Les couleurs du sport automobile
Au début du XXe siècle, lors des premiers feux du sport automobile en Europe, les nations ont défini leurs couleurs : bleu pour la France, vert pour la Grande-Bretagne, rouge pour l’Italie, blanc pour l’Allemagne. Mais les ramifications historiques des choix de ces couleurs nous mènent jusqu’en Uruguay ou encore en Irlande.
Le bleu France tire son origine de la couleur bleue symbole des rois de France, depuis la dynastie des Capétiens. Le bleu apparaît souvent comme fond pour le lys royal, et le bleu fut également la couleur du manteau utilisé par les rois lors du sacre, à Reims. Les Mérovingiens, ancêtres des Capétiens, ont adopté dès Clovis une figure tutélaire en la personne de Martin de Tours. Or la cape de Martin de Tours était bleue. Le bleu se retrouve aussi dans les couleurs de la capitale française, Paris, qui a pour couleurs le bleu et le rouge sur son blason depuis 1358, quand Etienne Marcel fit revêtir à ses partisans des chaperons mi-bleus, mi-rouges. On retrouve enfin le bleu de France dans le drapeau bleu – blanc – rouge, chaque couleur symbolisant une des trois valeurs de l’Hexagone : le bleu de la Liberté, le blanc de l’Egalité et le rouge de la Liberté. En 1993 et 1994, le cinéaste polonais Krystzof Kieslowski tournera trois films sur ce trio de couleurs, Bleu avec Juliette Binoche (film récompensé en 1993 par un Lion d’Or à la Mostra de Venise), Blanc avec Julie Delpy et Rouge avec Irène Jacob. Dans la bande dessinée Michel Vaillant de Jean Graton, la Vaillante de Michel Vaillant et Steve Warson est de couleur bleue … Enfin, le bleu de la Liberté avait inspiré Eugène Delacroix, le peintre signant en 1830 un tableau resté célèbre, la Liberté guidant le Peuple.
Plusieurs écuries hexagonales ont repris la couleur bleue française, telles Ligier (15 victoires entre 1977 et 1996), Matra (championne du monde des pilotes en 1969 avec Jackie Stewart) ou encore Prost Grand Prix (1997-2001), mais pas Renault qui débuta en F1 en 1977 à Silverstone sous une livrée jaune, qui inspira aux Britanniques le surnom de yellow tea pot, la théière jaune.
D’autres équipes de sport françaises ont un maillot bleu : les équipes de France de football, de rugby à XV ou de handball, de basket … Même les entreprises françaises s’inspirent du bleu France dans leurs logos : TF1, Air France, la Française des Jeux ou Carrefour, parmi tant d’autres, utilisent cette couleur, tout comme la Patrouille de France qui déploie des fumigènes bleus (mais aussi blancs et rouges) lors de ses vols du 14 juillet.
La couleur Bleu de France est également toujours régulièrement utilisée par les marques françaises lors des présentations de leurs nouvelles voitures de sport. Les dernières en date sont la présentation de l'Alpine Célébration en 2015 et de la Bugatti Chiron à l'occasion du salon de Genève 2016.
La composante technique exacte du bleu de France est, dans le système RGB (Red Green Blue), la suivante : 49 sur 256 (red) / 140 (green) / 231 (blue).
Le vert de la Grande-Bretagne, alias British Racing Green, vient en fait du vert irlandais, le "shamrock green". Les couleurs de l’Union Jack, le bleu, le blanc et le rouge (croix blanche de Saint-André sur fond bleu pour l’Ecosse, et croix rouge de Saint-Georges sur fond blanc pour l’Angleterre, et autre croix rouge de Saint-Patrick sur fond blanc pour l’Irlande du Nord) étant déjà choisies respectivement par la France, l’Allemagne et l’Italie, la Grande-Bretagne se rabattit sur le vert lors de la Coupe Gordon Bennett (célèbre mécène américain passionné de sport, l’avenue Gordon Bennett bordant le stade Roland-Garros dans le XVIe arrondissement de Paris). Le comte Eliot Zborowski, avait suggéré que chaque pays participant à la course se voie attribuer une couleur différente.
