Les chiens n’aiment pas le train
Ils aboient pour que la locomotive reste à quai
Pourtant, tout avait débuté en fanfare et avec un grand panache de fumée. Le 2 mai 1843, à l’heure du laitier, aux alentours de 6 heures 30, en ce petit matin, le premier convoi ferroviaire reliait Paris à Orléans. Une compagnie avait été créée pour l’occasion qui se fit fort de prolonger bien vite la ligne vers des destinations plus lointaines. C’était aussi le début de l’agonie de la Marine de Loire mais personne ne s’en doutait alors.
Le même jour, trois autres convois suivirent ce voyage historique, preuve qu’à l’époque, il était plus facile qu’aujourd’hui de trouver un train. Il faut avouer que l’horaire du premier ne convenait guère au duc de Nemours et au fils de Louis-Philippe, le duc de Montpensier, qui étaient chargés de couper le cordon et faire grand et beau discours. Tout ceci se faisant à la superbe vitesse de 12 lieues à l’heure, ils eurent le temps d’admirer le paysage.
De l’eau coula depuis sous les ponts de la Loire, celui de Vierzon vit passer désormais bien plus de trains que de bateaux. Puis la grande ligne historique de notre territoire fut boudée par les décideurs. Le rêve fou de l’aérotrain était arrivé bien trop tôt, le TGV quant à lui bouda la cité ligérienne. Le transport ferré manquait d’entrain en gare d’Orléans.
En dépit du nombre important d’orléanais empruntant la ligne pour aller travailler en région parisienne, nombre auquel il convient d’ajouter depuis quelques années les patients en quête de médecins et de spécialistes, partant se faire soigner à Paris puisqu’en bord de Loire, ce n’est plus guère facile, la ligne subit bien des avanies, le mépris de la SNCF, des retards innombrables et des conditions lamentables.
C’est sans doute ainsi que les membres de la majorité municipale se sont découverts une aversion pour le train. Leur récent refus de favoriser une réponse ferrée à l’engorgement de la tangentielle pour relier Châteauneuf-sur-Loire à Orléans atteste que ceux qui n’ont pas à connaître les désagréments des bouchons n’ont que faire de penser aux autres. C’est assez souvent le grand principe qui prévaut dans les métropoles, ce merveilleux système qui profite toujours aux bourgeois des centres villes.
À Orléans, une fois encore, les chiens vont aboyer afin de ne pas faire passer le train du développement durable. Il est vrai que l’idée de l’étoile ferrée qui avait été en son temps repoussée avec véhémence par les gros bonnets de la Place de l’étape, était venue, quelle horreur, dans l’esprit d’un maire communiste de la périphérie. Ces gens-là ne peuvent penser convenablement. On préféra faire une ligne de tramway au coût délirant et au tracé presque limité à la grande cité Johannique. C’est vous dire que ceux-là pensent bien mieux …
Cette fois, les Chiens reviennent à la charge en tuant dans l’œuf le projet de remettre en service cette ligne qui jadis faisait les délices de Maurice Genevoix ou Max Jacob quand ils voulaient se rendre dans la grande ville. Pas de chemin de fer, vous vous rendez compte qu’il faudrait faire des travaux dans la belle gare qui ne sert à rien… Car en effet, à Orléans, on a consenti des travaux considérables pour soigner la vitrine, se construire une magnifique coquille vide, une gare qui sert de simple relais à la desserte des Aubrais, installée 3 kilomètres plus loin.
Mettre de l’argent public pour briller en société, les Chiens aiment ça. Il est vrai qu’avoir le poil luisant et le museau humide leur fait bonne figure. Se rendre utiles à ces drôles de paroissiens, concitoyens de seconde zone qui ont le mauvais esprit de n’être pas membres de la prestigieuse cité millénaire, ce serait donner de la confiture à des cochons. Le projet est repoussé d’un revers de manche, le Chien n’aime pas le train à la différence de la vache.
C’est pourtant l’envie de faire les cornes qui me pousse à écrire cette charge. Chiens galeux et pelés, qui ont repoussé une fois encore la réhabilitation des vieilles lignes de chemin de fer, insultent l’avenir tout autant que la Planète. Leur pensée déraille et leur égoïsme outrepasse les barrières. Voilà bien une décision qui pourrait rendre caduc leur billet. À la prochaine élection, il convient de botter l’arrière train de ces sinistres individus.
Ferroviairement leur.
41 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON