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Accueil du site > Tribune Libre > Rapprochement saoudo-israélien : Danse du ventre ou poker menteur (...)

Rapprochement saoudo-israélien : Danse du ventre ou poker menteur ?

C’est donc ce momentum précieux que saisit Israël pour lever totalement le voile sur une danse du ventre deux côtés qui remonte à 2002, quand l’Arabie saoudite présenta « l’initiative de paix arabe » validée par la Ligue arabe et qui proposait que « 57 pays arabes et musulmans établiront « des relations diplomatiques complètes et normales » avec Israël, en échange d’un « accord de paix totale » avec les Palestiniens. »

Le momentum choisi pour annoncer à cor et à cri un rapprochement spectaculaire entre Israël de Netanyahu et l’Arabie saoudite de Salmane, amorcé depuis 15 ans, n’est ni fortuit ni dû au hasard. Il coïncide avec un évènement inédit dans l’histoire contemporaine du Moyen-Orient, à savoir le grand mouvement de « réformes » que connaît l’Arabie saoudite depuis l’avènement du roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud qui a brisé une longue tradition de succession en décidant mardi 21 juin 2017 de propulser son propre fils Mohamed ben Salmane, 31 ans, au rang de prince-héritier aux dépens de son neveu, Mohamed Ben Nayef, évincé également de son poste de ministre de l’Intérieur. Ce chamboulement de l’ordre de succession est un tournant crucial dans l’histoire du royaume saoudien. Elle met fin à un demi siècle de transmission du pouvoir entre frères avant de passer à la génération suivante. Et ambitionne de rassurer les investisseurs dans le royaume que la sénilité avance des monarques wahhabites rendait frileux. En effet, avec un prince héritier de 31 ans déjà aux commandes le royaume ordre une nouvelle image de pays stable et dynamique. C’est donc ce momentum précieux que saisit Israël pour lever totalement le voile sur une danse du ventre deux côtés qui remonte à 2002, quand l’Arabie saoudite présenta « l’initiative de paix arabe » validée par la Ligue arabe et qui proposait que « 57 pays arabes et musulmans établiront « des relations diplomatiques complètes et normales » avec Israël, en échange d’un « accord de paix totale » avec les Palestiniens. » Le journal israélien The Jerusalem Post (JPost) a publié, samedi 24 septembre 2016, une correspondance échangée entre l’ex Premier ministre israélien, Ariel Sharon et le défunt roi de l’Arabie Saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz. Le quotidien qui fait autorité en Israël souligne qu’ « il existait un médiateur entre les deux hommes qui avait pour mission d’échanger leurs points de vue respectifs, surtout suite à l’initiative saoudienne de 2002 en vue de régler la question palestinienne. » Netanyahu ne fait donc que poursuivre ce que son prédécesseur Sharon dont il fut ministre des Finances du 28 février 2003 au 9 août 2005, a commencé. Netanyahu confirme le scoop du JPost en vantant les liens avec les pays arabes, qui « mûrissent » et en déclarant qu’Israël est constamment impliqué dans « une coopération secrète » avec les pays arabes de la région, qui, un jour « portera ses fruits ». Quel jour ! Qu’importe. L’essentiel c’est qu’une première brèche a été ouverte dans le mur de glace qui sépare les pays arabes d’Israël. Depuis 2002 beaucoup de sang aura coulé sous les ponts : invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003, plusieurs guerres entre Israël et le Hamas à Gaza ainsi que contre le Hezbollah au Sud Liban ; des guerres où l’armée israélienne ne s’en est pas toujours bien sortie. « Je saisis cette opportunité pour préciser que je reste déterminé à faire la paix avec les Palestiniens et avec tous nos voisins. L’initiative de paix arabe contient des éléments positifs qui pourraient aider à raviver les négociations avec les Palestiniens », avait déclaré Netanyahu à la Knesset le 30 mai 2016.

QUELQUE CHOSE D’INNE

Fait curieux et chargé de sens : malgré que cette initiative de paix arabe demandait un « retrait israélien total de tous les territoires arabes occupés depuis juin 1967 », l’établissement d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale ainsi qu’une solution « juste » et « acceptée » à la question des réfugiés palestiniens, Netanyahu n’a pas mentionné cette fois les éternelles conditions israéliennes aussi impossibles que dissuasives pour une normalisation avec les voisins, entre autres la condition que tout état palestinien doit être démilitarisé et doit reconnaître Israël comme le foyer national du peuple juif. « Bibi » n’a pas non plus mentionné la nouvelle initiative de paix française, programmée vendredi 03 juin suivant avec une conférence qui a réuni plusieurs ministres des Affaires étrangères dont ceux des pays impliqués tels que les Etats-Unis, d’Egypte et d’Arabie saoudite. Il faut rappeler qu’en ce temps-là les rapports entre Netanyahu et François Hollande étaient déjà tendus. Que s’est-il donc passé pour que Netanyahu se lâche de cette façon au point que son chef d’état major des armées le lieutenant-général Gadi Eisenkot ait accordé, selon le quotidien israélien Ha'aretz, une interview inédite à Elaph (site d'information saoudien) où le haut gradé a proposé de de partager des renseignements sur l'Iran avec l'Arabie saoudite ? Outre que Netanyahu chercherait à faire diversion sur le fait qu’il traîne depuis plusieurs mois un chapelet de casseroles sonnantes et trébuchantes si bien qu’il se sent persécuté par la police, il y a certainement dans cette volonté de faire une percée dans le monde arabe quelque chose d’inné : ne pas rater une occasion qui ne se répétera pas deux fois, pour faire d’une pierre deux coups, en marquant des points d’une part contre l’Iran et ses émanations que sont le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, et d’autre part contre le Qatar qui mène une guerre médiatique féroce contre Israël, le royaume saoudien et l’Egypte. Un momentum où deux fers de lance du monde arabo-musulman sunnite que sont le royaume saoudite et l’Egypte du général Sissi ont également besoin de faire diversion sur leurs cuisines internes respectives. Sissi a besoin de détourner les regards des siens et des autres sur les graves problèmes politiques et socio-économiques qui minent le pays des pharaons et le clan Salmane a quant à lui besoin de gagner la bataille de la transition successorale familiale et celle menée contre le Qatar. En somme un momentum où il y a à boire et à manger avec le risque que ce rapprochement saoudo-israélien n’explose à la figure des deux parties. En effet malgré ses coups d’éclats et ces vociférations contre l’Iran et le Hezbollah, Netanyahu est en baisse dans les sondages. De même malgré la rafle contre les religieux irrévérencieux l’Arabie saoudite profonde demeure hostile à toute normalisation avec Israël et même des pays alliés comme la Jordanie qui pourtant entretient des relation diplomatiques avec Israël mais où vivent des milliers de Palestiniens voient d’un mauvais œil l’axe Tel Aviv-Riyad. Wait & see.