Lauréate de la Coupe Gordon Bennett en 1902 par un de ses ressortissants, la Grande-Bretagne se devait d’accueillir l’édition 1903 de cette compétition, et choisit le vert pour cela, pour une raison bien précise. Mais le Motor Car Act empêche la tenue de cet évènement, limitant la vitesse sur les routes du Royaume à 14 mph (environ 22 km/h). La Coupe Gordon Bennett 1903 s’exporte donc chez le voisin irlandais ... C’est dans le comté de Kildare, au sud-ouest de Dublin, que la course se déroule. La Napier engagée par les Britanniques sera donc de couleur verte, en hommage à leurs hôtes irlandais ... Le vert irlandais tire son origine de la couleur verte utilisée par le mouvement catholique de libération de l’île, le vert étant traditionnellement associé à l’Irlande, surnommée The Emerald Isle. En 1798, les United Irishmen, afin de symboliser leur rébellion contre le gouvernement anglais, utilisent un drapeau avec une harpe dorée sur fond vert, le Green Flag ... Et si l’on parle de shamrock green pour le vert irlandais, il ne faut pas oublier que le vert est la couleur du trèfle, symbole national irlandais, que le saint-patron, Saint-Patrick, aurait utilisé pour expliquer la Trinité.
L’écurie Lotus de Colin Chapman a longtemps couru en vert, notamment à la glorieuse époque de Jim Clark, double champion du monde des pilotes en 1963 et 1965. Le vert Lotus sera révolu en 1968, quand Chapman décide de troquer le vert contre le rouge, couleur de son sponsor, le cigarettier Gold Leaf ... Le commentaire d’Enzo Ferrari est acerbe : Mes voitures ne fument pas ...
Mais les bolides écarlates du Commendatore finiront par fumer aussi, avec Marlboro, sans pour autant perdre leur mythique parure rouge. Il serait utopique d’imaginer une Ferrari sans sa couleur naturelle, là où McLaren et Renault ont délaissé leurs couleurs d’origine au gré des sponsors (livrée rouge et blanche Marlboro puis argentée chez McLaren, livrée bleutée Mild Seven puis blanche et orange ING à Enstone / Viry), l’orange pour Woking et le jaune pour le Losange.
Lotus changera encore de livrée, pour le magnifique noir et or John Player Special (jusqu’en 1986), puis le jaune Camel à partir de 1987, année des deux dernières victoires de la marque avec Ayrton Senna à Monaco et Detroit (exception faite de celles de Kimi Räikkönen en 2012 à Abu Dhabi et 2013 à Melbourne). Rivale de Lotus au début des années 60 via le talent de Graham Hill, BRM imposa le vert britannique en 1962 par la première couronne du Londonien, vainqueur de Jim Clark sur le circuit sud-africain d’East London.
Il faut noter que le vert britannique, découlant du vert irlandais historiquement, a donc été repris par l’écurie irlandaise Jordan à ses débuts en 1991, Michael Schumacher se révélant lors de son seul Grand Prix avec l’écurie d’Eddie Jordan, en Belgique à Spa Francorchamps.
Bien plus tard, Jaguar reprendra le vert britannique de Lotus. Ecurie née des volontés de Ford, sur les cendres de Stewart, Jaguar appartenait donc au constructeur de Detroit. Mais Jaguar, malgré son bailleur américain, demeure britannique, et permit au British Racing Green d’effectuer son retour sur les circuits de Formule 1 entre 2000 et 2004. Clé de voûte de Jaguar pendant trois ans, Eddie Irvine réussira deux podiums à Monaco en 2001 et Monza en 2002 (sans oublier une première ligne pour le pilote australien Mark Webber à Budapest en 2003). Ironie du destin, le Nord Irlandais se classa par deux fois derrière les pilotes Ferrari, Michael Schumacher et Rubens Barrichello. Le vert Jaguar fut torpillé par le rouge Ferrari, durant une période d’implacable hégémonie du Cavallino Rampante. Pendant les cinq ans de la présence de Jaguar, la F1 vira non pas au rouge, mais à l’écarlate, tant la Scuderia et le Kaiser portèrent l’art de la vitesse au pinacle ...
La composante technique exacte du british racing green est, dans le système RGB la suivante : 1 (red) / 66 (green) / 37 (blue).
Le rouge de l’Italie, alias Rossa Corsa, rendu célèbre à travers le monde par la prestigieuse Scuderia Ferrari, est l’héritier du rouge des chemises rouges de Garibaldi. En 1860, lors du Risorgimento, les chemises rouges de Garibaldi s’illustrent lors de l’Expédition des Mille, et conquièrent le Royaume des Deux-Siciles.
Le film Le Guépard, de Luchino Visconti (1963), avec Alain Delon, Burt Lancaster et Claudia Cardinale, résume bien cet épisode historique de l’unité italienne. En 2011, la Scuderia Ferrari, outre son traditionnel rouge, a baptisé sa monoplace F150th Italia, en hommage au 150e anniversaire de l’unité italienne réussie par Garibaldi. Il faut cependant que la couleur d’origine de Ferrari était le jaune du blason de la Scuderia, couleur des armoiries de Modène, ville natale d’Enzo Ferrari. Mais le rouge de Garibaldi l’a emporté, étant la couleur nationale de l’Italie en sport automobile.
Né à Nice en 1807, Giuseppe Garibaldi est un des quatre pères fondateurs de l’unité italienne réussie en 1861, au même titre que Victor-Emmanuel II, Camillo Cavour et Giuseppe Mazzini.
Entre 1835 et 1848, Garibaldi a vécu en exil en Amérique du Sud, luttant pour l’indépendance des peuples locaux avec la même ardeur que s’il s’agissait de la patrie italienne. S’installant d’abord à Rio de Janeiro, Garibaldi participe à la Grande Guerre en Uruguay, dirigeant à partir de 1843 la légion italienne à Montevideo. Cette légion utilise des chemises rouges (camicie rosse) destinées au départ aux ouvriers des abattoirs argentins de Buenos Aires ! La légion italienne se distingue en défendant Montevideo face aux troupes argentines ... Soutien du général Fructuoso Rivera en Uruguay, Garibaldi utilise, ironie du destin, la même couleur que les troupes de Rivera, le rouge. Ces dernières utilisent le rouge en vertu du nom du parti de Rivera, le Partido Colorado (colorado signifiant rouge en espagnol) ... Vêtu de sa chemise rouge, le natif de Nice Garibaldi débarqua en Angleterre en 1864. Parmi la foule qui l’acclamait, il y avait de futurs membres de Nottingham Forest, club de football fondé en 1865, qui choisirent la couleur rouge en signe de ralliement avant d’être surnommé The Garibaldi Reds.
La première grande victoire d’une voiture italienne utilisant le rossa corsa fut le raid Pékin – Paris en 1907. Inventé par Eugène Lelouvier, un aventurier Normand, et organisée par le quotidien Le Matin, son départ fut donné de Pékin le 10 juin 1907. En 1907, le journal parisien Le Matin, persuadé que la voiture a un bel avenir devant elle et peut permettre à n’importe qui d’aller n’importe où, lance le défi suivant : « Qui veut rallier Paris à Pékin en automobile ? Le lendemain, le Marquis De Dion inscrit deux voitures de son usine de Puteaux. Personne n’est dupe : le constructeur est de mèche avec le journal et le raid est avant tout destiné à prouver au monde la supériorité de l’industrie automobile française en général et des « De Dion-Bouton » en particulier…
Il y avait 40 préinscriptions pour cette compétition, mais seulement cinq équipes firent livrer leurs véhicules à Pékin. Devant le faible nombre de participants le Comité d'organisation de course décida d'annuler purement et simplement l'épreuve, mais les cinq "téméraires" décidèrent malgré tout de se disputer le challenge, sans règles clairement bien établies au départ, ni aucune assistance, ni carnets de route, ni même de cartes routières le plus souvent. Le seul prix prévu à l'arrivée parisienne étant un simple magnum de champagne Mumm, bien avant que la marque Moët et Chandon n’offre des bouteilles aux pilotes de F1 dans les années 50 lors des Grands Prix de France organisés sur le circuit de Reims Gueux (11 courses du championnat du monde entre 1950 et 1966). Cinq concurrents prirent ainsi part aux réjouissances, partant le 10 juin 1907 de l’ambassade de France à Pékin, avec pour seuls guides une boussole et le Soleil ... Quatre arrivèrent à Paris, après avoir parcouru plus de 16 000 km, périple digne de Phileas Fogg dans le Tour du Monde en 80 jours : des chameaux transportèrent préalablement le carburant à répartir en des points réguliers tout le long du trajet asiatique. L'itinéraire suivi était empiriquement le même que celui du télégraphe, pour assurer une bonne couverture médiatique dans les journaux de l'époque. Chaque voiture avait un journaliste embarqué comme passager (Luigi Barzini accompagnant le Prince Scipione Borghese pour l’Italie), qui envoyait ainsi ses impressions de voyage à chacune des haltes télégraphiques. La route entre Pékin et le lac Baïkal avait alors uniquement été parcourue antérieurement à cheval. L'équipage italien favori était si confiant en ses chances de victoire que le Prince se permit même le luxe d'un détour de Moscou vers Saint-Pétersbourg pour un dîner avec ses coéquipiers, avant de réintégrer la course en région moscovite. Dès les premiers kilomètres, il est évident que le niveau de préparation et les intentions des concurrents ne sont pas les mêmes ! Scipione Borghese (membre de la grande famille Borghese), un homme froid, méticuleux et sans aucun scrupule, avait minutieusement préparé son raid et distancera les autres dès le désert du Gobi. Son « Itala » arrivera triomphalement à Paris le 10 août 1907, au bout de 62 jours (incroyable exploit !), avec 20 jours d’avance sur les autres. L’Itala du Prince Borghèse séjourne aujourd’hui dans un musée à Turin. Elle a été restaurée par Fiat.
Dans les années 50, Juan Manuel Fangio imposa avec trois écuries différentes le rouge italien. L’Argentin gagna trois couronnes mondiales chez les pilotes avec des écuries italiennes : 1951 avec Alfa Romeo, 1956 avec Ferrari, 1957 avec Maserati.
La composante technique exacte du rouge italien est, dans le système RGB la suivante : 204 (red) / 0 (green) / 0 (blue).
Le blanc de l’Allemagne vient du blason blanc et noir des Hohenzollern (dynastie dont l’influence politique se termina avec la fin du règne de l’empereur Guillaume II en 1918), couleurs reprises par l’équipe nationale de football, la célèbre Mannschaft quadruple championne du monde (1954, 1974, 1990 et 2014) mais également triple championne d’Europe (1972, 1980 et 1996).
En 1934, afin d’atteindre le poids règlementaire de 750 kg pour concourir aux Coupes de l’Eifel, sur le majestueux circuit du Nürburgring, Alfred Neubauer fait poncer la carrosserie blanche de la Mercedes d son pilote Manfred von Brauchitsch, pesée à 751 kg ... Sans peinture blanche, les Mercedes deviennent les flèches d’argent, de par l’éclat argenté de l’aluminium ... La légende des silver arrows vient de naître, et le mythe perpétré par Rudi Caracciola sera pérennisé par les virtuoses Juan Manuel Fangio et Stirling Moss dans les années 50, et bien plus tard par d’autres pilotes (statistiques arrêtées au 30 septembre 2018 après le GP de Russie à Sotchi) :
- Mika Häkkinen (pilote McLaren Mercedes entre 1995 et 2001, 2 titres mondiaux et 20 victoires)
- David Coulthard (pilote McLaren Mercedes entre 1996 et 2004, 12 victoires)
- Kimi Räikkönen (pilote McLaren Mercedes entre 2002 et 2006, 9 victoires)
- Juan Pablo Montoya (pilote McLaren Mercedes entre 2005 et 2006, 3 victoires)
- Fernando Alonso (pilote McLaren Mercedes en 2007, 4 victoires)
- Lewis Hamilton (pilote McLaren Mercedes entre 2007 et 2012 puis pilote Mercedes AMG entre 2013 et 2018, 1 titre mondial et 21 victoires avec McLaren puis 3 titres mondiaux et 49 victoires avec Mercedes AMG)
- Heikki Kovalainen (pilote McLaren Mercedes en 2008 et 2009, 1 victoire)
- Jenson Button (pilote McLaren Mercedes AMG entre 2010 et 2016, 8 victoires)
- Michael Schumacher (pilote Mercedes AMG entre 2010 et 2012)
- Nico Rosberg (pilote Mercedes AMG entre 2010 et 2016, 1 titre mondial et 23 victoires)
- Valtteri Bottas (pilote Mercedes AMG en 2017 et 2018, 3 victoires)
Le rival Auto Union, porté par la virtuosité de Bernd Rosemeyer, reprendra aussi la couleur argentée, mais les flèches d’argent demeureront à jamais les Mercedes, dont la renaissance en 1954 à Reims Gueux, via un doublé magistral Juan Manuel Fangio - Karl Kling, restera à jamais gravée dans les annales de la F1. Le doublé McLaren Mercedes du Grand Prix d’Australie 1998 (Mika Häkkinen / David Coulthard) fit d’ailleurs écho à cette promenade de santé des silberpfeil datant du 4 juillet 1954 en Champagne ...
Héritière d’Auto Union, Audi a repris la couleur argentée de sa mythique devancière lors de ses innombrables victoires aux 24 Heures du Mans dans les années 2000, imposant sa férule sur le double tour d’horloge après BMW en 1999 (plus en 1995 comme motoriste de McLaren) et Mercedes en 1989, l’étoile faisant même participer un certain Michael Schumacher à l’édition 1991 (le futur septuple champion du monde signera le meilleur tour en course dans la Sarthe).
En 2006, lorsque BMW racheta Sauber, le constructeur munichois fit courir Jacques Villeneuve et Nick Heidfeld en blanc. Jusqu’en 2009, la marque à l’hélice fut fidèle à la couleur blanche du sport automobile allemand, et remporta en 2008 le Grand Prix du Canada avec son pilote polonais Robert Kubica.
Le jaune de la Belgique vient du jaune or de son drapeau, symbolisant la sagesse. Le drapeau belge, noir, jaune et rouge, vient de celui de l’ancien duché de Brabant, représentant un lion d’or aux griffes et à la langue rouges, sur fond noir. Le Belge Jacques Swaters, célèbre importateur Ferrari en Belgique, utilisait le jaune pour son écurie privée Francorchamps, dauphine de la Ferrari de Rindt et Gregory aux 24 Heures du Mans en 1965 face à l’armada Ford.
Le blanc du Japon, possédant un disque rouge, est directement tiré du drapeau national, Hinomaru, qui représente le soleil via un cercle rouge. Le disque rouge fut présent sur le capot blanc des Honda quand l’Américain Richie Ginther imposa la monoplace japonaise en 1965 à Mexico. Rachetant BAR fin 2005, Honda eut une livrée blanche en 2006, que Jenson Button conduisit au succès à Budapest, un an avant la catastrophique livrée Earth de 2007, qui plongea Button et Barrichello dans les profondeurs du classement. 2008 confirma la médiocrité du team Honda, ensuite racheté par Ross Brawn en 2009.
L’écurie Toyota, elle, courut en Formule 1 de 2002 à 2009 avec une voiture à la fois rouge et blanche, en écho aux couleurs du drapeau national japonais, avant de gagner (enfin) aux 24 Heures du Mans en 2018 avec Fernando Alonso.
