Maroc : Boycotteurs ou fouteurs de merde ?
D’abord son nom qui sonne faux dans une époque où la mode de l’arabisation- ou la marocanisation- des brands paye plutôt bien. D’autant que l’appellation « Danone » renvoie au fondateur juif Isac Carasso. Un antisémitisme latent qui nous rappelle d’autres plus bêtes et méchants comme cette histoire à dormir debout de Pepsi cola dont le nom signifie selon ces détracteurs, dans les années 70 et 80 : Pour l’Encouragement du Peuple Sioniste et Israélien. La firme des soft drinks américaine était accusée d’envoyer une partie des bénéfices sur ses ventes à l’Etat hébreu qui tue les palestiniens !
Imaginons qu’en France un mouvement contre la vie chère, supposé populaire, civique et spontané est lancé à partir des réseaux sociaux et appelle au boycott de trois marques de produits de grande consommation en épargnant le reste. Par exemple l’eau minérale Evian, les stations de service Total et le laitier Lactalis. Evidemment et à première vue les concurrents Contrex, Vittel, Hépar, Bridel, Président, BP, Shell, Esso pour ne citer que ces appellations, vont se frotter les mains en buvant du petit lait. Du pain bénit pour elles. Mais en réalité, ces dernières devraient plutôt s’inquiéter ; car devant un tel mouvement illogique, sauvage et irrationnel pour ne pas dire subversif et anarchique, le pire n’est jamais loin et personne n’est à l’abri de la fronde. Le vent qui fait tourner ces girouettes qui croient participer à une œuvre de salut publique peut changer de direction à tout moment et balayer à gauche et à droite, aléatoirement et à l’emporte-pièce. C’est en effet ce qui est arrivé au Maroc. Depuis le 20 avril dernier, un mouvement lancé sur le Net, sous le mot d’ordre #Mouqati3oun (#boycott), a visé sélectivement la société de distribution des carburants Afriquia, l’eau minérale naturelle Sidi Ali et le lait frais ou UHT Centrale Laitière ; appartenant respectivement à M. Abdelaziz Akhannouch , ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Mme Miriem Bensaleh Chaqroun, présidente du patronat marocain (CGEM), et le groupe français Danone (propriétaire à plus de 99 % de l’ex Centrale Laitière). Les boycotteurs qui ont eu des soutiens publics parmi des artistes, des politiques et des journalistes et autres personnes qui ont toutes une dent ou un problème personnel contre les propriétaires de ces trois marques commerciales justifient leur action par la cherté des trois produits visés. Alors que les prix sont identiques à ceux de la concurrence, à quelques centimes près ; autant dire : rien. Certains boudeurs sont allés jusqu’à jurer que dans certains pays européens où les salaires sont beaucoup plus élevés qu’au Maroc l’essence, le lait et l’eau en bouteille coûtent moins cher. Ce qui est faux. D’autres dénoncent l’économie de rente, l’entente sur les prix et l’abus de position dominante. Mais pourquoi alors avoir ciblé trois marques précises et pas les autres ? Réponse des boycotteurs : en ciblant le gros du bataillon qui réalise les principales ventes on envoie un signal à toute la compagnie. Une explication qui fait plutôt rire et qui ne tient que par la peinture… Peut-être que le petit peuple qui a suivi l’appel au boycott, pour la plupart des jeunes chômeurs désœuvrés, des retraités vivotant avec des pensions de misère d’une centaine d’euros par mois sont de bonne foi mais ce n’est pas le cas du noyau dur d’anonymes, d’où est partie l’étincelle, il y a près de 3 semaines. Tapis dans l’ombre, ces manipulateurs semblent bien avoir des comptes à régler avec le makhzen (terme marocain désignant l’Etat et tout ce qui tourne autour). En effet M. Akhannouch, homme politique présidant un important parti politique centriste, membre majeur de l’actuelle coalition dirigée par les islamistes du PJD, brille par ses succès retentissants à la tête de son ministère et par les grandes réformes profondes qu’il mène au sein du RNI pour en faire un parti politique efficace et moderne, à même de s’imposer aux prochaines échéances de 2021.
Evidemment, tout ça fait grincer bien des dents et fait des jaloux. Idem de Mme Bensaleh. Si cette dame de fer qui a fait ses études en Amérique du Nord (à Dallas aux Etats-Unis) comme M. Akhannouch au Canada, n’est membre d’aucun parti politique, elle fait, par contre, de la politique autrement et par la force des choses ; puisqu’elle préside le patronat. Bien vue par son dynamisme et sa fermeté constructive et proactive, Mme Bensaleh est une cible naturelle de la sphère des nihilistes et des envieux. De même pour Centrale Danone . Avec plus de 6.000 collaborateurs, 120.000 éleveurs partenaires dont 50.000 bénéficiant d’unecouverture médicale , cette société est victime d’une série de préjugés. D’abord son nom qui sonne faux dans une époque où la mode de l’arabisation- ou la marocanisation- des brands paye plutôt bien. D’autant que l’appellation « Danone » renvoie au fondateur juif Isac Carasso. Un antisémitisme latent qui nous rappelle d’autres plus bêtes et méchants comme cette histoire à dormir debout de Pepsi cola dont le nom signifie selon ces détracteurs, dans les années 70 et 80 : Pour l’Encouragement du Peuple Sioniste et Israélien. La firme des soft drinks américaine était accusée d’envoyer une partie des bénéfices sur ses ventes à l’Etat hébreu qui tue les palestiniens ! Pour une partie des 75.000 mahlabas (une mahlaba est une sorte de deli à la marocaine qui vend des produits laitiers industries ou artisanaux) et autres épiceries, Centrale Danone pipe son lait pour le rendre impossible à faire cailler pour la confection du fameux raîb raîb (yaourt artisanal, produit populaire car consistant, copieux et bon marché. Ces commerces soupçonnent en fait l’entreprise française de recourir à ce stratagème pour les empêcher de vendre du raîb qui fait de l’ombre aux yaourts Danone, moins copieux, plus chers et « bourrés » d’agents conservateurs chimiques. Donc avant que Centrale Danone ne modifie la méthode d’usinage de son lait frais, les tenanciers de ces deli ne le prenaient que pour en faire du raîb et pas pour le vendre en tant que tel, ce qui occasionnait des pertes pour la société ; car ce faisant ces épiceries laissaient pourrir les yaourts Danone qui représentent la principale source de gain de l’entreprise. Laquelle ne gagne presque rien sur le lait frais, pas plus que sur l’UHT ; près de 20 centimes par pack de demi-litre. Sur les 3,50 dirhams que coûte ce dernier, 1 dirham (0,09€) va à l’emballage que fabrique Al Obeikan Elopak Factories, un industriel saoudien qui a le monopole du marché qui bizarrement ne gêne pas les boycotteurs. Lesquels, pourtant, se plaignent des monopoles Pas du tout clair tout ça.
http://chankou.over-blog.com/2018/05/maroc-boycotteurs-ou-fouteurs-de-merde.html
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