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Accueil du site > Tribune Libre > Le sens des réserves de change dans la stabilité des pays ne disposant pas (...)

Le sens des réserves de change dans la stabilité des pays ne disposant pas de monnaies nationales mondiales. La Grèce, sauvée par l’euro

Sixième partie

 

 Comment comprendre la chute des cours pétroliers dans le monde ? Que s’est-il passé sur le plan économique et financier dans le monde pour que les cours de pétrole se retournent subitement à partir du second semestre 2014 ? Alors que les Banques centrales occidentales ont opposé une politique monétaire fortement contra-cyclique à la double crise hypothécaire et financière de 2008. Pourquoi ce retour de manivelle sur les réserves de change des pays émergents et pétroliers qui fondent d’année en année ? Et malgré les formidables injections monétaires opérées par le système financier occidental dans le cadre des politiques monétaires non conventionnelles ou, en anglais, « quantitative easing », qui ont un impact considérable sur l’économie occidentale, et par ricochet sur l’économie mondiale, qui reste toujours entre stagnation et transition.

 

La forte expansion monétaire grâce aux politiques monétaires non conventionnelles des grandes Banques centrales du monde, depuis une décennie, donne de la déflation au lieu de l’inflation. Un véritable mystère. Une déflation dans le monde a des conséquences graves pour l’économie mondiale. La question est pourquoi ? D’autant plus que l’histoire économique du monde ne donne pas un précédent historique qui nous permet de comprendre aujourd’hui la « formidable expansion monétaire sans inflation » dans les grands pays développés.
 

  1. L’approche de Nouriel Roubini sur « Le mystère de l’inflation manquante » ? 

 Dans une tribune publiée par Project Syndicate, Nouriel Roubini, docteur en économie et professeur d’économie au Stern School of Business de l’Université de New York, fait une analyse très intéressante sur l’inflation. (1) Il écrit : « Depuis l’été 2012 l’économie mondiale traverse une période d’expansion modérée, avec un taux de croissance qui augmente progressivement. Par contre, au moins dans les pays avancés, ce n’est pas le cas de l’inflation. La question est de savoir pourquoi.
 

Aux USA, en Europe, au Japon et dans d’autres pays développés, l’accélération de la croissance est due à une augmentation de la demande agrégée. Cette dernière est la conséquence de mesures d’expansion monétaire et budgétaire prolongées et d’un retour de la confiance des entreprises et des ménages. Cette confiance est motivée par une baisse des risques financiers et économiques et par la limitation des risques géopolitiques qui jusqu’à présent n’ont guère eu d’impact sur l’économie et les marchés.
 

Une hausse de la demande conduisant à un resserrement du marché du travail et de celui des produits, on pouvait s’attendre à ce que l’accélération récente de la croissance dans les pays avancés s’accompagne d’inflation. Pourtant l’inflation sous-jacente a baissé cette année aux USA et ne parvient pas à décoller en Europe et au Japon. Il en résulte un problème pour les grandes banques centrales - à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) - qui essaient de sortir de leur politique monétaire non orthodoxe : elles ont réussi à améliorer la croissance, mais ne parviennent pas encore à leur taux d’inflation cible de 2%.
 

Le mystère d’un taux d’inflation minime alors que la croissance est plus forte pourrait s’expliquer par des chocs d’offre positifs dans les pays développés. Ces chocs prennent différentes formes. Du fait de la mondialisation, produits et services bon marché en provenance de Chine et d’autres pays émergents affluent. En raison de l’affaiblissement des syndicats et du pouvoir de négociation des travailleurs, la courbe de Phillips [qui décrit empiriquement une corrélation négative entre chômage et inflation] est aplatie et le faible niveau du chômage structurel n’entraîne guère de hausse des salaires. Le prix du pétrole et des matières premières est bas, voire en baisse, tandis que l’innovation technologique, en commençant par la révolution d’Internet, réduit le coût des biens et des services. [...]

Si les responsables politiques se trompent en croyant que les chocs d’offre positifs qui limitent l’inflation sont temporaires, normaliser pourrait être une mauvaise stratégie et les mesures non orthodoxes devront être prolongées. Mais on pourrait en tirer la conclusion opposée : si les chocs sont permanents ou plus persistants qu’attendus, il faut normaliser encore plus rapidement, car nous avons déjà atteint une « nouvelle normalité » en ce qui concerne l’inflation.

C’est le point de vue de la Banque des règlements internationaux (BRI) qui estime que le moment est venu de baisser de 2% à 0% le taux cible d’inflation - le taux auquel on peut maintenant s’attendre, étant donné le caractère permanent des chocs d’offre. Essayer de parvenir à 2% dans le contexte de ces chocs, avertit la BRI, conduirait à un relâchement monétaire excessif, avec pour conséquence la hausse du prix des actifs à risque et la formation de bulles dangereuses. D’après cette logique, pour éviter une nouvelle crise financière, les banques centrales devraient normaliser plus tôt et plus rapidement leur politique monétaire

Or la plupart des banques centrales des pays avancés ne partagent pas ce point de vue. Elles pensent que s’il y avait une inflation du prix des actifs, elle pourrait être limitée par des mesures macro-prudentielles visant le crédit, plutôt que par des mesures purement monétaires. [...]

Aussi, les banques centrales ne veulent pas abandonner leur objectif formel de 2% d’inflation, mais veulent plus de temps pour y parvenir, comme elles l’ont déjà fait à de multiples reprises, reconnaissant ainsi que l’inflation pourrait rester faible plus longtemps qu’initialement prévu. Sinon, il leur faudra prolonger leurs mesures monétaires non orthodoxes, notamment le relâchement monétaire et les taux d’intérêt négatifs – une stratégie qui ne plait guère à la plupart d’entre elles (à l’exception peut-être de la Banque du Japon).

La patience des banques centrales pourrait pousser à la baisse l’attente d’inflation. Mais prolonger encore longtemps les mesures monétaires non orthodoxes présente des risques : une inflation du prix des actifs, une croissance excessive du crédit et la formation de bulles. Aussi longtemps que l’on n’est pas sûr des causes de la faiblesse de l’inflation, les banques centrales devront naviguer entre ces différents risques.  »

 

Que peut-on dire de l’analyse de Nouriel Roubini ? Certes, le raisonnement se tient dans les grandes lignes, mais il n’éclaire pas sur les causes véritables de la déflation qu’il qualifie de « manque d’inflation ». Et cette précision est très importante. Dans le sens que le mystère sur l’« inflation manquante » doit avoir certainement des réponses tout à fait rationnelles, compréhensibles. Pour cause, lorsque des Banques centrales injectent massivement des liquidités en monnaie centrale, elles le font d’abord dans une situation de crise, et par leurs émissions de liquidités massives, elles visent à alléger les bilans de leurs systèmes bancaires respectifs du problème que posent les créances hypothécaires insolvable, toxiques. Et cet allègement financier favorise les échanges interbancaires et l’octroi des crédits pour la relance de leurs économies.

 

D’autre part, Nouriel Roubini fait état « des chocs d’offre positifs dans les pays développés qui pourraient expliquer le mystère d’un taux d’inflation minime alors que la croissance est plus forte. Du fait de la mondialisation, produits et services bon marché en provenance de Chine et d’autres pays émergents affluent. » (1)

 

Ce qu’on peut énoncer comme remarque importante, l’affaiblissement de la mondialisation qui est de plus en plus ressenti dans le monde. On érige progressivement des barrières protectionnistes en Occident. Par conséquent, les produits et services bon marché en provenance de Chine et d’autres pays émergents affluent de moins en moins. D’autre part, le prix du pétrole a fortement baissé, il a été pratiquement divisé par deux. L’impact est très important sur l’économie mondiale. Certes il baisse le coût des importations pétrolières des pays industrialisés. Mais, en impactant négativement les revenus des pays exportateurs de pétrole, et donc leurs importations poussées à la baisse, cette situation, du fait de la baisse de la demande mondiale, est préjudiciable à la croissance économique et à l’emploi pour l’Occident et pour le reste du monde. Or, les pays pétroliers, par leur absorption, sont un des moteurs de la croissance économique dans le monde.

 

Pour ce qui est de la corrélation négative de la courbe de Phillips, l’auteur américain la décrit comme « aplatie et le faible niveau du chômage structurel n’entraîne guère de hausse des salaires. » Ce qui signifie une inflation très faible et un faible niveau de chômage structurel. Mais qu’indique la courbe de Phillips d’une manière générale ? Si, sur l’axe des abscisses est porté le taux de chômage, et sur l’axe des ordonnées, est porté le taux d’inflation, il va de soi que si une Banque centrale, par exemple en période de crise, injecte massivement des liquidités dans le système bancaire, il s’ensuit forcément un regain de croissance. En effet, l’octroi des crédits à l’économie, en dopant l’offre de biens et services, i.e. la production, va pousser à plus d’emplois, et donc à moins de chômage. A son tour, plus d’emploi va pousser à plus de demande de biens et services. La courbe de Phillips ne s’aplatit pas, elle aura tendance à s’élever, moins de chômage. Et plus d’inflation. La courbe de Phillips aura l’allure d’un « L » majuscule. Inversement, la chute des émissions monétaires produit la baisse de l’inflation, due à la hausse du taux d’intérêt et les crédits plus chers, et donc baisse de la demande et de l’offre, et par conséquent, une hausse du chômage. La courbe de Phillips aura l’allure d’un « L couché », le bras court de la lettre se superposant à l’axe des ordonnées, et le bras long à l’axe des abscisses.

 

Ce qu’on a constaté d’ailleurs dans les années 2003 à 2007. Les liquidités injectées par le système bancaire occidental ont provoqué une baisse du chômage et une hausse de l’inflation. Sauf que la hausse excessive du prix de l’immobilier aux États-Unis qui a perdu tout sens de la réalité est devenue le facteur déclenchant de la crise immobilière en 2007, entraînant la crise financière en 2008. De nouveau, une politique contra-cyclique par des injections massives de liquidités pour relancer l’économie.

 

Cependant, si la courbe de Phillips confirme l’impact des émissions monétaires et l’évolution des deux agrégats macroéconomiques, le taux d’inflation et le taux de chômage, comme en font état les cycles économiques passés, les émissions monétaires occidentales aujourd’hui font exception à la règle. Elles produisent de la déflation, et la remontée de l’emploi n’est pas régulière pour tous les pays occidentaux. Certains pays enregistrent une hausse de l’emploi, d’autres, leur situation est plutôt irrégulière voire négative. Dans l’ensemble, l’économie occidentale est en stagnation, et elle infère sur le reste du monde. Comment comprendre cette stagnation ? Quel sens peut-on donner au « mystère de l’inflation manquante » ?
 

  1. L’endettement occidental corrélé par la hausse du niveau des réserves de change des pays émergents et pétroliers de 1999 à 2014

 Pour comprendre la crise économique mondiale et les mesures prises pour redresser la situation économique en Occident et dans le monde, il faut rappeler que la croissance économique occidentale de 1999 jusqu’à l’irruption de la crise immobilière en 2007 suivie de la crise financière en 2008, s’est faite sur fond d’endettement. En effet, les pays occidentaux ont massivement émis de liquidités dans la « consommation » des biens et services émis par les pays du reste du monde et les dépenses militaires dans les guerres au Moyen-Orient. Le seul créneau qui resta a été l’investissement massif dans l’immobilier, devenu un faire-valoir en raison de la perte de compétitivité dans le commerce mondial et aussi des crises boursières occidentales en cascades entre 2000 et 2003.

 

Dans cette croissance, ce sont essentiellement les pays émergents qui ont profité des délocalisations d’une grande partie de l’industrie occidentale non compétitive au regard de la production industrielle et manufacturière de ces pays, pratiquement d’égale qualité et à moindre coût. Les pays exportateurs de pétrole, notamment arabes, ont aussi profité de la croissance économique mondiale jusqu’en 2008. D’abord par la frénésie de la consommation énergétique occidentale et par les besoins en pétrole des industries du reste du monde. La Chine qui est devenu un des plus grands importateurs de pétrole du monde. Cette situation pantagruélique des deux parties du monde, tant pour l’Occident en consommation, en investissement immobilier et en dépenses de guerre, que pour les pays Émergents et exportateurs de pétrole du monde qui, en accumulant des réserves de change considérables, et en les plaçant en Occident, sont devenus les « créanciers de l’Occident ».

 

La dette publique des États-Unis passe de 37,612 % du PIB, en 1999, à 64,032 % du PIB, en 2008. La dette publique américaine a presque doublé en neuf années. La dette publique du Royaume-Uni passe de 43, 62 % du PIB, en 1999, à 55,651 % du PIB, en 2008. La dette publique de la France de 58,869 % du PIB, en 1999, à 64,901 % du PIB, en 2008. La dette publique de l’Allemagne de 39,15 % du PIB, en 1999, à 41,987 % du PIB, en 2008. La dette publique du Japon de 93,328 % du PIB, en 1999, à 139,798 % du PIB, en 2008. Seul l’Allemagne échappe à cette hausse incroyable de la dette des gouvernements centraux des États occidentaux. Sa dette publique a augmenté de 2,837 % du PIB, durant ces 9 années, comparativement aux augmentations de 26,42 % du PIB et 46,47 % du PIB pour respectivement les dettes publiques des États-Unis et du Japon. Soit respectivement neuf fois et seize fois plus pour ces deux pays par rapport à la dette publique allemande. (2)

 

Alors que les réserves de change accumulées par les pays émergents et exportateurs de pétrole ont explosé entre la fin des années 1990 et l’année de la crise financière, en 2008. Les chiffres donnés par la Banque mondiale pour ces pays sont éloquents. En 2008, les réserves de change de la Chine passent de 161,414 milliards de dollars, en 1999, à 1966 milliards de dollars. Les réserves de changes de la Fédération de Russie passent de 12,325 milliards de dollars, en 1999, à 478,822 milliards de dollars, en 2007. En 2008, elles diminuent avec la crise financière, et s’établissent à 426,279 milliards de dollars. Les réserves de change de l’Arabie Saoudite passent de 18,321 milliards de dollars, en 1999, à 451,279 milliards de dollars, en 2008. Les réserves de change de l’Inde passent de 36,005 milliards de dollars, en 1999, à 257,423 milliards de dollars, en 2008. Les réserves de change du Brésil passent de 36,342 milliards de dollars, en 1999, à 193,783 milliards de dollars, en 2008. Les réserves de change de l’Afrique du Sud passent de 7,497 milliards de dollars, en 1999, à 34,07 milliards de dollars, en 2008. Les réserves de change de l’Algérie passent de 6,146 milliards de dollars, en 1999, à 148,099 milliards de dollars, en 2008. (3)
 

Que constatons-nous ? En une décennie, entre 1999 et 2008, les réserves de change ont été multipliées pour la Chine par 12, pour la Fédération de Russie par 34, pour l’Arabie Saoudite par 24, pour l’Inde par 7, pour le Brésil par 5, pour l’Afrique du Sud par 4,5 et pour l’Algérie par 24.

 

Regardons maintenant l’évolution de la dette publique des pays occidentaux de 2008 à 2014. La dette publique des États-Unis passe de 64,032 % du PIB, en 2008, à 97,108 % du PIB, en 2014. La dette publique du Royaume-Uni passe de 55,651 % du PIB, en 2008, à 108,605 % du PIB. La dette publique de la France passe de 64,901 % du PIB, en 2008, à 97,666 % du PIB, en 2014. La dette publique de l’Allemagne passe de 41,987 % du PIB, en 2008, à 53,533 % du PIB. La dette publique du Japon de 139,798 % du PIB, en 2008, à 193,433 % du PIB. (2)

 

Regardons maintenant l’évolution des réserves de change des pays émergents et exportateurs de pétrole pour la même période. En 2014, les réserves de change de la Chine passent de 1966 milliards de dollars, en 2008, à 3900 milliards de dollars. Les réserves de changes de la Fédération de Russie passent de 478,822 milliards de dollars, en 2008, à 386,216 milliards de dollars, en 2014. Il faut rappeler pour la Russie que les réserves de change s’élevaient en 2012, à 537,816 milliards de dollars. La diminution de ses réserves de change est liée essentiellement à la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, les sanctions occidentales qui ont suivi et les attaques spéculatives sur le rouble ont fait fondre fortement les réserves de change de la Russie. Les réserves de change de l’Inde passent de 257,423 milliards de dollars, en 2008, à 325,081 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change du Brésil passent de 193,783 milliards de dollars, en 2008, à 363,57 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l’Afrique du Sud passent de 34,07 milliards de dollars, en 2008, à 49,122 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l’Arabie Saoudite passent de 451,279 milliards de dollars, en 2008, à 744,441 milliards de dollars, en 2014. Les réserves de change de l’Algérie passent de 148,099 milliards de dollars, en 2008, à 186,351 milliards de dollars, en 2014. En 2013, les réserves de change ont plafonné à 201,437 milliards de dollars. (3)

 

Que donnent, entre 2008 et 2014, les évolutions des dettes publiques occidentales et l’accumulation des réserves de change par les pays émergents et exportateurs de pétrole ? En 6 ans, les dettes publiques occidentales ont augmenté respectivement de 51,65 %pour les États-Unis (par rapport à leur niveau de 2008), 95,15 % pour le Royaume-Uni, 50,48 % pour la France, 27,49 % pour l’Allemagne et 38,36 % pour le Japon.

 

Quant aux réserves de change, pour la même période, elles ont augmenté en 2014, par rapport à leur niveau de 2008, respectivement de 98,3 % pour la Chine, 26,2 % pour l’Inde, 87,6 % pour le Brésil, 44,1 % pour l’Afrique du Sud, 64,9 % pour l’Arabie Saoudite, 25,8 % pour l’Algérie (36 % en 2013). Pour les réserves de change de la Russie, elles ont augmenté de 12,3 % en 2012, par rapport à leur niveau de 2008. Pour des raisons énoncées supra, elles ont diminué ensuite de 19,3 %, en 2014, par rapport à leur niveau de 2008.
 

  1. L’endettement de l’Occident, « moteur » de la croissance mondiale. Une externalité positive historique pour le progrès du monde ?

  Que peut-on dire de cette situation qui étonne à plus d’un titre ? Tout d’abord les évolutions des dettes publiques et l’accumulation des réserves de change sont corrélées entre elles. D’un côté, un « endettement drastique » pour l’Occident, de l’autre, une « accumulation drastique de réserves de change » pour les pays émergents et exportateurs de pétrole. Cette évolution n’a été possible que grâce à la crise financière de 2008 qui a amené les Banques centrales à mener des politiques monétaires fortement expansives, d’un nouveau type, les « politiques monétaires non conventionnelles », ou « quantitative easing ». Ironie de l’histoire, cette crise et les mesures prises qu’elle a provoquées pour redresser l’économie occidentale ont encore endetté l’Occident et favorisé les économies du reste du monde, en excédents commerciaux, et donc en réserves de change.

Cette inversion d’agrégats macroéconomiques corrélés à l’échelle mondiale n’est pas venue ex nihilo, i.e. du néant, mais s’est enchaînée et a produit ce processus. Donc elle relève de causes historiques précises, dans le sens que les Banques centrales occidentales étaient astreintes de mener des politiques monétaires ultra-expansives, durant ces 6 années qui a suivi la crise financière, pour sauver leurs systèmes bancaires et leurs économies. « Il devait être ainsi.  » De même, les pays émergents et exportateurs de pétrole ont beaucoup profité de ces politiques ultra-expansives, «  il devait aussi être ainsi. » Dès lors peut-on dire que les politiques monétaires non conventionnelles étaient impératives pour les Banques centrales. Il n’y avait pas d’alternative. La politiques monétaire conventionnelle, i.e. l’utilisation du taux d’intérêt directeur, les opérations open-market et la fixation des réserves obligatoires, arrivée à ses limites – le taux d’intérêt d’intérieur au plancher, près de zéro – n’apportait pas de solution à la crise.

 

Donc, pour débloquer la situation de crise, le seul moyen qui restait aux Banques centrales état de passer au financement au non-conventionnel. Ce qui en clair signifiait que les Banques centrales, en tant que prêteur en dernier ressort, devaient recapitaliser leurs banques par des rachats de titres publics et privés, y compris des créances «  toxiques ». Ce financement non conventionnel, en allégeant les bilans des banques et rétablissant la confiance entre elles, et fort du soutien de leurs États, amènera de nouveau les banques occidentales publiques et privées à financer leurs économies.

 

Ce processus nécessaire relevant de l’histoire, n’a pu être possible que parce que de nombreux pays du reste du monde ont réussi leur envol industriel et manufacturier. Grâce au faible coût de leur main d’œuvre, faut-il le spécifier, qui leur a permis de bénéficier des délocalisations massives d’entreprises occidentales. L’Occident, en délocalisant, visait à rentabiliser ces entreprises par des joint-ventures... ou tout simplement par leurs ventes (au lieu de les fermer). Et à gagner de nouveaux marchés. Donc, un processus historique naturel qui explique l’endettement occidental et l’enrichissement du reste du monde.

Si, dans les années 1980, c’était le reste du monde qui était lourdement endetté, suite à la hausse des taux d’intérêt de la Fed américaine suivi des autres Banques centrales d’Europe et d’Asie (Japon), et aujourd’hui, c’est l’Occident, bien qu’il soit détenteur et émetteur des monnaies internationales, se retrouve, à son tour, endetté, cela ne doit pas étonner. Pour la simple raison, est que dans les années 1970 et même une partie des années 1980, le reste du monde était le « moteur de la croissance » pour l’Occident, et pour le monde. Il faut se rappeler les crises monétaires au début des années 1970, qui opposaient les États-Unis à l’Europe, et il a fallu mettre fin au dollar-or, le 15 août 1971. Les guerres monétaires intra-occidentales, à cette époque, et l’inflation qui a suivi n’a pu être absorbée que grâce au reste du monde qui s’est fortement financé auprès des banques occidentales et, par ce financement, a dopé, par ses importations massives, l’industrie occidentale. Et donc a fortement atténué la crise économique multiforme qui a suivi après la fin du système monétaire de Bretton Woods de 1944, bâti autour du dollar-or, et remplacé par le « pétrodollar », un privilège discrétionnaire exorbitant qui demeure efficient jusqu’à aujourd’hui, depuis les crises pétrolière de 1973.

 

Nous connaissons la suite pour le reste du monde. L’endettement massif depuis que les Banques centrales occidentales ont relevé leur taux d’intérêt directeur. C’est le reste du monde qui en a pâti par l’endettement et les crises économiques, politiques et sociales à répétition.

Que l’inflation ait perdu de ses effets depuis les années 198 0, et que les pays du reste du monde, subissant de plans d’ajustement sur ajustement, ont pour une bonne partie d’entre eux fini, à force de persévérance dans l’ajustement structurel « piloté par l’Occident » via le FMI, par émerger et devenir comme leurs prédécesseurs – les dragons et tigres asiatiques –, des « Émergents », reste que le processus de rattrapage est tout à fait naturel. Que la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Vietnam... soient devenus aussi des pays émergents, ce processus ne peut s’arrêter à eux. Il est appelé à s’étendre, à gagner d’autres pays. C’est une loi de la Nature, de l’histoire. Comme les peuples colonisés ont fini par gagner leur indépendance. Et avant eux les peuples d’Europe libérés du servage. Le même processus est en train d’agir sur le plan économique, tout en maintenant les peuples liés par les échanges économiques.

 

Aussi se comprend pourquoi les déséquilibres mondiaux étaient nécessaires, par conséquent, l’endettement occidental est une « Nécessité ». C’est grâce à ces déséquilibres que deux grands pays, à forte démographie, la Chine particulièrement et l’Inde, ont émergé.

