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Journées dans les murs

J’ai en outre ceci : On a disparu de nos anciennes places publiques. Pourvu que nos agoras de nos centres-ville ne tuent pas d’avantage. Je me suis demandé à posteriori que serait notre existence sans l’intrusion technocratique rémanent que nous subissons par métaphores dans nos villes. Où serions nous passés outre ce progrès ? Qu’aurions nous fait de la nature, des oiseaux, des jungles, des glaces éternelles ? Nous nous installions peut être au confins de quelque récrimination, hors de nos rêves. On se réveillerait épouvanté de mélancolie tous les jours, loin de ce temps kaléidoscopique ici à vouloir goûter nos derrières bizarreries agro-chimiques distillés sous le fond de quelques artisans du dégât aux bâtisses et aux allures futuristes et leurs voitures. C’est dans ce chaos facétieusement renouvelé que nous rendons nos instants si provisoires. Au fond de nos promiscuités, il y a plus que tremblement.

Le renouvellement intarissable de ces appareils reflète bien justement la division anthropologique qui opère dans ce cloaque en voyant ces autres milliards ratiboiser dans la pauvreté absolue assembler à l’évidence ces objets sous signe d’inconscience. Le portrait de ceux-là lointains a été créé pour nous autres, placés ici dans nos douches tempérés. On leur propose le martyre d’être décoré d’usines et leur soif, étanchée à l’eau bactérienne qui ignore pour le moins du monde cette humanité aboutie. J’ai entendu que certains employeurs se sont confortablement installés dans l’idée lumineuse de faire construire des filets aux fenêtres des esclaves omis de nos préoccupations, fabriquant nos écrans et nos processeurs afin qu’ils évitent de pouvoir se tuer en les rattrapant tels des colifichets, des bagatelles humaines, quelque chose de frivole qu’on remet à son poste de travail tout en lui faisant payer ses fractures. La gratuité de ces condamnations affiche un zénith macabre de nos absolutismes technologiques. Je me suis dit par la suite qu’en tant que téléspectateur, remuant à peine la bouche, dans ma modeste posture dans ce millénaire riche en instants nécessaires, il me sort aucun mot pour décrire à cheval les conséquences de toutes sortes de cette décoiffée de production de masse tachée aux antidépresseurs et ses slogans idiots annonçant que demain non-plus ça ne va pas s’arrêter et que l’évolution de ce processus post-urbain est l’expansion de tout et total. Puis j’ai pensé ici au bureau, assis, me débarrassant de synonyme pour enfin décrire le pardon nécessaire d’avoir fait ça de ma vie, qu’en face, une autre collègue s’occupant d’amortir la réflexion des consommateurs et de les rendre fous en écoutant des spots publicitaires à la radio dans le bouchon à l’aube, se lève d’une féroce énergie, devenant rageuse au visage indécis et elle nous pond le fait malheureux qu’elle vient d’épuiser son forfait. Visiblement elle était invité dans un restaurant avec d’autres collègues de bureau et qu’avec cette malchanceuse situation elle serait dans l’incapacité de les joindre. Sa réflexion n’allait pas au delà de ses remarques sordides, dans l’incapacité sinistre que son cellulaire intelligent pouvait servir aussi de téléphone classique. Cette monstrueuse capacité que notre époque moderne détient est de nous accommoder si délibérément à la puissance de ses adaptabilités.

Nos expériences nous paraissent transportables avec nos écrans et nos batteries à rechargement rapide et c’est toujours le réseau social renouvelant les monuments de folie intrinsèque à notre futur. Il n’y a plus rien à dire sur nos satisfactions à rendre ce bonheur factice intelligible. J’ai encore à l’esprit ceci à solliciter nos écrans tactiles : Je suis névrosé du geste qui fait de ces appareils un bréviaire violant le paysage, embobinant ces aliénés évacués de la vérité et de la réalité, imposé d’interprétations névralgiques faisant de la parole non pas un acte civillisationnel mais un complot individuel à se partager des jobardises figées et à user des mots dont la teneur symbolique se limite à une jeunesse bazardée au découragement scolaire. Etant ravitaillé au contenu de nos moteurs de recherche, on force la satisfaction du binaire à nous doubler en impatience. On a faim à nous reproduire au virtuel, en service asservi à l’hypothèse qu’on a introduit une mémoire collective. Aussi j’ai remarqué qu’on ne contrôle plus nos portatifs. Ce sont désormais des objets cultes se tenant fermement en leur quintessence métaphysique, d’une mentalité talentueuse d’y y déposer notre cerveau. On leur donne tout ! Un démon idiosyncrasique. Nous suivons par barèmes le rythme des innovations et nous perdons conscience que l’ennemi véritable grandit en nous : l’aboutissement de notre confort. C’est d’être spontané face à l’ignorance. Nous passons ainsi nos vies troglodytes à partager nos servitudes volontaires et à s’inventer une vie meilleure, sans gaz d’échappement. On a que faire de cet immense terroir halluciné de distractions. On a qu’à randonner autour de soi-même sans même comprendre que le rétrécissement continu de notre vie sur terre n’est pas placé sur l’autel de la sécurité civile mais juste la tyrannie saignante du crédit et de la marchandise et c’est exact. Le sens pratique de cette existence ici est expliqué avec de mains détails dans nos télévisions. Dans une baignoire journalistique, on explique les méfaits de la guerre pour enchaîner avec le dernier cellulaire qui l’a provoquée. Ton être aliéné grandit en images intenses et tes heures vacantes construisent le collectivisme nauséabond de demain. Ce fléau périmé n’a pas besoin de bonheur. Il a besoin de machines à laver. Je rentre chez moi.

Nous avons désormais atteint l’Age total, un monde où l’euthanasie est interdite, où la mort délibérée est soumise aux continuels paiements des factures, un monde où l’anxiété n’est plus le sang d’une vie civilisée, un monde où on est obligé d’importer de la nourriture biologique faute de terres cultivables régionales, un monde où on cueille des fruits pas encore comestibles pour arriver ici deux semaines plus tard devenus délectables dans leurs camion réfrigérés et je me suis posé la question quel monde de substitution nous allons léguer à nos enfants et j’ai remarqué que la fragilité si sensible d’une nature rasée au glyphosate devrait nous délivrer de la malnutrition mais qu’au final n’était que mensonge. Je dois me changer les idées ! Nous n’éprouvons notre nourriture phosphatée artificiellement comme jetable après que le travail de la date limite de conservation ait porté son effet industriel sans même ouvrir l’emballage plastique. En cédant cette normalité alimentaire à l’émotion radio-pilotée, nous sommes en mesure de jeter un regard méfiant sur les molécules cérébrales et leurs calculs nécessaires faisant besogner la raison. Chacun néglige à ce point l’état d’évidence.

Au moment de corriger la courbe tonale sur mon image numérique, j’entame une discussion désintéressée avec un de mes collègues de bureau. Il se trouve pas en présence d’esprit. Sur fond d’un désert mental, j’évite de le vexer. Ensuite je suis le fil de mes pensées sur les dernières trouvailles de famine avec ses fonctionnalités autorégulatrices intentionnées me semble-t-il qu’on retrouve dans les pays du sud, dans des pays riches. Sur une chaîne télévisée privée quelconque, dans l’intérêt du buzz dominant l’inutilité du façonnage, le journaliste brillant d’inconscience, marchait ainsi téléguidé avec une précision absolue autour du lieu expliquant que quelqu’un disait assombri d’accablement, au-dessus des chiffres aux couleurs criardes de la bourse internationale en surimpression, qu’il a pas réussi a convaincre son fils de 23 ans de heurter un train après deux ans d’abstinence forcée au marché du travail. Quelle mémoire mentionnera notre existence quelques décennies plus tard sous le joug de ces informations ? Notre expériences comme idiolecte grégaire sur fond télévisuel ne sera sans doute pas sommairement compromettant pour nos futurs instigateurs. Sur quoi parler ? Nous passons nos journées dans nos murs, nous rentrons frénétiques dans nos autres boîtes, nous lisons le journal aux publicités enluminées, nous mystifions notre rôle au travail alors que la persévérance s’étiole d’année en année, quelque chose qui repose en toute quiétude sur le néant et je me suis dis que notre temps ainsi que notre destin ne peut être récupéré que par nos dimanches si bien mérités au sein de nos familles qui croulent sous la lenteur du destin. L’ambiance insensible, ce mondial bâclé à tolérer ces radiations, ces cancers que notre frénétique panorama libéral font empirer, nos températures extérieures, nos slogans motorisés sur nos routes de campagne, nos architectures sous forme de cubes et de rectangles qu’on habite sous les yeux artificiels nous observant plus loin, ce bétail asphyxié aux psychotropes qu’on égorge dans cet abattoir piloté par l’horreur volontaire… Faut-il mettre en concurrence ces enfants qui extraient le minerai pour nos puces avec les nôtres qui commencent à se baigner dans l’intolérance au moment de leur retirer ces heures passées par jour à piloter par automatisme un personnage et faire valoir la tuerie réelle ? Je ne sais pas !


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6 réactions à cet article    


  • Arogavox Arogavox 10 août 2018 10:44

     Mon idiosyncrasie idiolecte m’ayant poussé à l’extase hallucinante du ciné Idiocracy, j’en arrive à considérér que si on est toujours l’idiot de quelqu’un, le plus sûr est de commencer par être l’idiot de soi même : « Il se voyait se voyant, et se voyant se voir » disait le Monsieur Teste de Paul Valéry ...


    • rogal 10 août 2018 15:51
      @Arogavox
      Le Monsieur Valéry d’Edmond Teste disait exactement l’inverse.

    • Abou Antoun Abou Antoun 10 août 2018 17:35

      Mais qui valide ce genre de salmigondis, de galimatias ?


      • jymb 10 août 2018 19:27

        Cadavre exquis


        On y jouait le dernier jour de l’année au collège 

        le dernier lisait le texte à toute la classe 

        Rien de nouveau sous le soleil 

        • Macondo Macondo 11 août 2018 11:49

          @ l’Auteur ... Quand, tous les lieux de consommation sont passablement éloignés, l’esprit se libère d’une étouffante misanthropie ...


          • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 12 août 2018 09:56
            Les machines désirantes de Deleuze se sont métamorphosées entre l’intérieur et l’extérieur, constituant le vecteur unique du corps sans organe.

            L’autophilie a ainsi trouvé son instrument. Le réel s’éloigne, remplacé par un idéel sans idéal où chacun s’éprend de son soi. Une société solipsiste se forme alors, désormais dédiée au vide qui ne l’habite même pas.

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