http://chankou.over-blog.com/2017/11/rapprochement-saoudo-israelien-danse-du-ventre-ou-poker-menteur.html


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13 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 24 novembre 2017 12:08

    Le PGDC (plus grand dénominateur commun) se trouve à Washington.


    • JC_Lavau JC_Lavau 24 novembre 2017 12:47

      « Momentum » n’existe pas en français, mais en anglais.

      Et pas avec le sens imaginé par AC.

      • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 24 novembre 2017 13:18

        @JC_Lavau Momentum convient pafaitement ici.


      • JC_Lavau JC_Lavau 24 novembre 2017 17:48

        @Abdelkarim Chankou. Farpaitement.



      • Samy Levrai samy Levrai 24 novembre 2017 20:56

        « En effet, avec un prince héritier de 31 ans déjà aux commandes le royaume ordre une nouvelle image de pays stable et dynamique »

        Je pense que tu voulais dire « offre » et du coup je trouve cela hallucinant... un type qui est à l’origine des guerres du Yémen, de Syrie, ...,agresse l’Iran,le Liban,...
        fait un coup d’Etat chez lui, éliminant ou emprisonnant les héritiers potentiels au trône... offrirait une image de pays stable ... et dynamique ?

        • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 24 novembre 2017 21:18

          @samy Levrai D’abord merci pour la correction. Voulais en effet écrire « offre ». Pour la phrase hallucinante je crois qu’il y a quiproquo. Un pays sclérosé et figé depuis 50 ans est dynamique dès que ça bouge même dans le sens contraire à nos souhaits. Et un roi de 31 ans offre plus stabilité qu’un quinquagénaire en plus malade.


        • Zolko Zolko 25 novembre 2017 11:17

          @samy Levrai : « un prince héritier de 31 ans déjà aux commandes le royaume offre une nouvelle image de pays stable et dynamique »
           
          cette phrase m’a choqué aussi. Un dictateur pour 50 ans dans un royaume moyen-âgeux et désertique avec une religion intégriste doit représenter l’avenir que des investisseurs souhaitaient ? Mais que ça plaise à Israheil n’est en revanche pas étonnant.


        • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 25 novembre 2017 23:52

          @Zolko
          Le vrai désert c’est quand le carnet de commande des marchands d’armes est vide


        • Samy Levrai samy Levrai 24 novembre 2017 21:21

          Par Elijah J. Magnier : @ejmalrai

          « « Ce n’est pas d’une guerre contre le Hezbollah, l’Iran ou le Liban qu’il s’agit, mais de préparatifs en vue de l’établissement de relations ouvertes entre l’Arabie saoudite et Israël. » C’est du moins ce qu’affirme un décideur engagé dans la lutte que se livrent Israéliens, Arabes et Iraniens. »


          • popov 25 novembre 2017 09:42

            @Abdelkarim Chankou


            Bonjour

            On entend dire que ce prince voudrait décrotter l’islam de son aspect fanatique. Que pensez-vous qu’il puisse faire exactement ?

            Va-t-il ré-écrire le coran ? Va-t-il jeter les hadiths à la poubelle ?

            Va-t-il éliminer le wahhabisme qui a fait des Saouds une dynastie de droit divin ? 

            Va-t-il cesser de financer le sinistre réseau mondial de mosquées salafistes et de madrassas où les gamines apprennent à ne pas lire et à ne pas écrire et d’où les gamins sortent plus bêtes qu’à l’entrée ?

            • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 25 novembre 2017 15:10

              @popov
              Il va continuer à financer les moques salafistes tout en continuant à financer r l’industrie militaire létale de l’Occident qui garantie le mode de vie aisé de ses ressortissants donc ça va


            • popov 26 novembre 2017 11:37

              @Abdelkarim Chankou


              Donc changement de discours mais pas d’action ?

              À noter que certains pays, comme le Japon, ont réussi à assurer un mode de vie aisé à leurs habitants sans s’appuyer sur le commerce d’armes.

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