurs, on peut bien dire que la Genève de Calvin ressemblait assez sinon à Raqqa, du moins à l’Iran des Ayatollahs : la police à la solde des Tartuffe entrait dans les maisons, vérifiait s’il ne s’y trouvait pas des livres interdits, si les robes des femmes étaient suffisamment décentes, le noir étant la seule couleur autorisée. Sinon, cela pouvait se terminer, dans les cas les plus bénins, par quelques semaines de prison et des coups de fouet. Je crois bien que le dernier bouquin que j’aie lu sur cette période est celui de Stefan Zweig : « Conscience contre violence, Castellion contre Calvin ». Si je le retrouvais je pourrais vous en citer des passages, mais je ne sais vraiment plus où j’ai pu le mettre.

        Calvin n’étant pas magistrat, ce n’est donc pas lui a condamné Michel Servet au bûcher, mais c’est bien lui qui aura induit le Conseil des deux cents à le faire arrêter et juger. Michel Servet doutait de la divinité du Christ et une pareille thèse qui rappelais l’hérésie d’Arius au début du IVe siècle était absolument insupportable pour Rome, mais aussi bien pour des réformés encore moins tolérants.
         


      • Christian Labrune Christian Labrune 2 novembre 2017 21:29

        ERRATUM
        « Qui rappelaiT »et non pas « qui rappelais »- Excuses


      • amiaplacidus amiaplacidus 3 novembre 2017 17:10

        @Christian Labrune
        j’ai écrit : « - La Saint-Barthélémy dans un premier temps, puis la révocation ... ».
        .
        Pour Michel Servet, qui déniait la nature divine du Christ, il a d’abord été arrêté par l’inquisition, évadé, il est condamné à mort par contumace par cette même inquisition, un mannequin le représentant est alors brûlé.
        En fuite, il se réfugie à Genève et là, il se trouve pris entre deux feux : les anti-Calvin et les pro-Calvin, il est, à mon avis, victime d’une magouille politique.
        La chose est plus complexe que ce que j’en dit, mais je ne suis absolument pas un expert en la matière.

        C’est bien que vous parliez de Zweig, c’est un auteur qui mérite de sortir du relatif oubli dans lequel il est tombé.
        Il met bien en évidence que l’oppression calviniste est bien plus interne, intégrée à l’individu qu’une oppression extérieure, c’est plus une auto-accusation et auto-condamnation.


      • Vindex Vindex 4 novembre 2017 10:30

        @amiaplacidus
        Merci pour vos remarques. 


      • Lonzine 2 novembre 2017 18:19

        Merci de votre article, il faudrait aussi évoquer l’importance de Gutenberg.


        • JBL1960 JBL1960 2 novembre 2017 18:45

          @Lonzine Très juste commentaire. D’ailleurs je pense qu’il faut se servir de l’Internet comme d’une nouvelle presse-Gutenberg 2.0.
          Alors d’un point de vu théologique je ne suis pas d’accord avec l’auteur.
          C’est l’esprit de l’homme blanc et des hommes en jupe, surtout, qui ont totalement dévoyé le message spirituel premier que ressentaient les sociétés ancestrales pour en faire une loi d’Airain, sur une pierre taguée, qui prévaut toujours à ce jour.
          Que les croyants de tous poils continuent de croire en ceux qu’ils veulent, mais qu’ils nous lâchent les arpions.
          Je ne sais si vous connaissez Kevin Annett, prêtre défroqué par son Église, parce qu’il a préféré révéler le génocide des Amérindiens dans les Pensionnats pour Indiens au Canada ?
          Je viens de relayer en le complétant son dernier article en français dans mon blog ► Confessions d’un homme (soi-disant) en colère.
          Dans son livre « Le bouclier du lanceur d’alerte » que Résistance71 a entièrement traduit en français et que j’ai réunifié dans une version PDF, il écrit ceci « En perdant leur peur de la mort, ils découvrent le secret de leur vie ». Comme quoi lorsqu’on cesse la coercition pour le dialogue.
          Remplaçons l’antagonisme à l’œuvre depuis des millénaires qui, appliqué à différents niveaux de la société empêche l’humanité d’embrasser sa tendance naturelle à la complémentarité, facteur d’unification de la diversité dans un grand Tout socio-politique organique : La société des sociétés.
          Qu’est-ce qu’on risque à essayer ?
          Sinon de réussir...


        • Vindex Vindex 4 novembre 2017 10:32

          @Lonzine
          Vous faites bien de le signaler, c’est un manque important. Sans l’imprimerie, Luther n’aurait sans doute pas pu diffuser autant son message. 


        • Vindex Vindex 4 novembre 2017 10:40

          @JBL1960


          Avec quoi n’êtes vous pas d’accord ? 

        • cathy cathy 2 novembre 2017 23:09

          Si la Catholique avait su que détruire sa consœur en Orient allait précipiter sa chute un peu plus tard, elle aurait réfléchie à deux fois. Elle livre l’empire byzantin aux ottomans, mais Erasme rapporte de la bibliothèque des textes originaux grecs et hébreux de la bible. C’est exactement ce que Luther attendait et espérait des textes, enfin la vérité des écrits. Il va être celui qui a commencé à faire vaciller cette église.


          • francois 3 novembre 2017 07:53

            Encore un texte stupide sur Luther Allison


            • eric 3 novembre 2017 11:57

              Assez au raz des pâquerettes. Trevor Ruppert, je crois a bien expliqué les erreurs de Weber dans son livre sur Erasme. Todd en a fait son miel par la suite.

              Le capitalisme est un mot du vocabulaire socialiste qui n’a aucune signification. L’industrialisation avec système financer existait chez les romains. Leurs re- développement à la fin du moyen âge a eu lieu dans des régions catholiques ( Italie, Flandre, etc...).

              La double prédestination chez Calvin, n’est pas ce résumé pour cour d’histoire de quatrième du lycée public de mon temps ( aujourd’hui, est-ce même au programme ?).

              Les privilèges n’étaient pas des privilèges, mais des garanties contres les abus des pouvoir. Parfois concédé, parfois achetés (comme par les communes du Queyraz au Dauphin) il pouvaient bénéficier à des catégories ou à des populations entières.

              L’individualisme est une invention du christianisme. Rencontre personnelle avec un homme, Jésus. Au contraire à partir de l’humanisme, on essaye à nouveau de déterminer des trucs qui vaudraient pour des ensembles d’hommes, groupes, communautés, classes en tout temps et en tout lieu etc...Une des première mesure de la révolution, est de supprimer toutes les libertés diversités civiles civiques citoyennes locales ainsi que le droit de vote de certaines femmes. Tout remonte à Paris où tous se décide. Plus tard, tous les élèves de toutes les écoles feront tous la même dictée à la même heure.
              Cela dégénère au 19 ème avec la remonté néo paienne socialo marxiste qui veut réimposer des lois déterministes à l’humanité, contre la liberté des hommes.

              En cherchant à renouer avec la libération initiale offerte par jésus Christ à chaque homme individuellement, Luther et Calvin, comme, aussi, les réformateurs catholiques (voir Le temps des réformes avec un S de Chaunu) poursuivent la révolution contre les vrais conservatismes. Ceux qui aujourd’hui encore voudraient que 50 % plus une voix soit une vérité et non une majorité, que l’individualisme soit collectif, que les communautés et non la personne aient des droits ( comme sous l’ancien régime ...).

              Un moine allemand et un Curé espagnol n’était pas prédestinés à s’entre-tuer. Les enjeux culturels, politiques géostratégique l’ont emporté. Il y a eu une rupture culturelle, si on veut caricaturer, entre les régions très alphabétisées et celles qui l’étaient moins. Ceux qui voulaient et pouvaient lire la bible ou autre chose eux même et ceux qui avaient besoin d’intermédiaires.

              Des guerres « de religion » Pourquoi pas prétendre que tous les morts du communisme sont lié à l’idée socialiste pendant qu’on y est ! Ce serait plus crédible. Toutes les formes de christianisme condamnent la violence dans leur texte fondamentaux. La plupart des idéologies « progressistes »qui ont suivi l’humanisme ne s’interdisent pas de casser quelques œufs pour faire les omelettes.


              • Vindex Vindex 4 novembre 2017 10:50

                @eric
                -Le mot « capitalisme » a été utilisé semble-t-il dès le XVIIème et le XVIIIème siècle, donc on ne peut pas limiter son usage au socialisme. Et le capitalisme comme système a bien changé entre les Romains et aujourd’hui, vous en conviendrez. 


                -On attend vos précisions, l’objet de l’article n’était pas la prédestination mais vous pouvez apporter des précisions. 

                -Ai-je dit que les privilèges étaient à entendre au même sens qu’aujourd’hui ? 

                -Il y a un rapport à l’individu auquel le christianisme n’est pas étranger, mais l’Humanisme l’amplifie. Lisez la conception de l’Homme et de sa liberté chez Pic de la Mirandole. Il me semble que le christianisme met plus en avant le concept de « personne » que celui d’ « individu ». L’individu dans toute son abstraction, en dehors de toute essence, c’est bien l’humanisme qui commence à le créer. 

                Vous vous méprenez sans doute beaucoup sur le sens de certains paragraphes. 



              • eric 4 novembre 2017 21:45

                @Vindex

                Il ressort que l’étymologie du terme « capitalisme » renvoie en permanence à ses deux caractéristiques fondamentales :

                • Le « capital » comme masse d’argent, génératrice de revenus ;
                • Le « capitaliste » comme agent opérationnel ou comme vecteur social11.

                Comme le dit l’historien Fernand Braudel : « Capitalisme doit être mis et perçu entre capital et capitaliste ».

                Prédestination

                https://books.google.fr/books?id=ToslnNcIDW4C&pg=PA328&lpg=PA328&dq=la+double+predestination+chez+calvin+antoine+nouis&source=bl&ots=wEipYV08hd&sig=qIWs5S9j-LacAckH1HDqjXaMEB0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjfpdSD_6TXAhViJ8AKHeMvDrkQ6AEIPjAE#v=onepage&q=la%20double%20predestination%20chez%20calvin%20antoine%20nouis&f=false


              • francois 3 novembre 2017 16:31

                95 thèses et pouquoi pas 100,. qu’est qui a arrêté Martin ?

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