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Accueil du site > Actualités > Economie > Que penser du retour de la croissance ?

Que penser du retour de la croissance ?

Elle a mis du temps à véritablement se redresser. Même si elle est conjoncturelle, modérée, inégale et temporaire, les dernières statistiques de l’INSEE indiquent que la croissance atteint 2,2% en rythme annuel, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 6 ans. Un résultat qui doit être remis en perspective par une conjonction assez exceptionnelle de facteurs favorables.

 

Une conjoncture extraordinairement favorable
 
Dès 2014, j’ai pointé que la conjoncture devenait plus favorable, avec la baisse de l’euro, des taux d’intérêts, du pétrole, et l’amoindrissement des politiques d’austérité. Il aura fallu un peu de temps pour que cela puisse se traduire clairement dans les chiffres. Paradoxalement, Macron doit aussi ce rebond de la croissance en 2017 aux manœuvres électoralistes de son prédécesseur, qui, dans la plus pure tradition radicale-socialiste, avait lâché du lest austéritaire dans la dernière ligne de son mandat, mais un peu trop tard pour que les effets puissent se faire sentir à temps. Du coup, c’est son Brutus qui va profiter de l’amélioration des chiffres de la croissance, qui vont mettre de l’huile dans le budget 2018.
 
 
Les chiffres du troisième trimestre restent bons car la rechute du commerce extérieur est compensée très exactement par la forte remontée des stocks (quand les statistiques du second trimestre, étonnament, avaient présenté le phénomène inverse, en contradiction avec les statistiques des douanes). La hausse de la consommation (des ménages et de l’Etat) et de l’investissement, permettent une hausse de 0,5% du PIB, soit 2% en rythme annuel. L’acquis de croissance pour 2017 est d’ors et déjà de 1,7%. De bon augure alors que le quatrième trimestre est souvent marqué par une bonne performance du commerce extérieur, les produits français étant volontiers offerts en fin d’année.
 
Malgré tout, les chiffres de l’INSEE rappellent les impasses de nos politiques. En premier lieu, il faut rappeler que, sur un an, le commerce extérieur nous fait perdre la bagatelle de 0,5 point de PIB, pas moins de 10 milliards d’euros  ! Combien d’emplois auraient pu être créés si la contribution avait simplement été nulle ? Et combien si nous avions seulement réduit notre déficit ? Voilà une sanction concrète de notre ouverture totalement déraisonnable, des accords commerciaux déloyaux et de notre choix d’une monnaie inadaptée. On peut également y voir le signe de l’inefficacité complète des dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises mises en place par François Hollande.
 
Mais surtout, cette croissance est fragile. Elle est à la merci de la moindre remontée des taux d’intérêts, que toute remontée du prix des matières premières pourrait provoquer. Nous ne retrouverons pas tous les jours une conjonction aussi incroyable de facteurs porteurs et il est à craindre que cette croissance soit un nouveau plafond qui n’améliorera la situation qu’à la marge seulement, en attendant le prochain krach financier qui nous guette à moyen terme. Et quelle tristesse de voir l’Etat raboter ces investissements de 1,5% en cette période d’argent bon marché, qui permet au contraire aux entreprises et aux ménages de le faire (acquis de croissance de 3,9 et 4,9% respectivement).
 
Bref, derrière les chiffres annoncés par l’INSEE, il ne faut pas y voir un résultat politique, mais bien plus celui de taux historiquement bas, qui permettent une hausse de près de 4% des investissements, et une hausse de la consommation. Car la poursuite de la dégradation du solde commercial démontre que les dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises n’ont eu aucun effet sur notre commerce.

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20 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 4 novembre 2017 10:32

    @ l’auteur

    La dernière phrase de votre article démontre que ce « mieux » n’est qu’un trompe-l’œil :

    "Car la poursuite de la dégradation du solde commercial démontre que les dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises n’ont eu aucun effet sur notre commerce."


    • matthius matthius 4 novembre 2017 16:19

      Ne sont-ce pas les banques locales qui ont permis de financer les industries ? En effet Laitik avait du mal à trouver de l’argent. Je pense donc qu’ils sont allés voir une banque locale, pour être financés.