 

Même s’il a une part importante dans la production de richesses dans le monde, l’Occident, perdant de compétitivité, ne produit pas assez parce que les biens et services trop chers se placent difficilement sur les marchés mondiaux. Et cette insuffisance est compensée par la consommation de produits qu’il importe du reste du monde. Devenant un importateur net en produits industriels et manufacturiers, en énergie fossile et matières premières, cette situation l’a transformé en « moteur de la croissance » pour le reste du monde, et du monde entier puisqu’il a tiré et tire une forte part de la croissance mondiale. D’autre part, pouvait-il faire autrement ? Adam Smith a énoncé la « main invisible ». En effet, l’Occident a cherché comme tout un chacun normal à ne penser qu’à son intérêt, sans savoir que cet intérêt allait jouer positivement pour le reste du monde. Dès lors qu’il en est ainsi, ignorant inconsciemment d’être le moteur de l’écosystème mondial, il s’est forcément intégré, par ses propres politiques économiques, financières et monétaires, en « externalité positive » pour le monde. Et c’est là où se trouve l’intérêt d’un Occident à la fois « dominateur » et « dominé » par ses propres forces, bien que déclinant – qui relève d’une dynamique historique vers plus de progrès –, à œuvrer inconsciemment au devenir du monde.
 

  1. L’importance des réserves de change dans la stabilité des pays ne disposant pas de monnaies nationales mondiales. La Grèce, sauvée par l’euro, une monnaie mondiale

 Dès lors, de ce qui précède, les déséquilibres mondiaux s’avèrent nécessaires pour la marche de l’économie mondiale. Sinon comment, sans ces déséquilibres, et, par conséquent, sans des réserves de change, les pays émergents et exportateurs de pétrole qui ne disposent pas de monnaies nationales mondiales seules ayant cours dans les transactions internationales, pourront financer leurs économies et être intégrés dans le commerce mondial. Comment leurs économies pourront croître s’ils ne disposent pas suffisamment de réserves de change qui leur permettent une auto-assurance pour une période donnée, qui se comptent en mois et jours d’importations.

Ces réserves de change permettent à ces pays de financer leurs comptes courants, en cas de contraction de leur commerce extérieur. Donc d’affronter des situations économiques difficiles. Du moins pour un temps donné. Prenons, par, exemple, les réserves de change du Maroc. Dans une analyse d’un média marocain, on lit : «  L'Indicateur (niveau des réserves de change) est suivi de près puisqu’il constitue une auto-assurance. Le stock de réserves internationales équivaudrait à 7 mois et 6 jours d’importations cette année, selon les prévisions de Bank-Al-Maghrib. La banque centrale prévoit la poursuite de la consolidation du matelas de devises en 2017 pour atteindre 7 mois et 20 jours.  » (4) Ce qui signifie que le Maroc est assuré, pour la période suscitée, de couvrir les importations de biens et services pour répondre aux besoins de l’économie. Passé ce délai, si les réserves de change diminuent fortement, les rentrées de devises de leur côté baissent, la balance commerciale se détériore, la situation économique du Maroc deviendrait précaire, et aura des répercussions sur la stabilité du pays.

 

Pour l’Algérie, les indications donnés par l’aps.dz, « Selon ses prévisions, le matelas de devises devrait s'établir à 85,2 mds usd à fin 2018, soit l'équivalent de 18,8 mois d'importations, et à 79,7 mds usd en 2019 (18,4 mois d'importations) avant d'atteindre 76,2 mds usd en 2020 (17,8 mois d'importations). » (5) Même analyse. Si les réserves de change diminuent fortement par une baisse prolongée des prix du pétrole, la balance commerciale se détériore, la même situation précaire peut survenir, avec des répercussions sur la stabilité du pays.

 

Alors que pour les pays occidentaux, en tant que détenteur et émetteur de monnaies internationales, ce problème ne se pose pas. On comprend pourquoi l’Union européenne des Dix-Neuf, grâce à la monnaie unique, l’euro, deuxième monnaie mondiale, la protège des graves crises économiques que vivent les pays du reste du monde. Les pays faibles économiquement certes peuvent tomber dans de graves crises économiques comme fut le cas de la Grèce qui a souffert le plus parmi les pays d’Europe du Sud. Cependant ces pays ont assurés d’être soutenus financièrement et économiquement même s’ils sont soumis à des ajustements éprouvants.

 

Dans une analyse, l’économiste Nouriel Roubini avait recommandé la sortie de la Grèce pour sauver l’Europe monétaire (zone euro). « NEW YORK – La tragédie grecque de l’euro en est au dernier acte : il semble évident que le risque est élevé que la Grèce cesse d’honorer sa dette cette année ou l’an prochain en même temps qu’elle quitte la zone euro. [...]Le fait de remettre la sortie de zone après l’élection de juin d’un nouveau gouvernement en faveur d’une variante des mêmes politiques inopérantes (l’austérité amplificatrice de récession et les réformes structurelles) ne fera pas revenir la croissance et la compétitivité. La Grèce est prisonnière d’un cercle vicieux d’insolvabilité, de perte de compétitivité, de déficits externes et d’une dépression qui prend de plus en plus d’ampleur. La seule façon de sortir de cette crise consiste d’instaurer un processus ordonné de sortie de zone et de défaut de paiement, coordonné et financé par la Banque centrale européenne, l’Union européenne et le Fonds monétaire international (la « Troïka »), et qui réduira au minimum les dégâts collatéraux pour la Grèce et le reste de la zone euro. [...]

 

Ceux qui prétendent que la sortie de la Grèce contaminera les autres pays sont aussi en déni. Les autres pays périphériques sont déjà confrontés à des problèmes à la grecque de viabilité et d’érosion de compétitivité. Le Portugal, par exemple, devra éventuellement restructurer sa dette et abandonner l’euro. Les économies en manque de liquidités, mais éventuellement solvables, comme l’Italie et l’Espagne, auront besoin de l’appui de l’Europe peu importe si la Grèce quitte ou non ; en fait, sans cet apport en liquidité, il est fort probable qu’une chute de la valeur de la dette publique italienne et espagnole se déclenche par elle-même.  » (6)

 

PEUT-ON ACCEPTER LE RAISONNEMENT DE L’ÉCONOMISTE AMÉRICAIN ? Si on regarde les données de la Banque mondiale, la balance des paiements courants de la Grèce est passé de - 28,583 milliards de dollars d’euros en 2011 à - 6,183 milliards d’euros en 2012. En même temps, la dette publique de la Grèce a augmenté mécaniquement, passant de 111,113 % du PIB en 2011 à 165,478 % du PIB en 2012.Quant aux réserves de change (Réserves comprenant l’or, $ US courants) qui devaient financer les déficits courants, ils étaient de 6,743 milliards de dollars en 2011. Comment la Grèce pourrait-elle financer les déficits courants de 2011 qui s’élevaient à - 28,583 milliards de dollars en 2011, avec des réserves de change 4 fois et demi plus faibles ?

 

D’autant plus que la Grèce a déjà bénéficié d’un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros, en 2010. Malgré les réformes drastiques extrêmement éprouvantes pour la population, la Grèce a encore bénéficié d’un deuxième plan d’aide en 2012. « Le deuxième plan d'aide est scellé le 27 octobre 2011. Il combine des prêts supplémentaires de 130 milliards d'euros, l'effacement d'une partie de la dette des banques privées (107 milliards sur 206 milliards d'euros) et leur recapitalisation. Ce plan, approuvé en mars 2012 avec une échéance prévue fin 2014, avait été prolongé jusqu'au 30 juin 2015, après la victoire de la gauche radicale (Syriza), aux élections législatives de janvier. » (7) Les réserves de change au lieu de baisser en 2012 compte tenu du fort déficit de la balance courante ont au contraire augmenté, elles s’élèvent à 7,255 milliards de dollars, en 2012. C’est évidemment grâce au plan d’aide de l’Union européenne.