Le jaune du Brésil fut utilisé par l’écurie Copersucar fondée en 1976 par les frères Fittipaldi. Champion du monde 1972 et 1974, Emerson Fittipaldi tomba de Charybde en Scylla dans ce projet après avoir claqué la porte de l’écurie McLaren en novembre 1975 (Fitti annonça la nouvelle le 22 novembre 1975 à Teddy Mayer depuis une cabine téléphonique de Zurich), tandis que son frère Wilson sacrifia sa carrière de pilote pour diriger l’équipe à partir de 1976. Complément du vert représentant l’Amazonie sur le drapeau national, le jaune symbolise les ressources naturelles du pays. Le Brésil possède en effet un sous-sol extrêmement riche : or, argent, fer, uranium, pierres précieuses. La région du Minas Gerais tire d’ailleurs son nom des nombreuses mines de pierres précieuses présentes, notamment des mines d’émeraude. Le jaune du Brésil a également été popularisé par son équipe nationale de football, quintuple lauréate de la Coupe du Monde en 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002, grâce à des joueurs aussi doués que Leonidas, Zizinho, Pelé, Garrincha, Didi, Gerson, Rivelino, Jairzinho, Tostao, Zico, Falcao, Socrates, Romario, Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho, Kakà ou encore Neymar, pour ne citer que les plus célèbres d’entre eux.
L’orange de la Nouvelle-Zélande fut utilisée par l’écurie McLaren entre 1966 et 1973, non pas à cause des couleurs nationales (le drapeau néo-zélandais renvoyant à une Union Jack sur fond bleu avec des étoiles rouges) mais car il ne restait plus d’autres couleurs suffisamment évocatrices parmi celles disponibles ... Car officiellement, l’orange était attribué aux Pays-Bas, du fait de la dynastie Guillaume d’Orange, couleur magnifié par les footballeurs néerlandais, les Oranje, en Coupe du Monde 1974 avec Johan Cruyff ou à l’Euro 1988 avec Marco Van Basten, autre triple Ballon d’Or venu de Hollande. L’orange fut donc utilisé en 2007 par l’écurie néerlandaise Sypker, dont le principal fait d’armes fut d’avoir mené le Grand Prix d’Europe avec son pilote rookie Markus Winkelhock, fils de Manfred (décédé en 1985) et neveu de Joachim.
C’est ainsi que McLaren est revenue, en 2017, à l’orange initial, loin du noir des All Blacks néo-zélandais (triples champions du monde de rugby à XV en 1987, 2011 et 2015), dans ce sport de rugby dont rêvait Bruce McLaren. Né à Auckland en 1937, McLaren se rêvait joueur de rugby, mais qu’une décalcification des têtes des fémurs condamna à passer plusieurs semaines à l’hôpital. Il y organisa des courses de chaises roulantes. Adolescent, McLaren fit de brillantes études d’ingénieur en mécanique en attendant de pouvoir passer son permis de conduire.
Les couleurs historiques de certaines écuries héritent donc de ces couleurs nationales :
- Ferrari a repris le rosso corsa italien
- Lotus avait initialement défendu ses chances avec le british racing green britannique, avant de passer en rouge avec Gold Leaf (1968-1971), en noir et or avec John Player Special (1972-1986) puis en jaune bouton d’or avec Camel (1987-1989).
- Mercedes a hérité du gris argent allemand des années 30, que ce soit entre 1954 et 1955 ou depuis son retour comme constructeur en 2010. Le gris argent fut utilisé par McLaren entre 1997 et 2014, Mercedes motorisant Woking pendant cette période.
- McLaren a débuté avec une livrée orange, couleur qui ne correspond donc à rien de spécial en Nouvelle-Zélande (pays d’origine de Bruce McLaren), réutilisée en 2017
- Ligier a hérité du bleu français des années 30
- Renault, elle, avait fait redessiner en 1972 son Losange par l’artiste hongrois Victor Vasarely. Le jaune est le jaune Sirius, apparu en 1946 dans le sigle de la Régie, nationalisée en 1945. Le père de l’art optique, aidé de son fils Yvaral, fit disparaître le nom Renault du logo et imagine un losange doté de stries parallèles. Ce nouveau Losange apparaîtra pour la première fois sur la Renault 5 !
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