    • jef88 jef88 4 novembre 2017 11:56

      Il y a deux facteurs de régulation dans la stabilisation d’une entreprise :
      - les stocks (mais il faut que les banquiers le permettent)
      - la main d’œuvre (mais il faut que les graaands patrons ménagent Macron)
      DONC : on gonfle les stocks pour faire « bonne impression »


      • Macondo Macondo 4 novembre 2017 13:41

        Bonjour. Pour répondre à la question posée dans le titre, je dirais que lorsque les trois grands paramètres insalubres « pétrole, béton, grande consommation » sont activés, effectivement pour le plus grand bonheur des analystes qui en croquent ça ressemble à un été indien. Pour le reste des vivants à minima ou en dessous, quatre été indiens d’affilés, ça commence sérieusement à sentir le cramé. Puisse donc survenir un prochain hiver d’antan pour fendre en deux ces réchauffeurs patentés jusqu’à la racine ...


        • Omzen 5 novembre 2017 07:20

          @Macondo

          Oui bref ça sent l’enfumage à plein nez cette histoire de PIB. Y a t’il encore des gens qui croient aux contes de fées dans ce pays ?


        • Macondo Macondo 6 novembre 2017 07:19

          @Omzen ... Les électeurs, me semble-t-il ...


        • Cipango 4 novembre 2017 13:42

          Bonjour,
          Votre article n est pas mauvais dans le sens traditionnel. Mais bon, on se doutait que cette hausse n était pas le résultat de la politique Macron...

          Par contre, pourquoi vous acharner encore et encore a étudier le PIB ? Cela fait 40 ans qu on nous saoule avec ce PIB, tout en connaissant les défauts de cette approche. Pourquoi donc continuer d analyser la situation économique avec cet outil défectueux ? Ne pourriez-vous pas tenter une autre approche ? Il en existe pourtant... Franchement, je ne comprends pas.

          Attention, je ne critique pas votre analyse, mais il me semble qu en restant dans le même cadre théorique limité et faussé, vous ne faites que jouer le jeu de ces prêcheurs économistes qui nous envoient dans le mur depuis si longtemps.


          • izarn izarn 6 novembre 2017 11:29

            @Cipango
            Planche à billet>inflation des marchés>baisse de l’euro...
            Ca veut dire quoi le PIB en dollar alors ? Ou sont les 1,7% ?
            Ou alors ça veut dire que l’euro a baissé de 1,7% face au dollar, ce qui nous fait 1,7% d’euros de mieux en PIB euro face à l’équivalent dollar ?
            Bref PIB d’initié, foutaise et compagnie ?
            Hé hé hé !
             smiley
            Quand le chiffre des importations continue d’augmenter, qu’on consomme à crédit de planche à billet, et que la balance commerciale continue de s’enfoncer dans le négatif, y a pas de quoi pavoiser...On nous fait du mensonge du PIB à l’américaine. Il ne suffit plus que d’éliminer les chomeurs des listes, et tout ira bien !
             smiley
            Et on ne voit nulle part quelle politique pourrait inverser la tendance.
            En UE :
            UE delenda est.


          • eau-du-robinet eau-du-robinet 4 novembre 2017 22:36

            Bonjour,
            .
            Le retour de la croissance est-il vraiment solide ?
            https://www.youtube.com/watch?v=UNXNap4kP9Y
            .
            Le boom de la population âgée pourrait freiner la croissance
            http://www.latribune.fr/economie/international/le-boom-de-la-population-agee-pourrait-freiner-la-croissance-742002.html
            .
            L’Augmentation votée de la contribution française à l’UE vas certainement contribuer à anéantir la croissance en 2018
            C’est chose faite : 1,5 milliards d’euros par an vont être donnés en plus par les contribuables français à l’UE, c’est-à-dire 25 euros par habitant. La juxtaposition avec la précédente information pourrait être cocasse, si elle ne signifiait pas la paupérisation rapide de la population française.
            https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/budget-de-lue-les-d%C3%A9put%C3%A9s-augmentent-la-contribution-de-la-france/ar-AAtXzaH
            .
            Un autre facteur qui détruira la croissance :

            Le Parlement européen vote la réintroduction de la titrisation bancaire, responsable de la crise financière de 2008
            Le retour de la titrisation vise surtout à accroître la rentabilité des banques : vendre à des investisseurs des produits toxiques qu’ils ne comprennent pas, cela rapporte bien plus qu’octroyer des prêts aux particuliers et aux entreprises.
            http://m.levif.be/actualite/international/vers-une-nouvelle-crise-financiere/article-opinion-746061.html
            .


            • izarn izarn 6 novembre 2017 11:37

              @eau-du-robinet
              La BCE ne veut plus des produits toxiques, ce sont les banques qui vont les refourguer aux vieux.
              Comme disait J.M. Keynes : Euthanasie du (petit) rentier.
              Achetez la dette grecque ! Ca rapporte !
              Et la dette italienne ? Un bon placement !
              Ha ha ha !
               smiley


            • zygzornifle zygzornifle 5 novembre 2017 09:57

              Quelle croissance ? lol on va me piquer de la retraite et des APL pour les gosses , elle est ou la croissance .... Haaaa oui j’oubliais le CAC 40 la voila la croissance......


              • Nolats Nolats 5 novembre 2017 10:05

                Quand on produit de moins en moins en France, de quoi est fait la croissance ? De services bancaires, assurances, commerce, start up qui développent les mêmes applications smartphone... au point où on en est, on devrait « titriser » le vent qui souffle et le temps qui passe, ça gonflera le chiffre.


                • John Wo 5 novembre 2017 12:33

                  @Nolats La France se désindustrialise mais elle garde encore quelques atouts, la défense, l’eau, l’énergie, l’aéronautique et même le spatial sont encore présent en France. Ce sont des secteurs importants pour l’économie mais particulièrement stratégique pour l’avenir. Il ne faut pas tout voir en noir.


                • francois 6 novembre 2017 11:31

                  @John Wo
                  Combien d’emploi ?


                  La croissance avec un chômage de masse, il y a un sérieux probléme

                • izarn izarn 6 novembre 2017 11:38

                  @francois
                  La croissance, c’est la croissance monétaire ex nihilo....


                • John Wo 6 novembre 2017 20:06

                  @francois
                  Je ne peux pas répondre précisément sur la quantité d’emploi mais ces secteurs à eux-seuls ne peuvent résoudre le problème de chômage de masse. Ils sont néanmoins importants pour que la France puisse donner de la voix dans le concert des nations et stratégique pour son indépendance.


                  Pour le chômage, il faut voir quel est le but de la société, que tout le monde travaille ou d’améliorer la vie de chacun ? Avec la modernité, la quantité de travail nécessaire pour assouvir nos besoins essentiels (se loger, se nourrir, communiquer) a beaucoup baissée. Le reste de nos activités est devenu de plus en plus artificiel et imposé par la société de consommation.
                   
                  Dans le système économique actuel, il faut toujours consommer plus pour que tout le monde ait un travail (même inintéressant). Il est là le sérieux problème, un système qui impose la croissance comme solution au chômage de masse. 

                • Nolats Nolats 9 novembre 2017 10:07

                  @John Wo
                  « La France se désindustrialise mais elle garde encore quelques atouts... » je n’ai pas dit le contraire, il y a quelques ilots de résistance dans un contexte général d’érosion des fleurons de l’économie (plus de textile, plus guère d’électronique grand public et de télécom, jadis florissants...), or le PIB affiche des chiffres en hausse continue, même en période de marasme, donc il est artificiellement gonflé par des activités sans réelle valeur tangible. Par exemple, si le prix des assurances augmente, c’est du PIB en plus, si le prix du tabac augmente, c’est du PIB en plus, si le nombre d’intermédiaires augmente pour une activité donnée (sous traitance en cascade) le PIB augmente, etc...


                • zygzornifle zygzornifle 6 novembre 2017 08:55

                  Rêvez, on a plus de chance de voire le retour du Jedi que celui de la croissance ......


                  • egos 6 novembre 2017 15:54

                    Relevons une méprise, ce n’est pas Brutus qui reprit le flambeau de l’Empire porté par César 

                    mais Octave Auguste,
                    d’ailleurs la ressemblance est frappante :

                    Qd à Brutus, il apparait sur ce selfie pris par J César lors de son assassinat 
                    reconnaissable entre tous,
                    évidemment !

                    • anomail 6 novembre 2017 18:36

                      Le PIB est-il un indicateur pertinent ?
                      https://www.youtube.com/watch?v=z0KK0uaXfLE

                      Certes historiquement l’emploi a diminué au même moment que la croissance, mais la productivité a également augmenté (voir explosé) en même temps.

                      Corrélation n’étant pas causalité, quid de la relation « plus de croissance égal plus d’emplois » (qu’on essaie de nous vendre à toutes forces), surtout dans le contexte d’automatisation actuel ?

                      Ce sont les mêmes qui organisent les COP et qui en même temps promettent le retour de la croissance. Il paraît qu’elle sera verte cette fois.

                      En ce qui me concerne, surfer sur ces dernières vaguelettes ne sert qu’à retarder un changement de paradigme.

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