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Immoralité des Quantitative easing. Un pétrole à 120 dollars et plus, une guerre nucléaire potentielle entre les USA et la Corée Du Nord ?

 On avait dit en 2014 que « Le pétrole de schiste américain était un danger pour l’OPEP  ». Il était certes un danger pour l’OPEP parce que l’on a voulu le faire croire. De plus, l’oligarchie financière mondiale a tout misé sur Hillary Clinton. Mais elle a fait des faux calculs en pensant qu’elle serait la présidente des États-Unis. Mais voilà, l’Histoire a décidé autrement, elle a choisi Donald Trump qui, lui, va fausser les calculs des oligarques qui n’ont rien compris à l’histoire. D’autant plus qu’il est aidé par un événement imprévu auquel personne ne s’attendait. Des situations complexes telles qui font irruption et changent le cours de l’histoire. 
 

L’auteur

 

  1. Quel est le secret de la remontée du prix du pétrole aujourd’hui, si secret il y a ?

 

 Depuis la fin de la convertibilité du dollar en or, le 15 août 1971, par le président Nixon, et le krach pétrolier de 1973, le pétrole du Moyen-Orient est venu soutenir le dollar. En effet, en devenant la monnaie de facturation du pétrole, le « pétrodollar » a remplacé de manière discrétionnaire le dollar-or. Tous les pays importateurs de pétrole du monde sont tenus d’acheter des dollars sur les marchés monétaires pour régler leurs importations pétrolières. C’est ainsi que l’on peut dire que si les États-Unis n’avaient pas ce privilège exorbitant de créer des dollars à partir de rien, juste adossés à leurs déficits de leurs balances courantes et commerciales, et facturer le pétrole en dollar pour «  forcer les pays du reste du monde à acheter des dollars pour régler leurs importations pétrolières  », on ne voit pas « où ils trouveraient des États qui accepteraient leurs dollars, et les financeraient ainsi gratuitement.  »

 

Il est évident qu’aucun État n’accepterait de financer l’Amérique sauf évidemment s’il est protégé par une menace réelle par les États-Unis. Mais cela ne s’applique qu’à quelques États, par exemple, les États monarchiques du Golfe. De plus, il faut rappeler que les crises monétaires entre les États-Unis et l’Europe, en 1971, ont achoppé sur ce problème. L’Europe refusait des dollars issus de la planche à billet américaine, et exigeait de l’or. A cette époque, le dollar était encore convertible en or. Donc, sans le « pétrole », les États-Unis n’auraient pu injecter massivement des liquidités, et financer leurs déficits budgétaires et courants serait impossible, sinon « à déprécier leur monnaie sur les marchés monétaires. » Tous les investisseurs du monde fuiraient le dollar. Le dollar cesserait d’être une valeur-refuge. Les valeur-refuge seront les monnaies qui seraient plus stables telles l’euro, le yuan... aujourd’hui.

 

On comprend pourquoi les guerres en Syrie, en Irak, en Libye, les sanctions contre l’Iran... sur la donne pétrolière qui est vitale pour l’Amérique. Cependant, bien que le dollar reste toujours la monnaie de facturation des transactions pétrolières des pays d’Opep, l’endettement occidental a explosé. Il est dû essentiellement à la perte de compétitivité des pays occidentaux dans le commerce mondial face aux pays émergents, en particulier la Chine, et aussi aux dépenses de guerres occidentales menées tout azimut au Moyen-Orient, pour regagner la mainmise sur les gisements de pétrole perdus durant la guerre froide. Le déclin de l’URSS et ensuite sa chute en 1991 facilita la fuite en avant des États-Unis contre les États (Irak, Iran, Syrie) réfractaires à sa domination. 

 

Cette situation de guerre et de perte de compétitivité ont été à l’origine des crises économiques occidentales qui se sont succédé depuis la crise immobilière de 2007. La crise financière de 2008 et les quantitatives easing, i.e. les politiques monétaires non conventionnelles, ont joué un rôle majeur dans le sauvetage du système bancaire occidental et dans la relance de leurs économies. Enfin la crise pétrolière au deuxième semestre de 2014 qui a coïncidé avec la fin des quantitative easing américains a constitué un tournant de l’histoire.

 

De 2014 à 2016, la situation s’est assombrie pour le reste du monde. Les plus touchés furent les pays exportateurs de pétrole, la Russie, le Brésil... Pour contrer la décroissance économique, les pays d’Opep et la Russie se sont alliés pour faire redresser le prix du pétrole. Une première réunion à Alger (30 septembre 2016), une seconde à Vienne (30 novembre 2016). Le 10 décembre 2016, ils trouvent un accord pour réduire leur production. Les cours pétroliers ont effectivement remonté, le Brent passe de 44,68 dollars, le 8 novembre 2016, à 55,82 dollars, le 28 février 2017. Cependant, malgré les accords de quatorze pays d’OPEP et la Russie, les cours chutent de nouveau. Le Brent est à 45,08 dollars, le 22 juin 2017. (1)

 

Pourtant cette chute du prix du pétrole ne dure pas. Depuis le 31 août 2017, le cours du pétrole ne cesse de remonter. Une bonne nouvelle pour les pays exportateurs de pétrole. Le 31 juillet 2017, le prix du pétrole Brent qui était à 52,40 dollars passe aujourd’hui à près de 70 dollars. Que peut-on penser de cette remontée du pétrole ? Comment comprendre cette remontée inattendue du prix pétrole ? Alors que pendant trois ans, du deuxième semestre 2014 au premier semestre 2017, le prix du pétrole a tourné en moyenne autour de 50 dollars. Quel est le secret de cette remontée, si secret il y a ? Cette remontée est-elle appelée à se poursuivre ? Où n’est-elle que conjoncturelle ?

 

  1. Olivier Delamarche. Le paradoxe de la dette publique et des quantitative easing

 

 Il est important avant toute chose de comprendre les problèmes monétaires qui sont liées indirectement aux cours des prix pétroliers. Pour cela citons un entretien d’Olivier Delamarche rapporté dans une vidéo. Olivier Delamarche est un analyste financier connu en Europe et aux États-Unis. Il est président-fondateur de la société de gestion de portefeuille Platinium Gestion, et spécialisé en analyse macro-économique et gestion de portefeuille.

Ecoutons Olivier Delamarche :

 

« Un QE c’est quoi ? C’est tout simplement un QE version américaine, la Banque centrale, la Fed, qui fait marcher la planche à billet, créé de l’argent pour pouvoir acheter les Treasury américains qui sont émis par le gouvernement américain. Donc le gouvernement émet de la dette. Comme vous n’avez aujourd’hui plus personne pour acheter cette dette, avant il y avait des Chinois, des Japonais, des Européens, il y avait le monde entier qui venait acheter de la dette américaine. Aujourd’hui, les Chinois ont compris qu’on se foutait d’eux. Les Chinois ont arrêté, les Japonais sont moins agressifs sur les achats. Les Européens ont leurs affaires. Donc, aujourd’hui, il n’y a plus personne qui achète la dette américaine. Il fallait bien qu’il y ait quelqu’un qui le fasse. Et qui le fait c’est la Fed. Et donc, la Fed qui n’a pas de sous par définition, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle fait tourner la planche à billet. Et puis elle achète et pas tout à fait directement parce qu’en fait l’État américain émet des obligations, et les obligations sont rachetés par les primary dealers. Ce sont les principales banques américaines : Goldman Sachs, Morgan Stanley, etc. qui rachètent ces obligations et qui ont une espèce de contrat avec, si vous voulez, la Fed pour dire qu’on les rachète mais on vous les refile une semaine après, avec un petit bénéfice. Et donc la Fed récupère, par ce circuit, 70 à 80 % des émissions obligataires émises par le Trésor.

 

Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire tout simplement c’est les deux poches du même pantalon. C’est-à-dire que c’est le même organisme qui vend et qui achète. Donc ça veut dire quoi, ça veut dire que ça vous permet de maintenir les prix où vous voulez. Un marché, c’est quand vous avez plusieurs acheteurs et plusieurs vendeurs, et qui confrontent leur offre et leur demande. Là vous n’avez qu’un seul acheteur qui est la Fed. Donc c’est beaucoup plus facile pour maintenir les prix. Sauf que maintenant la Fed est devenue ce qu’on appelle une « bad bank » (traduit : une mauvaise banque). Puisqu’elle est bourrée d’obligations qui ne seront jamais remboursées. Donc voilà le principe du Quantitative asing. C’est j’émets l’obligation et l’autre qui rachète. En fait c’est une fuite en avant. C’est de l’impression monétaire qui ne fait que gonfler la dette, les États et donc de la population, et sans aucune limite. Alors, évidemment, on comprendra assez facilement que le quantitative easing si c’est émission dette et rachat par la Fed, l’argent par définition ne circule pas. Et comme il ne circule pas, vous ne pouvez pas voir de conséquences positives pour l’économie. Puisque ça ne rentre pas dans l’économie réelle. Et qui en bénéficie, c’est la finance en général, c’est-à-dire les banques. Goldman Sachs, Stanley Morgan et qui vont se placer sur des actifs financiers, c’est ça qui alimente la bulle financière. Que ce soit en termes immobiliers, en termes actions, en termes obligataires.

 

Donc, voilà. Ça bénéficie évidemment à ceux qui ont le plus d’épargne. Celui qui a que de la dette et qui a été viré de sa maison et à qui on a pris sa voiture et qui mange des food stamp aux États-Unis, lui que standard and poor's monte ou baisse de 20 %, ça ne le concerne pas trop. Quand vous faîtes des quantitative easing, vous faîtes de la dette, on est bien d’accord. Donc vous endettez les gens, à leur insu. L’État c’est quoi ? C’est nous, c’est vous. Donc quand l’État s’endette, on vous endette. On ne demande pas votre avis, mais on vous endette. Quand on fait du quantitative easing c’est bien de la dette. Donc c’est de la dette qui est souscrite par vous. Vous ne le savez pas, mais c’est quand même vous.

 

Ma fille, elle a onze ans, elle a compris un truc, je lui ai dit un jour Mr Bernanke (Président de la Banque centrale américaine du 1er février 2006 au 31 janvier 2014), il est en train de faire passer un billet de 20 euros de ta poche gauche à ta poche droite. Est-ce que tu as 20 euros de plus ? Elle m’a dit, mais tu es con papa. Tu sais, ma fille ça ne se dit pas, mais dans l’esprit, oui ! Sauf que Bernanke, il le croit. Il pense que passer de votre poche gauche à votre poche droite va faire quelque chose économiquement. Non ! Vous avez toujours 20 euros. Ça juste a changé de poche, mais c’est le même pantalon ! Ce n’est pas le pantalon du petit camarade d’à côté, c’est le vôtre ! Qu’est-ce que ça change ? Rien !

