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Cent fleurs pour cent femmes libres

Après plusieurs mois de déchaînements médiatiques contre les hommes, cent femmes, le 9 janvier dernier, ont osé faire entendre un autre son de cloche que les habituelles imprécations féministes

 On avait fini par ne plus y croire depuis l’affaire Weinstein et la pétition en ligne « balance ton porc  », tellement les féministes françaises monopolisent le débat public sur le harcèlement sexuel. En octobre dernier Christine Angot, sur le plateau de « On n’est pas couché », avait bien tenté de faire entendre sa voix discordante face à Sandrine Rousseau, réfutant énergiquement que les femmes soient toujours les victimes des hommes. Mais les larmes de l’élue écologiste – une vieille tactique – avaient alerté la directrice de France 2 et fait regarder la romancière-chroniqueuse comme une sorte de bourreau insensible à la souffrance féminine. Autant dire qu’elle est sur un siège éjectable. Quant aux hommes, évidemment, ils n’ont pas voix au chapitre sinon pour soutenir sans nuance les allégations et oukases anti-machistes, à commencer par celles qui émanent de la – bien mal nommée – secrétaire d’état à l’égalité des femmes et des hommes, Marlène Schiappa.

C’est dans ce contexte-là que Le Monde, mardi 9 janvier, a publié une tribune aussi étonnante que détonante, signée par cent femmes bénéficiant d’une notoriété publique – comme Catherine Deneuve, Ingrid Caven Catherine Millet ou Elisabeth Lévy. Aux antipodes du puritanisme ambiant, elles y réclament le droit à être importunées dans la rue et l’indulgence pour les dragueurs maladroits, ne voulant pas que cet aspect du vivre-ensemble puisse être criminalisé à l’instar d’une véritable agression sexuelle. Sans remettre en question le caractère nécessaire de cette prise de parole, elles en dénoncent les excès qui l’accompagnent, qu’ils prennent la forme de dénonciations arbitraires, de démissions forcées ou d’accusations publiques, sans que les intéressés n’aient pu constituer leur défense juridique. Car il s’agit de protéger autant les libertés des hommes que celles des femmes contre ce déferlement haineux qui se drape, de surcroît, dans la vertu. Elles montrent ainsi que ce discours « politiquement correct » entretient les femmes dans une situation d’éternelles victimes et va à l’encontre de leur complète émancipation, faisant le jeu des intégristes de tout poil. Autant d’assertions justes et pertinentes qu’à titre personnel, je partage sans réserve.

Cette tribune, comme on s’en doute, n’a pas fait l’unanimité. Et c’est sans surprise que les féministes institutionnalisées, qu’elles gouvernent ou enseignent, l’ont brocardé avec mépris comme « un tissu d’âneries » rétrogrades. Mais un homme dans ce concert – le romancier Frédéric Beigbeder – s’est félicité que cette parole féminine ose dire, au nom des hommes privés d’audience, que ceux-ci ne sont pas tous des porcs. La presse étrangère a largement commenté leur courageuse prise de position, les plus féroces critiques venant, bien sûr, des journalistes anglo-saxons, tandis qu’à l’inverse, Allemands et Italiens ont exprimé leur approbation à l’égard de ces insoumises.

 Depuis, Catherine Deneuve est revenue sur une partie de ses déclarations, présentant même ses excuses à celles qu’elle aurait pu choquer. Tout en maintenant qu’elle n’avait de leçon de féminisme à recevoir de personne, elle qui fut – doit-on le rappeler ? – l’une des signataires du Manifeste des 343 salopes pour le droit à l’avortement en 1971. Et l’on mettra sur le compte de la passion éristique l’allégation de Brigitte Lahaie – autre signataire de cette fameuse tribune – selon laquelle « des femmes jouiraient pendant le viol ». Car il n’est évidemment pas question de demander la dépénalisation de ce crime. Pas plus, d’ailleurs, que celle des violences physiques faites aux femmes et pour lesquelles des lois s’appliquent déjà.

Il n’en reste pas moins qu’une brèche a été ouverte dans cette chape de plomb ; une brèche qui permet de faire entendre le dissensus et la différence dans un pays où ils sont de plus en plus menacés et il faut tout faire pour qu’elle ne se referme pas. Car le féminisme est devenu, en France, une idéologie d’état, aux antipodes de ses racines protestataires et généreuses. Une idéologie qui légifère et condamne ce qui ne va pas dans son sens, dans une parfaite ignorance de la réalité empirique, celle vécue par une majorité d’hommes et de femmes qui s’aiment et se soutiennent dans les épreuves de la vie. Une idéologie qui entretient à dessein la lutte entre les sexes, qui ne recule devant rien pour faire triompher son idée aseptisée de la femme. L’égalité – mais est-ce encore le but recherché ? – ne se décrète pas à coups de fusil, mais par le partage et le dialogue quotidiens. Ce sont aujourd’hui les cent femmes signataires de la tribune du Monde qui la portent mieux que quiconque en France. Cette chronique leur est amicalement dédiée. 

 

Jacques LUCCHESI

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9 réactions à cet article    


  • Ciriaco Ciriaco 20 janvier 2018 17:07

    On vous redonne votre cape de chevalier blanc, messieurs.


    Plus le débat avance et plus on est loin de la réalité et de la défense des droits élémentaires qui devrait s’y appliquer. Durant ce débat, j’aurais vu une armée d’hommes, loin d’être confinés au silence - ce silence, c’est l’hébétement de la classe bourgeoise - ne sortir du sommeil que pour ânonner des stéréotypes primaires nourris par des positions du même ordre.

    • lejules lejules 20 janvier 2018 17:53
      pour faire bref les USA depuis 1945 sont la 1ere puissance économique du monde . après avoir envahit l’Europe ils veulent par l’intermédiaire de l Union Européenne forger les mentalités des pays vaincus, France comprise . nous sommes en plein dans le puritanisme anglo saxon qui s impose partout dans le monde occidental. Aux USA des femmes flics s’habillent en prostituée et lorsque le mec s’approche et demande « combien » il se retrouve en taule. Dans je ne sais plus quel état la masturbation est illégal !!!! ça c’est le coté puritain des USA

      de l’autre nous avons le fumeux rapport kinsey https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapports_Kinsey&nbsp ; qui dans les années 60 allait devenir la référence du comportement sexuel américain. Malheureusement dans ce sondage d opinion, il interviewa des taulards et des prostituées ce qui de toute évidence ne correspondait pas a la réalité. mais qu’importe la vérité, un violent mouvement féministe homosexuel s’empara du rapport et en fit ses choux gras, la dessus vient se greffer la théorie du genre les mouvement gay et lesbiens et la tentative de réhabilité la pédophilie. Kinsey est mort les couilles arrachées suspendu au plafond dans un jeu sexuel ayant mal tourné.

      le vainqueur impose ses normes. Les euro atlantistes voudraient transformer les français en anglo saxon ce qui est une pure abbération, autre pays autre mœurs.Pour ne pas subir la loi du vainqueur je ne vois qu ’une solution quitter l’Europe et l OTAN

      femmes qui me lisez sachez que « je suis contre les femmes tout contre »


      •  C BARRATIER C BARRATIER 20 janvier 2018 18:30

        Je viens de lire Benoîte Groult...Ce n’est pas du puritanisme que de manifester le droit de ne pas être touché sans consentement . Il s’agit de remettre le sexe à sa place, la liberté de personnels de se faire mutuellement plaisir, Surtout pas la liberté d’imposer des privautés d’un mâle qui veut du plaisir à une partenaire qui n’en veut pas. Il reste le langage humiliant à éradiquer. Ce n’est pas de la galanterie, c’est même le contraire.

        Courtoisie, respect, abstraction du sexe dans les relations au travail
        Tant pis pour les obsédés.

        • lejules lejules 20 janvier 2018 19:26

          @C BARRATIER

          AVIS AU PERSONNEL
          on est prié de laisser au vestiaire ses couilles nichons et autre lieu de plaisir afin de ne pas perturber l e rendement de l entreprise.
          bien sur je plaisante. mais force nous est de constater que l’être humain est profondément sexuel. le gorille soit disant réputé pour ses performances sexuel ne baise qu’une ou deux fois par an et encore les années bissextiles. le bonobo plusieurs fois par jour avec des partenaires indifféremment sexué.
          pour l’etre humain beaucoup de mariage se font avec des collègues de travail, ou du bureau d a coté. le lieu de travail est un lieu de rencontre. 
           en fait je suis d accord avec vous courtoisie et respect s impose mais cela ne dois en aucun cas être légiféré sinon nous tombons dans le puritanisme..les femmes sont assez grande pour envoyer se promener le 1er importun. 
          face aux hommes qui ont le droit d ’importuner
          elles ont le droit d’envoyer paître les importuns .

        • Hector Hector 21 janvier 2018 11:47

          Bonjour,
          Je ne pense pas que nous soyons victime de ce puritanisme Anglo-saxon qui n’est pas aussi rigide qu’on veut bien le laisser croire. Allez vivre à Londres et vous verrez.
          Je crois plutôt que la courtoise, la galanterie, le respect, la délicatesse, l’élégance et l’ensemble de ces pratiques typiquement françaises vis à vis des Femmes ne font pratiquement plus partie de l’éducation des enfants.
          Sauf exception.
          Celle qui commence au sein de la famille et que la plupart des hommes avait à cœur de montrer afin de prouver leur bonne éducation et d’être au sens ancien du terme, un gentilhomme et non plus comme aujourd’hui un homme gentil ce qui devient presque péjoratif.
          Autres temps, autres mœurs.
          Et si l’on veut être réaliste, est-ce que certaines Femmes méritent encore ces attentions, ou les recherchent-elles vraiment ?


          • pipiou 21 janvier 2018 11:54

            « les féministes françaises monopolisent le débat public sur le harcèlement sexuel »

            Ah bon vous n’y voyez que les féministes françaises, sérieusement ?
            Non ce sont les défenseurs des femmes de façon générale.

            Je ne suis ni féministe, ni française et pourtant je soutient ceux qui dénoncent le harcèlement sexuel, et les viols.



              • baldis30 23 janvier 2018 11:30

                bonjour,

                « Quant aux hommes, évidemment, ils n’ont pas voix au chapitre sinon pour soutenir sans nuance les allégations et oukases anti-machistes, à commencer par celles qui émanent de la – bien mal nommée – secrétaire d’état à l’égalité des femmes et des hommes, Marlène Schiappa. »

                Mais semble-t-il cette dernière n’a pas apprécié une déclaration de B.B. par ces mots extraits du portail d’Orange aujourd’hui :
                « la secrétaire d’Etat n’a toujours pas digérée. »C’est triste, évidemment, venant d’une icône féminine, mais on connaît les positions de Brigitte Bardot."

                 J’en viens à penser que derrière ( si j’ose m’exprimer avec ce terme ...) cette déclaration il y eut auparavant une connaissance pouvant tenir du voyeurisme ou de la pure pornographie.  smiley


                • Crab2 31 octobre 2018 20:25

                  Insensible la plupart du temps, cette fois-ci une pub m’accroche, mais, c’est pour le meilleur – en tout cas je ne peux que féliciter vivement les auteurs et participants à ce micro-film – Suite  :

                  http://laicite-moderne.blogspot.com/2018/10/jenleve-le-haut_31.html

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