 

Si la Grèce était sortie de la zone euro, la situation aurait été catastrophique. Les réserves de change auraient fondu, ce qui reste se compterait non en milliards de dollars mais en millions de dollars, non en mois d’importation mais en jour d’importation. Les étals des marchés seraient vides, les produits de première nécessité seraient distribués par les forces armées. Le paiement des fonctionnaires serait aléatoire. Une guerre civile guetterait ce pays. Ce serait alors courir le risque d’une junte militaire qui reviendrait, seul moyen pour ramener la paix. Il n’y aurait pas de solution, le sort de la Grèce ne serait point différent des autres pays en voie de développement.

 

Par conséquent, la situation de la Grèce en Europe, malgré toutes les souffrances de la population grecque (diminution des salaires, des retraites, du niveau de vie, hausse des prix, du chômage, exil d’une partie de la jeunesse, des élites), est bien meilleure que ne le sont les situations des pays en voie de développement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Quant au pronostic de Nouriel Roubini, il a raison de dire que la Grèce doit sortir de la zone euro, et il n’est pas le seul économiste occidental à le dire. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’il raisonne en « américain », en « occidental ». Mais s’il raisonnait en «  occidental » mais en prenant en compte les non-nantis de la mondialisation, i.e. les pays pauvres d’Afrique, les pays faiblement développés, et ils concernent des continents entiers, Roubini n’aurait jamais émis cette idée – une sortie la Grèce de la zone euro serait inconcevable.

 

En effet, en pareille « situation de banqueroute », comment la Grèce, si elle venait à sortir, pourrait s’en sortir économiquement ? Le premier problème qui va se poser est sa monnaie, la « drachme ». Sur quoi va s’adosser la drachme grecque ? L’ancrage de la drachme sur un panier de monnaies internationales constituerait un problème majeur pour la Grèce et pour les institutions financières et monétaires de la zone euro. La Grèce, en sortant de la zone euro, obligera la BCE et éventuellement le FMI à la soutenir financièrement. L’octroi de liquidités à la Grèce serait nécessaire pour permettre à la Banque centrale grecque de disposer de réserves de change pour émettre des drachmes. Sans le soutien de la zone euro, le retour à la drachme est impossible. Le pays étant insolvable, de surcroît surendetté, aucun pays ne s’aviserait de lui prêter. Aucune chance pour la Grèce de rembourser tant les créanciers qui lui ont prêté attendent de retrouver leurs capitaux. Donc la sortie de la Grèce de l’euro non seulement n’aura pas de sens, mais elle est quasiment impossible.

 

En supposant même une sortie de la Grèce, la faiblesse de l’économie grecque en situation de crise serait telle qu’elle obligerait les institutions européennes et occidentales, i.e. américaine... à la sauver parce qu’elle fait partie de l’Occident. Son exemple, au contraire, poussera les autres pays de la zone euro à faire corps autour de l’euro, donc plus de cohésion. Et c’est la raison pour laquelle le soutien de la Grèce en interne est bien plus avantageux qu’en externe. La Grèce ne pourrait sortir de la zone euro que si la fin de la zone euro est décrétée, ce qui est impossible en regard de la nouvelle configuration du monde.

 

Le cas de la Grèce n’a été mentionné que pour souligner l’extrême importance des réserves de change dans l’équilibre macroéconomique d’un pays. Elles jouent un rôle primordial dans le financement des déficits courants, i.e. avec l’extérieur. Elles soutiennent la monnaie nationale, elles soutiennent les dépenses publiques. C’est le niveau des réserves de change et les anticipations sur le commerce extérieur futur qui permet de poser les projections des gouvernements en matière de préparation et d’élaboration des lois de finance pour chaque exercice annuel. Tout en n’oubliant pas le service de la dette publique qui doit être prélevé, chaque année, des réserves de change. Plus la dette extérieure d’un État croît plus le service de la dette pèse sur les réserves de change, la balance des paiements et le budget de l’État.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective

www.sens-du-monde.com

 

Les parties 1, 2, 3, 4, 5 peuvent être consultées sur les sites : https://www.agoravox.fr/tribune-libre et
www.lequotidien-oran.com/

Notes :

1. « Le mystère de l’inflation manquante », par Nouriel Roubini. Le 13 septembre 2017
https://www.project-syndicate.org/commentary/monetary-policy-missing-inflation-by-nouriel-roubini-2017-09/french

2.Dette du gouvernement central, total (% du PIB), par la Banque mondiale
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=US
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=XC
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=GB
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GC.DOD.TOTL.GD.ZS?locations=JP

3. Total des réserves (comprend l’or, $ US courants), par la Banque mondiale
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=CN
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=RU
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=SA
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=IN
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=BR
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=ZA
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FI.RES.TOTL.CD?locations=DZ

4. « Analyse Réserves de changes Comment le matelas s’est reconstitué », par L’ECONOMISTE.com. Le 14 novembre 2016
http://www.leconomiste.com/article/1004845-reserves-de-changes

5. « Les réserves de change à 102,4 milliards de dollars à fin septembre 2017 », Par APS/Algérie. Le 12 novembre 2017
http://www.aps.dz/economie/65453-les-reserves-de-change-a-102-4-milliards-de-dollars-a-fin-septembre-2017

6. « La Grèce doit quitter », par Nouriel Roubini. Project Syndicate. Le 17 mai 2012
https://www.project-syndicate.org/commentary/greece-must-exit/french

7. « L'article à lire pour comprendre comment la Grèce en est arrivée là », par France Info. Le 9 juillet 2015
https://www.francetvinfo.fr/monde/grece/l-article-a-lire-pour-comprendre-comment-la-grece-en-est-arrivee-la_988001.html

 


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15 réactions à cet article    


  • Diogène diogène 15 décembre 2017 17:53

    Et la corruption dans tout ça ? C’est entre les lignes ?


    • Hamed 15 décembre 2017 20:02

      @diogène

      Très juste. Mais cette analyse prend les données macroéconomiques globales dans le monde. Elle montre les déséquilibres mondiaux entre l’Occident et le reste du du monde. Le problème n’est pas dans la corruption, qui existe partout « visible » ou « invisible » mais dans le décalage de la compétitivité entre les pays avancés notoirement connus et les pays émergents, notamment la Chine qui a rompu l’équilibre nord-sud.

      La question qui se pose est comment l’Occident s’en sortira et évidemment quel sera l’impact de la stratégie occidentale sur ce problème pour les pays hors-Occident.

      Voilà, diogène, les vrais enjeux à venir. Surtout qu’il y a un risque d’explosion à venir. Celle-ci sera-t-elle salvatrice pour l’humanité ? Ou destructrice ? Ou les deux ?

      Merci pour le commentaire



    • Laulau Laulau 15 décembre 2017 18:35

      Un article qui ne parle que de monnaie, mais l’économie ça n’est QUE la monnaie ! Et puis alors, bonjour la pédagogie, aucune démonstration aucun fil conducteur et tout ça pour nous dire que l’Euro a sauvé la Grèce ! Sauvée de quoi ? De la misère ? De la vente de ses terres, de ses immeubles, de ses musées de ses aéroports, de ses ports ?
      Si l’on prend un peu de recul, on constate quoi ? Que les banques centrales ont crée une masse formidable de monnaie dont elle arrose les banques et autres organisations financières, lesquelles transforme cette monnaie en capital en achetant la planète et les états en leur soutirant des milliards et des milliards d’intérêts sur leur soit disant dettes.Une arnaque mondiale !


      • Hamed 15 décembre 2017 21:15

        @Laulau

        Oui, de la misère, Laulau, un passage obligé. « De la vente de ses terres, de ses immeubles, de ses musées de ses aéroports, de ses ports ? », là vous exagérez. Certes une partie du port de Pirée est exploitée par la Chine en lien avec la société grecque (achat de parts de la société) mais pas les deux terminaux qui restent propriété de la Grèce, + la main d’œuvre est en grande partie grecque. Citez-moi ses terres, ses immeubles, ses musées, ses aéroports qui ont été vendues.

        Quant à ce que vous dîtes : « Que les banques centrales ont crée une masse formidable de monnaie dont elle arrose les banques et autres organisations financières, lesquelles transforme cette monnaie en capital en achetant la planète et les états en leur soutirant des milliards et des milliards d’intérêts sur leur soit disant dettes. Une arnaque mondiale ! »

         

        Là je suis d’accord à moitié avec vous. Entièrement d’accord pour « l’arnaque mondiale ! » « Mais qui est « arnaquée ? » Ce n’est pas l’Occident, c’est le reste du monde qui est arnaquée, i.e. la Chine, la Russie, le Brésil... les pays exportateurs de pétrole arabes et ceux de l’OPEP. Une arnaque qui en fait n’est pas une arnaque mais la roue de l’histoire qui tourne. Et que d’une manière magistrale l’ont exploitée les Banquiers centraux américains, anglais, zone euro, Japon. Donc il faut dire merci à Janet Yellen, la présidente de la Fed, à Mario Draghi, président de la BCE, Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, Haruhiko Kuroda, gouverneur de la Banque du Japon. 


        Cela paraît invraisemblable, mais c’est ainsi, et c’est grâce essentiellement à la place des monnaies occidentales dans les échanges commerciaux internationaux et à la finance mondiale dominée par l’Occident, en particulier les deux grands États-Unis et Zone euro.

         Merci pour le commentaire 


      • Laulau Laulau 16 décembre 2017 10:48

        @Hamed

        Citez-moi ses terres, ses immeubles, ses musées, ses aéroports qui ont été vendues.

        Entre autres exemples :

        "Mais crise grecque aidant, cette fois-ci, le petit pays du Golfe n’a eu qu’à débourser trois « modestes » millions d’euros pour acquérir sept îles. Moins de 500 000 euros l’unité, soit le même prix qu’un appartement haut de gamme à Paris. Un investissement d’émir ou de bon père de famille...

        Récemment encore, c’est le footballeur Cristiano Ronaldo qui a offert une île à son agent pour son mariage, comme d’autres lui auraient offert une montre de prix. "

        https://francais.rt.com/international/5207-ruee-iles-grecques-qatar


      • Hamed 16 décembre 2017 12:39

        @Laulau

        Le petit pays du Golfe dont vous parlez « qui n’a eu qu’à débourser trois « modestes » millions d’euros pour acquérir sept îles. Moins de 500 000 euros l’unité, soit le même prix qu’un appartement haut de gamme à Paris. Un investissement d’émir ou de bon père de famille... » est un pays créé par l’Occident. Donc tout ce que fait le Qatar est dicté d’en haut, de la puissance occidentale. Un pays qui compte 400 000 âmes ? 

        De même, le footballeur Cristiano Ronaldo qui a offert une île à son agent pour son mariage, est-il un exemple d’une nation qui achète les terres d’une autre nation. Le footballeur certes a offert une île qui reste toujours partie du territoire grec.

        Quand vous achetez un lot de terrain dans la région parisienne, est-ce que ce lot de terrain change de nationalité ?

        Merci pour le commentaire


      • Laulau Laulau 16 décembre 2017 15:04

        @Hamed
        " est un pays créé par l’Occident.« 
        Et qu’est-ce que ça change ? Vous avez une propension, dangereuse à diviser le monde en occident et ... quoi au juste ? Il s’agit de la lutte des puissances d’argent et ceux qui n’ont que leur travail comme source de revenu, pas d’une lutte entre orient et occident, sud contre nord ou que sais-je encore.

         »Quand vous achetez un lot de terrain dans la région parisienne, est-ce que ce lot de terrain change de nationalité ?"

        Même reproche, il ne s’agit pas de nationalité mais d’un gavé d’argent qui s’approprie une île pour être seul à en jouir. L’île fait partie du territoire grec mais les grecs ne peuvent y aborder sauf pour être les serviteurs du roitelet local.

        Vous êtes à coté du problème !


      • Hamed 17 décembre 2017 14:24

        @Laulau


        Merci Laulau pour votre réponse.

         

        C’est vrai ce que vous dîtes. « Vous avez une propension, dangereuse à diviser le monde en occident et ... quoi au juste ?  » Mais il ne faut pas se boucher ses yeux, Laulau. Le monde initialement était réellement diviser en deux. L’Occident riche, et le reste du monde pauvre. Ce deux s’est transformé en trois. L’« Occident riche qui s’appauvrit », un reste du monde en train de devenir un « reste du monde qui s’enrichit » ou le « nouveau Occident riche » et cherche à damer le pion au « vrai Occident riche qui s’appauvrit » et enfin, le reste du monde tout court qui est resté « reste du monde tout court », avec ses migrants qui cherchent, au péril de leur vie, regagner l’eldorado, l’« Occident riche ».

         

        Et je ne crois pas me tromper sauf que les peuples de l’Occident riche sont conscients de cette transformation mais ne peuvent rien faire pour lutter contre cette transformation du monde, d’autant plus qu’ils sont ballotés par les puissances de l’argent. Donc la prise de conscience du monde ne changera rien à leur destin. Dans un monde occidental très policé et très normé, ils n’ont pour latitude que de voir, de chercher à comprendre comment lutter contre la puissance de l’argent qui les soumet et en même temps comment rétablir l’équilibre de leur existence écartelée entre ces deux forces contraires, qui sont leur servitude au grand capital et leur aspiration d’hommes libres, d’hommes qui comptent pour leur destin.

         

        Les peuples du « reste du monde qui s’enrichit », il n’y a rien sauf « marcher ou crève ». Leurs régimes politiques sont tellement policés que ces peuples n’ont aucune lucarne d’espoir pour leur existence. Ils sont conditionnés et malgré Internet. Il n’y a qu’une force contraire qui existe, leur servitude au régime.

         

        Quant au reste du monde tout court, il n’y a rien, un vague espoir où même la servitude ne compte pas, ils sont livrés à la mer de l’existence, à la mer d’une souffrance sans nom qui est d’être. Et pourquoi être ? Ce qui relève des « Voies insondables du Seigneur ». Donc où est le danger « d’appeler un chat un chat » ?

         

        Vous êtes Laulau asservi au Capital mondial, tout comme moi avec cependant ce « seulement être ». Alors, j’essaie de me soustraire de ces trois catégories et entrer dans ma propre catégorie qui est de comprendre sans barrière, et arriver s’il m’est possible au « statut d’être moi, jeté dans l’étant sans être jeté. » Difficile néanmoins à y arriver.

        Pour ce qui d’achat de lot de terrain ou d’une île grecque par un étranger, l’acheteur est tenu de payer les impôts, et est soumis au contrôle de l’État. Et même cette propriété peut lui être retirée pour raison d’Etat. Donc Ronaldo peut demain être dédommagé au prix de l’État si celui-ci veut l’ériger par exemple en base militaire.

         

        Quant au Qatar, on n’a point besoin de discourir sur des États-miniatures, et sous la protection armée occidentale, dont l’objectif stratégique est la protection des gisements de pétrole que ce territoire contient.

         

        Voilà Laulau. J’espère t’avoir éclairé par la vérité que la vérité qui malheureusement n’est pas aimée. J’apprécie néanmoins votre commentaire parce qu’il soulève des questions de fond.


      • Hamed 17 décembre 2017 14:33

        @Laulau

         J’ajoute que ma réponse est aussi philosophique pour la simple raison qu’elle matérialise très bien les faits des hommes et des peuples dans leur développement dans l’histoire.


      • Kapimo Kapimo 16 décembre 2017 10:36

        De ce que je comprend de cet article, il apparait :
        1) qu’il est indispensable pour un pays de pouvoir assurer la continuite de ses importations vitales en disposant de réserves de changes (possession de monnaie de référence)
        2) que la plupart des pays émergents ont assuré ces réserves en développant des savoir-faire précedemment détenus par l’occident.
        3) que l’occident a abandonné ses savoir-faires, et a simplement profité de son monopole sur les monnaies de références pour imprimer à tout va de la monnaie, en s’endettant en parallèle, et pour devenir le moteur de l’economie mondiale par la consommation
        4) qu’un pays comme la Grèce ne pourrait s’en sortir seul

        Il y a une chose que je ne comprend pas dans cet article : comment l’emission de monnaie par les banques centrale occidentales genere-t-elle du déficit pour les états occidentaux (les deux entités sont séparées) ? Il me semble que cette dette des états est surtout due à la disparition des savoir-faire et des industries qui vont avec, ainsi qu’à la prise en charge par les états de pertes énormes et illégitimes des établissements financiers.