 

Il faut arrêter avec la dette. Parce que sinon vous tombez dans l’histoire japonaise. Vous allez vous retrouver avec 250 % de dettes. Sauf qu’on n’est pas japonais. Donc il va falloir qu’on cherche des financements à l’extérieur, et les financements à l’extérieur, les mecs ne sont pas fous. Si vous êtes à 250 % de dette, pourquoi est-ce que aujourd’hui les Japonais ne s’adresseraient pas aux investisseurs internationaux ? Tout simplement les mecs n’accepteraient jamais de leur prêter à 10 ans à 0,7 %. Ils ne sont pas fous. On a un pays qui a 250 % de dette, on ne va pas s’amuser à lui prêter de l’argent pour rien. On est sûr que l’on ne va pas récupérer notre pognon. Donc on va lui demander un taux d’intérêt bien plus élevé. Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous creusez le trou. Si les Japonais se retrouvent avec des taux d’intérêt à 5 %, 250 % de 5 %, ça fait combien ? 12,5 pensez qu’ils vont avoir 12,5 % de croissance ? Non, donc c’est plié ! Ça veut dire que on sera à 300 %, puis à 350 %, puis à 400 % (dette)jusqu’au jour où on aura créé tellement de billets que le yen pourrait aller... c’est du papier-toilette... pas autre chose. Donc il faut arrêter de penser qu’il n’y a jamais aucune conséquence à rien. Moi j’entends souvent l’Etat a cas..., il y a cas. Non il n’y a pas cas ! C’est vous l’État. » (2)

 

Si on écoute Olivier Delamarche et l’histoire du pantalon et de la dette japonaise, on peut lui donner raison, cependant dans un « sens seulement ». Il faut préciser que ce pantalon à deux poches dont il parle s’opère que si le système financier américain était clos. C’est aussi une façon de caricaturer le « processus de monétisation de la dette publique », qui peut s’appliquer à n’importe quel pays du reste du monde qui n’a pas les monnaies internationales. Ce qui n’est pas le cas des États-Unis, de l’Europe, du Japon et récemment la Chine qui a été intégré dans la cour des grandes puissances monétaires du monde. Et on ne doit pas perdre de vue que le dollar est la monnaie internationale la plus prisée du monde. 

 

  3. Quantitative easing : Comment 300 milliards de dollars de bons de Trésor passés de la poche 
    g auche à la poche droite du pantalon d’Olivier Delamarche ont fait 600 milliards de dollars ?

 

 Pour comprendre prenons deux pays. Un pays qui n’a pas de monnaie internationale, i.e. de réserve et un pays qui a une monnaie internationale. Étudions le premier cas et ensuite le deuxième. Pour le premier, prenons n’importe quel pays, l’Algérie, par exemple. Postulons que le Trésor public algérien émet des bons de Trésor qui sont des titres d’Emprunts. Tout acheteur d’un bon de Trésor se retrouve créancier de l’État. L'État s'engage alors à rembourser l'acheteur à une échéance déterminée, et à lui verser régulièrement des intérêts avant cette échéance. Et ces bons de Trésor sont achetés par les banques accréditées par le Trésor sur le marché primaire (interbancaire) et revendus sur le marché secondaire aux compagnies d’assurances, banques privées, entreprises et particuliers. Postulons un montant de 300 milliards de dinars pour une maturité de cinq ans. La totalité de ces bons vendus, le Trésor empoche donc 300 milliards de dinars. Il faut préciser que les achats de ces bons de Trésor ne sont réglés qu’en monnaie centrale, non en monnaie scripturale que créent les banques de second rang lorsqu’elles octroient des crédits. La différence entre une monnaie centrale et une monnaie scripturale est qu’une monnaie centrale est garantie par l’État, dans le sens qu’il ne fait pas faillite. Un billet de 1000 dinars restera toujours un billet de 1000 dinars. De même pour les autres billets. Par contre, une banque qui émet de la monnaie scripturale qui est la monnaie qui est inscrite dans les comptes bancaires, peut faire faillite. Se rappeler la faillite d’El Khalifa Bank, la liquidation de la banque et la garantie à hauteur de 600 000 dinars par compte par le Fonds de garantie des dépôts. Et les pertes considérables des clients qui avaient déposé des fonds dans cette banque bien plus supérieurs que le minimum remboursé.

 

Cette distinction faite, les entreprises, les particuliers, etc. règlent en espèces (billets de banques), donc de la monnaie centrale qu’émet l’institut d’émission de la Banque d’Algérie. Pour les banques privées qui ont des comptes auprès de la Banque d’Algérie, elles règlent en monnaie centrale. Leur compte est débité du même montant de la valeur des bons de Trésor achetés au profit du Trésor.

 

Postulons maintenant que 5 années sont passées, et le Trésor doit rembourser ses bons de trésor. Il arrive que, le prix du pétrole étant bas et la balance courante étant négative, l’État enregistre encore des déficits budgétaires qu’il n’arrive pas à financer. Le Gouvernement demande alors à la Banque centrale de rembourser ces emprunts arrivés à échéance. Que fera la Banque centrale ? Elle n’a pas de solution sinon à émettre des billets et de l’écriture comptable. En d’autres termes, elle créé de l’argent ou, dans les faits, elle fait marcher la « planche à billet ». Ainsi, elle crédite les banques agrées pour qu’elles remboursent les institutions non financières (entreprises, particuliers...) en espèces, et les institutions financières (banques, etc.), en écriture comptable – elle crédite leurs comptes qu’elles ont auprès d’elle par de la monnaie centrale électronique.

 

Au final, qu’a-t-elle fait la Banque d’Algérie ? Elle a monétisé la dette du Trésor. Elle n’avait pas d’autres moyens. En remboursant tous les acheteurs, la Banque centrale qui détient maintenant les 300 milliards de dollars devient la créancière du Trésor algérien. Et cette politique monétaire n’est d’ailleurs pas propre à l’Algérie. Tous les pays du monde, que ce soient la Russie, le Brésil, l’Inde, l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, etc., l’appliquent. Ce mécanisme est appelé une politique monétaire non conventionnelle. En réalité, ce mécanisme est courant lorsqu’un État a des difficultés financières pour boucler son budget. Dans ce cas précis, la caricature d’Olivier Delamarche du pantalon à deux poches s’applique. Le pantalon, c’est l’État, les deux poches sont ses institutions étatiques, i.e. le « Trésor public » et la « Banque centrale ». Et on a effectivement 300 milliards de dinars qui sortent d’une « poche » sous forme de bons de Trésor, en échange de liquidités qui ont permis au Trésor de payer ses fonctionnaires, etc. , et ces mêmes bons de Trésor qui rentrent à la deuxième « poche », qui est la Banque centrale. Et 20 euros ou 300 milliards de dinars qui, sortis d’une poche gauche et passent à la poche droite, restent toujours 20 euros ou 300 milliards de dinars. Olivier Delamarche a parfaitement raison. Évidemment, une monétisation de la dette publique entraîne une hausse de l’inflation, donc une augmentation des prix, une dépréciation du dinar sur les marchés monétaires. Une monétisation répétée finit par provoquer une crise économique et sociale grave.

 

Voyons maintenant un pays qui a une monnaie internationale, par exemple, les États-Unis, comme dans l’exemple donné par l’analyste. Postulons que le Trésor américain a émis des Treasury Bonds, T. Notes ou T. Bill (bons de Trésor de différentes maturités) sur le marché primaire pour un montant de 300 milliards de dollars. Les banques américains accréditées, i.e. les primary dealers ou en français les « spécialistes en valeurs du Trésor » (SVT), sont les grandes banques américaines : Goldman Sachs, Morgan Stanley, J. P. Morgan, Citigroup... Ces primary dealers achètent ces 300 milliards d’obligations auprès du Trésor américain par adjudication (au plus offrant). Après l’achat, ces banques qui ont chacune un compte auprès de la Fed, i.e. la Banque centrale américaine, voient leurs actifs en monnaie centrale diminuer et remplacer par des bons de Trésor qui sont aussi des actifs. Leurs comptes au final est équilibré, dans le sens que actifs et passifs n’ont pas changé, seule une partie des actifs a été remplacée par des bons de Trésor.

 

La première phase de l’émission des bons de Trésor américains est terminée. Le Trésor américain a empoché les 300 milliards de dollars qu’il peut utiliser pour payer, par exemple, les fonctionnaires, les dépenses d’utilité publique (rénovation des jardins, des hôpitaux, des politiques de production d’armements de guerre pour la Défense nationale...), etc.

 

Ces banques qui sont en quelque sorte des maisons de courtage sont habilitées à les commercer sur le marché secondaire au plus offrant. Postulons maintenant que ce sont la Chine, la Russie, l’Algérie, l’Arabie saoudite..., bref tous les pays émergents et exportateurs de pétrole qui achètent ces bons de Trésor américains, parce qu’ils sont très liquides et très recherchés. Ils servent de valeur-refuge pour les investisseurs. Après la vente de ces titres souverains, ces banques commerciales américaines voient leurs actifs de leurs comptes auprès de la Fed augmenter globalement de 300 milliards de dollars en monnaie centrale, et leurs passifs de même augmenter globalement du même montant. 

 

La deuxième phase de l’émission des bons de Trésor américains s’est terminée. Les banques commerciales américaines du primary dealers ont empoché globalement 300 milliards de dollars en monnaie centrale qu’ils peuvent utiliser pour l’achat d’actions en bourse, l’octroi de crédits à leur clientèle, l’investissement, etc. Aux passifs, sont inscrites les dettes que ces banques ont envers les pays émergents et exportateurs de pétrole.

 

Postulons que la Fed américaine ait procédé, grâce à la création monétaire ex nihilo (planche à billet), aux rachats de titres publics (bons de Trésor américains) et privés (créances hypothécaires) dans le cadre des quantitative easing. Postulons encore que parmi ces titres publics, figurent les 300 milliards de dettes que les banques américaines ont contracté auprès de la Chine, la Russie, l’Algérie... En d’autres termes, la Fed a acheté les passifs des banques agréées en stipulant cependant que le montant de ces 300 milliards de dollars qui leur a été versé sera un actif bloqué dans leurs comptes qu’elles ont auprès de la Banque centrale, et servira ultérieurement à rembourser les pays étrangers qui détiennent ces créances pour ce même montant.

