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Accueil du site > Actualités > Politique > Et voici qu’Emmanuel Hollande revient…

Et voici qu’Emmanuel Hollande revient…

« Nous devons changer en ayant notre manière de nous opposer, en proposant. » (Olivier Faure, sur LCI le 7 mars 2018).



On se souvient que le candidat malheureux à l’élection présidentielle, François Fillon, avait appelé Emmanuel Hollande son concurrent Emmanuel Macron, pour dire que voter pour lui revenait à voter pour le Président sortant. Heureusement pour la France, la suite a montré qu’il n’en était rien et qu’Emmanuel Macron n’était pas François Hollande.

Sur les téléviseurs, les rares Français intéressés par ce qu’il se passe encore au Parti socialiste ont dû découvrir ce mercredi 7 mars 2018 sur LCI un nouvel Emmanuel Hollande. Sans doute jugerait-il, ce dernier, scandaleux d’être assimilé au Président sortant car s’il était effectivement membre du parti présidentiel pendant le quinquennat précédent, il faisait aussi partie de ce groupe assez inefficace appelé "les frondeurs".

Les "frondeurs", c’étaient des élus socialistes qui étaient les alliés tacites de Jean-Luc Mélenchon en sabotant par l’ultra-gauche l’action du gouvernement socialiste. Je n’ai jamais compris comment la direction du PS a pu laisser passer aussi peu de solidarité gouvernementale au sein du parti majoritaire. Pas qu’il faille absolument des élus godillots (le libre-arbitre est l’un des piliers de la démocratie française, en l’absence de mandat impératif), mais parce qu’il faut un minimum de cohérence quand on est dans l’engagement politique. Autrement dit, pourquoi ces "frondeurs" sont-ils donc restés au Parti socialiste ? Et question subsidiaire : pourquoi n’ont-ils pas été virés du Parti socialiste ?

La réponse à la première question, c’est que ce PS, tout critiqué soit-il, est un foyer confortable, doux et chaud pour ceux qui ont voulu faire de la politique leur profession. Ainsi, Emmanuel Maurel a largement bénéficié de son appartenance au PS, qu’il déteste tant, pour se faire élire conseiller régional d’Île-de-France de mars 2004 (il avait 30 ans) à décembre 2015 (entre 2009 et 2014, vice-président du conseil régional) et député européen représentant …l’Ouest (parachutage contesté par ses camarades socialistes bretons) le 25 mai 2014 (avec l’objectif de se faire réélire l’année prochaine, en 2019).

Il faut savoir qu’au PS, l’appât du gain est essentiel : pour faire de la politique à plein temps, il faut une source de revenus et les mandats locaux ou nationaux ne manquent pas pour un grand parti (rappelons qu’en 2012, le PS avait conquis l’Élysée, Matignon, le gouvernement, l’Assemblée Nationale, le Sénat, la quasi-totalité des conseils régionaux, une bonne moitié des conseils généraux et de grandes villes comme Paris, Lyon, Strasbourg, Dijon, Lille, Nantes, Grenoble, etc.).

Rappelons aussi pour l’anecdote que la jeune ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem (40 ans), qui aurait pu le mieux synthétiser ce qu’est devenu le PS en 2018 (à savoir, une sorte de syndicat bobo à visées sociétales), a refusé de se présenter à la tête du PS (malgré quelques pressions amicales), car celle qui a échoué aux législatives à Villeurbanne voulait imposer sa candidature en tête de liste aux élections européennes de 2019 (avec donc la garantie d’être élue députée européenne) et surtout (on le dit moins), elle voulait que le poste de premier secrétaire du PS fût rémunéré (généralement, le premier secrétaire étant un élu, n’a pas besoin d’être rémunéré par ailleurs).

Il faut avoir accumulé une petite "fortune" (patrimoine) après une trentaine d’années de vie de sénateur (élu grâce à ses intrigues efficaces au sein du PS puisque l’élection se fait à la proportionnelle) et avoir un certain talent d’orateur pour pouvoir oser quitter le cocon douillet du PS (il en a mis du temps, quand même) comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon en novembre 2008.

