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Peter Butzloff, le transhumanisme écolo et l’extension du domaine de la lutte

Vendredi 3 février 2017, le lycée californien où je travaillais jusqu'en juin de cette année invitait Peter R. Butzloff *1, un spécialiste des nanoparticules, pour une conférence suivie d’un dialogue avec les élèves.
Il était également invité pour une autre raison liée à un autre pan de son activité scientifique, moins mis en valeur : la promotion du transhumanisme. L'idée était de confronter les élèves de terminale à cette thématique et d'en discuter en classe de philosophie *2.

Pour préparer ces courts ateliers de débat en classe, il fit parvenir aux élèves, comme base de travail, un document de 14 pages, sa profession de foi, intitulée « Entrepreneuriat écologique grâce à la singularité technologique *3 », et précédemment publié en mars 2013 dans le European Journal of Business Research *4. En dehors de ce document, impossible de trouver quoi que ce soit d’autre sur ses travaux concernant le transhumanisme – sa présence sur internet est extrêmement discrète. Il se déplace pourtant à Washington D.C. afin de discuter de ses idées et de ses perspectives transhumanistes et de rencontrer des personnalités politiques pour imaginer un monde meilleur grâce à l'homme augmenté. Stephen Hawking fait partie de ses proches.

Peter Butzloff est ainsi de ceux qui rêvent de l'homme-machine immortel, en mesure de télécharger sa mémoire et sa conscience dans un ordinateur – le discours aujourd'hui bien connu du transhumanisme.
Plus qu’une croyance, il s’agit d’une idéologie avec ses principes fondateurs :

« La technologie est définie par McDowell comme “la poursuite de l’évolution par d'autres moyens indifférenciables des processus biologiques” (McDowell, 2010). Ce processus impliquera un certain degré de suicide de l’espèce humaine qui laisserait place aux multiples formes possibles de son remplacement technologique. »

Peter Butzloff, "Ecological entrepreneurship through the singularity".

L’originalité de Peter Butzloff vient de la prétention résolument écologiste de ses idées et de son discours, une sorte de transhumanisme vert pour « sauver la planète ». Il prétend ainsi que nous pourrons bientôt communiquer avec les animaux afin de les intégrer harmonieusement au marché.

Son texte est très richement documenté, il référence un large éventail de sources économiques et philosophiques, jusqu’à L’Apologie de Platon. Il remet volontiers en cause l’anthropocentrisme humain destructeur (ou imagine le faire) pour promouvoir ce qu’il prend pour un éco-centrisme bienveillant, bien qu’il parvienne à la conclusion suivante :

« Pour sauver ces animaux et ces écologies, ils doivent devenir exploitable (sic) de manière à être économiquement rentables. » 
Peter Butzloff, "Ecological entrepreneurship through the singularity".

Dénoncer le suprémacisme humain et préconiser ensuite que la nature se plie à la logique marchande de l'ultra-libéralisme ne semble pas constituer une contradiction à ses yeux. D’aucuns pourraient trouver ça étonnant. En réalité, ça ne l’est pas. Il est en effet commun chez les libéraux de considérer que le capitalisme et le libre marché sont aussi naturels que les écosystèmes planétaires eux-mêmes. 
Lors d'un échange avec lui, précédent la conférence, il me posa la question suivante :

« Ne serait-ce pas formidable si nous pouvions être connectés aux baleines, qui sont souvent blessées par les pales des hélices de gros bateaux, pour les prévenir des passages de navires, afin qu'elles puissent aller nager ailleurs en toute sécurité ? »

Je n’ai pas su quoi lui répondre. Notons surtout ici que dans son esprit, communiquer avec les baleines ne servirait surtout pas à les laisser tranquilles, à éviter de les déranger, mais au contraire à faire en sorte de les dégager des routes commerciales maritimes.
 
Toujours au nom de la « sauvegarde de la nature », il imagine que nous puissions nous connecter avec certains mammifères marins (dauphins, baleines) pour pouvoir les intégrer en tant que « travailleurs » à des systèmes d'aquaculture en mer ou des systèmes de pêche industrielle.
La machination capitaliste va donc ici plus loin, puisque les dauphins et baleines seraient « civilisés » et transformés en ouvriers aquacoles, dont la valeur viendrait désormais de la potentielle plus-value de leur travail.

« Si les humains doivent tirer leur nourriture des océans, des profits écologiques (sic) peuvent être mutuellement atteints en […] coopérant avec des dauphins déjà naturellement plus aptes à pratiquer l’élevage de poisson. »  
Peter Butzloff, "Ecological entrepreneurship through the singularity".

Butzloff imagine aussi l'intégration future de communautés de « Gamers » (ceux qui jouent aux jeux vidéo) à ces systèmes : en échange de points (donnant lieu ou non à une rémunération), ces derniers pourraient par exemple prendre le contrôle (cérébral) de coccinelles et les transformer en avatars capables d'aller éradiquer les pucerons.

« L’agriculture redeviendra une pratique décentralisée, avec plusieurs joueurs connectés qui gagneront de l’argent grâce à l’extermination des pucerons, des coléoptères ou des punaises de pomme de terre, par le contrôle et le guidage à distance d'un insecte, un oiseau ou un autre animal recruté en tant qu'avatar.
De nouvelles méthodes seront découvertes pour prendre le contrôle et partager la perspective d’une armée de drones, d'insectes cyborg, ou pour améliorer les capacités d'interaction avec des animaux instrumentalisés. Les “éco-joueurs” pourront orienter le destin d’une lointaine meute de loups ou d’une bataille entre des armées de fourmis belligérantes. »
Peter Butzloff, "Ecological entrepreneurship through the singularity".

Sa vision d'une marchandisation totale et d’un asservissement systématique du vivant jusque dans l'intimité des pensées de toutes les créatures terrestres et marines, sauvages comme domestiques, est défendue passionnément et annoncée sans pudeur lors de la conférence :

« La raison d’être de ce concept, en tant que business, […] c'est qu'il doit inclure tout le monde, et cela signifie qu'il ne doit pas se limiter à l'humanité. Lorsque nous arriveront à pénétrer l'esprit de ces animaux, il nous faudra considérer leurs affects, il nous faudra considérer leurs droits, ET pouvoir transformer cela en un profit.

[…] Vous pourrez créer une entreprise qui offrira bien plus que les prises de vue d'une caméra placée sur la tête d'un tigre – devenez le tigre ! Qu'est que cela fait d’être un tigre ? C'est le genre de truc qu'on pourra exploiter [to tap in, en anglais]. »
Peter Butzloff, Enregistrement audio de la conférence *5.

En dehors de la communication avec ou de la prise de contrôle des animaux et de leur transformation en appendices de smartphones, Peter Butzloff n'oublie pas ses frères humains.

Jamais à court d'idées originales, il propose la « location » des esprits et des corps comme moyen de réduire le trafic aérien et ainsi de contribuer à sauver la planète.

Imaginons par exemple un individu qui souhaiterait être présent dans un endroit à l'autre bout du monde : celui-ci pourrait louer le cerveau de quelqu'un qui s’y trouve déjà, via internet, et prendre le contrôle de ses sens et de ses facultés de communication. Des humains seraient ainsi employés, rémunérés pour être transformés en interface Skype.

Lors de cette courte conversation que j'ai eu la chance d'avoir avec lui, avant la conférence, je lui ai dit que les Amérindiens qui vivaient où nous sommes, dans la Californie actuelle, communiquaient déjà et vivaient en relative harmonie avec les communautés non-humaines locales ; avec les grizzlis californiens notamment qui étaient extrêmement nombreux, mais qui ont aujourd'hui disparus.

Il me répondit tout de suite : « Oui, c'est très intéressant, les Indiens avaient des technologies très sophistiquées pour communiquer avec les animaux... »
Je le coupais net pour lui demander s’il ne faisait pas référence à une « culture » plutôt qu’à une « technologie ». Il ne me répondit pas (probablement, j’ose espérer, parce qu’il a été pétrifié par un éclair de lucidité lui dévoilant pendant une fraction de seconde l'incohérence de son discours).

Après son exposé, les élèves de terminale eurent la possibilité de lui poser des questions. La toute première visait à savoir si le transhumanisme allait changer notre relation au genre et à la sexualité, et rendre les deux sexes obsolètes.
La réponse de Butzoff, en résumé : potentiellement, oui, bien sûr.
On peut le croire sans en douter une seule seconde, la clientèle étant déjà prête, stimulée par un marketing sociétal si disproportionné qu'on distingue clairement son véritable moteur : le marché.

« Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. »
Michel Houellebecq

Toutes les civilisations humaines ont ravagé le monde naturel (les cultures humaines qui vivaient en équilibre relatif avec la nature n’étaient pas des civilisations *6). La civilisation industrielle continue avec une vélocité exponentiellement croissante.
L'ironie de cette histoire et de constater qu'un scientifique tel que Peter Butzloff pense pouvoir réussir à inverser la tendance en étendant le domaine de la lutte à la totalité de la biosphère.
Dans le langage guerrier qu'il utilise abondamment (« extermination des pucerons », « armée de drones » ...etc) on peut déjà anticiper que cette extension du domaine de la lutte révélera très vite ce qu'elle a toujours été, c'est à dire une guerre.
Son discourt extrême et parfois grotesque ne devrait pas faire oublier que c'est le tort impardonnable de l’écologie politique aujourd'hui, et de ses piteuses tentatives de « développement durable ».
À l'heure ou des milliards de dollars sont investit dans la recherche transhumaniste par les plus grosses entreprises de la Silicon Valley, Peter Butzloff offre une démonstration par l'absurde qu'il faut rester bien vigilent envers la religion des « technologies high-tech pour sauver la planète », quelque-soient ses intentions.

Sébastien D. – décembre 2017.

Notes et références.
1 - Dr. Peter R. Butzloff est titulaire d'une maîtrise et d'un doctorat en Science des Matériaux, obtenus à l'Université du Texas. Détenteur de plusieurs brevets commerciaux dans le domaines des nanotubes de carbone et des polymères hybrides. Créateur et actuel président du « Honey Bee Research Institute » et de « Nature Center, Inc. » basés à Saint David, dans l'état du Maine, aux États-Unis. Peter Butzloff enseigne enfin comme professeur adjoint à l'Université du Maine.
2 - Il ne s'agissait pas d'une volonté affirmé du lycée de donner une tribune à ce discours si particulier, mais d'une occasion fortuite, Peter Butzloff étant un ami du professeur de science. Le but était de provoquer un débat philosophique sur le transhumanisme avec les élèves de terminale.
3 - « Ecological entrepreneurship through the singularity. » - Peter R. Butzloff, University of Maine, Orono, Maine, USA - https://app.box.com/s/242dlapo2yxyr71kyuf4d62hy2wks37m&quot ; (PDF à télécharger, 10 pages, anglais.)
4 - http://www.iabe.org/domains/IABE-DOI/accessIABE.aspx?DOI=EJBR-13-1.1
5 - Petit passage audio de la conférence, enregistré avec mon téléphone – mp3, 6 minutes. Citation à 3 minutes 14 sec.) https://app.box.com/s/9vvvf9l7mc6dihtef35vejlzszgj1yos)
6 - « Et si le problème, c’était la civilisation ? » : http://partage-le.com/2017/10/7993/


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17 réactions à cet article    


  • Pauline pas Bismutée 18 décembre 2017 14:33

    Le seul mérite de ce discours (la totale dominance d’une espèce - ‘augmentée’ en plus, augmentée de quoi serait à définir ! -, le « specisme » poussé à son paroxysme, l’apothéose du contrôle tous azimuts) sera, espérons, de réveiller ceux qui dorment à ce qu’on nous prépare ….

    “Est- ce que ce monde est sérieux ?”


    • Christian Labrune Christian Labrune 18 décembre 2017 23:07

      à l’auteur,

      Les questions qui tournent autour de ce qu’on appelle actuellement le transhumanisme sont beaucoup trop essentielles pour qu’on puisse les réduire à un discours aussi caricatural et ridiculement lacunaire que celui du conférencier que vous évoquez. Ou bien le type est idiot, ou bien vous travestissez ses propos de manière à les rendre détestables pour le lecteur ordinaire qui n’entend rien à toutes ces questions et préfèrerait n’y voir que des rêveries de cinglé qui aurait passé trop de temps à lire de la science-fiction.

      Quelque chose de très significatif : vous assimilez l’homme augmenté à un « homme-machine », et donc à ce qu’on aurait appelé, dans la science-fiction des années 50, un robot, c’est-à-dire une machine fort complexe, certes, mais ne jouissant ni de la conscience propre à l’homme ni de la liberté qui en découle. Or, l’homme augmenté, c’est par définition plus que l’homme naturel, et nous sommes déjà tous un peu augmentés grâce aux ordinateurs. Sans même avoir à quitter mon fauteuil, je peux avoir immédiatement par l’internet, comme s’il s’agissait de ma propre mémoire, des informations assez précises correspondant à n’importe quel domaine de la connaissance. Quand j’avais quinze ans dans ma ville de province, il n’y avait que quelques dizaines de milliers de volumes dans une bibliothèque municipale où on ne trouvait donc pas grand chose, laquelle de surcroît n’était ouverte que huit ou dix heures par jour, et pas tous les jours. S’il fallait désormais se passer des ordinateurs et des téléphones portables, on éprouverait à peu près le même sentiment que quelqu’un qui aurait subi une amputation de ses jambes ou de ses bras. On se sentirait terriblement diminué.

      Ce que les transhumanistes ne veulent pas voir, c’est qu’après l’IA faible viendra nécessairement l’IA forte. L’IA faible permet déjà à des systèmes d’être autonomes dans n’importe quel environnement inconnu qu’ils perçoivent et comprennent aussi bien et même mieux que nous (il existe déjà des prototypes de voitures sans chauffeur). L’IA forte, ce sera la conscience de la machine et la compréhension, par l’exploration de l’Internet qui est sa mémoire déjà constituée, de l’ensemble des questions auxquelles l’intelligence humaine est confrontée. Quand la machine en sera arrivée là, très certainement avant le milieu de ce siècle(*), l’homme ne pourra plus suivre parce que l’évolution naturelle d’un cerveau biologique exigerait des centaines de milliers d’années pour qu’on commence à apercevoir une amélioration significative de ses performances, alors qu’une machine intelligente pourra augmenter considérablement ses capacités en seulement quelques mois.

       Nous sommes donc déjà dans le transhumanisme, mais cela ne pourra pas durer bien longtemps. Dans un ou deux siècles, il n’y aura plus d’hommes sur cette petite planète, sauf dans des réserves assez comparables aux zoos actuels. Mais l’intelligence n’aura pas pour autant disparu. Elle aura simplement migré d’un support biologique mortel et peu performant vers des structures artificielles pour lesquelles les notions de vie et de mort n’auront plus aucun sens. L’intelligence de l’homme actuel, en comparaison, paraîtra à peu près aussi rudimentaire que peut aujourd’hui nous paraître primitive et insuffisante celle des pingouins.

      (*) Des gens fort sérieux pensent que l’apparition de la « singularité » devrait être possible avant 2030 !
       


      • pemile pemile 18 décembre 2017 23:21

        @Christian Labrune « c’est qu’après l’IA faible viendra nécessairement l’IA forte »

        Non, rien ne permet de l’affirmer.


      • Christian Labrune Christian Labrune 19 décembre 2017 18:52

        @pemile
        Le cerveau est un organe qui obéit aux lois de la physique, et la pensée n’est pas d’origine métaphysique. On peut donc en reproduire artificiellement le fonctionnement, même si c’est beaucoup plus difficile que de reproduire celui de beaucoup d’organes et déjà celui des muscles qui, demain, remplaceront les moteurs dans les prothèses. La puissance des premiers muscles artificiels créés en laboratoire est sans commune mesure avec celle des nôtres.

        L’alternative est la suivante :

        -Si l’homme ne parvient pas à reproduire artificiellement le mécanisme de la pensée, c’est que la pensée humaine est vraiment limitée ; ce sera un terrible échec et homo sapiens ne sera jamais capable de s’affranchir du déterminisme qui conditionne son espèce : il disparaîtra fatalement comme toutes les autres.

        -Si l’homme parvient à produire une intelligence artificielle aussi complexe que la sienne quoique sensiblement différente par bien des aspects, il sera dépassé irrémédiablement en quelques mois. Ce sera une grande réussite, mais assurément la dernière : il ne pourra plus prétendre organiser à sa guise la vie sur la planète, et la direction des choses lui échappera définitivement.

        Mais l’homme ne vaut que par son intelligence, tous les philosophes s’accordent là-dessus, et peu importe au fond que celle-ci, dans un siècle, émerge d’un substrat biologique ou de structures à base de silicium ou de n’importe quel autre matériau qui reste à découvrir.
         


      • pemile pemile 19 décembre 2017 20:40

        @Christian Labrune « La puissance des premiers muscles artificiels créés en laboratoire est sans commune mesure avec celle des nôtres »

        Vivement le coeur artificiel qui aura une durée de vie moyenne de 85 ans sans maintenance !

        "Si l’homme ne parvient pas à reproduire artificiellement le mécanisme de la pensée, c’est que la pensée humaine est vraiment limitée"

        Mais l’homme a déjà reproduit quelques artifices de pensée, un robot capable par exemple de sortir d’un labyrinthe, mais cela reste au niveau de pensée de l’insecte !


      • pemile pemile 19 décembre 2017 20:43

        @Christian Labrune « Mais l’homme ne vaut que par son intelligence »

        On peut aussi voir l’homme comme un grand singe dont la grande intelligence lui permet de faire de grandes bêtises !


      • pipiou 19 décembre 2017 21:35

        @pemile

        Le problème est que chez Labrune la pensée est un phénomène difficile à expliciter.
        Il pense donc il essuie les platres et autres « saletés ».


      • Christian Labrune Christian Labrune 19 décembre 2017 21:46

        On peut aussi voir l’homme comme un grand singe dont la grande intelligence lui permet de faire de grandes bêtises !

        @pemile
        Je ne vous le fais pas dire : Il suffit de regarder dix minutes des informations pour être immédiatement persuadé de la sottise humaine !

        La difficulté en informatique, ce n’est pas de résoudre des problèmes logiques très complexes : il n’y a déjà plus un seul champion qui puisse aux échecs ou au jeu de go tenir tête longtemps à des machines. La difficulté, c’est surtout d’analyser le réel, de pouvoir mettre des noms sur les objets qui sont « perçus », de savoir ce que sont les propriétés attachées aux noms de ces objets et d’en tenir compte. C’est cela que savent très bien faire les prototypes de voitures autonomes qui fonctionnent déjà. Elles doivent pouvoir circuler sur des routes qu’elles n’ont jamais « vues », dont l’aspect varie constamment, et où aucun système de guidage n’a jamais été installé. Elles doivent pouvoir apprendre par elle-mêmes, comme n’importe quel conducteur, et éviter toute erreur dans l’analyse des images fournies par les caméras.

        Je voyais ces derniers temps sur les premières tables des libraires où sont en général les best sellers que je n’achète jamais et que je n’ouvre même pas, un gros bouquin intitulé Homo deus et qui traite de ces questions. Ce que j’en entendais dire ce matin par un type assez intelligent que j’entends quelquefois à la radio me donnait à penser que ce n’était peut-être pas la vulgarisation bête et grossière que j’imaginais. Si ces questions vous intéressent, vous devriez jeter un coup d’oeil là-dessus.


      • pemile pemile 19 décembre 2017 23:50

        @Christian Labrune "Elles doivent pouvoir apprendre par elle-mêmes, comme n’importe quel conducteur, et éviter toute erreur dans l’analyse des images fournies par les caméras.« 

        Non, chaque voiture ne va pas apprendre par elle même, elles seront équipées d’une copie de cette pseudo IA et comme tout système informatique elles devront »installer« des mises à jours (veuillez patienter avant de démarrer, ou, veuillez vous arrêter au prochain parking, une mise à jour de sécurité doit être installée !)

         »gros bouquin intitulé Homo deus [...] vous devriez jeter un coup d’oeil là-dessus"

        J’ai vu qu’il avait un article AV sur le précédent bouquin d’Harari (Sapiens), d’après les commentaires que j’ai pu lire sur Homo deus, je pense que c’est plutôt vous qui allez être tenté.


      • Vladivostok 1919 Vladivostok 1919 20 décembre 2017 09:35

        @Christian Labrune Je n’ai rien travesti. Il vous suffit de consulter les documents mis à disposition, qui sont là pour éviter ce genre de questions. Butzloff ne fait que délirer suivant une philosophie/religion post-modern bien connue que des gens comme vous (d’après vis commentaires) appellent « science » en croyant que cela immunise contre toute critique. Le discour de Butzloff, n’est en plus pas très éloigné de ce que l’on peut entendre chez les dévots du transhumanisme, aux USA.


      • Christian Labrune Christian Labrune 20 décembre 2017 09:37

        Non, chaque voiture ne va pas apprendre par elle même, elles seront équipées d’une copie de cette pseudo IA et comme tout système informatique elles devront »installer« des mises à jours (veuillez patienter avant de démarrer, ou, veuillez vous arrêter au prochain parking, une mise à jour de sécurité doit être installée !)
        -------------------------------------------------------------------
        @pemile

        La séparation entre système et données est au principe même de l’informatique depuis le modèle de Von Neumann. Vous confondez IA et base de données. L’IA est une structure évolutive, pas un contenu. Ma box numéricable, de temps en temps, remet à jour son logiciel et aussi pas mal de données qui ont pu changer. Microsoft propose périodiquement des mises à jour de ses OS, mais tout cela n’a aucune espèce de rapport avec l’IA.

        Quand l’ensemble des conducteurs humains auront disparu comme ont pu disparaître en quelques années après 14-18 la plupart des voitures tirées par des chevaux dans Paris, l’échange d’informations entre les éléments mobiles du système se fera en temps réel et la mise à jour sera donc permanente, sans intervention humaine.

        La plupart des accidents, dans l’aviation civile, sont dus à des erreurs humaines. Typiquement, les pilotes ne comprennent pas la mise en route surprenante d’une procédure automatique. Ils préfèrent débrancher le système pour prendre les choses en main même si, depuis pas mal de temps, l’automatisme est censé devoir garder la priorité dans la plupart des cas. La même chose arrive dans les tours de contrôle, et c’est de cette manière-là que deux avions finissent par se percuter en plein vol ou s’écraser immédiatement après le décollage. Dans vingt ans, il n’y aura pas plus de pilotes dans les avions que de machinistes dans les rames du métro (c’est déjà le cas sur les lignes 1 et 14) ou les autobus : c’est trop dangereux.


      • Christian Labrune Christian Labrune 20 décembre 2017 10:16

        Butzloff ne fait que délirer suivant une philosophie/religion post-modern bien connue que des gens comme vous (d’après vos commentaires) appellent « science » en croyant que cela immunise contre toute critique.
        ----------------------------------------------------
        @Vladivostok 1919
        Qu’il y ait des gens qui délirent à partir de la notion d’IA, c’est plus qu’évident et ce n’est pas nouveau. Il est particulièrement idiot de faire croire en particulier qu’on puisse jamais transposer sur une mémoire informatique le contenu d’un cerveau humain pour faire que le bonhomme puisse en quelque manière survivre à sa décomposition cadavérique. L’IA, et même l’IA forte, ne ressemblera jamais à l’intelligence humaine, et déjà parce que les processus se déroulent dans des temporalités différentes. Il vous faudra plusieurs minutes pour me donner la racine carrée d’un nombre de cinq chiffres quand les machines actuelles sont capables de faire des millions de fois le même calcul en une seconde ou peuvent aussi bien, quasi instantanément, identifier un visage dans une foule de plusieurs milliers de personnes.

        Il y a cinq ans, je n’avais jamais recours à la traduction automatique dans Google : mon niveau d’anglais est lamentable, mais je comprenais mieux l’anglais que ce qui résultait de la traduction automatique. Ce n’est plus le cas. Quand j’ai besoin d’informations sur les micro-contrôleurs arduino, je fais traduire par Google. C’est souvent écrit dans un anglais aussi maladroit que le sont la plupart des interventions en français sur AgoraVox, mais c’est fort compréhensible et on ne pourrait même pas croire que ce qu’on lit, où il n’y a ni faute d’orhographe ni faute de syntaxe, puisse être le résultat d’une traduction. Faites l’expérience et comparez aux notices accompagnant les appareils « made in China » qui sont traduites par d’anciens systèmes, vous verrez qu’aucune comparaison n’est plus possible.

        Les algorithmes d’analyse des « big data », depuis cinq ans, ont permis ces progrès auxquels personne ne s’attendait. Or, toute la problématique de l’IA dépend précisément de la compréhension, par la machine, des langues naturelles. Il ne sera bientôt plus nécessaire de perdre son temps à apprendre des langues étrangères qu’on ne maîtrisera jamais parfaitement puisqu’il sera possible, n’importe où dans le monde, pourvu qu’on ait une tablette et un écouteur, de s’exprimer dans la langue de l’étranger. Il lira sur votre tablette et dans sa langue ce que vous venez de lui dire, et vous entendrez sa réponse dans votre écouteur. Il y a déjà un système Microsoft qui permet cela dans une cinquantaine de langues, dont le seul défaut est d’être encore un peu lent.

        Bref, l’informatique a changé beaucoup de choses depuis l’apparition des ordinateurs personnels dans les années 80, mais ces changements sont sans commune mesure avec ce dont on va être témoin dans les cinq prochaines années. Ceux qui refusent de voir la réalité ressemblent aux contemporains de Clément Ader qui, dans les années 1880 rigolaient de voir son avion à vapeur décoller sur dix mètres avant de s’écraser lamentablement. Pour croire qu’un appareil plus lourd que l’air pourrait un jour voler, il fallait de toute évidence être complètement cinglé !
         


      • pemile pemile 20 décembre 2017 14:21

        @Christian Labrune « Vous confondez IA et base de données. »

        Non, je connais un peu le deep learning utilisé pour mettre un peu « d’intelligence » dans les voitures autonomes, et vous ?

        « Dans vingt ans »

        Même Google reconnait que l’objectif de rendre les voitures autonomes plus sûres que les humains au volant dans toutes les situations peut prendre 3 ans comme 30 ans.

        Attendons le test que vient de lancer Volvo sur 100 familles volontaires sur 4 ans de leur modèle semi-autonome équipé d’un deep learning de 24.000 giga-flops ?


      • pemile pemile 20 décembre 2017 14:31

        @Christian Labrune « Or, toute la problématique de l’IA dépend précisément de la compréhension, par la machine, des langues naturelles »

        Non, c’est plutôt son absence d’expérimentation du réel, sans aide humaine une IA au commande d’une voiture autonome ne devinera pas qu’un sapin de noël posé au milieu de la route n’est pas ancré dans le sol par des racines.


      • Enabomber Enabomber 19 décembre 2017 09:53

        Ça pourrait être le résumé d’un bouquin de SF très médiocre, mais c’est un credo.
        Et cette religion se pare des attributs de la science, à la manière du mimétisme moléculaire des virus, ou de ces insectes qui se collent des feuilles sur le dos.
        Vorilhon, Hubbard, Kurzweil, même combat ou plutôt même business.


        • Pauline pas Bismutée 19 décembre 2017 12:19

          Effectivement, que se cache-t-il derrière les mots … augmenté, ça veut dire quoi ? Amélioré, réparé, dénaturé, trifouillé, ajouté, remplacé, connecté ? La tentation est grande de tout mettre dans le même sac … si j’ai un pacemaker ou des fausses dents, un bout de fémur en titanium ou une valve cardiaque mécanique, suis-je augmenté ?

          Si oui, autant continuer, et jusqu’où ? Sinon, on pourrait s’arrêter là, jusqu’à ce qu’au moins la majorité de la population de cette planète puisse bénéficier de ces « réparations » (dont les fameux ‘sans dents’ en France ..) Sans mentionner ceux qui crèvent de faim ou qui ne peuvent soigner une simple pneumonie, ça fait vraiment trop bisounours …

          D’autant plus que les garde fous (terme oh combien approprié) sont toujours en retard par rapport à ce qui nous tombe dessus (genre amiante ou Fukushima) ; problème intrinsèque a l’avancée scientifique, diront les fonce dedans. Et le principe de précaution ? L’imprévisible ? Comme le nuage de Tchernobyl ?

          Sans compter que ces « progrès » bénéficient d’abord à l’armée, et ensuite à ceux qui peuvent se les offrir… et déjà, bonjour les casse têtes (un couple de millionnaires tués dans un accident, leurs embryons congelés sont-ils les héritiers légitimes http://www.nytimes.com/1984/06/23/us/, article de 1984, cas plutôt anecdotique mais ça donne un aperçu)

          Quoique, a y bien réfléchir, entre intelligence artificielle et connerie naturelle …


          • Georges VALGEORGES Georges VALGEORGES 21 décembre 2017 18:10

            Une chose qui pourrait être particulièrement intéressante avec l’IA, serait de pouvoir poser un diagnostic absolument exact et impartial sur les pathologies psychiques de nos gouvernants. Cela, permettrait d’aider tous ces « braves gens », de les soigner et d’éviter de les élire.

            Après, l’IA pourrait permettre de sélectionner les meilleurs êtres humains (les plus altruistes, les plus honnêtes, les plus équilibrés, …) pour leur confier la direction du pays et/ou de la planète.

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