        Par ailleurs, il est évident que l’affaiblissement des économies occidentales (disparition des savoir-faires) va avoir pour conséquence de rendre à terme leurs monnaies inopérantes. Une fois la confiance en ces monnaies perdues, elles seront remplacées par les monnaies d’économies plus dynamiques et moins endettées (Russie, Chine etc). L’occident n’aura alors plus que ses yeux pour pleurer, et devra repartir sans entreprises productrices et sans monnaie.....
        A terme, seule l’économie réelle finit par compter, car c’est sur elle que se batit la confiance en une monnaie (meme s’il y a aussi des facteurs impérialistes de type militaire).

        Les pays de la zone euro (à part l’Allemagne qui en profite pour se renforcer) sont comme des joueurs perdant au casino : ils préfèrent continuer à jouer, plutot que prendre la décision d’accepter de prendre leurs pertes et de repartir sur des bases douloureuses mais réelles. C’est à mon avis tout aussi valable pour la Grèce.


        • Hamed 16 décembre 2017 12:13

          @Kapimo

          Votre raisonnement se tient. Sauf que :

          1) Ce qui s’est passé entre l’Occident et les pays émergents a été un « processus historique naturel ». L’Occident devenu trop riche et en même temps une main d’œuvre trop chère ne pouvait pas rivaliser avec une production des Émergents qui disposaient d’une main d’œuvre peu coûteuse. Le savoir-faire précédemment détenu par l’Occident a émigré vers ces pays y compris une partie de l’industrie occidentale. Pour celle-ci, il était plus rentable de délocaliser et profiter du partage des bénéfices que de fermer et démanteler l’infrastructure.

          2) Il n’y a pas eu d’abandon, mais une nécessité économique pour les deux. Sans l’Occident, les pays émergents n’auraient pu se développer, et sans les pays émergents, l’Occident n’aurait pu produire massivement, il aurait fermé une grande partie des usines. C’est ce qui s’est passé dans les années 1930, le reste du monde colonisé, l’Occident était bloqué. Il ne pouvait pas exporter, ce qui a entraîné un chômage de masse. Il n’y avait pas d’« absorbeurs de richesses ».

          3) La Grèce. Si elle avait pu s’en sortir seule, elle serait certainement de la zone euro, au lieu de subir des réformes drastiques, un chômage de masse, des baisses de salaires, de retraites, et une paupérisation qui n’en finit pas.

          4) Il est « vital  » pour les pays émergents et du reste du monde hors-Occident de détenir des monnaies occidentales, i.e. des réserves de change. Sans celles-ci, ils ne sont pas solvables et ne peuvent importer des biens et services pour leurs économies et aussi les intrants pour produire et exporter. Donc sans ces devises, ces pays sont pour ainsi dire « morts ».

          5) « Comment l’émission de monnaie par les banques centrale occidentales génère-t-elle du déficit pour les états occidentaux (les deux entités sont séparées) ? Il me semble que cette dette des états est surtout due à la disparition des savoir-faire et des industries qui vont avec, ainsi qu’à la prise en charge par les états de pertes énormes et illégitimes des établissements financiers. »

          Le lien est évident entre les délocalisations, la perte de compétitivité et l’endettement occidental, ceci dit d’une manière globale. D’autant plus que l’endettement des pays occidentaux permet aux pays du reste du monde de disposer des réserves de change pour vivre et commercer. Donc l’Occident est tenu de s’endetter sinon l’équilibre mondial est rompu.

          6) Cependant l’endettement de l’Occident ne doit pas entraîner un « cercle vicieux » où ce sont les pays émergents qui en profitent. Après avoir acheté la dette occidentale pour pousser les pays européens et les États-Unis et le reste de l’Occident à importer leur production, les pays émergents mettent en demeure l’Occident de continuer à s’endetter tout en absorbant leur production, au point d’en devenir financièrement dépendants du reste du monde. Dès lors, l’Occident va se trouver « prisonnier » dans ses émissions monétaires, et viendra le moment où l’Occident sera sommé de vendre ses ports, ses aéroports, ses autoroutes, etc. Et ce processus ne peut pas marcher. L’équilibre mondial sera rompu – une colonisation par la finance est impossible pour les grandes puissances, d’un côté ou dans l’autre.

          7) « Par ailleurs, il est évident que l’affaiblissement des économies occidentales (disparition des savoir-faires) va avoir pour conséquence de rendre à terme leurs monnaies inopérantes. Une fois la confiance en ces monnaies perdues, elles seront remplacées par les monnaies d’économies plus dynamiques et moins endettées (Russie, Chine etc). L’occident n’aura alors plus que ses yeux pour pleurer, et devra repartir sans entreprises productrices et sans monnaie.....
          A terme, seule l’économie réelle finit par compter, car c’est sur elle que se batit la confiance en une monnaie (meme s’il y a aussi des facteurs impérialistes de type militaire).
           »

          Non, la disparition du savoir-faire n’implique pas à terme leurs monnaies inopérantes. Bien, au contraire, ce sont leurs monnaies qui font marcher le monde. La confiance sur les monnaies occidentales ne sera jamais perdue. C’est comme si vous dîtes, les pays occidentaux perdront leur indépendance. La monnaie est, si l’on peut dire, un des archétype de la souveraineté d’une nation. Non l’Occident constitue encore une grande partie du monde sur tous les plans. Sauf que le monde change et qu’il doit s’adapter aux nouveaux changements.

          8) « Les pays de la zone euro (à part l’Allemagne qui en profite pour se renforcer) sont comme des joueurs perdant au casino : ils préfèrent continuer à jouer, plutôt que prendre la décision d’accepter de prendre leurs pertes et de repartir sur des bases douloureuses mais réelles. C’est à mon avis tout aussi valable pour la Grèce. »

          Non ! Les pays de la zone euro ne sont pas des joueurs perdants au casino mondial. Ils ne préfèrent pas continuer à jouer. Ils jouent malgré eux le rôle qui leur est imparti par l’Histoire du monde comme le font aussi les pays émergents et le reste du monde. Il y a une « musique mondiale » qui se joue dans le monde, et le « chef d’orchestre  » est l’Histoire qui se FAIT – les Nécessités du progrès du monde.

          Quant à prendre la décision qui s’impose pour repartir sur des bases douloureuses et réelles, ce que vous pensez, ils l’on pensé et l’ont déjà prises depuis 2008, voilà bientôt 10 ans. Et d’ailleurs, on le constate, aujourd’hui, l’Occident est en train de se redresser. Le chemin certes est long. Mais il est en train de se faire.

          Merci pour le commentaire


        • Kapimo Kapimo 16 décembre 2017 14:40

          @Hamed
          Il y a un certain nombre d’affirmations dans votre message dont je n’arrive pas à trouver la justification.

          Vous affirmez :

          "La Grèce. Si elle avait pu s’en sortir seule, elle serait certainement de la zone euro, au lieu de subir des réformes drastiques, un chômage de masse, des baisses de salaires, de retraites, et une paupérisation qui n’en finit pas« 
          Peut-etre que les politiques n’ont pas osé du fait des pressions subies, notamment en tant que membre de l’OTAN. La situation est toujours catastrophique, comme vous le décrivez, aussi sur quelles bases est-il possible d’affirmer que la Grece n’irait pas mieux aujourd’hui si elle était sorti en 2011 ?

           »Dès lors, l’Occident va se trouver « prisonnier » dans ses émissions monétaires, et viendra le moment où l’Occident sera sommé de vendre ses ports, ses aéroports, ses autoroutes, etc. Et ce processus ne peut pas marcher. L’équilibre mondial sera rompu – une colonisation par la finance est impossible pour les grandes puissances, d’un côté ou dans l’autre. « 
          En quoi ce processus ne peut-il pas marcher ? La Russie n’a-t-elle pas été colonisée par la finance dans les années 90 ? La chine au 19eme siècle ?

           »Non ! Les pays de la zone euro ne sont pas des joueurs perdants au casino mondial. Ils ne préfèrent pas continuer à jouer. Ils jouent malgré eux le rôle qui leur est imparti par l’Histoire du monde comme le font aussi les pays émergents et le reste du monde. Il y a une « musique mondiale » qui se joue dans le monde, et le « chef d’orchestre » est l’Histoire qui se FAIT – les Nécessités du progrès du monde."
          Le déterminisme que vous invoquez n’est pas rationnellement fondé. Il y a bien des décisions qui sont prises par des décideurs, à commencer par les classes politiques nationales qui se sont soumise à l’UE, à l’euro, et qui ont décidé d’accompagner les délocalisations et de se soumettre au souhait des multinationales, et par les directeurs des banques centrales qui ont fait le choix du QE.


        • Hamed 16 décembre 2017 21:46

          @Kapimo

          Pour la Grèce, ce n’est pas l’OTAN qui est important pour elle en situation de crise. C’est sortir de la crise économique et financière, c’est payer les millions de fonctionnaires, de retraités, de continuer à soutenir les entreprises privées, le tourisme, l’agriculture, les hôpitaux, etc. Et cela demande de l’argent et beaucoup d’argent. La Grèce fortement endettée, et toutes ses ressources sont absorbées ou presque par le service de la dette, qui va lui prêter si elle est sortie de la zone euro, et retourner à sa monnaie, la drachme. Quelle garantie offre-t-elle pour rembourser ? Rien. Vendre ses îles ? Qui va les acheter et à quel prix ? Une île, il faut une police pour la défendre, etc. Et en supposant qu’elle ait vendue des îles, la Grèce est-elle compétitive ? Pourra-t-elle rembourser ?

          Cependant sortir de la zone euro relève de sa décision. Elle peut sortir et « Dévaluer sa monnaie ». Cela peut se faire, mais il lui faut d’autres emprunts pour faire fonctionner l’institut d’émission de la monnaie grecque. Sinon elle ne pourra rien émettre. Donc des emprunts extérieurs, et qui va lui prêter ? Personne. Il n’y a pas de garantie de remboursement. Et les banques ne veulent pas perdre de l’argent.

          Cependant, elle peut émettre des drachmes qui seraient tout au plus des assignats de la Révolution française ou des marks de l’Allemagne de 1923 (diminutif de papiermark). Pour payer une baguette de pain, il faut des milliards de marks.

          C’est ce qui serait passé si la Grèce est sortie de la zone euro en 2011. En restant dans la zone euro, elle s’est certes appauvrie, mais elle a tenu le cap. Son économie se redresse progressivement.

          Vous dîtes : « En quoi ce processus ne peut-il pas marcher ? La Russie n’a-t-elle pas été colonisée par la finance dans les années 90 ? La chine au 19eme siècle » Non, la Russie n’a pas été colonisée par la finance dans les années 90. Elle était en crise économique et financière. Ses réserves de change ont fondu. Elle était très endettée précisément parce que ses réserves ont fondu, et sa balance commerciale et courante restant toujours déficitaire qui ne faisait qu’augmenter son endettement. Puis c’est le clash de l’économie soviétique. La Banque centrale de l’URSS a commencé à émettre des liquidités adossées sur rien. Résultat, le pain qui coûtait 5 roubles, par exemple, a flambé. Une inflation à 2000%. Les magasins étaient pratiquement vides. L’URSS importait difficilement les produits de première nécessité. Il fallait accepter les conditions d’aides occidentales, i.e. les programmes structurels. On connaît la suite. L’URSS a cessé d’exister en 1991.

          « Le déterminisme que vous invoquez n’est pas rationnellement fondé. Il y a bien des décisions qui sont prises par des décideurs, à commencer par les classes politiques nationales qui se sont soumise à l’UE, à l’euro, et qui ont décidé d’accompagner les délocalisations et de se soumettre au souhait des multinationales, et par les directeurs des banques centrales qui ont fait le choix du QE.  »

          Entièrement d’accord avec vous. Cependant le déterminisme est ce qui nous meut naturellement. Par exemple, vous avez de l’argent dans une banque, et vous entendez des bruits sur elle, la première des choses que vous allez faire est d’aller retirer votre argent, sinon vous risquez de le perdre. Et tous les déposants font la même chose. A la fin, la banque fait faillite. Si vous êtes parmi les premiers à retirer vos avoirs, tant mieux pour vous, mais au fur et à mesure que les liquidités manquent, la banque a de moins en moins d’argent, elle diminue le montant des remboursements. Puis c’est la fin, le dépôt de bilan. Plus de retraits, les clients attendent la liquidation. Et en zone euro, si un déposant a 900 000 euros, le montant plafond auquel il a droit est de 100 000 euros, du Fond de garantie des banques. Il attendra encore un délai pour percevoir ce montant entre une dizaine de jours et 3 mois. Et il perdra définitivement 800 000 euros.

          Et ce processus relève du déterminisme, i.e. un processus de cause à effet.

          De la même façon, les décideurs des classes politiques nationales, lorsque il voit par exemple, le Japon, en crise délocaliser massivement en Corée du Sud, en Chine, et qu’il arrive à tirer des dividendes de ces transferts d’entreprises et gagne en nouveaux débouchés, et que ces pays commencent à peser sur le commerce mondial, les autres pays, par exemple européens, qui perdent des marchés, vont aussi imiter le premier. C’est comme une banque qui fait craindre une faillite. Et puis c’est le rush, tout le monde délocalise en Chine, en Inde, etc. Chaque pays développé ne veut pas rester à l’écart parce qu’il risque de perdre de plus en plus de parts de marchés, et donc devenir un importateur net, Et cela est mauvais pour sa balance commerciale et courante. Et donc cette situation dépasse tout le monde et ni les multinationales ni les directeurs de banques centrales ne peuvent s’opposer à ce cours de développement du monde. Et c’est là où l’euro entre, il ne se délocalise pas. Il faudrait beaucoup beaucoup beaucoup de temps pour le reste du monde pour arriver à avoir une monnaie unique qui sous-entend un groupement de pays et des réformes, des réformes...

          J’espère avoir été clair. Merci pour le commentaire


        • Hamed 16 décembre 2017 22:11

          @Kapimo

          Une correction cependant du prix de la baguette en URSS en 1991 et les années qui ont suivi d’hyperinflation, la baguette de pain ne coûtait pas des milliards de roubles, une forme pour dire que les prix de première nécessité ont fortement flambé. La Russie après des années de crise s’est relevée ensuite. 

        • Kapimo Kapimo 16 décembre 2017 22:44

          @Hamed

          Je vous remercie pour votre article et vos réponses a mes commentaires.

          Vous avez me semble-t-il une vision du monde très conventionnelle, celle du TINA, de l’économisme  bancaire, dans laquelle toute forme de volontarisme politique est considérée comme vouée à l’échec face à la force des marchée, et dans laquelle l’état n’a finalement plus de rôle à jouer sur le plan économique.

          Vos explications ne me convainquent pas. Vous dites à propos de la Grèce que « Son économie se redresse progressivement. » Rien ne dit qu’elle ne se relèverait pas beaucoup plus rapidement si elle était sortie de l’euro (après effectivement une période de crise très  importante, probablement un défaut de paiement), par le tourisme et d’autres leviers.  Concernant la Russie, je parlais de la période d’après 1991, et avant 1999.

          D’autre part, quand vous dites « cette situation dépasse tout le monde et ni les multinationales ni les directeurs de banques centrales ne peuvent s’opposer à ce cours de développement du monde. », je pense que vous omettez les états, qui auraient tout loisir de limiter les mouvements de capitaux. Sachant par ailleurs qu’en termes de balance commerciale, les délocalisations, c’est ce qui se fait de pire…. Ce qui fait la force de l’Allemagne, c’est sa capacité à minimiser les délocalisations, et la perte de savoir-faire donc de souveraineté qui va avec.

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