C’est la réponse à la seconde question qui est mystérieuse : pourquoi les "frondeurs" n’ont-ils donc pas été exclus ? Imagine-t-on un député de la majorité voter contre un projet du gouvernement ? Bien sûr, il a le droit de ne pas être d’accord sur tout (le libre-arbitre, toujours, et la conscience politique de chaque parlementaire), mais dans ce cas, il a aussi le droit de quitter son groupe, d’aller voir ailleurs. Question de cohérence dans l’engagement politique…

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Ce nouveau candidat socialiste, j’ai parlé du représentant dit de "l’aile gauche" du PS, Emmanuel Maurel. Cela pourrait donc lui faire injure d’être comparé à François Hollande puisqu’il s’est opposé à peu près à tous les projets du Président issu pourtant de son parti. Avec un avantage : n’ayant pas été parlementaire national, il n’a pas eu à se prononcer, voter pour ou contre tels ou tels projets. Il est donc "neuf", ou plutôt, "vierge" de tout engagement parlementaire.

Non, la ressemblance, forcément frappante, avec le Président sortant, Emmanuel Maurel semble l’avoir alimentée sur son look, sur l’apparence. La même pose, le même crâne, le même regard imperturbable et surtout (et qu’on ne me dise pas qu’il n’en existe pas d’autres modèles), le même type de lunettes ! Avec le rire en moins. Le téléspectateur semblait ressentir qu’Emmanuel Maurel singeait François Hollande, comme François Hollande a voulu singer François Mitterrand entre août 2010 et mai 2012 (grâce à un sérieux entraînement avec deux comédiens, d’ailleurs ; la politique, toute une comédie !).

Emmanuel Maurel est peu connu du grand public même s’il n’est pas un novice de la politique (il n’a fait que cela). Il a même postulé contre Harlem Désir le 18 octobre 2012 pour devenir premier secrétaire du PS et avait obtenu 13,3%, battu par Harlem Désir (67,9%), mais devant Stéphane Hessel (11,8%), candidat quelques semaines avant sa mort, et Juliette Méadel (5,1%). Il était celui qui avait le plus à gagner de l’unique débat télévisé entre les quatre concurrents à la tête du PS, organisé par LCI (Arlette Chabot), "Le Figaro" (Guillaume Roquette) et RTL (Benjamin Sportouch) le 7 mars 2018 de 21 heures à 22 heures 30.

Replaçons le contexte.


La déconfiture des socialistes français (et européens)

Le contexte européen : d’abord en Grèce il y a déjà plus de cinq ans, puis en Espagne, en France, en Allemagne, en Autriche, dernièrement, en Italie, tous les partis sociaux-démocrates ont subi de cuisantes déconvenues électorales au point que leur propre existence est menacée. Les partis de centre droit sont arrivés à préserver leur existence, parfois même leur capacité à gouverner, mais ont dû faire face à une vague électorale qui a favorisé les partis marginaux généralement populistes et parfois extrémistes. Le cataclysme pour le PS s’inscrit dans cette tendance historique générale en Europe.

Le contexte français : le score de l’élection présidentielle, 6,4% au premier tour le 23 avril 2017, et seulement 30 sièges (sur les 278 sortants) à l’issue des élections législatives du 18 juin 2017. Il faut remonter à l’élection présidentielle de 1969 pour observer un plus mauvais score présidentiel, avec Gaston Defferre, qui a été cité par Emmanuel Maurel dans le débat télévisé, pour une réflexion adressée à François Mitterrand : « Si, à l’issue de votre septennat, les conditions de vie des Français les plus modestes ne sont pas améliorées, alors, le reste ne vaut pas. ».

Le Parti socialiste, dans son effroyable descente aux enfers avec sa débâcle désastreuse du printemps 2017, non seulement est en perte de vitesse, mais est déserté. Beaucoup ont quitté la vie politique comme Arnaud Montebourg, Thierry Mandon, Aurélie Filippetti, Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve (à qui Élisabeth Guigou, elle-même en retraite, avait demandé de reprendre la direction du PS), etc. D’autres ont fui le PS, certains pour rejoindre plus ou moins ouvertement La République En Marche, comme Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb, Florence Parly, Nicole Belloubet, Alain Richard, Richard Ferrand, Christophe Castaner, Olivier Dussopt, ou encore plus timidement Manuel Valls, d’autres pour vivre sa propre destinée comme Benoît Hamon qui a fondé le 1er juillet 2017 son propre mouvement à écriture inclusive incluse (Génération.s).

