Le chômage serait-il devenu une fatalité ?
La loi d'Okun (1928-1980), après avoir établi une relation entre le PIB et le taux de chômage, ce conseiller de Kennedy a déterminé un taux de croissance minimum afin d'enrayer une baisse du chômage. Si la population active augmente, le PIB se doit d'augmenter du même ordre de grandeur pour parvenir à stabiliser les chiffres du chômage, il en va de même pour la productivité qui s'accroît en continu : standardisation, automatisation, formation, progrès technique, management, etc. Pour que la courbe s'inverse, la France se doit de gagner 2 % de PIB, ce qui revient à créer plus de 100 000 emplois pour seulement « étaler » l'augmentation d'actifs ! Le plein emploi est devenu une utopie, en cause : la réduction du temps de travail sans véritable création de nouveaux postes et l'augmentation de la population active (démographie, immigration, recul des départs à la retraite). Si la croissance n'est pas au rendez-vous, le chômage devient endémique.
Comment inciter des secteurs en berne à réduire leurs activités, et d'autres à augmenter leur production tout en assurant des passerelles pour la main d'œuvre ? Si le turn over ou la flexibilité améliore l'embauche, il ne crée pas d'emplois. Les entreprises recrutent pour faire face à une augmentation de productivité et licencient en cas de difficultés. Une main-d'œuvre nombreuse permet de produire davantage, mais il ne saurait être question d'apprécier la prospérité d'un pays par sa production globale. Le PNB de l'inde dépasse celui de certains pays européens, et pourtant, l'Inde reste un pays pauvre. On doit donc évaluer la production per capita, diviser la production totale par la population totale et non la seule population active. L'objectif de la croissance n'est donc plus la production du plus grand nombre de biens, mais de produire la plus grande quantité de biens par personne.
Le chômage a bien plus d'incidences sur la vie sociale que la seule privation d'emploi ; il accroît les inégalités entres les strates sociales par le jeu de l'âge, de la formation, de la qualification. On parle d'inégalité du chômage. L'allongement de l'espérance de vie, la dénatalité ont une répercussion sur le droit à la retraite. Le mode de financement des retraites et autres bénéfices sociaux repose en grande partie sur les salaires à la charge de l'employeur et du salarié, ce qui ne fait qu'accroître le coût du travail et celui du capital investi. On va travailler de plus en plus longtemps (recul de l'âge du départ à la retraite, nécessités financières), les jeunes ne pourront accéder aux postes de responsabilité occupés par les « seniors » ou les pantouflards, alors qu'ils seront les plus aptes à offrir une meilleure capacité d'adaptation et de perception aux mutations sociétales et/ou technologiques.
La progression des dépenses de santé va de pair avec le vieillissement d'une population grande consommatrice des soins et médicaments, auxquels il convient d'ajouter les coûts liés à la haute technologie des équipements médicaux qui sont de plus en plus sophistiqués, ce qui entraîne leur obsolescence rapide et leur remplacement. Près de deux tiers des européens placent la recherche médicale et pharmaceutique au premier rang des actions prioritaires de l'État. La médecine est devenue un secteur majeur de l'économie et de la recherche fondamentale et appliquée. La croissance en rapport avec la recherche appliquée requiert une main d'œuvre hautement spécialisée de façon à pouvoir toujours innover et participer à la captation de nouveaux marchés.
Le PNB ne traduit que la production des biens et de service, il néglige les effets de la croissance sur la qualité de vie. La volonté de toujours vouloir produire plus entraîne d'autres coûts sociétaux : pollution, saturation des biens, prolifération des déchets, nuisances, burn-out, couples monoparentaux, etc., facteurs qui contribuent à réduire le bien être collectif. Pour l'Organisation mondiale pour la santé, la notion de santé est : « le complet bien être physique, mental et social ». Les dépenses liées à la santé sont de plus en plus des dépenses visant à l'épanouissement personnel, ce qui ne manque pas d'entraîner une incidence sur les coûts. On s'oriente vers la création et l'essor de sociétés de services, de soins, de loisirs car la productivité n'y joue qu'un rôle faible. En contre partie, ces activités sont liées au niveau du pouvoir d'achat des consommateurs.
Les années de croissance rapide qu'on connu les pays industrialisés ont été marquées par l'arrivée massive de travailleurs étrangers. Au coût social des étrangers venus travailler, il convient d'y inclure celui des membres de la famille venus les rejoindre et qui sont parmi les premiers touchés par le chômage. Cette population d'origine étrangère croît dans des proportions nettement supérieures à celle des nationaux, personne n'a l'idée de comparer la courbe des actifs qui iront grossir les rangs des chômeurs avec celle de l'immigration..., phénomène aggravé par leur plus grande jeunesse et son dynamisme démographique. Plus une population est nombreuse, plus elle augmentera d'année en année, augmentation qui viendra s'ajouter à celle de l'année précédente. Si nous faisons appel de plus en plus à de la main d'œuvre pour un secteur donné, nous atteindrons un seuil pour lequel chaque travailleur supplémentaire ajoutera une production supplémentaire inférieure à celle de l'ouvrier précédent. La MO augmentera, mais la production par travailleur diminuera !
Une économie stagnante qui ne créée pas d'emplois nouveaux enregistre une hausse du chômage. En matière de stabilisation de l'économie, les choix relèvent essentiellement de la politique menée. Les tentatives pour réduire le taux de chômage sont diverses. En premier, les programmes de formation et de recyclage. Si un travailleur d'un secteur en difficulté réussit sa reconversion vers un secteur émergent, il y aura un demandeur d'emploi de moins, mais cela contribuera aussi à atténuer la pénurie de la main d'œuvre qualifiée. Pour que la formation débouche sur un emploi, elle se doit d'être la plus courte possible, sinon, le marché peut avoir évolué et l'emploi visé n'être plus adapté aux réalités économiques. Lorsque le chômage est plus élevé dans une région qu'une autre, le gouvernement peut y favoriser les initiatives grâce à divers avantages fiscaux dans l'espoir d'accroître la mobilité des travailleurs.
L'utopie du plein emploi semble avoir vécu, d'autant que la robotique capable de produire plus avec moins de personnel détruit des emplois... Une croissance modérée ne saurait plus suffire à enrayer la progression du chômage. Une croissance soutenue est un phénomène qui date de la révolution industrielle. La plupart des personnes estime qu'il est souhaitable de produire d'avantage de richesses, pour elles, une économie saine reste une économie capable de produire toujours de plus en plus. C'est le chien qui se mord la queue, nos enfants iront rejoindre la cohorte des sans emplois. On a de plus en plus de vendeurs de pizza, de caissières titulaires d'un troisième cycle (niveau 1). Selon certains économistes, seulement 10 % des postes nécessitent un niveau d'étude supérieur au brevet des collèges, de s'interroger sur la nécessité à vouloir toujours plus de bacheliers alors que des CAP ou BP seraient suffisants, et du surcoût engendré. Une solution possible passe par la réduction de la population active ou le revenu universel..., pour ainsi espérer stabiliser la dette au lieu de la laisser à nos enfants et accroître la pauvreté et la précarité.
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