Paris–Washington ; L’Iran dans le viseur ?
Le président Emmanuel Macron s’est vu offrir un privilège symbolique ; il a été le premier chef d’état étranger à recevoir les honneurs d’une visite d’état à la maison Blanche depuis l’installation de son nouveau locataire, Donald Trump. Il est vrai que diverses questions restaient en suspend entre les deux pays ; les traités de libre échange et le commerce international, le retrait de Washington de l’accord sur l’environnement, et, surtout, la question Iranienne. Il n’est pas inutile de rappeler que de part et d’autre de l’Atlantique, les opinions quant au ‘problème Iranien’ divergent quelque peu. Alors que l’Union Européenne et la France souhaitent maintenir l’accord sur le nucléaire signé en 2015, les USA veulent en sortir pour « non-respect de l’esprit de l’accord » de la part de l’Iran.
A première vue, la situation entre les deux plus vieux alliés du monde occidental contemporain paraît bloquée. Mais il s’agit plus ici d’une divergence de moyens que d’une véritable opposition sur le fond du problème. Car les deux pays sont d’accord sur de nombreux points ;
- Il faut en finir avec le programme balistique Iranien qui, comme le confirmait Jean-Yves Le Drian avant son voyage à Téhéran début mars, « n’est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et dépasse les seuls besoins de sécurité des frontières de l'Iran. »
- L’influence belliqueuse et déstabilisatrice de l’Iran au Moyen-Orient doit également être, sinon stoppée, à minima contrôlée, afin d’éviter les débordements tels que nous les connaissons en Syrie, en Irak, ou encore au Yémen ;
- Les droits humains doivent être respectés par le gouvernement Iranien, ce dernier n’hésitant jamais à user de l’interpellation arbitraire, de la torture et du meurtre pour faire taire ses principaux détracteurs.
Iran : l’irruption du peuple sur la scène politique
A une démonstration d’un cadre de chez Chevreux, filiale du crédit Agricole sur les marchés, démontrant que le marché avait toujours raison et devait toujours l’emporter quelle que soit la promesse politique faite en amont, François Ruffin répondait par cette suggestion : « Quid de l’irruption du peuple sur la scène politique ? » La réponse du cadre en question oscillait entre surprise et balbutiements. Si le peuple intervient, le marché plonge, bien sûr. Il en va de même en Iran. Après 39 ans passés sous le joug du Velayat-e-faqih (pouvoir du guide suprême), les Iraniens en ont assez de la corruption, des non paiements des salaires, de l’état de délabrement de l’économie du pays, du pillage des richesses à des fins guerrières et personnelles, de la torture, de l’absence totale de libertés fondamentales…
Résilient depuis de longues années, le peuple iranien a donc décidé de reprendre son bâton de pèlerin et d’affronter directement le pouvoir, ville par ville, corporation par corporation, affaiblissant un peu plus chaque jour un pouvoir chancelant, vacillant sur ses certitudes, perdant de sa force de conviction pour finalement se montrer tel qu’il est : une dictature sanguinaire détenant un triste record ; celui du plus grand nombre d’exécutions par an et par habitant.
L’objectif du peuple est clair ; faire chuter ce régime de l’intérieur, sans intervention militaire de qui que ce soit. Mais avec un minimum d’aides de la communauté internationale. Une aide qui interdirait à l’Iran actuel de s’étendre au-delà de ses frontières comme il le fait en ce moment. Une aide qui contribuerait à affaiblir encore l’économie tenue par les pasdarans pour forcer à la redistribution sociale. Une aide qui conditionnerait ses échanges commerciaux au respect des droits humains fondamentaux…
Pour toutes ces raisons, les yeux Iraniens sont rivés sur le monde, et leurs oreilles ne perdent pas une miette des discussions en cours entre les puissances occidentales. Mais qu’on se le dise ; quelle que soit la décision finale qui sera prise, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, la résistance en Iran ne s’arrêtera pas tant que le peuple n’aura pas recouvré sa liberté pleine et entière.
Les divergences de moyens exprimés par les USA et la France ne sont au final que de petits obstacles technocratiques qui n’altèreront en rien la volonté du peuple iranien de changer de régime. La seule différence, c’est le temps. Si les puissances occidentales parvenaient à s’entendre rapidement, alors il existe une forte probabilité pour que le renversement de la théocratie Iranienne intervienne rapidement… Mais de l’intérieur exclusivement.
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