• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Simone Weil lectrice de Karl Marx

Simone Weil lectrice de Karl Marx

Emmanuel Gabellieri, Penser le travail avec Simone Weil, Nouvelle Cité, 2017, Chapitre III, "Le Débat avec Marx", p.65 et suiv.

Karl Marx, né le 5 mai 1818 à Trèves en Rhénanie et mort le 14 mars 1883 à Londres, est un historien, journaliste, philosophe, économiste, sociologue, essayiste, théoricien de la révolution, socialiste et communiste allemand. Il est connu pour sa conception matérialiste de l'histoire, sa description des rouages du capitalisme, et pour son activité révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier. Il a notamment participé à l'Association internationale des travailleurs. L'ensemble des courants de pensée inspirés des travaux de Marx est désigné sous le nom de marxisme. Il a eu une grande influence sur le développement ultérieur des sciences sociales. Ses travaux ont influencé de façon considérable le xxe siècle, au cours duquel de nombreux mouvements révolutionnaires se sont réclamés de sa pensée. (les biographies des auteurs sont extraites de l'encyclopédie en ligne wikipedia)

Simone Adolphine Weil est une philosophe, écrivaine et militante politique française, sœur cadette du mathématicien André Weil, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford (Angleterre) le 24 août 1943. Bien qu'elle n'ait jamais adhéré explicitement par le baptême au catholicisme malgré une profonde vie spirituelle, elle est reconnue et se considérait comme une mystique chrétienne. Elle est également une brillante helléniste, commentatrice de Platon et des grands textes littéraires, philosophiques et religieux grecs, mais aussi des écritures sacrées hindoues. Ses écrits, où la raison se mêle aux intuitions religieuses et aux éléments scientifiques et politiques, malgré leur caractère apparemment disparate, forment un tout d'une exceptionnelle unité et parfaitement cohérent. Le fil directeur de cette pensée, que caractérise un constant approfondissement, sans changement de direction ni reniement, est à chercher dans son amour impérieux de la vérité, philosophiquement reconnue comme une et universelle, et qu'elle a définie comme le besoin de l'âme humaine le plus sacré.

Emmanuel Gabellieri, né le 27 décembre 1957 à Nice, est un philosophe français Il est professeur de philosophie à l'université catholique de Lyon depuis 1992, où il a été doyen de la Faculté de philosophie et sciences humaines de 2005 à 2014. Il a consacré une grande partie de ses travaux et publications à la pensée de Simone Weil, mais aussi à celle de Maurice Blondel. Dans le prolongement du "spiritualisme français" Ses recherches visent particulièrement à articuler phénoménologie et métaphysique ainsi que philosophie et christianisme, en faisant la proposition d'une metaxologie (art de l'entre-deux, de la médiation) et d'une philosophie du don capables de répondre à la crise de la métaphysique aussi bien qu'à la tentation anthropocentrique de l'humanisme moderne.

Le Simone est un café culturel au cœur de Lyon, ouvert à tous. 60m² de confort douillet dans un cadre agréable pour déguster une boisson de qualité. Cet espace polyvalent est également une galerie d’exposition, pour découvrir dans un cadre intimiste le sujet ou l’artiste du moment. Le soir, le café accueille des cycles de conférences ainsi que des soirées à thèmes : soirées chansons, soirées poésies, soirées jeux de société, vernissage d’exposition, concerts… Un atelier BD se tient également le samedi. Adresse : 45 rue Vaubecour Lyon 2ème  Horaires d’ouverture Lun – ven : 9h30-19h30 Sam : 10h30-18h30

Compte-rendu de la conférence d'Emmanuel Gabellieri au "Café Le Simone", à Lyon sur la philosophie du travail de Simone Weil et la question de son rapport au marxisme : 

Contrairement à une idée reçue, Simone Weil n'est pas passée d'une adhésion enthousiaste à un rejet du marxisme. Elle a été l'un(e) des premièr(e)s intellectuel(le)s française à lire Marx et notamment Le Capital.

Issue d'une famille bourgeoise, Simone Weil s'est rendue compte très tôt de sa situation privilégiée par rapport au prolétariat profondément marqué par la crise de 1929. Au fait de tout ce qui affecté du "coefficient oppression", elle sait que les ouvriers et les classes populaires souffrent et s'interroge sur la légitimité de la colonisation. 

