La Syrie, notre héritage oriental - Volet N° 1
Aujourd'hui où la Syrie est quasiment détruite par une guerre ignoble que lui mène l'Occident par factions interposées – des mercenaires recrutés un peu partout dans le monde – dans le seul but de renverser le Président de la République arabe syrienne, Bachar El Assad, de s'emparer de toutes les richesses sous-minières de ce pays dans le cadre du processus de recomposition du Grand Moyen-Orient, il est bon de se pencher sur l'histoire riche et dense de la Syrie, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, à travers une série de plusieurs articles.
Je tiens à démontrer ce que, depuis Washington, le gouvernement néo-conservateur états-unien tente de faire disparaître, raser de la terre : une des plus anciennes civilisation humaine, après s'en être pris successivement à l'Irak, à l'Afghanistan, etc. La Grande Syrie, carrefour d'échanges, fut, pour nous Européens un apport civilisationnel non négligeable dont nous ressentons encore, à travers les mille et une facettes de son histoire multi-millénaire, les influences intemporelles.
Géographie physique et humaine de la Syrie.
La Syrie est un des plus vieux Etats d'Asie du Sud-Ouest. Située au cœur du Moyen-Orient, elle a des frontières communes avec, au Nord la Turquie, à l'Est l'Irak, au Sud la Jordanie, au Sud-Ouest la Palestine, Israël et le Liban. Dès l'Antiquité, elle est le cœur battant de cette région immense qui s'étend depuis la Phénicie, entre les montagnes du Liban et Djabal Aansarîyé (ou Alaouite). Ces reliefs montagneux sont la suite d'une plaine arrosée par le fameux fleuve Oronte -ou Nahr-al-Assi – fleuve qui inspira écrivains et poètes. A l'intérieur du pays, les monts Liban, des reliefs assez accidentés s'avancent jusqu'aux contreforts du Taurus 1
A l'est, la zone semi-désertique du Hamad formée au tertiaire a donné naissance au lit de l'Euphrate. C'est la partie septentrionale nord, formée de zones alluvionnaires où est venu s'encastrer le grand fleuve. Au sud de Damas, les Djebel-ed-Drouz au nord de la ville et jusqu'à l'extrémité Nord-Est du pays, une suite de chaînons : Djabals charqui, Bichri, Abdulazziz et Sindjar.
La Syrie jouit d'une climat méditerranéen, tout le long de la bande côtière en façade de Méditerranée : (pins, chênes et cèdres, peupliers). Plus en retrait, un climat continental contrasté où les étés sont caniculaires et les hivers rigoureux. Nous passons d'une steppe herbeuse, au désert. Trois fleuves importants l'arrosent : l'Oronte, l'Euphrate et le Khabour.
La Grande Syrie. Précisons que ce qu'il reste actuellement de la Syrie ne représente plus qu'une partie de l'espace total syrien. Car ce territoire était immense et englobait : l'actuel Liban, la Jordanie, la Palestine, Israël. Il allait d'Alexandrette jusqu'au Sinaï et mordait largement sur les vastes déserts arabiques.
60 % de la population syrienne est urbaine.
La Syrie a toujours été un pays multiconfessionnel où musulmans (sunnites – alaouites et chiites) sont répartis plutôt sur la côte, dans les montagnes et tout le long de l'Euphrate. Les Druzes au sud du pays, les Ismaéliens dans le Hama. Les Chrétiens : (Orthodoxes, Jacobites, Arméniens, Nestoriens et Catholiques) les Juifs, les Bédouins, ainsi que les minorités kurdes, viennent s'ajouter à une mosaïque interconfessionnelle syrienne. Jusqu'à une époque récente, ces différentes communautés vivaient en paix, ensemble. En 1967, d'après un rescencement, 160 000 Palestiniens sont venus en tant que réfugiés en Syrie. Aujourd'hui, il ne reste pratiquement plus de chrétiens en Syrie, la plupart ayant été massacrés dans des conditions atroces, par les troupes mercenaires de Daech. Rajoutons à la sinistre liste des malheureuses victimes de Daech, les milliers de syriens musulmans restés fidèles au Président de la République arabe syrienne : Bachar El Assad.
Quelques grandes villes, dont Damas la capitale. Mais aussi Alep, Homs, Lattaquié, Deir Ez Zor, Quaîtra.