Par ailleurs, la double défaite s’est soldée par une perte financière colossale : le financement public annuel est passé de 24,9 millions d’euros à seulement 7,6 millions d’euros. Cela a abouti à la nécessité de réduire la voilure et licenciant des permanents et en vendant le siège historique du PS, rue de Solferino, à deux pas du Musée d’Orsay, vente signée le 19 décembre 2017 pour 45,5 millions d’euros.


Décomposition à gauche

Tirant les leçons de l’échec, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis (66 ans), battu dès le premier tour dans sa circonscription le 11 juin 2017 (avec seulement 8,6% des voix), a démissionné de la tête du PS le 30 septembre 2017 au profit d’une direction collégiale provisoire sous la houlette d’un "coordinateur national", Rachid Temal (presque 45 ans), élu entre temps sénateur du Val-d’Oise le 24 septembre 2017 après avoir été conseiller régional d’Île-de-France de décembre 2015 à octobre 2017.

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Le résultat, c’est que ce parti, qui a dominé le paysage politique depuis près de cinquante ans, au pouvoir pendant vingt ans (quatre quinquennats-législatures : François Mitterrand, Lionel Jospin et François Hollande), est en faillite idéologique, politique, électorale et financière. La question même de son existence est donc posée. Car à quoi sert le PS entre un grand rassemblement de centre gauche (LREM) qui a adopté la politique réaliste et sociale-libérale des socialistes depuis qu’ils sont au pouvoir, et cette ultra-gauche "insoumise" (Jean-Luc Mélenchon) qui a gardé l’idéologie ringarde et le discours creux et anachronique du marxisme ?

Le pire, et on l’a encore vu avec ce débat télévisé, encore aujourd’hui, à la taille si réduite, ils n’ont toujours rien compris, ils ne sont toujours d’accord sur rien ! La ligne de clivage est toujours au milieu du parti. On ne comprend pas que l’aile gauche ne poursuive pas son chemin sous d’autres cieux, avec les autres, ceux qui ont déjà quitté le PS (Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon) et que l’aile droite ne rejoigne pas Emmanuel Macron qui était pourtant l’un des leurs, comme l’a si bien rappelé Emmanuel Maurel : « Je pense qu’il n’a jamais été de gauche ou alors, peut-être quand il était lycéen et qu’il faisait du théâtre. Mais je pense que ça fait longtemps qu’il n’est plus de gauche. Entre nous, on aurait peut-être dû s’en douter plutôt que de lui donner systématiquement des responsabilités de plus en plus importantes. La vérité, c’est qu’Emmanuel Macron, c’est notre créature. Nous lui avons fait la courte échelle et aujourd’hui, on s’en mord les doigts. ».

Cette tirade d’Emmanuel Maurel sur Emmanuel Macron est quand même étonnante pour un membre du parti qui a mis au gouvernement justement le futur Président. Emmanuel Macron n’a pourtant jamais varié de discours, ni avant son élection, ni même avant sa candidature à l’élection présidentielle.


La partiradicalisation du PS

Le PS devrait-il vraiment s’en mordre les doigts d’avoir mis dans le booster Emmanuel Macron ? Je ne le crois pas. Même en absence de candidature d’Emmanuel Macron, il n’y aurait aucune raison que le candidat socialiste ne subît pas la même déculottée à l’élection présidentielle de 2017. Aucune raison que le parti socialiste ne subît pas le même désastre législatif. Au contraire, l’élection d’Emmanuel Macron a sauvé les apparences, a sauvé quelques élus et même quelques ministres. Sans Emmanuel Macron, il était probable que François Fillon, ou encore Marine Le Pen, ou même Jean-Luc Mélenchon fût élu. Certainement pas Benoît Hamon. Dans toutes ces hypothèses, celle d’Emmanuel Macron fut la moins pénible pour le PS à court terme.

En revanche, à long terme, pas sûr. Car quelle utilité de conserver un parti qui fait cohabiter, de manière totalement incohérente, deux idéologies qui se retrouvent dans d’autres partis plus modernes et plus "à la mode" ? Cependant, je ne crois pas à la disparition du Parti socialiste, pour une raison simple : il a encore des élus, des groupes parlementaires et surtout, beaucoup d’élus locaux, beaucoup de maires de grandes villes, présidents de conseils départementaux et régionaux.

Je crois plutôt que le PS va devenir une sorte de syndic des élus socialistes, avec un appareil qui apportera une bonne logistique pour les campagnes locales. Et à terme, évoluer comme le parti radical, à savoir, parti d’un parti gouvernemental majeur, devenir seulement une petite formation à la marge, parfois cinquième roue d’un carrosse gouvernemental.

C’est d’autant plus probable qu’aucun des quatre candidats au poste de premier secrétaire ne représente vraiment une dynamique d’avenir. L’élection se fera ce jeudi 15 mars 2018 pour le premier tour et le jeudi 29 mars 2018 pour le second tour avant le 78e congrès qui se tiendra à Aubervilliers les 7 et 8 avril 2018. Le dépôt des candidatures a eu lieu le 27 janvier 2018.


Ceux qui ne sont pas candidats

Aucune candidature aux épaules larges, en effet. D’une part, aucune personnalité d’envergure médiatique, aucun ténor capable de faire le poids dans le choc des titans. Pas même l’ancien député Julien Dray (63 ans) dont l’idée de postuler a chatouillé l’esprit, ni l’ancien Ministre éphémère de l’Intérieur, Matthias Fekl (40 ans), battu aux législatives dès le premier tour, dont la bonhomie fait un peu penser à celle de son mentor François Hollande. D’autre part, et c’est un vrai scandale pour un parti qui aime bien donner des leçons d’égalité entre les hommes et les femmes, aucune candidatE, aucune femme candidate à ce poste !

Ni Najat Vallaud-Belkacem (voir plus haut), ni l’ancienne ministre énarque Juliette Méadel (43 ans), ni l’ancienne ministre Carole Delga (46 ans), présidente du conseil régional d’Occitanie depuis le 4 janvier 2016…

Ni surtout l’ancienne ministre Delphine Batho (bientôt 45 ans), qui fut ouvertement candidate le 14 janvier 2018 et dont la candidature a été rejetée par manque de parrainages : « Je conteste de A à Z les modalités d’organisation de ce congrès de confiscation, dans ce qui n’est plus un parti mais une petite mafia politique avec ses parrains, ses lieutenants, ses exécutants. J’ai découvert qu’il y avait eu un traficotage des statuts au dernier moment pour changer les règles du jeu, dans l’objectif de reconduire la même aristocratie politique. Je ne peux pas être complice d’un congrès illégitime. (…) Pour pouvoir déposer une candidature, il faut appartenir à un courant déjà existant. Ce qui est organisé, c’est la reconduction des cliques. Depuis la quasi-élimination électorale du PS en mai, la crise de leadership a été délibérément organisée pour que ceux qui tiennent les ficelles derrière continuent de le faire. (…) Les liquidateurs d’espérance, le verrouillage de l’appareil, ça suffit ! » ("Le Parisien", le 15 janvier 2018). Au moins, les derniers militants socialistes sont prévenus !

Résultat, le débat qui a été eu lieu le 7 mars 2018 a été très peu suivi, par 204 000 téléspectateurs seulement ! Un vrai désert, mais pas étonnant, largement prévisible quand on regarde les protagonistes à ce match dont la surenchère antimacronienne était la règle.


Les quatre candidats

Emmanuel Maurel (44 ans), donc, a sans doute eu le plus d’appréciations positives. Son calme et sa défense de l’aile gauche font qu’il s’est posé comme le meilleur opposant (des quatre !) à Emmanuel Macron. Le seul problème qui taraude le téléspectateur, c’est : pourquoi est-il donc rester au PS si honni, lui qui n’a jamais été qu’ultra-minoritaire (autour de 10%) ? Pourquoi cet ancien soutien d’Arnaud Montebourg n’a-t-il pas rejoint Benoît Hamon ? ou encore Jean-Luc Mélenchon ? Et son allure très hollandienne, elle aussi très remarquée dans les réseaux sociaux, pourrait finir par l’handicaper. S’il n’est pas le favori, il est le meilleur "challenger" qui a reçu le soutien de la plupart des élus ou ex-élus de l’aile gauche, comme Marie-Noëlle Lienemann et Laurent Baumel.

Luc Carnouvas (46 ans), ancien sénateur-maire d’Alfortville entre 2011 (2012 maire) et 2017 et maintenant député du Val-de-Marne depuis 2017, est lui aussi un apparatchik du PS, il n’a jamais fait que de la politique depuis sa jeunesse. Il fut connu surtout pour avoir été le bras droit de Manuel Valls dont il a été le directeur de campagne lors de la primaire socialiste d’octobre 2011, et a voté en particulier en faveur de la loi El-Kohmri. Promoteur de l’exposition universelle Paris 2025 avec Jean-Christophe Fromantin (maire de Neuilly-sur-Seine), candidat à la présidence de l’Association des maires de France contre François Baroin en 2014, il fut le directeur de campagne de Claude Bartolone aux élections régionales de décembre 2015 en Île-de-France. Son retournement de veste, en s’éloignant de Manuel Valls et même en critiquant son ralliement à LREM, pourrait s’expliquer par la forte influence des communistes dans sa circonscription… Il a fait partie des 67 députés (sur 566 votants) qui ont voté contre la confiance au gouvernement d’Édouard Philippe le 4 juillet 2017 (parmi seulement 5 députés socialistes qui ont voté contre, dont Boris Vallaud et Régis Juanico et parmi les 34 députés "de gauche" qui ont voté contre). Parmi ses soutiens, il y a Régis Juanico et François Pupponi, le successeur de DSK à Sarcelles.

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Olivier Faure (49 ans), député de Seine-et-Marne depuis 2012 et président du groupe PS à l’Assemblée Nationale depuis le 13 décembre 2016 (succédant à Bruno Le Roux, après un affrontement avec le fabiusien Guillaume Bachelay), faisait figure de favori parce qu’il était le meilleur PGCD. Homme de la "synthèse" de tous les courants, il a reçu de nombreux soutiens : Matthias Fekl, Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Johanna Rolland (la maire de Nantes), Guillaume Garot, Valérie Rabault, etc. Ancien patron des jeunes rocardiens en 1991 à la suite de Manuel Valls, ancien collaborateur de Gérard Gouzes, Martine Aubry, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, il s’est abstenu lors du vote de confiance à Édouard Philippe (bonjour l’engagement clair !) afin de ménager la chèvre et le chou (je laisse associer chèvre et chou et aile droite et aile gauche). L’imaginable est arrivé : il s’est montré très en retrait lors du débat, sans charisme, sans enthousiasme et sans combativité. Peu l’étoffe d’un chef malgré toute la sympathie qu’il peut inspirer ! Sa tiède ferveur contre Emmanuel Macron pourrait s’expliquer : sa conjointe a été une conseillère à l’Élysée jusqu’au 5 février 2018, date à partir de laquelle elle a suivi l’ancienne ministre Audrey Azoulay nommée à la tête de l’UNESCO (selon "Le Point" du 4 février 2018 qui a cité l'ironie d'un ancien premier secrétaire du PS : « Olivier Faure pouvait-il être vraiment libre d'attaquer Macron alors que l'Élysée faisait bouillir en partie la marmite de son ménage ? »).

Enfin, Stéphane Le Foll (58 ans), est sans doute le plus connu des quatre candidats, proche de François Hollande, député élu depuis 2012 dans l’ancienne circonscription sarthoise de François Fillon, ancien député européen de 2004 à 2012, et surtout inamovible Ministre de l’Agriculture du 16 mai 2012 au 10 mai 2017 et porte-parole du gouvernement à partir du 2 avril 2014. D’une carrure imposante, facilement indigné, il est le représentant de l’héritage hollandiste, assumant toutes les décisions du quinquennat précédent et probablement le plus capable de porter la voix du PS (s’il a quelque chose à dire). Appliquant dans ses prospectus l’écriture inclusive, il n’avait pas eu de concurrent LREM dans sa circonscription et s’est abstenu lors du vote de confiance. Il a reçu le soutien de la plupart des anciens ministres des gouvernements Hollande, notamment François Rebsamen, Frédéric Cuvilier, George Pau-Langevin et Patrick Kanner.


