Le Sentier tordu d’Erdogan vers Afrin
La Turquie a commis de graves erreurs dans son intervention dans la ville syrienne d'Afrin. Ankara a cherché à diviser la communauté internationale en disant aux pays « vous êtes avec nous ou contre nous ». Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a comparé l'opposition de toute puissance majeure à l'intervention de l'armée turque dans le nord de la Syrie à « soutenir les terroristes contre un Etat allié ».
Au cas où la France ou tout autre pays se rendrait aux Nations unies, la Turquie considérera que ces pays se rangent du côté d'une organisation terroriste, a-t-il ajouté, « nous » ne voulons rien de la France sauf le soutien et « nous » ne voulons pas qu’elle soutienne une organisation terroriste. Le président turc a été irrité par la France qui a appel é à une réunion du CSNU au sujet d’Afrin.
L'invasion turque d'Afrin est un assaut militaire flagrant contre la Syrie. C'est une violation du droit international, des conventions et des normes.
Les militants iraniens et les puissances étrangères ont une présence en Syrie mais cela ne veut pas dire que la Turquie puisse faire de même.
La Syrie est divisée en sphères d'influence entre les puissances régionales et internationales. L'Iran et la Turquie se sont alignés depuis le début en Syrie. Les Iraniens, qui ont donné le feu vert à Ankara pour mener son opération militaire à Afrin, appellent maintenant à la fin de cette opération.
Il est à la fois ironique et drôle que le ministère iranien des Affaires étrangères ait déclaré que l'opération Afrin était nécessaire pour « préserver l'intégrité territoriale de la Syrie, respecter la souveraineté nationale du pays, s'abstenir d'escalader la crise humanitaire et préserver la vie des innocents syriens ». Avec ses gardiens de la révolution répartis dans les villes et les territoires syriens, l'Iran a également parlé de « respect de la souveraineté nationale de la Syrie » et du rôle constructif des parties impliquées dans la crise syrienne.
Erdogan risque une confrontation militaire entre les troupes turques et les troupes américaines basées dans la ville syrienne de Manbij, une autre ville couverte par l'opération militaire turque. Une source militaire américaine a déclaré que les forces américaines qui patrouillaient dans la ville pourraient être en danger si les troupes turques entraient à Manbij. Je ne pense pas que le président Erdogan voudrait risquer une confrontation directe avec les forces américaines, cependant. Il est bien conscient que la réaction du président Trump, si cela devait arriver, est imprévisible.
Le soutien des États-Unis - et prétendument des combattants étrangers - aux unités de protection du peuple kurdes présentes dans la région frontalière montagneuse rendra la tâche difficile pour les forces turques.
La Russie et le régime syrien veulent voir une confrontation entre les forces turques et américaines et attirer Erdogan dans un conflit avec l'OTAN. Le président turc a déclaré que l'opération se poursuivra même si cela engendre un affrontement avec les forces américaines.
Les renforts militaires sans précédent de l'armée turque à Afrin peuvent indiquer que l'opération pourrait prendre du temps. Il ne s'agit pas seulement d'Afrin ou des forces kurdes, mais principalement de l'intérêt de la Turquie et de son désir d'hégémonie dans la Syrie post-Sotchi. Les intentions de la Turquie sont considérées comme douteuses dans la crainte que Daech ressurgit dans le nord de la Syrie si la Turquie le contrôle.
La Turquie a un autre désir : éloigner les États-Unis du nord de la Syrie et bloquer la création d'une base militaire pour remplacer la base de l'OTAN à Incirlik. Cet objectif est salué par la Russie par souci d'une base militaire permanente des États-Unis dans le nord de la Syrie kurde.
Les choses pourraient changer car la Turquie penche davantage vers la Russie et l'Iran. Le régime turc a déclaré qu'il répondait finalement à une « menace à la sécurité et à l'intégrité territoriale de la Turquie », mais l'opération pourrait aussi signifier un bourbier stratégique, en fonction de l'évolution de la position américaine sur la crise syrienne.
L'équipe d'Erdogan a fait l'apologie de l'opération en suscitant la peur chez le peuple turque, mais cela ne changerait pas les risques de cette opération.
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