• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > International > Les jeunes en Afrique subsaharienne : le travail avant la scolarité (...)

Les jeunes en Afrique subsaharienne : le travail avant la scolarité ?

L'Afrique subsaharienne compte parmi les régions du monde les plus touchées par le travail des jeunes. L’éducation est l’une des clés importantes pour réduire ce phénomène. Aujourd’hui, de plus en plus d’actions sont mises en place pour permettre aux jeunes d’être scolarisés.

Dans le monde, 152 millions d’enfants travaillent, dont 52 % de jeunes entre 12 et 17 ans. Ces données alarmantes de l’OIT1 amènent quelques réflexions.

Une situation préoccupante
D’après des données de l’OIT, Estimations mondiales de 20162, c’est le continent africain qui est le plus touché par le travail des jeunes, soit 19,6 % des jeunes âgés de 5 à 17 ans, dont 22,4 % de jeunes en Afrique subsaharienne. D’après Plan International France, l’agriculture est le secteur économique le plus présent avec 85,1 % des jeunes astreints au travail. Viennent ensuite les secteurs de l’industrie et des services. Plus concrètement, selon une étude réalisée par l’université de Tulane aux États-Unis, «  dans les communautés cultivatrices de cacao en Côte d’Ivoire, 60,1 % des travailleurs sont des adolescents âgés de 15 à 17 ans  »3. Autre exemple, en Tanzanie, 70 % des jeunes de 5 à 17 ans travaillent, pour la plupart dans des mines d’or.

Une corrélation avec la scolarisation
D’après l’Observatoire des inégalités, dans le monde, « le taux net de scolarisation est passé de 84 à 90 % en primaire et de 55 à 65 % dans le secondaire entre 2000 et 2015. »4 Cependant, « la scolarisation en primaire reste la plus faible en Afrique subsaharienne avec un taux de 78 %, mais il y a eu une nette hausse depuis 2000 où il était de 60 % »4. Une corrélation est remarquable entre le travail et la scolarisation des jeunes en Afrique subsaharienne. En effet, on peut remarquer que l’Afrique subsaharienne correspond à la fois à la région comprenant le plus de jeunes qui travaillent et le taux de scolarisation le plus bas.

Des causes multiples mais similaires
L’Afrique fait partie des régions les plus touchées par les conflits et les catastrophes, tels que le terrorisme ou les sécheresses, qui sont des facteurs aggravant le risque de travail des jeunes. De plus, le dossier Estimations mondiales de 2016 montre qu’un grand nombre de jeunes contraints au travail est entièrement privé d’éducation et que les autres jeunes contraints au travail pouvant aller à l’école sont aussi pénalisés au niveau éducatif du fait de leur participation à ce travail. Pour cause, « le temps et l’énergie dépensés dans le travail interfèrent avec la capacité des enfants à tirer un avantage éducatif de leur présence en classe et à trouver du temps hors de l’école pour des études personnelles »1. Par conséquent, ces jeunes contraints au travail ont tendance à avoir de mauvais résultats dans leur apprentissage, s’écartent de leurs camarades qui, eux, n’ont pas à travailler. Les mauvaises conditions de scolarité n’aident pas non plus à la scolarisation des jeunes, pour cause des classes avec un très grand nombre d’élèves, « de 60 à 100 élèves »4 parfois et les « systèmes scolaires n’ont souvent pas grand chose à voir entre eux »4 ; et d’après la Banque mondiale, le ratio élèves-professeur au primaire en Afrique subsaharienne est de 42 enfants pour un enseignant alors qu’en Europe, en Asie centrale et en Amérique du Nord il est de 15. Les parents de ces jeunes sont aussi concernés. En effet, c’est l’éducation qu’ils ont reçu qui les incite à faire travailler leurs enfants pour apporter de l’argent au foyer et vivre un peu plus décemment, et il leur manque une prise de conscience sur l’importance de l’éducation. On peut alors penser qu’il s’agirait également d’un phénomène culturel en plus d’être économique et social.