 

Postulons qu’une crise pétrolière ait éclaté. Et c’est le cas, puisqu’au deuxième semestre 2014, les prix du pétrole ont chuté et cela dure encore aujourd’hui, bien que le prix commence à remonter. Devant les déficits commerciaux et budgétaires, ces pays n’ont eu d’autre choix que puiser dans leurs réserves de change, issus des excédents commerciaux accumulés d’avant la crise pétrolière. Et comme ces réserves de change pour la plupart des pays ont été investis dans les valeurs-refuge tel le dollar, l’euro..., en bons de Trésor américains, européens (États-Unis, Zone euro, Suisse...). Ces pays se trouvent forcés de présenter au fur et à mesure de leurs besoins leurs bons de Trésor au guichet de ces banques qui les remboursent immédiatement en monnaie centrale, grâce au 300 milliards de dollars créés par la Fed et bloqués dans les comptes des banques commerciales auprès de la Fed. Et supposons qu’à la fin, ces pays ont été remboursés totalement.

 

La troisième et dernière phase de l’émission des bons de Trésor américains s’est terminée. Le Trésor américain a empoché 300 milliards de dollars qu’il a dépensés en échange des bons de Trésor qu’il a émis. Les banques commerciales accréditées des primary dealers ont empoché également 300 milliards de dollars en monnaie centrale que la Chine, la Russie, l’Algérie, bref les pays émergents et exportateurs de pétrole leur ont versés. Ce qui fait 600 milliards de dollars. La Fed américaine a racheté les bons de Trésor en créant 300 milliards de dollars ex nihilo (basé sur rien). Les 300 milliards de dollars en bons de Trésor que détenaient les pays émergeants et exportateurs de pétrole ont été remboursés.

Résultat : « 300 milliards de dollars émis par la Fed ont permis 600 milliards de dépenses pour l’économie américaine. Et les 20 euros d’olivier Delamarche ou 300 milliards de dollars sont passés de la poche gauche (Trésor public) à la poche droite (Fed américaine) du pantalon (l’État), en faisant bien 40 euros ou 600 milliards pour l’économie américaine ». Et Mr Ben Bernanke, l’ex gouverneur de la Fed a raison, « 20 euros émis font bien 40 euros  ». Olivier Delamarche s’est trompé pour la simple raison qu’il n’a pas pris en compte la dynamique financière dans le contexte international. S’il l’avait fait, il n’aurait pas commis l’erreur. Mais il demeure que la caricature du pantalon à deux poches est une innovation très sérieuse de l’analyste parce qu’elle permet bien l’explication. Merci alors pour Olivier Delamarche, car, sans son aide, il m’aurait été difficile de le démontrer.

 

Et le processus des QE s’est opéré sans que le Trésor public ou les banques commerciales remboursent puisque c’est la Fed qui les détient ces bons de Trésor. Et il n’y a pas de créanciers sinon elle pour le Trésor américain. Comme la Fed et le Trésor américain sont des institutions de l’État, les bons de Trésor peuvent tout simplement être effacés si la Fed le désire. Deux autres points d’importance. Le premier, en remboursant les 300 milliards à la Chine, la Russie, l’Algérie..., les États-Unis ont vu leur dette extérieure diminuer de 300 milliards de dollars. Le second, ces liquidités massives injectées dans le système bancaire américain ont été paradoxalement déflationniste. Pourquoi ? Tout simplement, une grande partie des liquidités créées par la Fed pour le rachat des dettes des banques qu’elles avaient envers les créanciers étrangers était bloquée en vue du remboursement ultérieur des créanciers. Elle n’allait pas à l’économie réelle américaine. Ce qui explique le mystère de l’« inflation manquante » dans l’analyse de l’économiste américain Nouriel Roubini, et qui touche tous les États occidentaux. (5)

 

Ceci étant, ce prodige monétaro-financier n’a été obtenu que parce qu’il relève de ce qu’on appelle du « droit de seigneuriage » non dans son sens étroit qu’on lui donne à l’échelle d’une nation, mais dans son sens global, mondial, que quelques nations détiennent – aujourd’hui elles sont cinq – à l’échelle-monde qui compte 193 nations. Et ces quatre pays États-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon, « détenteurs de monnaies internationales », et sont rejoints depuis le 1er octobre 2016 par la Chine – le yuan fait partie du panier de monnaie qu’utilise le FMI pour fixer la valeur de l’actif de réserve international, le DTS (droit de tirages spéciaux) – ont un pouvoir de seigneuriage sur l’ensemble du reste du monde.

 

 4. Les grands moyens utilisés par la Banque centrale américaine pour le sauvetage des banques et
 la relance de l’économie

 

 Pourquoi les quantitatives easing ? C’est la crise financière immobilière de 2007 et la crise financière en 2008 qui ont imposé ce processus financier et monétaire nouveau. Il n’y avait pas de solution pour sauver le système bancaire américain et européen. Les politiques monétaires conventionnelles étaient épuisées. L’utilisation du taux d’intérêt directeur (au plancher) pratiquement à zéro (0,25 %), les opérations open-market et la fixation des réserves obligatoires n’apportaient pas de solution. Le système bancaire américain était paralysé à la fin de l’été 2008. Les banques commerciales, lestées de subprimes, des créances hypothécaires à risque (dues à l’insolvabilité des emprunteurs, essentiellement des ménages américains), ne se prêtaient plus, par crainte de ne pas recouvrir les fonds prêtés. D’autant plus qu’une grande banque d’investissement multinationale, Lehman Brothers a fait faillite, le 15 septembre 2008. Dès lors, toutes les banques américaines étaient sur le qui-vive.

 

Que reste à la Banque centrale américaine pour sauver le système bancaire qui risquait de paralyser toute l’économie américaine ? Une paralysie par manque de liquidités à l’économie, i.e. aux entreprises, aux États fédéraux, aux particuliers, etc. C’est ainsi que, voyant les opérations open-market qui consistent à des prises de pension de titres (cessions temporaires de titres) servant de garanties aux prêt d’argent (pour 24 heures à quelques jours ou quelques mois) aux banques ne portant plus, la Fed passe aux grands moyens. Elle opte pour les politiques monétaires non conventionnelles. Elle ne prend plus en gage les titres, elle les rachète et, par ces QE, elle créé de la monnaie centrale ex nihilo, et recapitalise les banques. Sans se fixer de limite.

 

Précisément, cet assouplissement monétaire quantitatif s’est opéré en trois phases. Un premier programme QE1 est parti de 2008 à 2010, il s’est soldé par des rachats de titres publics et privés pour un montant de 1750 milliards de dollars, dont 500 milliards de bons du Trésor américain et 1250 milliards de crédits hypothécaires. Compte tenu de l’affaiblissement de l’économie américaine et du fort taux de chômage à 9,7 % de la population active (3), la Fed procède à un deuxième programme (QE2) de rachat de bons de Trésor américains pour un montant de 600 milliards de dollars. Il débute en novembre 2010 et s’achève en juin 2011. D’autre part, la Fed réinvestit en achats de bons du Trésor les liquidités qui lui sont versées au fur et à mesure que les créances hypothécaires qu’elle détenait sont reprises sur les marchés. Des créances immobilières qui ont repris de la valeur avec la remontée de l’économie.

 

Après le Q1 et QE2, la Fed américaine lance, en septembre 2011, l’opération Twist. Semblable au QE2 sauf que les liquidités injectées sont stérilisées, i.e. sans création monétaire, il n’augmente pas la base monétaire. Ce programme, d’une ampleur initiale de 400 milliards de dollars, et qui devait se terminer fin juin 2012, a été prolongé jusqu’à fin de 2012. L’opération Twist n’a pas augmenté le bilan de la Fed. Le troisième programme (QE3) est lancé en septembre 2012. Au départ sans limitation de durée, il consistait, comme les précédents, au rachat des mêmes actifs financiers, i.e. les titres obligataires émis par le Trésor américain et des titres hypothécaires. Une analyse de CNN MONEY indique : « In implementing QE3, the central bank does not use taxpayer money to buy bonds. Rather, it expands the U.S. money supply and electronically credits banks with more funds. » Traduit en français : Dans la mise en œuvre du QE3, la banque centrale n'utilise pas l'argent des contribuables pour acheter des obligations. Au contraire, elle augmente la masse monétaire américaine et crédite électroniquement les banques avec plus de fonds. (4) Ce point est essentiel dans la suite de l’analyse pour comprendre l’impact des « quantitative easing » sur les pays émergents et exportateurs de pétrole, dans l’explication de la chute de leurs réserves de change et des cours du prix de pétrole.

 

Ce qu’on doit aussi souligner, c’est que, durant toute cette période, les QE ont permis de maintenir les taux d’intérêt sur les titres publics américains très bas. La raison est que la Fed, devenu premier acheteur des bons de Trésor par ces programmes d’assouplissement monétaire non conventionnel, concurrençait les investisseurs potentiels, i.e. les fonds de pensions, les compagnies d’assurance, les pays étrangers...

 

Ce processus de QE aux États-Unis a duré sept années avec 3 programmes (QE1, QE1, QE3). Les liquidités injectées massives, créées ex nihilo dans le cadre des QE, qui devaient procéder au sauvetage des banques et à la relance de l’économie américaine, avaient besoin de contreparties physiques productives réelles sinon elles allaient créer une forte inflation, ce qui serait néfaste pour l’économie américaine et le reste du monde. Précisément, pour que le surplus massif de monnaie créé par les QE soit absorbé, il y avait une nécessité absolue de les adosser aux transactions pétrolières et même à l’or. Sinon les quantitatives easing ne fonctionneraient pas. C’est ainsi que les prix du pétrole et de l’or ont été dopés artificiellement. Ils ont fortement augmenté au cours des sept années allant de 2007 à 2014. Avec un intermède entre l’automne 2008 et juin 2009 – l’économie américaine était très affaiblie avec la crise financière, le taux de chômage qui frisait les 10 %. Les prix du pétrole ayant fortement augmenté, le prix de l’or a suivi. En 2011, l’once d’or explose, il atteint 1900 dollars. Mais les hausse du prix du pétrole et du prix de l’or n’ont pas suffi. Les injections monétaires étaient tellement massives que les hausses des prix pétroliers et de l’or pour les absorber, et donc pour pondérer la dépréciation du dollar sur les marchés étaient insuffisantes. Le dollar s’est fortement dépréciée par rapport autres monnaies, en particulier avec l’euro.

 

Le dernier programme de quantitative easing aux États-Unis s’achève au deuxième semestre 2014. Sans injections monétaires dans le cadre des QE, les prix du pétrole ont fortement chuté. Fin 2014, le prix du pétrole était à 56 dollars. Le prix moyen du pétrole pour la période juin 2014- juin 2017 a pratiquement été divisé par deux.  

 

 5. .Immoralité des quantitatives easing

 

 Dans un article de Xerfi « Où sont passés les milliards du quantitative easing ? », un analyse s’interroge « Où sont passés les milliards d'euros dépensés par la Banque centrale européenne ? » Il écrit : « Entre le programme de rachat d'actifs publics et privés, et les opérations de refinancement de long terme, ce sont près de 4.000 milliards d'euros qui ont été injectés en zone euro depuis 2011. Cela représente plus d'un tiers du PIB de la zone ! La BCE espérait ainsi atteindre l'objectif d'une inflation de 2 % ... en vain. En fait, les milliards de la BCE se sont en partie égarés en route. [...]

Il faut dire que sans l'appui de la politique budgétaire, corsetée par les plans d'austérité des États, la politique monétaire a révélé ses limites en Europe, contrairement aux États-Unis qui ont actionné tous les leviers pour relancer leur économie. En outre, la BCE n'a pas été aidée par les banques qui n'ont pas suivi le mouvement : une grande partie de leurs liquidités glanées auprès de la BCE ont été épargnées auprès... de cette même BCE ! C'est donc retour à l'envoyeur ! Les dépôts des banques de la zone euro à la BCE sont ainsi passés d'un peu plus de 300 milliards d'euros début 2011 à près de 2.000 milliards d'euros aujourd'hui !

Mais alors pourquoi ont-elles préféré stériliser leur cash plutôt que de le prêter à l'économie productive, comme c'est théoriquement leur rôle ? » (11)

 

La réponse va de soi. Tout d’abord, les politiques monétaires non conventionnelles n’étaient pas propres à l’Amérique. Toutes les puissances monétaires en ont usé parce que le système monétaire international est croisé. Une puissance monétaire ne peut créer seule les QE, sinon à faire déprécier sa monnaie et apprécier les autres grandes monnaies, ce qui impactent négativement le commerce extérieure de ces dernières. Donc les QE se généralisent entre les puissances monétaires et se croisent pour un optimum qu’elles se consentent mutuellement dans le but d’éviter des déséquilibres dans les changes dans le monde. Quant aux banque, elless ne pouvaient utiliser ce cash puisque un cash du même montant leur a été déjà versé par les pays du reste du monde pour l’achat d’une partie des bons de Trésor qu’elles détenaient. Achats qui ont permis aux pays étrangers de placer leurs excédents commerciaux dans les banques occidentales. Les Banques centrales américaine et européennes... qui ont racheté les passifs de leurs banques commerciales, et donc les dettes que celles-ci avaient envers les pays du reste du monde, imposaient à leurs banques commerciales respectives à détenir ce cash dans leur compte auprès d’elles en vue de rembourser ultérieurement les fonds qu’ils avaient reçus des pays étrangers en échange des bons de Trésor.

 

C’est ainsi que le processus des QE s’étant enclenché, on avait d’un côté les pays émergeants et exportateurs de pétrole qui accumulaient massivement des excédents commerciaux, et donc des réserves de change, durant toute la période des injections monétaires américaines et européennes..., dans le cadre des QE jusqu’en 2014, et de l’autre, parallèlement, une partie de ces injections monétaires des QE était consacrée au rachat des titres publics américains, européens... que ces mêmes pays étrangers achetaient grâce à leurs excédents commerciaux qui s’accumulaient. Conséquence : « Une boucle fermée s’est constituée. » D’un côté des injections monétaires relevant des quantitative easing et des émissions de bons de Trésor, de l’autre ces mêmes injections monétaires qui grossissaient les avoirs des pays excédentaires essentiellement étrangers retournaient à l’envoyeur en échange des bons de Trésor, que les Banques centrales rachetaient à leur tour sous forme de « passif » à leurs banques commerciales grâce au cash ex nihilo qu’elles ont créé dans le cadre du QE. Après 2014, avec la crise pétrolière qui est apparue, les excédents des balances commerciales s’étant transformé en déficits, les pays étrangers qui avaient besoin de cash pour financer leurs déficits commerciaux se faisaient rembourser au fur et à mesure leurs bons de Trésor. Ce qui en même temps faisait diminuer leurs réserves en dollars, en euros...

 

Et on comprend pourquoi ces capitaux détournés vers d’autres objectifs (les rachats bons de Trésor acquis par a Chine, la Russie, le Brésil...) ne profitent pas aux entreprises économiques et ne font qu’imposer « austérité et déflation » aux économies occidentales. On comprend aussi pourquoi la Fed américaine et la Banque centrale européenne comptent dans leurs bilans respectivement environ 4000 dollars et 4000 d’euros, en titres publics rachetés dont les contreparties monétaires créées ex nihilo et stockées dans les comptes de leurs banques commerciales servent à rembourser les placements en bons de Trésor des pays du reste du monde.

Deux questions de fond se posent. La première a trait à l’accumulation des réserves de change des pays du reste du monde. Ces réserves de change que ces pays ont accumulées ont été « méritées » puisque l’Occident a bénéficié en échange des millions de tonnes de pétrole et de gaz et des milliers de milliards de dollars en équivalent en bien industriels, manufacturés et services. La deuxième question se rapporte aux « quantitatives easing » que les grandes puissances financières et monétaires ont utilisés pour rembourser les placements qu’ont effectués les pays du reste du monde auprès des banques commerciales occidentales. Le procédé utilisé a été la « planche à billet ». En effet, par simple création monétaire ex nihilo donc basé sur rien, les Banques centrales ont racheté les passifs de leurs banques commerciales qui, à leur tour, ont remboursé leurs dettes auprès du reste du monde, i.e. les bons de Trésor américains, européens... détenus par le reste du monde.

 

La question de fond sur les QE : « Est-il mérité ce pouvoir monétaire et financier dont use l’Occident vis-à-vis du reste du monde ? » Il est évident qu’un problème moral se pose. Le reste du monde exporte des biens et services réels, l’Occident en rembourse une partie avec de la simple création monétaire. Une sorte de spoliation de richesses des autres peuples par le seul fait que l’Occident détient les monnaies de réserve et de compte internationales, donc du « droit de seigneuriage » qu’il a sur le reste du monde.  

 

Si ce droit de seigneuriage continue, par le biais des quantitative easing, ou par le simple fait d’injecter des liquidités ex nihilo comme le fait aujourd’hui la Fed américaine en rachetant les passifs des banques commerciales sans même déclarer qu’elle use des QE, ou comme le fait ouvertement la BCE depuis 2015, il est évident que les déséquilibres mondiaux vont se résorber dans quelques années. Les pays du reste du monde vont perdre systématiquement année après année leurs réserves de change. A l’inverse, l’Occident systématiquement se désendettant. Pire encore, à l’issue de ce processus, les pays du reste du monde perdant leurs réserves de change vont se trouver à s’endetter envers ce même Occident qui a fait fondre leurs réserves de change.

 

Comment peut-on appeler ce processus pourtant légal ? Spoliation de réserves de change légale ? Ou colonisation du monde par la finance mondiale ? N’est-ce pas immoral pour le pouvoir financier mondial de travestir des politiques monétaires de spoliation par une sémantique financière technicisée détournée de son vrai sens. N’est-ce pas que les politiques monétaires qualifiées par l’appellation « non conventionnelle » ne cherchent qu’à masquer la réalité du système qui va contre l’intérêt des peuples.

 

Prenons deux pays la Chine et l’Algérie. En trois ans, de 2014 à 2017, la Chine a vu ses réserves de change passer de 4000 milliards de dollars à environ 3100 milliards. Elle a perdu environ 900 milliards. L’Algérie qui avait environ 193 milliards de dollars n’a plus qu’environ 100 milliards de dollars. Pour l’Algérie, si le prix du pétrole ne se redresse pas, ses réserves de change vont fondre et va se trouver à s’endetter. Sans compter les risques d’explosion sociale.

 

Aussi la question qui se pose : « Le monde va-t-il retourner à une situation qui rappelle les années 1980 où l’ensemble des pays hors-Occident se sont trouvés endettés, avec faut-il le rappeler des émeutes de la faim et la régression économique dans le monde ? L’histoire va-t-elle revenir en arrière ? Aux années sombres de l’endettement mondial ? » C’est dans cette situation complexe que pose le problème des « quantitatives easing » et tenter de comprendre comment évoluera la situation économique mondiale en 2018 et dans les prochaines années. Les quantitatives easing lancés par la Banque centrale européenne depuis 2015 vont, comme l’a annoncé Mario Draghi, le président de la BCE, se terminer normalement cette année. Une question fondamentale néanmoins dans cette décélération de l’économie mondiale, depuis la crise pétrolière, se pose. « Qui sera le moteur de l’économie mondiale ? »

 

Dès lors que l’on comprend que les politiques monétaires non conventionnelles ont pour objectif la spoliation des peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie de leurs réserves de change, et si les quantitatives easing seront maintenues longtemps, il est évident qu’en faisant fondre leurs réserves, elles mettront à genoux les économies des pays du reste du monde. En termes d’effets, le pouvoir financier occidental n’aura fait que « créer l’austérité » et « l’austérité du reste du monde se conjuguant à l’austérité occidentale » déboucherait sur la stagnation mondiale, ou ce qu’appellent les économistes occidentaux, la « stagnation séculaire » créée par l’Occident.

 

  6.Le prix du pétrole est appelé à augmenter à 120 dollars et plus...

 

 On constate aujourd’hui une éclaircie sur le plan pétrolier. Étrangement, les prix du pétrole ont remonté favorablement, après trois années exactement de disette. Peut-on croire que ce sont les stocks commerciaux de brut américains qui sont à l’origine de la remontée des prix ? Ou encore la réduction de la production par le cartel pétrolier Opep ? Ce serait trop facile et trop simple comme ne s’arrêtent pas les médias de le clamer. Non, il existe une cause bien plus grave, il faudrait même dire qu’elle est effrayante cette cause qui est à l’origine.

 

En effet, le 24 juillet 2017, le prix du pétrole Brent était à 48,18 dollars. Le 29 juillet 2017, la Corée du Nord procède à deux tirs réussis d'un missile balistique intercontinental ou ICBM, le Hwasong-14, d'une portée théorique d'environ 10.000 km. « Tout le territoire américain est à notre portée », déclare déjà Kim Jong-Un. En janvier, Donald Trump avait pourtant affirmé que la Corée du Nord ne serait jamais en mesure de développer une « arme nucléaire capable d'atteindre le territoire américain ». Il faut rappeler que depuis près de deux ans, la course aux armements et la guerre des mots s'accélèrent. Pour le pétrole, le 31 juillet 2017, le Brent est à 52,40 dollars. (1) Il gagne en deux jours 4,22 dollars.

 

Le 8 août 2017, le président américain Donald Trump riposte. Il promet le « feu et la colère » sur le Nord. La Corée du Nord avertit qu'elle pourrait tirer des missiles près de l'île américaine de Guam, dans le Pacifique. Le 21 août 2017, Washington et Séoul lancent des exercices militaires annuels dits « Ulchi Freedom Guardian » auxquels participaient des dizaines de milliers de soldats sud-coréens et américains. Le Nord, qui considère ces manœuvres comme la répétition d'une invasion, a prévenu Washington qu'il « jetterait de l'huile sur le feu » s'il les maintenait. Le 26 août, Pyongyang procède à trois tirs relativement anodins de missiles à courte portée.

 

Le 29 août 2017, la Corée du Nord procède à un lancement d’un tir de missile balistique au-dessus du Japon, un mois après le premier le 29 juillet jour pour jour. Il n’est pas intercepté par les systèmes antimissiles américains et japonais. Donald Trump affirme que « discuter » avec la Corée du Nord « n'est pas la solution ! ».

 

Le 3 septembre2017, soit 4 jours après, un sixième essai nucléaire qui a provoqué un séisme d’une magnitude de 6,3. Reconnu comme une bombe H, la puissance de cette bombe pourrait atteindre 120 kilotonnes, contre 15 kilotonnes pour celle d'Hiroshima.

 

Le prix du baril de pétrole Brent qui était à 50,69 dollars, le 30 août 2017, passe à 59,03 dollars, le 26 septembre 2017. (1) Il gagne en 27 jours 8, 34 dollars. Le 11 septembre 2017, le conseil de sécurité de l'ONU adopte de nouvelles sanctions contre Pyongyang, concernant le textile, le gaz et le pétrole. Ce nouveau train de sanctions, le huitième depuis 2006, a été adopté à l'unanimité, avec l'aval de la Chine et de la Russie, les principaux soutiens de la Corée du Nord. De nouvelles sanctions qui n'empêchent pas le président américain d'aller plus loin encore dans son escalade verbale avec le leader nord-coréen. Le 19 septembre, lors de son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, Donald Trump a menacé de « détruire totalement » la Corée du Nord, qualifiant Pyongyang de « régime vicieux  » et Kim Jong-un d'« homme-fusée ».

 

Le 29 novembre 2017, la Corée lance un nouveau type de missile balistique intercontinental (ICBM). Le Hwasong-15, comme il a été appelé, est capable de frapper n'importe où sur le continent américain, annonce Kim Jong-un. Il ajoute que son pays est devenu un État nucléaire à part entière. Le missile, qui s'est écrasé en mer du Japon après avoir suivi une trajectoire en cloche, pourrait avoir une portée de 13.000 kilomètres, une distance inédite pour un ICBM nord-coréen. « On va s'en occuper », réagit le président américain Donald Trump, qui a été informé du tir alors que l'engin balistique était encore en vol. Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU s’est tenue après ce tir missile nord-coréen qui a rompu avec les précédents par la portée de vol qui égalise désormais les vecteurs balistiques des grandes puissances.

 

Il est évident qu’avec la maîtrise de la bombe H et des missiles balistiques intercontinentaux pouvant toucher n’importe quel point du territoire américain, surtout que la Corée du Nord affirme avoir réussi à miniaturiser une bombe à hydrogène en ogive portée par un missile ICBM, la situation change totalement pour les États-Unis. Toutes les villes américaines sont menacées.

 

Le 30 novembre 2017, le prix du baril Brent est à 62,45 dollars le baril. Le 3 janvier 2018, il est à 67,82 dollars, le 13 janvier 2018, il est à 69,80 dollars. Il a même dépassé brièvement les 70 dollars. (1) En 45 jours, il a encore pris 7,35 dollars de plus. Et si on fait le total, depuis le 24 juillet 2017, après les deux tirs réussis d'un missile balistique intercontinental ICBM, le Hwasong-14 et l’essai de la bombe H, le baril de pétrole Brent a pris 21,62 dollars de plus.

 

Pourquoi cette remontée soudaine et de plus en plus rapide du prix du pétrole ? Il est évident que les donnes ont changé pour les États-Unis. Les quantitatives easing ne sont plus prisées, la Fed injecte massivement des liquidités depuis que la Corée du Nord menace de « réduire en cendres l’Amérique ». (9) Il y a péril pour les États-Unis. Cette période rappelle étrangement le mandat de Bush junior lorsqu’il a ordonné l’invasion de l’Irak en 2003. Il faut se rappeler que la guérilla irakienne qui s’en est suivie a mis tellement la pression sur les troupes américaines qu’il a fallu des renforts militaires et surtout des capitaux considérables pour financer l’effort de guerre. D’autant plus que l’armée américaine avait fait appel à des armées privées constituées de mercenaires (plus de 130 000 hommes) et qu’il fallait grassement payer.

 

Le cours du pétrole a bondi. De 40 dollars en 2004, il est passé à 80 dollars, en 2006. Il a touché le plafond en juillet 2008, le baril de pétrole a coté 147 dollars. La guerre en Irak, par la violence de la guerre, a été comparée à la guerre du Vietnam. De plus l’enlisement comme au Vietnam a provoqué, indirectement par les subprimes, la crise immobilière et financière de 2007-2008. Comme au Vietnam, les dépenses de guerre étaient telles que le président Nixon a suspendu la convertibilité du dollar en or, en 1971. Et ce en raison des émissions monétaires ex nihilo pendant des années de guerre. Ce qu’il faut retenir, c’est le paradoxe des émissions monétaires américaines qui fait que le reste du monde, en absorbant les dollars émis par la Fed, finançait à son insu l’effort de guerre américain. Précisément le refus des pays européens d’absorber les dollars sans contreparties or a amené cette décision américaine de mettre fin à la convertibilité du dollar-or.

 

Un autre point à souligner, la BCE a décidé de diminuer le montant mensuel des QE (rachats de dettes publiques), de mettre fin aux QE en 2018. Ce qui signifie dans un certain sens qu’elle va suivre la Fed américaine. Quant au pétrole, la hausse du prix de pétrole qui est visible aujourd’hui et peut même aller au-dessus de 70 dollars. Qu’en sera-t-il dans les mois et années qui viennent ? Le prix restera certainement élevé, et tendra à augmenter. Pourquoi ? Pour la simple raison que la situation géostratégique a changé complètement aujourd’hui dans le monde, en particulier pour les États-Unis qui sont menacés directement par le feu nucléaire nord-coréen. Et c’est très sérieux. Un missile balistique nord-coréen ou plusieurs missiles balistiques en cascade avec des leurres, et même avec les boucliers antimissiles THAAD et MDA avec surveillance par satellite américains, peuvent mettre en danger la sécurité des villes américaines. Et doit comprendre ce qui en sera pour des villes comme New York, une mégapole, Washington, le temps de vol d’un missile balistique ICBM est extrêmement court, 30 minutes environ entre le tir et l’impact. 

 

On comprend dès lors le rôle de la Fed « dans les injections massives de liquidités pour financer les 60 % de l’armada américaine qui sont en opération et en alerte pour ainsi dire permanente dans les eaux du Pacifique. » Les États-Unis, et ses alliés, le Japon et la Corée du Nord sont véritablement menacés d’une guerre nucléaire par la Corée du Nord. Et ces injections massives de liquidités vont demander des contreparties productives physiques. Et comme les émissions monétaires ex nihilo n’ont pas de contreparties, c’est la hausse du prix de pétrole qui est facturé en dollar par les pays d’Opep qui absorbera ces liquidités et évitera l’inflation à l’Amérique et au monde. Aussi en 2018, et selon le développement de la crise en Asie, les États-Unis qui sont dans une phase difficile devront se préparer à toute éventualité, ce qui demandera un financement considérable. Et c’est la raison pour laquelle les prix du pétrole resteront élevés, et pour une durée indéterminée dans le sens que la durée peut être longue, et les prix élevés. Si la situation se tend, le prix du pétrole peut dépasser 120 dollar et aller même plus. Ce ne sont pas les États-Unis qui vont décider les prix du pétrole comme ce qui s’est passé pour les QE, mais la conjoncture de crise qui en décidera.

 

Un autre point qu’il faut mentionner est à trait aussi aux injections monétaires ex nihilo. C’est la «  grande réforme de la fiscalité promise par Donald Trump a été adoptée au Sénat ce mercredi matin [18 décembre 2017]. [...] Il s’agit de la plus grosse baisse d’impôts adoptée aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies : les impôts fédéraux sur les sociétés et sur le revenu baisseront dès 2018, ce qui coûtera 1 500 milliards de dollars pour les finances publiques sur la prochaine décennie. Les républicains arguent que cela poussera durablement la croissance au-delà de 3%. Si la baisse d’impôts est permanente pour les sociétés, elle ne durera que jusqu’en 2025 pour les ménages, faute d’accord à long terme. La quasi totalité des Américains paieront moins d’impôts en 2018.  » (10)

 

Là encore, une similitude avec une réduction d’impôts de 1600 milliards de dollars pour dix ans, en 2001, décidée par Georges W. Bush. Il est évident que cette réduction d’impôts va plomber le budget américain. Dès lors les déficits publics vont exploser. Non seulement les dépenses militaires dans une période critique et indéterminée mais aussi les réductions d’impôts qui vont s’étaler sur dix ans, ce qui va forcément alourdir les déficits budgétaires en 2018 et les années à venir. Là encore, comme du temps de Bush, l’histoire se répète. Les prix du pétrole vont fortement augmenter. Telle est déjà la situation financière en cours aux États-Unis, que l’on constate d’ailleurs doublement par la hausse du prix du pétrole qui a atteint pratiquement 70 dollars. Et même si le prix du pétrole baisse légèrement, il est appelé à remonter encore.

 

Pourquoi doublement ? Normalement le taux de change de l’euro devrait se déprécier par rapport au dollar, puisque la Banque centrale européenne injecte chaque mois 30 milliards d’euros dans le cadre du QE. Ce qui signifie que le dollar devait logiquement s’apprécier par rapport à l’euro. Or, c’est le contraire qui se produit. Non seulement le prix du pétrole augmente mais le dollar se déprécie face à l’euro. Depuis juillet 2017, l’euro s’est apprécié par rapport au dollar passant de 1,14 à près de 1,22 dollars pour un euro. La réponse qui explique ce paradoxe est que « la Fed injecte plus de liquidités que la BCE depuis que la crise entre les États-Unis et la Corée du Nord s’est révélée, et a faussé les plans des QE. »

 

 7. Une guerre nucléaire potentielle entre les États-Unis et la Corée du Nord ?

 

 Et une guerre qui sera probablement nucléaire fait peur. Ce ne sont plus seulement les militaires qui sont en danger, mais surtout les civils. Une guerre nucléaire peut toucher les sites où se trouvent les bases miliaires américaines. Et il existe un grand nombre dans le Pacifique. Les bases militaires dans les îles de Guam, les 28 000 soldats américains stationnés en Corée du Sud, les bases militaires à Okinawa au Japon. Le sous- secrétaire adjoint à la Défense pour l'Asie de l'Est (2015 à janvier 2017), Abraham M. Danemark, qui dirige le programme Asie au Centre International Woodrow Wilson, fait état des forces stationnées : « Cependant, étant donné qu'il y a entre 100 000 et 500 000 citoyens américains en Corée du Sud (et plusieurs centaines de milliers au Japon) à tout moment, cela mettrait un très grand nombre de vies américaines en danger. » (11)

 

En pertes humaines, cet auteur écrit : « Une guerre générale avec la Corée du Nord serait dévastatrice. Un rapport récent du Congressional Research Service a estimé qu'entre 30 000 et 300 000 personnes pourraient mourir dans les premiers jours de combats, même si Pyongyang s'abstenait d'utiliser des armes de destruction massive - un scénario improbable. Selon des documents du gouvernement américain récemment déclassifiés, le Pentagone a estimé en 1994 qu'une guerre dans la péninsule coréenne tuerait ou blesserait 52 000 soldats américains et plus de 490 000 soldats sud-coréens en seulement trois mois de combats. Ces chiffres ont presque certainement empiré au cours des 24 années qui ont suivi, étant donné les énormes progrès réalisés par la Corée du Nord dans le développement d'armes de destruction massive. Aujourd'hui, des millions de vies pourraient être menacées. »

 

Et ces chiffres ont été estimé en 1994, à cette époque, la Corée du Nord n’avait ni de bombe A ni de Bombe H ni de vecteurs balistiques intercontinentales. Le problème est que les villes et les mégapoles américaines sont aujourd’hui réellement menacées d’être touchées et les boucliers anti-missiles ne peuvent être fiables à 100 %. Ce sont donc des millions d’êtres humains qui sont menacés.

 

Aujourd’hui, on ne le dit pas, mais il y a une peur dans les deux camps, et les deux camps risquent de subir ce qui s’est produit au Japon, en 1945. Et ces mots de destruction totale utilisés par Donald Trump rappellent les mots qu’a employés le président américain Harry Truman après le lancement de la première bombe atomique le 6 août 1945 : « C'est la maîtrise de la puissance fondamentale de l'univers. La force d'où le soleil tire son énergie a été libérée pour s'en prendre à ceux qui ont amené la guerre en Extrême-Orient ». Sauf que cette fois-ci « La force d'où le soleil tire son énergie risque d’être libérée pour s'en prendre à ceux qui appellent à la guerre ». Et c’est complètement différent de ce qui s’est passé au début des 1940 – le monde à cette époque est en guerre. Et aujourd’hui, c’est différent, on appelle « pour s’autodétruire ».

 

Combien même il y a un fort et un faible, les deux disposent d’une force qui risque de faire une hécatombe pour les deux camps. Et certainement beaucoup plus pour le plus faible. Et toutes les guerres plus ou moins se ressemblent. Il y a toujours un fort et un faible. Et qu’il s’agit d’un combat d’individus, de communautés ou de nations, c’est toujours un conflit entre un fort et un faible. Évidemment qu’il faut relativiser selon le contexte.

 

Généralement selon les forces en présence, 5 cas peuvent être retenus. Le premier quand le fort a vite raison du faible. Le conflit se termine par la victoire du Fort. Combien de pays ont vaincus et occupés d’autres pays voire même les coloniser. Le deuxième cas, quand le fort se bat avec un faible mais plus retors, plus résistant. Là encore, le fort remporte la victoire, mais il la remporte difficilement. Des soulèvements, par exemple, de peuples colonisés, l’Algérie contre la France, le Maroc contre l’Espagne ont vécu ces soulèvements puis ils ont été réprimés par ces puissances qui se sont coalisées. Le troisième cas, quand le fort se bat avec un faible plus retors, encore plus résistant. Par son évolution, sa résistance, il fatigue le fort tel que celui-ci perd et soit obligé de se retirer. L’exemple de la guerre que les États-Unis ont menée au Vietnam, en Irak. L’ex-URSS en Afghanistan. La France en Algérie. Le quatrième exemple est lorsque un fort et un faible signent un armistice, les deux ne peuvent aller loin, ils sont obligés d’arrêter la guerre parce que le faible a été aidé par une puissance ou des puissances arrivées à leurs limites et le fort aussi. C’est le cas de la Corée du Nord avec les États-Unis, lorsqu’ils ont signé l’armistice le 27 juillet 1953. Si les régimes politiques sont différents, il ne va pas y avoir de paix parce que les enjeux idéologiques et économiques sont opposés. Par conséquent, puisqu’il n’y a pas de paix véritable et définitive qui met fin à la guerre, l’armistice ne fait que différer la guerre et la solution du problème. Le cinquième cas, c’est ce qui se passe aujourd’hui. Le faible devient aussi dangereux que le fort. En effet, avant ce cas, le fort quand il n’arrive pas à battre le faible, se retire simplement et met le faible sous embargo, par exemple. C’est ce qui s’est passé pour la Corée du Nord, à la fin de la guerre en 1953. La Corée du Nord a subi 47 ans d’embargo, qui ne fut levé qu’en 2000. C’est qui s’est passé aussi pour l’Irak en 1991, qui a subi 12 années d’embargo.

 

Mais le faible quand il s’arme de l’arme absolue et peut frapper le fort dans son territoire même change dès lors le rapport de force. Le fort ne peut plus se targuer d’être le fort qu’il était avant puisque le faible peut aussi le détruire. Certes pas totalement mais suffisamment au point qu’il change complètement la stratégie défensive et offensive du fort. Une situation complètement nouvelle et qui n’a jamais été vécue. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Sauf qu’aujourd’hui, avec les armes absolues, la guerre peut être apocalyptique. On ne peut même pas dire que le fort vaincra le faible ou le faible vaincra le fort. Les conséquences seront tellement apocalyptiques qu’il sera difficile de parler de victoire.

 

Et c’est ce qui explique dans la « guerre des mots » qu’il faudrait plutôt dire la « guerre des peurs », ce serait plus juste. Quand Donald Trump menace de « détruire totalement » la Corée du Nord, il considère sa menace comme représailles à une attaque nord-coréenne contre un point de son territoire ou de ses alliés. Ou encore quand Donald Trump dit qu’il a un « plus gros et plus puissant » bouton nucléaire que Kim Jong-un. Par ce gros bouton nucléaire, il reconnaît implicitement la puissance apocalyptique de son adversaire. De même les menaces verbales de Kim Jong-un de « réduire en cendres » l’Amérique. Une guerre de mots qui travestit en fait une « guerre de peur inconsciente des deux camps ».

 

Et c’est dans cette hystérie de peur d’une guerre apocalyptique que l’Amérique et l’Asie risquent d’être entraînées. Les systèmes idéologiques étant fondamentalement opposés, on peut dire qu’il n’y a pas d’espoir pour une issue pacifique du conflit. Tout semble indiquer qu’une guerre et vraisemblablement nucléaire attend l’Asie du Nord-Est. Et le destin des États-Unis en tant que superpuissance va se jouer en Asie. Et si une guerre se déclare, c’est quatre pays qui seront touchés, la Corée du Nord, la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon. Et des destructions effroyables et inimaginables.

 

  8. Le Message du Nouvel An de Kim Jong-un. La difficile compréhension de la marche du monde

 

 Mais cependant le temps est compté, la situation ne peut demeurer en l’Etat. D’autant plus que le discours du président nord-coréen est très clair dans la situation à venir. Que retient-on de ce discours ? (12) « Je tiens à adresser mes vœux de bonne année aux compatriotes du Sud et de la diaspora qui luttent pour la réunification du pays, de même qu’aux peuples progressistes et amis du monde entier qui se sont prononcés contre la guerre d’agression et ont manifesté une ferme solidarité avec notre juste cause. » Dès le début du discours, le président nord-coréen prend à témoin les peuples progressistes de « notre cause juste ». Ce qui donne un sens au discours.

 

Ensuite, il enchaîne avec un ton on ne peut plus dissuasif, voire même menaçant. « Notre force nucléaire nationale est en mesure de faire face à toute forme de menace nucléaire des Etats-Unis et constitue une dissuasion efficace contre leurs aventures inconsidérées. Les Etats-Unis ne peuvent provoquer une guerre contre moi et notre Etat. Tout le territoire métropolitain des Etats-Unis est à la portée de notre frappe nucléaire, et le bouton de lancement des armes nucléaires se trouve sur mon bureau. C’est la réalité, et non une menace, il faut s’en rendre bien compte. »

 

Pour la Corée du Sud, après une année de rhétorique enflammée et de tensions croissantes sur le programme nucléaire et balistique, il offre une branche d’olivier à la Corée du Sud, disant qu’il était ouvert au dialogue. Il plaide pour des tensions militaires plus faibles dans la péninsule coréenne et améliorer les relations avec le Sud. « L’amélioration des rapports Nord-Sud est une affaire d’intérêt primordial, car tous les Coréens la souhaitent, et non seulement les autorités, et c’est une affaire importante que toute la nation doit conjuguer ses efforts pour résoudre. Le Nord et le Sud doivent procéder largement à des contacts, à des voyages, à la collaboration et à des échanges pour dissiper leurs malentendus et leur méfiance et s’acquitter de leurs responsabilités et de leur rôle de protagonistes de la réunification. [...]

 

Il ne faut plus que le Nord et le Sud se contentent de définir leurs positions en tournant le dos l’un à l’autre, il est temps qu’ils s’assoient tête à tête et délibèrent sérieusement, entre Coréens, du problème d’amélioration des rapports Nord-Sud et en ouvrent courageusement une issue. »

 

Le leader suprême indique qu’il envisage d’envoyer une délégation aux jeux olympiques d’hiver qui s’ouvrent en février en Corée du Sud. « Quant aux Jeux olympiques d’hiver qui vont s’ouvrir sous peu en Corée du Sud, ils seront une belle occasion de manifester le prestige de la nation, et nous souhaitons sincèrement qu’ils soient inaugurés fructueusement. De ce point de vue, nous avons l’intention de prendre les mesures nécessaires, y compris l’envoi d’une délégation, et dans cette perspective, les autorités du Nord et du Sud pourraient éventuellement se rencontrer d’urgence. Il est naturel de se féliciter de l’événement heureux des compatriotes et de s’entraider.  »

 

Sur le plan des relations internationales, il fait état de son statut de puissance nucléaire, mais il avertit qu’il n’emploiera l’arme nucléaire contre aucun pays sauf à ceux qui chercheraient à porter atteinte à l’État. « Notre pays, puissance nucléaire éprise de paix et consciente de ses responsabilités, n’emploiera pas l’arme nucléaire et ne menacera aucun pays ni aucune région avec celle-ci, tant que les forces hostiles d’agression ne porteront pas atteinte à la souveraineté et aux intérêts de notre Etat. Par contre, il ripostera catégoriquement à tout acte de nature à saper la paix et la sécurité de la péninsule coréenne. » (12)

 

Que peut-on dire du discours du leader suprême qui déteste les USA ? Le premier point est qu’il n’a plus rien à démonter, il a la bombe H et les vecteurs qui touchent n’importe quel point du territoire américain. Et cela s’entend par « tout le territoire métropolitain », on doit comprendre New York, Los Angeles, Chicago... et surtout Washington où se trouvent la Maison-Blanche, la Banque centrale américaine, et les sièges du FMI et de la Banque mondiale. Ce qui signifie que les États-Unis vont vivre avec cette épée de Damoclès « nucléaire » qu’est la Corée du Nord.

 

Le deuxième point concerne le pourquoi de la volte-face du Numéro 1 nord-coréen et cette branche d’olivier inattendue qu’il présente à la Corée du Sud. Évidemment, on peut penser que ce sont les sanctions draconiennes du Conseil de Sécurité sous l’impulsion des États-Unis qui ont fait leur effet. D’emblée, on peut dire que ce huitième train de sanctions n’influera en rien à la position nord-coréenne sur le plan nucléaire et balistique, parce que celui-ci constitue le bouclier du régime politique nord-coréen.

 

Aussi peut-on dire qu’on a beau détenir des armes effroyables qui peuvent faire volatiliser des villes entières avec des millions de personnes de tués en quelques secondes, on peut être fou de penser à les utiliser, mais on ne peut pas être plus fou que le fou. Parce que le vrai fou ne pense pas qu’il est fou, il est simplement fou. Mais le fou qui pense les utiliser n’est pas fou parce qu’il sait que lui aussi va se faire volatiliser. Et la palme à cette volte-face nord-coréenne revient à la détermination américaine qui a envoyé des bombardiers au-dessus de la Corée du Nord. Aussi lit-on dans une Newsletter de la chaîne France 2 : « Des chasseurs et des bombardiers américains longeant les côtes nord-coréennes. Ce sont probablement les mêmes avions filmés ici il y a moins d'une semaine lors d'exercices de défense avec la Corée du Sud. Ce survol a été annoncé par le Pentagone quelques heures après une nouvelle déclaration très menaçante de Donald Trump envers Kim Jong-un.

« On va s'occuper de lui, les gars »

Il est peut-être intelligent, il est peut-être fin stratège et il est peut-être complètement fou. Mais vous savez quoi, peu importe ce qu'il est, on va s'occuper de lui, les gars, croyez-moi », a déclaré le président des États-Unis. Kim Jong-un multiplie depuis des mois provocations verbales envers les États-Unis et démonstrations de force avec des tirs de missile de longue portée et des essais nucléaires souterrains. » (13)

 

La palme revient aussi à Donald Trump qui, devant quelque 130 chefs d'État et de gouvernement, a tout d'abord dénoncé les « États voyous », qui sont selon lui une menace pour le monde, et affirmé que l'armée américaine allait devenir « plus forte que jamais ». Dans son allocution de 45 minutes, le président américain s'en est ensuite fermement pris au régime de Pyongyang, le qualifiant de « régime vicieux ». Il l'a menacé de « détruire totalement » la Corée du Nord en cas d'attaque. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, cet « homme-fusée », est embarqué dans « une mission-suicide », a-t-il lancé. «  Les États-Unis sont prêts, disposés et en mesure  » de répondre militairement à Pyongyang, « mais espérons que cela ne sera pas nécessaire  », a-t-il poursuivi. » (14)

 

La réponse nord-coréenne ne s’est pas fait attendre. Le communiqué du 22 septembre 2017 rendu public par la Présidence du gouvernement à Pyongyang, et relayé par l’agence centrale nord-coréenne rapporte que le président de la Corée du Nord, Kim Jong-Un a promis de faire payer à son homologue américain un prix cher à cause de ses dernières déclarations concernant Pyongyang, le qualifiant de « fou vieillard ». Sans penser un instant qu’en qualifiant Donald Trump de « vieillard fou », le président nord-coréen projette sa propre peur, sa propre folie, dans cette guerre des mots. Et tout être humain, s’il est un tant soit peu conscient de son acte d’utiliser ses armes effroyables, ou que son adversaire veut les utiliser contre lui et qui peuvent tuer des millions d’êtres, peut prendre conscient de sa folie ou de la folie de son adversaire.

 

Et on remarque que tant Donald Trump utilise la rhétorique de fou : « il est peut-être complètement fou », que Kim Jong-un utilise le même mot : « vieillard fou ». Les deux présidents sont conscients de ce qu’est « utiliser la folie nucléaire ». 

 

Tout ce qu’on peut dire donc est que la détermination américaine à la fois par les déclarations du président américain, dans son allocution à l’ONU, menaçant de « destruction totale » la Corée du Nord en cas d’attaque et par le survol par des bombardiers américains, longeant les frontières les côtes nord-coréennes, ont pour ainsi dire été autant d’adrénaline pour réveiller le leader nord-coréen du danger auquel inconsciemment il allait exposer le peuple coréen et américain. Et aussi en passant, une adrénaline pour les puissances nucléaires qui soutiennent la Corée u Nord. Car il faut être sincère avec soi et avec le monde, si l’on veut être crédible ne serait-ce que pour soi, sans la Russie et la Chine, la Corée du Nord ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Mais ce contexte est une autre affaire.

 

Aussi, peut-on dire qu’en cas d’un dérapage, cela finirait par une guerre effroyable et probablement apocalyptique pour tous, la Corée du Nord probablement en paiera le prix le plus lourd. Ce qui explique les cris du Numéro 1 nord-coréen : « « Tant que Trump a nié mon existence et celle de mon Etat de la carte du monde, et a annoncé le début d’une guerre horrible disant qu’il détruira notre République, nous allons étudier plus profondément des mesures urgentes adéquates pour répondre à son comportement », a ajouté Jong-Un. Le président nord-coréen a considéré que « Trump conduit le monde vers un chaos sans précédent, et qu’il n’est pas qualifié pour être un leader politique », le désignant comme « homme de gangs qui joue avec du feu ». » (15)

 

Et c’est ce qui explique cette prise de conscience nord-coréenne et le rameau d’olivier que le président nord-coréen a présenté à la Corée du Sud et une mise en garde pour les États-Unis. Mais, on peut dire que c’est très positif pour l’humanité jusqu’à fin février 2018. Mais après ? C’est là toute la problématique.

 

Un autre point important à souligner dans cette crise nucléaire. Le président nord-coréen, dès les premiers mots de son discours (13), prend les peuples progressistes pour témoins de la cause juste de la nation nord-coréenne. Mais qu’entend-on par peuples progressistes ? N’est-ce pas des peuples qui ont un archétype, un idéal de base qui est l’aspiration au progrès politique, économique, social. Qui rejettent la domination, la violence et cherchent la liberté qui fait épanouir les peuples, qui contribuent à leur créativité, à leur mieux-vivre. Les grandes tendances d’un peuple progressiste sont ces valeurs, et bien sûr au centre la démocratie qui est synonyme de liberté citoyenne, politique. Or, qui cherche à « fuir » leurs pays ? Les Nord-coréens ou les Sud-coréens ? N’est-ce pas les Nord-coréens qui, au péril de leur vie, fuient leur pays pour aller en Corée du Sud. Qui a démis un président dans la péninsule coréenne pour corruption ? Le peuple nord-coréen ou le peuple sud-coréen ?

 

Par exemple, l’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye qui a été destituée de sa fonction présidentielle et arrêtée le 10 mars 2017. Elle a été ensuite placée en détention dans le cadre d’un scandale de corruption. Si cela arrive en Corée du Sud, cela n’arrive pas en Corée du Nord où le système politique est verrouillé. Dès lors où est la cause juste ? Est-elle du côté de la Corée du Sud ? Ou de la Corée du Nord où tout est « fermé » ? Le peuple nord-coréen n’existe que par son régime, on parle pour lui.

 

Oui, il y a cette impression que la cause juste n’est pas du côté nord-coréen mais du côté sud-coréen. Et plus important, le système politique de la Corée du Sud qui est démocratique et qui est un exemple de liberté au point qu’il a pu destituer ses dirigeants, qui se croyaient intouchables parce qu’ils occupaient des postes suprêmes, pour corruption ou pour faute non citoyenne. Forcément ce qui devient un idéal pour les peuples devient un « danger » pour les peuples voisins, en l’occurrence la Corée du Nord. Et par conséquent un danger pour les nomenklaturas des systèmes politiques qui se cramponnent au pouvoir. Et tous les moyens sont bons pour rester au pouvoir, y compris ce prétexte d’être menacé par le tyran américain, et s’armer si besoin d’armements nucléaires précisément pour s’assurer l’immunité du système.

 

Cependant, si se maintenir au pouvoir en Corée du Nord ne peut être une cause juste que si elle est cautionnée par tout le peuple nord-coréen en toute liberté, ce qui n’est pas le cas, il demeure que le président nord-coréen a tout à fait raison en employant l’archétype, la « cause juste », non pour ce qu’il est et le système pour son peuple mais pour l’arrogance et le leadership américain sur la paix du monde. La cause qu’il invoque est juste parce qu’elle répond aux souffrances des peuples. Qui a commis le plus de crimes dans le monde par les guerres ? Qui a tué autant d’êtres humains de par le monde ? Deux bombes nucléaires larguées sur Hiroshima et Nagasaki ! 3 millions d’êtres humains tués en Corée ! 3 ou 4 millions au Vietnam ! 3 ou 4 millions dans le monde arabo-musulman ! Les guerres que l’Amérique a fomentées partout dans les continents !

 

Et c’est ainsi que l’on doit comprendre la « cause juste » et la « cause injuste ». Et surtout se dire que tout ce qui est doit être, est nécessaire. Une cause juste est juste et une cause même injuste peut être juste puisque non seulement elle est nécessaire parce qu’« elle doit être et elle est, elle existe et l’humain que nous sommes n’y peut rien  ». Et aussi parce qu’elle a une « raison » pour qu’elle existe sinon elle n’aurait pu exister. « Tout ce qui existe est rationnel.  » On peut même dire qu’il y a une rétribution dans tout ce que l’homme fait, ce que Hegel appelle le « Tribunal de l’histoire ». Ce serait trop facile aux méfaits de l’homme si une « Raison dans l’Histoire » n’ordonnait pas le monde. Et cela va au-delà du conflit qui oppose les États-Unis et ses alliés à la Corée du Nord, un pays ermite, dernier vestige stalinien de la planète. Et c’est en rapport avec l’ordre herméneutique du monde, ou plus simplement la difficile compréhension du monde. Mais par difficile, on entend que cet ordre herméneutique est accessible pour peu qu’on entre dans les vraies causes, qui sont aussi les vrais enjeux qui divisent les puissances.

 

Cette troisième partie se termine. L’auteur tient à souligner que des forces souterraines qui ne sont pas visibles demeurent essentielles, dans la compréhension des enjeux qui divisent les grandes puissances. Cependant, combien même qu’ils vont en se compliquant, et comme cela a déjà été conclu dans la deuxième partie (16), l’Amérique, paradoxalement, aura à jouer un rôle positif majeur à la fois dans l’équilibre de puissance mondial et dans la limitation de la détérioration de la paix sur le plan nucléaire dans le monde. Certes avec un prix à payer. Ce qui est en train de ressortir dans les frictions sur le plan géostratégique aujourd’hui entre les puissances nucléaires.

 

Medjdoub Hamed
Chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
www.sens-du-monde.com

 

Notes :

 

1. « Prix du baril - Le cours officiel du baril de pétrole  »

http://prixdubaril.com/ 

2. « Qu’appelle-t-on Quantitative Easing (QE) ? » Vidéo de Olivier Delamarche. Janvier 2014

http://devenonscitoyens.fr/2014/02/quappelle-t-on-quantitative-easing-qe/  ]

3. « Le taux de chômage aux Etats-Unis passe sous les 6 %  », par Le Monde. Le 03 octobre 2014

http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/03/le-taux-de-chomage-aux-etats-unis-passe-sous-les-6

4. « Federal Reserve launches QE3 », par CNNMoney Le 13 septembre 2012

http://money.cnn.com/2012/09/13/news/economy/federal-reserve-qe3/index.html

5. « Le mystère de l'inflation manquante », par Nouriel Roubini. Le 13 septembre 2017

https://www.project-syndicate.org/commentary/monetary-policy-missing-inflation-by-nouriel-roubini-2017-09/frenc

6. « Le taux de chômage aux Etats-Unis passe sous les 6 % » par Le Monde.fr Le 03 octobre 2014

http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/03/le-taux-de-chomage-aux-etats-unis-passe-sous-les-6

7. « Taux de change EUR/USD (EURUSD=X », 

https://fr.finance.yahoo.com/chart/EURUSD%

8. « Où sont passés les milliards du quantitative easing de la BCE ? », par latribune.fr
Le 14 décembre 2017

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/ou-sont-passes-les-milliards-du-quantitative-easing-de-la-bce

9. « La Corée du Nord menace de « réduire en cendres » les États-Unis », par La Tribune.fr. Le 21 avril 2017

https://www.latribune.fr/economie/international/la-coree-du-nord-menace-de-reduire-en-cendres-les-etats-unis

10. « Après son adoption par le Sénat, la réforme fiscale de Trump est quasiment actée

 », par Libération avec AFP. Le 19 décembre 2017

http://www.liberation.fr/planete/2017/12/19/apres-son-adoption-par-le-senat-la-reforme-fiscale-de-trump-est-quasiment-actee

11. « The Myth of the Limited Strike on North Korea », par Abraham M. Denmark. Foreign Relations Le 9 janvier 2018

Traduit en français : « Le mythe de la frappe limitée en Corée du Nord »

https://www.foreignaffairs.com/articles/north-korea/2018-01-09/myth-limited-strike-north-korea?cid=nlc-fa_twofa

12. « Message du Nouvel An  », par Kim Jong Un. Le 01 janvier 2018

http://naenara.com.kp/fr/news/?22+3432

13. « Des bombardiers américains au-dessus de la Corée du Nord », par France 2 Info. Le 23 septembre 2017
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/des-bombardiers-americains-au-dessus-de-la-coree-du-nord

14. « À l'ONU, Trump promet de « détruire entièrement » la Corée du Nord si elle persiste », par France 24. Le 19 septembre 2017
http://www.france24.com/fr/20170919-direct-premier-discours-attendu-donald-trump-emmanuel-macron-tribune-onu

15. « Le président nord-coréen traite Trump de « Fou vieillard » », par TRT Français. Le 22 septembre 2017
http://www.trt.net.tr/francais/afrique-asie/2017/09/22/le-president-nord-coreen-traite-trump-de-fou-vieillard

16. « La Cause Juste et la Cause injuste dans la prolifération nucléaire. L’inconscience des États-Unis en tant que premier agent proliférateur », par Medjdoub hamed. Le 26 décembre 2017
https://www.agoravox.fr/tribune-libre
www.lequotidien-oran.com/

 


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5 réactions à cet article    


  • Eric F Eric F 16 janvier 2018 19:43

    J’ai lu tout l’article (ouf), mais pas forcément tout compris, notamment le « doublement » de la somme émise. En tort cas j’ai retenu que le QE aux USA a été utilisé pour booster l’économie, mais que dans l’UE il a été « gelé » dans le système bancaire (je soupçonne qu’une partie gonfle la bulle boursière, peu évoquée dans l’article).
    Pas vu le lien entre les cours pétroliers et les questions financières, par contre la hausse du fait de la tension USA/Corée du Nord est claire.


    • Kapimo Kapimo 16 janvier 2018 23:37

      Bonjour,

      Votre article est passionnant car il développe une vision de l’histoire complète, meme si centrée sur les monnaies. Vous dites, si je vous comprend bien, que les prix du pétrole remontent afin qu’il n’y ait pas de risques d’inflation lors des périodes de QE aux USA. Pourriez-vous expliquer comment cela se passe ? qui pilote ? Merci,


      • Eric F Eric F 17 janvier 2018 09:49

        @Kapimo
        la stagnation de consommation du pétrole et l’émergence des gaz de schiste en concurrence a certainement du avoir un impact sur le prix bas du pétrole ces dernières années, et les tensions internationales expliquent une bonne part de la récente hausse. L’impact de l’aspect monétaire sur cette remontée des cours est peut être relatif à une « méfiance » vis à vis du dollar ?


      • Hamed 17 janvier 2018 17:38

        @Kapimo

        @Kapimo

         Excellente réponse. Vous avez touché un problème de fond pour les deux points que vous avez soulevés. L’inflation qui est comme vous le savez destructrice d’épargne. Donc très négative. Et la question qui pilote ?

        Nous allons inverser les points et parlerons d’abord du « Qui pilote ? ». Par pilotage, il faut en cerner deux. Le pilotage cause et le pilotage effet. Et cette façon d’expliquer éclaire mieux que si mon raisonnement reste purement économique avec tout le jargon des économistes qui souvent brouille la compréhension.

        Pour cela, prenons un exemple concret. Parlons par exemple des crises monétaires et la décision du président Nixon qui suspendit le 15 août 1971 la convertibilité du dollar en or. Le pilotage direct c’était lui avec bien sûr les instructions de la Fed (Banque centrale américaine) qui l’ont informé de la baisse dangereuse des stocks d’or à Fort Knox et ailleurs en Amérique, dans le système bancaire. Cette décision du président et autorités monétaires américaines, mettons sur le compte du pilotage direct ou pilotage effet. Et cette décision prise en tant qu’effet de la cause, mais pas la cause elle-même. Donc il y a eu un « pilotage cause » avant d’arriver au « pilotage direct-effet » . Vous allez me dire ce sont les Américains qui ont consommé beaucoup et importé beaucoup. Ces déficits engendrant d’autres déficits et perte d’or au profit de l’extérieur, parmi celui-ci l’Europe.

        C’est vrai mais la réponse est insuffisante. La vraie cause qui a surgi c’est la guerre au Vietnam qui a engendré des dépenses militaires faramineuses qui a amené les Etats-Unis à émettre massivement des liquidités pour financer à la fois leur économie et leur guerre qui a duré pratiquement dix an (1964-1973). Ces liquidités injectées se sont traduites non seulement en pertes d’or mais en inflation. Les pays européens ne voulaient plus de dollars.

        Ceci dit, pour abréger la réponse, le même processus est en train de jouer depuis le 29 novembre 2017, du premier tir missile de la Corée du Nord d’une portée d’environ 10 000 km. Ce tir a mis le feu aux poudres aux Etats-Unis. La situation sur le plan financier a changé totalement aux Etats-Unis. 

        Quand Washington risque d’être effacé de la carte surtout avec l’essai réussi de la bombe H et du dernier tir missile et toujours cette date du 29 de chaque mois mois, et cette fois-ci les 13 000 km qui sépare les Etats-Unis et la Corée du Nord est atteinte, dès lors le pilotage direct va mettre toutes les ressources financières à la disposition de la Maison Blanche pour prendre les mesures qui s’imposent pour défendre le territoire américain. Et ce pilotage direct est le pilotage effet. Quant au pilotage comma durant la guerre du Vietnam, c’est le pilotage cause qui est la menace nucléaire de Kim Jong-un. Et par-dessus le marché, il e cesse de rire comme pour dire « Tel est pris qui croyait prendre ». C’est la raison pour la quelle, comme vous dîte l’inflation va remonter légèrement mais le pétrole et éventuellement l’or, leurs prix vont remonter pour absorber dans les transactions les liquidités américaines injectées ex nihilo sur fond d’endettement américain.... 

        Et comme les Américains, première puissance financière et monétaire du monde, et en plus domine par leurs monnaies la plus grande partie des transactions commerciales (pétrole, or, matières premières), leur endettement importe peu. De plus il peuvent se permettre par fortes injections de déprécier le dollar. 

        Voilà, à peu près le film des événements à venir, en espérant qu’une guerre nucléaire n’arrivera pas. Parce que un nombre inconnu d’innocents risqueront de mourir.

        J’espère vous avoir répondu.


      • Hamed 17 janvier 2018 17:53

        @Eric F

        Il y a effectivement une méfiance du dollar. Mais, à mon sens, elle reste plutôt médiatique, du fait que le dollar fait parler beaucoup de lui, au point qu’on l’assimile à une « monnaie  de singe » que, en réalité, tout le monde n demande.

        La stagnation de consommation de pétrole et l’émergence des gaz de schiste joue en concurrence, mais depuis la menace réelle qui est née et aujourd’hui elle est visible pour les États-Unis, et même pour les pays d’Europe qui doivent être prudents de ne pas aller trop avec les États-Unis parce qu’eux aussi risquent d’être dans le viseur de Kim Jong-un qui si une guerre se déclare tout pays qui se met en travers de lui risque d’être confronté à la menace nucléaire nord-coréenne. Ceci dit entre parenthèse.

        Et ce sont ces tensions internationales comme vous dîtes qui font augmenter le prix du pétrole. Et je pense que plus les dépenses américaines vont augmenter plus le pétrole va suivre l’augmentation.

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