Combien de divisions ?

Comme je l’ai indiqué plus haut, ce débat fut une sorte de concours d’antimacronisme. Si l’on en croit les résultats de la dernière primaire socialiste, en janvier 2017, on pourrait imaginer que ce serait le candidat le plus contestataire qui gagnerait, à savoir Emmanuel Maurel. Pourtant, il y a une grande différence entre la primaire et cette désignation : le corps électoral, c’est l’ensemble des (encore) adhérents du PS, et l’élection n’est donc pas ouverte à l’ensemble des citoyens qui se reconnaîtraient dans le PS. Les discours démagogiques ont donc un peu moins prise que lors de primaires ouvertes.

Dans cette compétition surréaliste pour conserver le dernier bout de gras socialiste, il paraît paradoxalement assez probable qu’Emmanuel Macron souhaiterait la victoire d’Emmanuel Maurel pour la raison simple que sa désignation confirmerait qu’il n’y aurait plus de place politique entre LREM et FI. Ce serait dans son intérêt stratégique. La désignation d’Olivier Faure partiradicaliserait à outrance le PS en en faisant un simple regroupement électoral. Quant à l’avenir socialiste avec Stéphane Le Foll, il serait le plus cohérent politiquement et médiatiquement, assumant et reprenant le bilan de François Hollande et cherchant une petite voie d’un parti de gauche de gouvernement.

L’essentiel, ces 15 et 29 mars 2018, ce sera avant tout de connaître la participation électorale, en absolu. Combien y aura-t-il de votants qui participeront à cette consultation ? Ce sera alors le véritable nombre d’adhérents du Parti socialiste au printemps 2018. Ce sera un indicateur intéressant du niveau de décomposition oi de recomposition du paysage politique français, et en particulier de la gauche française.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 mars 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le congrès d’Aubervilliers du Parti socialiste en avril 2018.
Primaire du PS en janvier 2017.
Primaire du PS en octobre 2011.
Emmanuel Macron.
François Hollande.
Manuel Valls.
Jean-Marc Ayrault.
Bernard Cazeneuve.
Jean-Christophe Cambadélis.
Martine Aubry.
Harlem Désir.
Benoît Hamon.
Arnaud Montebourg.
Vincent Peillon.
Najat Vallaud-Belkacem.
Delphine Batho.
Ségolène Royal.
Dominique Strauss-Kahn.
Jean-Luc Mélenchon.

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10 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 15 mars 2018 13:11

    La ressemblance est bluffante et Julie Gayet devra prendre garde de ne pas se tromper.

    Mais ce n’est pas un tueur, contrairement au tristement célèbre Normal Lehollandais qui commanditait des meurtres de terroristes et surtout qui a laissé des traces de son ADN au PS après l’avoir occis. Le maladroit...


    • Buzzcocks 15 mars 2018 13:45

      Je ne vois pas trop ce qui diffère entre le PS et les autres partis.... Wauquiez est en politique depuis tout le temps. Chez Le Pen, on se refile les mandats dans la même famille.
      Melenchon est sénateur de l’Essonne puis député de Marseille. Morano, les électeurs n’en voulaient pas comme maire de Toul ou députée de Meurthe et Moselle, on la parachute tête de liste aux européennes avec place assuré pour bon service rendu à la sarkozie.
      Fillon, député de la Sarthe, son fief avec château, et pourtant, le voilà qui se présente à Paris dans une circonscription imperdable pour son camp.

      Et donc au PS, c’est pareil, on se bat pour avoir les places et les leaders se gardent les endroits réservés.

       


      • Olivier Perriet Olivier Perriet 15 mars 2018 14:01

        Heureusement pour la France, la suite a montré qu’il n’en était rien et qu’Emmanuel Macron n’était pas François Hollande.

        Ah bon, j’avais vraiment mal vu smiley

        Bon sinon, bien sûr que le PS est blessé à mort par l’expérience Hollande, et il ne s’en relèvera pas.

        Mais ce sera une mort lente, comme celle des radicaux, qui existent encore à l’état de butte témoin en Lorraine et dans le Sud Ouest.
        D’ailleurs ils se sont réconciliés, depuis le schisme entre radicaux de droite et radicaux de gauche de 1981.

        Un « événement » dont presque personne n’a parlé.


        • Fergus Fergus 16 mars 2018 09:12

          Bonjour, Olivier Perriet

          Oui, je confirme que vous avez mal vu, comme je vous l’ai déjà écrit par ailleurs. Sur ce plan-là, l’auteur a parfaitement raison. Hollande n’a été qu’un libéral mou là où Macron (Hollande ou Sarkozy puissance 4) mène une politique de droite dure en termes de contreréformes sociales !

          C’est ce qui rend l’actuel président particulièrement dangereux car contrairement à ses prédécesseurs velléitaires, il applique son programme !


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 16 mars 2018 09:16

          @Fergus

          Vous êtes vraiment gonflé, après avoir longuement craché sur Sarkozy, vous êtes en train de nous dire qu’avec le recul c’était pas si mal.

          Donc dans 5 ans, je suppose que vous nous direz que Macron c’était pas si mal :

          on oublie plus vite les mauvais souvenirs que les bons.


        • Fergus Fergus 16 mars 2018 18:43

          @ Olivier Perriet

          « après avoir longuement craché sur Sarkozy, vous êtes en train de nous dire qu’avec le recul c’était pas si mal »

          Soit j’ai des problèmes d’expression écrite, soit vous avez des problèmes de lecture : je n’ai jamais rien écrit de tel.

          Et pour cause : je pense que la gouvernance de Sarkozy pour notre pays a été mauvaise, que celle de Hollande l’a été tout autant, et que désormais celle de Macron est, de loin, la pire car lui a le courage d’assumer les choix libéraux décomplexés voulus par les puissances de l’industrie et de la finance !

          Bref, on va de mal en pis en termes de prise en compte des attentes des classes populaire et de protection sociale !


        • Fergus Fergus 16 mars 2018 18:45

          Et je n’ai jamais « craché » sur quiconque ! L’insulte ne fait pas partie de ma culture et de mon vocabulaire. Combattre énergiquement un élu n’est pas « cracher » sur lui !


        • zygzornifle zygzornifle 15 mars 2018 15:06

          Le PS c’est comme la chaude pisse , une fois guéri on continue quand meme a se gratter les grelots ....


          • Clouz0 Clouz0 15 mars 2018 20:26

            Qui que soit l’homme qui sortira du chapeau, cela n’a finalement aucune importance. 

            Il leur faut un chef, mais n’importe lequel fera l’affaire.
             
            D’ailleurs dès que le nom de l’heureux élu sera connu il se trouvera immédiatement en bute à la lutte et à la contestation interne, et sera sans doute minoritaire très rapidement dans son propre parti.
            Mais cela les français y sont habitués, c’est le folklore des socialistes, jamais d’accords entre eux et toujours prêts à s’attaquer, à surenchérir, et à dénoncer la dérive des autres, surtout de leurs proches.

            Le PS ne peut pas mourir, il répond à un besoin fondamental !
            Il répond à ce besoin qu’ont certains d’avoir la certitude d’être le bien personnifié. Etre socialiste c’est être pur, juste, être un exemple en tout, être soi-même l’expression la plus haute de ce que peut produire l’humanité. 
            Et, avoir le logo PS accroché au revers de sa veste, c’est la preuve ultime que l’on peut brandir face à tous les autres de l’exceptionnalité humaine que l’on a soi-même atteint. 
            Etre socialiste c’est le confort intellectuel enfin acquis, mais toujours vigilant et jamais rassasié.

            Tellement ’’trop plein de Bien’’ en eux, ils en sont incapables de s’apercevoir que d’idée en idée ils se perdent dans la mesquinerie et la petitesse... mais cela n’est évidemment visible que de l’extérieur.

            Bref, nous avons besoin d’un PS pour que les cuistres puissent continuer à imaginer être des humanistes.

            • Dom66 Dom66 16 mars 2018 00:56

              @Clouz0

              Être socialiste c’est d’avoir tué la gauche, être socialiste c’est d’avoir privatisé, être socialiste c’est d’être resté dans l’OTAN …...j’arrête là. Plus minable que les socialistes ça n’existe pas

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