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Le respect à sens unique

Deux lascars indignes.

Il y a foule sur le pierré, les mariniers d’Orléans ont décidé de fêter Noël à leur manière marinière. Le Père Noël en personne va arriver en bateau. Les enfants sont nombreux autour du petit podium sur lequel le vieil homme est monté pour leur distribuer des bonbons. Un peu en retrait, un raconteur d’histoires anime la soirée, il a agrémenté l’attente de quelques contes et se lance dans un dernier récit.

Les enfants écoutent. La magie opère. Hélas, deux jeunes gens sont passés ici par hasard, Noël ne signifiant rien pour eux À leurs mines patibulaires, ils ne sont sans doute pas sensibles aux charmes de la célébration du moment. L’un a une casquette rouge vissée sur le crâne - le sourire a dû être optionnel à sa conception - il semble détester la terre entière. Son compère se dissimule presque totalement sous une capuche en fourrure. Seuls ses yeux lancent des éclairs, il est là pour en découdre et qu’importe si ici, ce ne sont que des enfants de deux à dix ans pour l’essentiel.

Ils s’approchent tous deux de l'animateur, placent à quelques centimètres de son visage un appareil photographique et hurlent leur mépris. Le conteur doit s’arrêter, il est devenu la cible de ces deux oisifs en mal de sensations fortes. L’homme au micro décide de faire part à la foule de ce petit incident, il annonce que deux êtres sans aucune éducation l’empêchent de poursuivre son histoire…

La foule reste indifférente, c’est là une habitude, ne jamais se sentir impliqué est la plus sûre manière de ne rien changer à ce monde qui ne cesse de déraper. Les deux escogriffes sont vexés comme des poux, ils s’éloignent parce que le conteur continue de les montrer du doigt et de la voix. Le Conte peut reprendre comme si de rien n’avait été. Non, ce n’est pas tout à fait le cas, les deux malandrins sont restés à l’écart, ils attendent leur heure !

L’animation s’achève, les enfants rentrent au chaud. Les mariniers et les équipes techniques de la ville rangent le matériel. Les deux désœuvrés sont toujours là, le regard fixé sur ceux qui leur ont manqué de respect. Oui, des gens sont venus entraver leur droit inaliénable de hurler dans la foule et de tirer le portrait de qui bon leur semble. Ils veulent désormais en découdre.

Le Bonimenteur va à leur rencontre, tente de leur expliquer que la fête était destinée aux enfants, que leur comportement et leur attitude étaient totalement déplacés. Il les vouvoie, parle calmement et les deux autres, à tour de rôle de répéter en boucle « Tu nous as manqué de respect ! » Ils n’ont rien d’autre à dire si ce n’est l’incontournable : « Je fais ce que je veux ! »

Leurs visages fermés et hostiles deviennent haineux et menaçants. Des mariniers s’approchent, remarquant un manège qui vire au vinaigre. Les deux freluquets sont nullement impressionnés par le nombre et la carrure de ces hommes d’âge mur. Ils les toisent, les agressent verbalement. Un marinier se prend d’envie d’en jeter un à la Loire. Même s’ils ne méritent pas autre chose, la solution semble quelque peu excessive.

Une heure durant, ils vont tourner autour du groupe, venir de ci de là rajouter un peu d’huile sur le feu tout en faisant peser sur la troupe ce regard de braise qui les brûle de l’intérieur. Ils n’ont peur de rien, ils sont incapables de saisir les arguments avancés. On leur a manqué de respect, il n’y a que ça à dire et seule l'algarade et sans doute les coups pourront laver l’affront.

C’est à désespérer de la société. Comment peut-on engendrer de tels phénomènes, des gamins qui haïssent la terre entière, des furieux qui se placent au-dessus des codes sociaux, des usages, des bonnes manières. Ils portent en eux l’effroi et la bêtise, la violence et la détestation de l’autre, de tous les autres y compris des jeunes enfants venus célébrer Noël.

L’animateur préfère s’en aller. Des mariniers viennent surveiller son départ. Les deux gredins ont fait chauffer leurs portables pour tenter d’organiser une opération punitive. Hélas, le conteur dispose d’un deux-roues, il part en empruntant des voies de traverses. Un petit guet-apens à cinquante contre un serait le final parfait à une soirée de Noël. Les deux odieux ne comprennent pas que si les hommes s’étaient mis leur portée, il y a longtemps qu’ils auraient été rossés. Ils n’en démordent pas, ils continuent de provoquer inlassablement. Pendant ce temps, nulle patrouille ni escouade policière, quand le temps est à l’orage, ceux qui montrent avec délectation leurs muscles et leurs tenues guerrières se font d’une immense discrétion. Ils ont sans doute raison, avec de tels personnages minables, il n’est rien à espérer de bon.

Détestablement leur.

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49 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 19 décembre 2017 11:45

    En 2009, je me suis retrouvée devant une classe de Pieds Nickelés futurs combattants du Djihad. J’me dis, ils vont me lyncher,....J’écoute le premier qui s’adresse à moi en chantant du Rap. J’ai pris la balle au bond. Je suis rentrée dans leur monde. C’est eux qui avaient quelque chose à m’apprendre. Je me suis même excusée parce que catapultée pédagogue, prof de français, je savais mon orthographe imparfaite. Bon, un jour l’un d’eux, très beau, mais au regard d’assassin s’est approchée de moi en faisant un geste très précis avec son ongle. Avec le recul, je l’en remercie.... C’était une expérience merveilleuse. Même si elle s’est terminée par une mise en retraite un peu prématurée,...Nous avons tous quelque chose à apprendre. Même de nos pires ennemis.

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