Née en 1909, elle milite dans les années 20 au sein des mouvements révolutionnaires, en lien avec des militants d'Extrême-Gauche et du Parti communiste français. 

Le capitalisme libéral lui est insupportable et elle se fait une réputation de "révolutionnaire" en incitant ses camarades de Khâgne à cotiser à une caisse de chômeurs et à militer contre la préparation militaire obligatoire des normaliens (elle regrettera plus tard, au moment de la montée du nazisme, son "pacifisme" de l'époque)

Cependant, dès les années 20, avec des militants communistes comme Boris Souvarine, elle prend conscience de la dérive de la Révolution soviétique et se rend compte que le Parti communiste français est inféodé au Parti communiste d'Union soviétique.

Note : Boris Souvarine, de son vrai nom Boris Lifschitz, né en 1895 à Kiev et mort de 1er novembre 1984 à Paris, est un militant politique, journaliste et essayiste russe et français. Militant communiste, exclu du PCF en 1924, il est dès les années 1920 un des grands critiques du stalinisme, auteur en 1935 d'une biographie pionnière de Staline. 

Cette prise de conscience l'amène à se mettre de côté des syndicats révolutionnaires, contre le Parti Communiste français. 

Il y a à cette époque deux tendances antagonistes au sein de la "Gauche" : une tendance qui s'inspire du socialisme humaniste français (notamment de Proudhon) et une tendance "scientifique" qui s'inspire de Marx.

Note : Pierre-Joseph Proudhon, né le 15 janvier 1809 à Besançon dans le Doubs et mort le 19 janvier à Paris, est un polémiste, journaliste, économiste, philosophe et sociologue français. Précurseur de l'anarchisme, il est le seul théoricien révolutionnaire à être issu du milieu ouvrier.

La tendance humaniste critique l'Etat au nom de la transcendance de la personne par rapport à la société, tandis que Marx réclame un Etat fort qui permettra la "dictature du Prolétariat". 

L'inspiration de la Gauche "humaniste" s'enracine dans la pensée de Proudhon et défend la société civile contre un Etat totalitaire et le mouvement coopératif contre une "avant-garde du prolétariat" représentée par un Parti unique.

Les deux points positifs dans la pensée de Marx, selon Simone Weil :

  • Sa générosité initiale et le fait qu'il ait pris parti pour les opprimés contre les systèmes d'oppression
  • Marx a renouvelé l'idée d'une science de la société. Ni Auguste Comte, ni Emile Durkheim ne faisaient l'analyse des mécanismes d'oppression sociale propres au capitalisme. Weil porte au crédit de Marx l'invention d'une analyse des mécanismes sociaux à base économique et d'avoir montré qu'une part des fondements de l'oppression sociale était de nature économique.

Elle loue particulièrement Marx d'avoir dénoncé dans le système capitaliste la subordination du sujet à l'objet, dénonciation qu'elle retrouvera dans la "doctrine sociale de l'Eglise" (DSE), issue de l'Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII.

Note : Rerum novarum (« Les choses nouvelles ») est une encyclique publiée le 15 mai 1891 par le pape Léon XIII (1810-1903). Elle constitue le texte inaugural de la doctrine sociale de l'Église catholique. S'inspirant des réflexions (notamment les travaux de l'Union de Fribourg) et de l'action des « chrétiens sociaux », l'encyclique, écrite face à la montée de la question sociale, condamne « la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ». Elle dénonce également les excès du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social.

Les déficiences de Marx : 

Simone Weil critique le fait que Marx, après avoir génialement analysé les causes économiques de l'oppression capitaliste, a "donné un coup de pouce" pour que sa méthode d'analyse (le matérialisme) et l'idéal révolutionnaire de la liberté absolue coïncident de manière nécessaire dans l'Histoire, avec cette prophétie que nous sommes à la veille de la Révolution finale et que le Prolétariat, de plus en plus opprimé et puissant, arrivera à se libérer d'un coup de son oppression, de telle manière que l'Histoire sera désormais partagée en deux : l'Histoire de l'oppression et l'Histoire de la liberté.

Pour penser ainsi, explique Simone Weil, il faut croire en une sorte de déterminisme historique où l'évolution des forces productives, la base matérielle, l'évolution de la matière transposée au niveau social engendre nécessairement un bien.

Selon Simone Weil, autant l'analyse matérialiste des faits sociaux est pertinente, autant la transformation de cette analyse en une philosophie du progrès est aussi aberrante que la philosophie de Hegel affirmant que la liberté absolue va se réaliser, mais uniquement à travers l'histoire des idées.

La théorie de Marx se veut matérialiste par rapport à la philosophe idéaliste de Hegel (qu'elle critique), mais dans les deux cas, on retrouve la foi dans un progrès nécessaire (déterministe) et inévitable de l'humanité qui peut faire l'économie de la liberté humaine et faire l'impasse sur la question de l'origine du mal en chaque homme et dans l'humanité dans son ensemble.

Note : Georg Wilhelm Friedrich Hegel, né le 27 août 1770 à Stuttgart et mort le 14 novembre 1831 à Berlin, est un philosophe allemand. Son oeuvre, postérieure à celle de Kant, est l'une des plus représentatives de l'idéalisme allemand et a eu une influence décisive, notamment sur la pensée de Marx.

Très vite, dès les années 20, Simone Weil est convaincue - argument récurrent de ceux qui vont se libérer du marxisme historique - que la frontière entre le bien et le mal passe en chaque homme et non entre une classe sociale et une autre, une nation et une autre, une "race" et une autre.

La source de l'oppression peut effectivement résider dans le mécanisme social, mais aussi dans la vie personnelle de n'importe quel homme, si bien que le risque du totalitarisme peut être aussi grand dans une société socialiste que dans une société libérale. 

Simone Weil considère donc que Marx a péché par idéalisme, alors qu'il se voulait matérialiste. Sa science de l'économie s'est voulue la science absolue. Marx n'a pas compris le caractère essentiel des facteurs moraux et spirituels dans l'histoire humaine.


Moyenne des avis sur cet article :  3.09/5   (11 votes)




Réagissez à l'article

15 réactions à cet article    


  • JP94 2 décembre 2017 16:22

    Bourgeoise elle était, bourgeoise elle est restée. 

    Elle a lu Marx, peut-être..mais elle n’a jamais milité aux côtés du Prolétariat or sans la praxis, on n’est pas marxiste. Donc elle est passée à côté de Marx, déjà. 

    Ensuite, « découvrir les dérives » : avant de parler de dérive -ce qui n’est pas un point de vue historique mais un parti-pris qui exclut l’analyse et le fait historique - il faut justement verser dans le matériel historique. C’est bizarre tout de même que tous ces contempteurs bourgeois de l’URSS aient si peu d’affinités avec le Prolétariat - à qui au mieux ils cherchent à donner un cerveau - au pire le traitent de suppôt du Capital et qu’ils dénigrent une société qui a élevé en priorité absolue le droit à la santé à l’éducation le logement, le travail etc ... toutes choses déjà acquises par la Bourgeoisie..qui n’en voit évidemment pas l’intérêt comme essentiel, puisque l’essentiel, au regard critique mais passé au crible de la praxis, lui des ex-Soviétiques, est là et que c’est à cette aune et non pas à celle de l’illustre inconnue qu’est pour eux notre SW. Eux lls savent ce que signifie matériellement socialisme, guerre au fascisme, préjugé de classe... 
    Ce n’est pas parce qu’on a bossé à la chaîne à côté d’un OS qu’on devient prolétaire. pas plus que ce n’est pas en faisant le ménage chez Gattaz qu’on devient patron.

    Sinon, votre article a une tournure bien trop didactique. Or ici ce ne sont pas des élèves qui lsient d’un oeil plus ou moins critique ... on n’est pas noté.

    • Cateaufoncel 2 décembre 2017 20:14

      @JP94

      « Donc elle est passée à côté de Marx, déjà. »

      Peut-être, mais elle a vu que son sens de l’Histoire est une fumisterie d’idéaliste bisounoursique.


    • JC_Lavau JC_Lavau 2 décembre 2017 22:47

      @JP94. Ah ? Tu as travaillé à l’usine Renault sur l’île Seguin, toi ? Tu y as usiné quoi ?


    • velosolex velosolex 3 décembre 2017 13:26

      @JP94
      « Bourgeoise elle était, bourgeoise elle est restée. »


      Un peu brut de coffrage non.....Elle a travaillé à l’usine, filé la majeure partie de son salaire aux ouvriers, quand elle était prof à sainte Etienne, scandalisant ainsi les bien pensants...
      Qu’est ce qui faut faire, pour obtenir grâce envers certains en charentaises ?

      La guerre d’Espagne, même comme cantinière, n’était pas de tout repos. Les bourgeoises, finalement préféraient Deauville ou Arcachon.

      Le front de mer était il plus dangereux que celui de Franco ? ; 

      Si l’on demandait les états de service certains à la parole facile, je ne sais comment on pourrait les nommer.... ?

    • Gollum Gollum 2 décembre 2017 16:25

      Bien qu’elle n’ait jamais adhéré explicitement par le baptême au catholicisme malgré une profonde vie spirituelle, elle est reconnue et se considérait comme une mystique chrétienne.


      Phrase ambigüe qui laisserait à penser que Simone Weil était plus ou moins sur le chemin de l’Église. Or il n’en était rien. Simone Weil ne voulait être embrigadée nulle part. Et d’ailleurs était assez critique vis-à-vis de l’Église. D’une manière générale, les cathos ont une tendance forte à vouloir récupérer Simone Weil comme si elle faisait partie de leur patrimoine. C’est aller un peu vite en besogne.

      Elle fut en effet influencée par l’Hindouisme et sans doute Guénon.

      Elle était capable de pensées métaphysiques brillantes, d’une profondeur abyssale.
      Je n’ai lu que La pesanteur et la Grâce et j’avoue avoir été bluffé par ce petit ouvrage...

      • Jason Jason 2 décembre 2017 18:38

        « Simone Weil considère donc que Marx a péché par idéalisme, alors qu’il se voulait matérialiste. Sa science de l’économie s’est voulue la science absolue. Marx n’a pas compris le caractère essentiel des facteurs moraux et spirituels dans l’histoire humaine. »


        Article intéressant, mais la conclusion, un peu courte, manque de citations précises. Par ailleurs, il est aussi hâtif de dire que pour lui, la science de l’économie représentait la science absolue.

        Le monument, la pyramide restent entiers, même si des blocs sont aujourd’hui contestables. Quant aux facteurs moraux et spirituels, les sciences humaines s’en chargent aujourd’hui, avec les résultats pratiques que l’on voit.

        Ne donnons pas trop d’importance à la mode actuelle des bons élans, et du mysticisme. Le danger sera toujours le dogmatisme, matérialiste ou idéaliste. L’équilibre reste si précaire !

        • Xenozoid 2 décembre 2017 18:39

          @Jason
          le danger est, et, a toujours été l’utilitaire


        • velosolex velosolex 3 décembre 2017 13:18

          @Jason
          Comme Orwell, elle a pressenti la monstruosité du résultat du dogme communisme avec la rencontre de la bureaucratie, d’un système qui refuse de voir la complexité de l’homme, avec les notions de mal et de bien au sein de chaque individu. « La pensée ne se forme que dans un esprit se trouvant seul en face de lui-même. Les collectivités ne pensent point. »

          En ce sens elle est extraordinairement moderne. Personnage multiple, on privilégie tantôt la version de simone selon ce qu’on veut obtenir. Soit la pesanteur soit la grâce, la bondieuserie ou le militantisme. un titre apocryphe, car elle n’a rien publié de son vivant, et ce carnet est un choix fait parmi ses écrits, forcément partisan.
          Sa mort diaphane est étrange. Anorexie ?..A t’elle été tué par la noirceur du monde. Peut être était elle trop intelligente et sensible pour ne pas voir le monde tel qu’il était en représentation

        • Shaw-Shaw Shawford 4 décembre 2017 16:17

          @Xenozoid

          Il est de quand alors, t’as une idée ? Je m’étonne vraiment de le remarquer à l’instant et que personne n’ait encore beuglé !?

          Ça va encore faire du sport, et question arbitraire, ça va encore démultiplier les supputations et pollutions et accusations diverses en tous genres !

          L’entropie sur Agoravox, ça marche fort, surtout en ce moment ! smiley smiley ^^


        • Xenozoid 4 décembre 2017 16:18

          @Shawford

          ils ont oubliés l’inertie ?


        • Shaw-Shaw Shawford 4 décembre 2017 16:23

          @Xenozoid

          Celle qui innerve tant et plus les cerveaux énervés ? smiley


        • Xenozoid 4 décembre 2017 16:24

          @Shawford
          bof


        • CN46400 CN46400 3 décembre 2017 00:29

           La critique de Marx par Simone Weil ne peut pas ne pas être prise au sérieux par les marxistes. Toutefois le « déterminisme » qu’elle attribue à la vision de Marx de l’évolution de la société des hommes doit être tempéré. Par exemple la « circumnavigation » autour du globe est, pour Marx, un élément essentiel du développement du capitalisme mais il ne dit pas ce qu’il sera advenu sans cet événement. En fait, il y a aussi du « hasard et de la nécessité » (Monod) chez Marx
           Le dépassement du capitalisme est annoncé à cause de ses excès d’inégalités en tout genre, mais il n’en dit pas beaucoup plus sur la société qui lui succèdera et qu’il nomme : communisme.
            Par contre il prédit un accouchement difficile, violent même, surtout du fait que la classe bourgeoise disposera de moyens de résistance sans commune mesure avec ceux dont disposaient les féodaux lorsqu’ils durent s’effacer devant la bourgeoisie. Déterminisme sans doute, mais très relativisé...


          • velosolex velosolex 3 décembre 2017 13:05

            Article intéressant. Il m’ a redonné envie de me remettre à son « la pesanteur et la grâce ».Peut êre aurait il fallu lui adjoindre quelques anecdotes parlantes au sujet de cette « sainte rouge » une grande bringue à la pensée complexe, qui fit la guerre d’espagne, comme cantinière si je me souviens, tant ses tentatives de tenir un fusil s’avéraient dangereuses...Elle file son salaire d’’agrégée aux ouvriers, met l’expérience intime comme primordiale. Elle travaillera en usine, comme Orwell fait le trimard. «  « Quand je pense, écrit-elle en 1935, que les grands (sic) chefs bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre et qu’aucun d’eux […] n’avait sans doute mis les pieds dans une usine et par la suite n’avait pas la plus faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté pour les ouvriers, la politique m’apparaît comme une sinistre rigolade. »

            Elle a du cœur, et de l’esprit. Elle serait tenté de la mettre dans le contingent des »Orwell, Camus.." Mais aucun d’eux tout autant qu’elle n’accepterait les catégories de comptables. D’ailleurs, ils se refusent à rentrer dans un compartiment. Réactionnaires pour les uns, simplistes pour les autres, ou illuminés, esprits libres en fait. 

            • Robin Guilloux Robin Guilloux 3 décembre 2017 13:22

              @velosolex


              En fait, mon article est un compte-rendu d’une conférence d’Emmanuel Gabellieri qui est considéré comme l’un des plus grands spécialiste de Simone Weil. C’est lui qui a coordonné le numéro des cahiers de l’Herne sur la « petite vierge rouge » (la « grande » étant évidemment Louise Michel !) J’aurais dû relire le chapitre du livre d’E.G. : Penser le travail avec Simone Weil (la conférence est plus « anecdotique » que le livre), car je me suis aperçu rétrospectivement (esprit de l’escalier !) que j’avais oublié un élément important de l’éloge que fait S.W. de la pensée de Marx concernant sa critique de la division du travail (travail manuel/travail intellectuel). Voici le passage que j’aurais ajouté : 
              • Le refus de la division du travail en travail manuel et travail intellectuel : « Aux yeux de Marx, la conquête la plus importante peut-être de la révolution prolétarienne devait être l’abolition de ce qu’il nommait »la division dégradante du travail en travail intellectuel et travail manuel« . L’abolition de cette division dégradante, l’on peut et l’on doit la préparer dès maintenant » (Simone Weil, Oeuvres complètes II 1 69)
              Cette remarque de S.W. étant directement tirée de son expérience en usine (taylorisme). Quoi qu’il en soit, je constate à lire les commentaires, que S.W. ne laisse personne indifférent, même en 2017, plus de 70 ans après sa mort. 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité