Ces marées qui ne font pas rire
Depuis que d’énormes cargos traversent les mers et océans de la planète avec les cales pleines de pétrole, les marées noires se multiplient, et la dernière en date pourrait avoir des conséquences plus que dramatiques.
C’est en Mer de Chine orientale que la dernière a frappé, lors du naufrage d’un énorme tanker dans le ventre duquel il y avait 136 000 tonnes d’huile de condensats, soit plus de 3 fois plus d’hydrocarbure que l’Exxon Valdez contenait, (l’Exxon Valdez avait déversé 40 000 tonnes de pétrole, polluant des centaines de kilomètres de côtes), ce qui avait provoqué l’une des pires marées noire de l’histoire en 1989. lien
250 000 oiseaux y avaient perdu la vie, ainsi que beaucoup de mammifères marins.
A titre de comparaison, la marée noire qui s’était produit dans le Golfe du Mexique en 2010, était au moins aussi importante que celle de l’Exxon Valdez (lien) et au fond du Golfe du Mexique, un geyser de pétrole déversait chaque jour 800 000 litres de pétrole brut par jour. lien
Auparavant, en 1991, c’est au large des côtes de l’Angola que l’ABT Summer avait déversé 260 000 tonnes de brut sur les plages africaines. lien
En effet, le 6 janvier dernier un pétrolier iranien a percuté le Sânchî, un cargo chinois, provoquant la mort probable de ses 32 marins, et l’affirmation bien optimiste du gouvernement chinois qu’il n’y avait pas de risque de marée noire...
Ajoutons que le naufrage du Sânchî va ajouter 1000 tonnes de plus à la catastrophe, puisque c’est la quantité qu’il contenait dans ses soutes au moment de la collision. lien
Le pétrolier iranien, sous pavillon Total, transportait un hydrocarbure particulier appelé condensats, un gaz qui devient liquide au contact du froid, avec la particularité de ne pas couler, ni de remonter en surface, mais de rester à mi-hauteur, menaçant ainsi tout ce qui nage dans le secteur, baleines, tortues, poissons, plancton...
Or, le 15 janvier, on a appris que la nappe d’hydrocarbures couvrait pour l’instant une surface de plus de 100 kilomètres carrés, de 20 km de long. lien
La Chine, mais aussi le Japon se trouvent en première ligne et sont menacés par la catastrophe et il est difficile d’estimer aujourd’hui quelles en seront les conséquences. lien
Poussé par des vents violents, le pétrolier Sânchî, qui faisait route vers la Corée du Sud, à dérivé en direction de la zone économique japonaise, à l’ouest d’Amami Oshima, dans l’Archipel des Ryükyü, dont la principale île est Okinawa, célèbre lieu d’affrontements lors de la seconde guerre mondiale. lien
Or cette Mer de Chine orientale est l’un des lieux les plus poissonneux de la planète, et l’on sait qu’un conflit existe entre le Japon et la Chine, lesquels convoitent une partie de ce secteur, du côté des iles Senkaku (appellation japonaise), et Diaoyu (pour les chinois).
C’est à l’été 2016 que les tensions étaient montées d’un cran devant l’arrivée d’une flotte de pas moins de 230 bateaux chinois, lesquels étaient protégés par une douzaine de navires garde-côtes militaires. lien
Est-ce que la catastrophe en cours va changer la donne, et atténuer le conflit entre la Chine et le Japon... l’avenir nous le dira.
C’est la zone de pêche de Zhou shân dans la province du Zhejiang, qui semble être la plus touchée, et avec ces 5 millions de tonnes de poissons et de fruits de mer, c’est la plus grande zone de pêche de toute la Chine. vidéo
En tout cas, cet archipel Ryükyü est l’un des sites paradisiaques de notre planète, et il est probable que cette catastrophe va avoir un impact grave sur la faune, la flore, les poissons...et bien sur le tourisme dans les années à venir.
Il serait grand temps que les décisions de la COP 21 soient appliquées, afin d’en finir avec toutes ces énergies fossiles et dangereuses que sont le pétrole, le charbon, et le nucléaire... mais entre la volteface du président américain, et les atermoiements de notre nouveau président, il est probable que nous n’en prenons pas le chemin, et il semble que ces marées noires qui se suivent et se ressemblent ne les feront pas changer d’avis.
Car comme dit mon vieil ami africain : « la route ne dit pas au voyageur ce qui l’attend à l’arrivée ».
L’image illustrant l’article vient de terresacree.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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