Ces villes sont d'anciennes haltes sur la route que suivaient les caravaniers. Elles se sont développées au rythme des transactions commerciales tout le long du « croissant fertile ». En effet, du nord à l'ouest du désert syro-arabique, les terres étaient très fertiles et cultivables. Arrosées par des fleuves tels que l'Euphrate, ou l'Oronte, le (Nahr-al-Assi), et le Khabour, ainsi qu'une multitude de cours d'eau, affluents, cette zone était en quelque sorte le jardin de la Syrie. Le grand souci majeur des gouvernements successifs, ce, depuis l'antiquité était de mettre en place de vastes plans d'irrigation pour assurer la continuité des cultures, souvent menacées par la sécheresse.
La vallée de l'Oronte. 2
Nous y trouvons des vergers, cultures horticoles, tabac, coton, céréales, orge et blé, dans la région du Djebel-er-Drouz, betteraves à sucre, mais aussi maïs et riz. Deux variétés de lentilles cultivées, une pour les chameaux qui en raffolent, l'autre variété réservée aux humains. Nous trouvons dans ce jardin d'Eden, des mandariniers, des Eucalyptus, des aloès. L'aloès dont se servent tous les moyen-orientaux en médication depuis la plus haute antiquité. Les betteraves à sucre, la tomate, une des culture de loin la plus nombreuse comme dans la presque totalité des pays méditerranéens, des cultures maraîchères, des orangers, mais aussi bananiers de Chine, abricotiers - très appréciés - et toute une déclinaison de cultures céréalières, comme le blé, l'orge, l'avoine, le sorgho et le sésame, et la Tuzelle, une variété de blé importée de France par les pères missionnaires. Beaucoup de figuiers, des plantations d'oliviers, de grenadiers, d'orangers et de citronniers, mûrier, pommiers et la pomme de terre, consommée en Syrie. Luzerne et minette, de grandes prairies bien vertes viennent compléter ce paysage foisonnant ce qui permet l'élevage d'ovins, de caprins et de chameaux, une part importante des ressources du pays nonobstant les ressources sous-minières.
En Syrie, deux saisons dominent avec des pluies abondantes de novembre à mars et tout le reste de l'année une sécheresse où la question de l'eau et cruciale.
Les plaines de la Békaa, Damas et la Ghouta, Baalbeck, la plaine de Homs, Zableh et Saïda sont irrigués du fait des débits réguliers des cours d'eau qui les arrosent. Mais ailleurs, il faut recourir aux captages, aux forages en creusant des puits très profonds et faire venir l'eau, grâce à des moteurs. Ensuite, l'eau captée est canalisée pour l'arrosage des cultures. Les Syriens utilisent également le système antique des norias.
Le savoir-faire des artisans syriens.
Au paléolithique dit supérieur, la Syrie est peuplée de « natoufiens » – des tribus de chasseurs. Des traces de pierre taillée et polie, de silex, ont été retrouvées et témoignent du savoir-faire de ces peuplades qui privilégiaient surtout l'obsidienne utilisée couramment vraisemblablement pour sa dureté et sa brillance. Les archéologues ont également trouvé des traces de transports de silex vers l'Anatolie datant de – 8300 avant notre ère.
Très habiles artisans, les Syriens experts en poterie, entretenaient des relations commerciales sur tout le croissant fertile. Des traces ont été retrouvées 6700 ans avant notre ère. Ce commerce se répand en Cilicie, en Syrie septentrionale jusqu'à Byblos, vers – 5800 et la Palestine vers – 5 500 avant notre ère.
Mais entre-temps, les potiers anatoliens se mettent à produire une céramique décorée de motifs rouges sur fond clair, tandis qu'ont lieu les premières poteries métalliques de cuivre. La maturation de la fabrication des objets de cuivre se fait pourtant très lentement, il faut se mettre dans le contexte de l'époque, transports lents, à dos de chameaux, voyages risqués, depuis les zones commerçantes de Ras Shamra à Alep. De plus, les mines peu nombreuses sont très vite épuisées.
La culture du Halaf.
Elle est née comme son nom l'indique à Tell Halaf, sur la frontière turco-syrienne, près de Ras el Aïn, et se répand jusqu'en Mésopotamie, aux contreforts du Zagros jusqu'à l'Euphrate, puis vers le Nord dans les régions de Diyarbakir et d'Adiyamon. Sur la Rive droite de l'Euphrate à Karkemish, le centre le plus occidental de la culture Tell Halaf, cet art original atteint son apogée et son succès, les motifs de la céramique sont géométriques et colorés. Le bucrane se répand également, pour orner les édifices religieux – sanctuaires.
Sources : wikipédia. Bucranes – (musée Catal Hüyük en Turquie)
4000 ans avant notre ère, la Syrie septentrionale très riche en forêts de pins et de cèdres, permet la construction de bâtiments magistraux et cette architecture va subir l'influence de la puissante Mésopotamie voisine.
3200 ans avant notre ère, c'est l'âge du bronze où dans tout le bassin méditerranéen ce matériau sera privilégié pour la fabrication de nombreux objets militaires, religieux et profanes. La Syrie constitue un vaste carrefour d'échanges avec la Mésopotamie, l’Égypte et la Cité de Troie. C'est la période d' »Amug G » qui va de 3200 à 2800 avant notre ère.
Les céramiques sont de plus en plus raffinées, produites en grande série, et subissent les influences connexes de Byblos et de la Palestine.
Les Khirbet Kerak : cette peuplade originaire des rives du Jourdain vient s'installer en Palestine. Les archéologues ont mis à jour, une grande muraille de blocs de lave, d'une épaisseur de 4 mètres. Ce sont les restes de l'architecture militaire syrienne issue de la Palestine du Bronze moyen. Dans cet édifice monumental de forme circulaire, entourant une cour carrée, de très nombreuses poteries de toutes beauté ont été retrouvées. Elles sont vraisemblablement l’œuvre de ce peuple.
Du XXe siècle avant JC au XVIIe siècle avant JC, c'est la dynastie amorrite qui règne sur la Syrie. A partir du du XVIIe avant JC, les Hykkos, expulsés d’Égypte conquièrent la Syrie et se trouvent au contact des tribus Hittites. Égyptiens et Hittites s'allient face à l'expansionnisme des Assyriens. De l'ouest, les « peuples de la mer », les Phéniciens, Philistins, Araméens et Hébreux s'installent en Syrie. Le pays est prospère mais de trop nombreuses incursions des Assyriens et des Égyptiens mettent à mal la prospérité du pays et l'affaiblissent.
C'est alors que le roi des Perses, Cyrus, fait passer la Syrie sous la domination des Perses achéménides.
Au tour d'Alexandre le Grand de Macédoine, après la victoire d'Issos, d'occuper la Syrie avec l’hellénisation des Syriens. C'est au tour des Séleucides du Nord et des Lagides du Sud de se disputer la Syrie. Égyptiens, Parthes, Romains se joignent à la mise à sac du pays et chassent les Séleucides.
C'est à partir de l'an 64 avant JC que commence la domination romaine, où, la Syrie va connaître un réel essor et un développement économique assurant la prospérité des cités syriennes comme : Béryte – actuelle Beyrouth, Sidon – actuelle Saïda, Tyr, Césarée, etc.
Palmyre, Pétra, Damas, Antioche, se développeront grâce au commerce avec le reste de l'Asie mineure et jusqu'aux confins les plus lointains de l'Orient. Car la Syrie est un passage depuis les temps les plus reculés, y compris pour les premiers chrétiens qui partiront à partir du IIe siècle après JC évangéliser tout le monde grec. La Syrie va devenir un des plus grand centre intellectuel et religieux de l'Orient chrétien, en concurrence directe avec Byzance.
A partir de 630 les Arabes victorieux à Yarmouk occupent toute la Syrie sans aucune résistance de la part des habitants. La dynastie Omeyyade s'installe à Damas et la Syrie devient le centre d'un Empire florissant.
750 : les Abassides prennent Bagdad et la Syrie devient une province où les populations se soulèvent fréquemment.
IXe siècle la Syrie passe sous les dynasties égyptiennes puis sous l'autorité des Turcs Seldjoukides.
Les Chrétiens, - « Croisés », venus de l'Occident à la faveur des divisions, querelles intestines et luttes d'influences entre les dynasties installées en Syrie, prennent sans rencontrer beaucoup de résistance trois Etats : Tripoli, Antioche et Edesse.
Saladin et Nour al Din, liquident les États Latins d'Orient en 1290. Les sultans ne pourront pas s'opposer à la déferlante des tribus Mongoles à la tête de qui, Tamerlan prend Alep et Damas en 1400-1401.
Ces trois « vilayets », Alep, Damas et Tripoli se retrouvent sous l'administration des Pachas turcs.
Pendant trois siècles l'Occident et L'Orient établiront des relations commerciales et diplomatiques qui permettront à travers les « Echelles du Levant », des comptoirs commerciaux disséminés sur tout le pourtour méditerranéen, qui enrichiront des deux côtés les armateurs et les commerçants.
A suivre...
Sources bibliographiques : Encyclopédie Alpha, Quillet, et Universalis.
Histoire de la civilisation de Will Durant, Editions Rencontre – Genève.
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