Des efforts considérables
Depuis 2000, les gouvernements et les populations commencent à prendre conscience de l’importance de scolariser les jeunes au lieu de les faire travailler. Avec les organisations, ils mettent en place un maximum d’actions pour éviter le travail des jeunes et favoriser leur scolarisation. En Côte d’Ivoire par exemple, depuis 2015 le gouvernement d’Alassane Ouattara5 a pour objectif de réduire le travail des jeunes à court terme de 70% et développe une « politique publique d’éducation, de santé pour tous et de promotion des droits de l’enfant », notamment avec la scolarisation « obligatoire pour les jeunes âgés de 6 à 16 ans […], la formation de plus de 5 000 enseignants et la construction de 4 500 classes »6. De plus, des campagnes de sensibilisation et d’information des populations sont mises en place, ainsi que la protection et l’assistance des jeunes victimes et des opérations de répression par la police pour démanteler les réseaux de trafiquants d’enfants. L’association « Children of Africa », présente dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, « a lancé des campagnes pour inciter les familles à scolariser leurs enfants », comme l’explique la fondatrice de cette association, Dominique Ouattara6. Plus particulièrement en Côte d’Ivoire, l’association distribue chaque année des kits scolaires comprenant des vêtements et des fournitures scolaires aux jeunes ivoiriens. Un programme de lutte contre le travail des jeunes a également été mis en place par Plan International en Tanzanie, dans le but d’améliorer la situation financière des foyers les plus pauvres grâce à des microcrédits, permettant ainsi aux jeunes de retrouver le chemin de l’école. Grâce à cela, toujours d’après Plan International, 12 187 jeunes ont été rescolarisés en Tanzanie.

La scolarisation et le travail des enfants sont étroitement liés. L’un empêche l’autre, c’est pour cela que les gouvernements, les sociétés civiles et les organisations mettent en place un maximum d’actions pour que tous les jeunes soient scolarisés. Cette scolarisation permettrait d’éviter le travail des jeunes en supprimant certaines causes de ce travail qui sont la pauvreté, l’accès difficile à cette scolarité et ces conditions défavorables. Ces actions ont déjà permis à de nombreux enfants de retrouver une scolarité ou d’en avoir une. Il reste encore de nombreux autres efforts et des choses à améliorer pour scolariser tous les jeunes et mettre fin à leur travail.

Quelques définitions :
L’Afrique subsaharienne est l’étendue du continent africain au sud du Sahara. Elle regroupe 48 pays répartis en 4 sous-régions (l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Centrale et l’Afrique australe).
Le travail des jeunes est défini comme un sous-ensemble des jeunes occupés économiquement. Il comprend tous les jeunes âgés de 5 à 11 ans qui travaillent, tous les jeunes de 12 à 14 ans qui effectuent des travaux non considérés comme des travaux légers et qui travaillent plus de 14 heures par semaine, et tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans dont le travail peut-être considéré comme dangereux.

Notes et sources :
(1) : Organisation Internationale du Travail
(2) : Organisation Internationale du Travail, « Estimations mondiales du travail des enfants et l’esclavage moderne de 2017-Fiche d'information régionale pour l'Afrique », Organisation International du Travail [en ligne], publié le 19 septembre 2017. Disponible sur : http://www.ilo.org/global/docs/WCMS_597875/lang—en/index.htm
(3) : GABO, Germain. « Lutte contre le travail des enfants – La formation professionnelle pour booster l’insertion des adolescents », All Africa [en ligne], publié le 07/11/2017. Disponible sur : https://www.fratmat.info/index.ph/economie/luttecontre-le-travail-des-enfants-la-formationprofessionnelle-pour-booster-l-insertion-desadolescents
(4) : Observatoire des inégalités, « La scolarisation des enfants progresse dans le monde »,
Observatoire des inégalités [en ligne], publié le 2 septembre 2013, date de mise à jour 1er septembre 2017. Disponible sur : https://www.inegalites.fr/Lascolarisation-des-enfants-dans-le-monde?id_theme=26
(5) : Alassane Ouattara est le président de la République de Côte d’Ivoire depuis 2011
(6) : La Croix. « Scolarisation des enfants : l’Afrique bientôt bonne élève ? » La Croix [en ligne], publié le 12/01/2017. Disponible sur : https://www.lacroix.com/Debats/Forum-et-debats/Scolarisationenfants-lAfrique-bientot-bonne-eleve-2017-01-12-1200816651

Image : CC Andrew Shiva / Wikipédia


Moyenne des avis sur cet article :  2/5   (2 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    



    • foufouille foufouille 5 mai 2018 13:24

      "Un programme de lutte contre le travail des jeunes a également été mis en place par Plan International en Tanzanie, dans le but d’améliorer la situation financière des foyers les plus pauvres grâce à des microcrédits"
      ben voyons, un crédit se rembourse.
      il n’est pas précisé si l’école est payante ................

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité