Affaire Ramadan : des SMS remettraient en cause la version du prédicateur
Les trois juges d'instruction chargés de l'affaire ont rejeté mardi 25 septembre la demande de mise en liberté de Tariq Ramadan, au vu d'un rapport d’expertise informatique qui confirmerait le récit d’une femme affirmant avoir été violée par l'islamologue, en prison depuis sept mois.
Nouveau rebondissement dans l'affaire Ramadan. Le téléphone de celle qui se fait appeler « Christelle », une des trois plaignantes qui, en France, accusent le prédicateur musulman de viol, a été analysé par un expert judiciaire et spécialiste de l'informatique. Ce petit portable, le « LG KS360 », qui ne pèse que 108 grammes, risque de peser lourd dans la balance. En effet, l’appareil contiendrait des SMS reçus et envoyés dans le courant de l’année 2009 qui mettraient à mal la défense adoptée par M. Ramadan, qui prétend avoir seulement bu un café avec Christelle, lors d'une rencontre unique.
Selon la version de la plaignante, le viol aurait été commis le 9 octobre 2009, dans une chambre de l’Hôtel Hilton de Lyon : « C'est des coups, des violences sexuelles, des mots ignobles, d'une vulgarité sans nom. Je hurlais au secours, je hurlais 'non' et plus je hurlais, plus il cognait », a-t-elle dénoncé sur BFMTV en novembre dernier. D'après Christelle, Tariq Ramadan se serait comporté en bête sauvage, lui aurait lancé « toi, tu m’as fait attendre, tu vas prendre cher » et l'aurait frappée au visage, au ventre et sur le corps. La suite est du même acabit, selon la plainte déposée : fellation et relation sexuelle lui auraient été violemment infligées, y compris à l’aide d’un objet, en dépit de son refus explicite : « J’ai hurlé de douleur en criant stop ». Après les rapports sexuels, la présumé victime aurait été traînée par les cheveux jusqu'à la salle de bain, où l'homme lui aurait uriné dessus dans la baignoire. Tariq Ramadan, quant à lui, reconnaît avoir rencontré cette femme, mais nie tout rapport sexuel. Il nie même l’avoir fait monter dans sa chambre. Mais des messages du LG KS360 présentés par l’expert dans son rapport contrediraient les affirmations du théologien suisse.
Dans le téléphone portable que possédait Christelle en 2009, les enquêteurs ont en effet retrouvé 399 SMS échangés entre les interlocuteurs entre le 31 août 2009 et le 15 décembre 2009. 255 messages sont attribués à l'islamologue, 155 à la plaignante. 8 SMS ont été échangés le 9 octobre 2009, jour de leur rencontre à Lyon. Dans l'un de ces messages, Tariq Ramadan dirait à cette femme, âgée aujourd'hui de 45 ans, « appelle moi quand tu seras en bas, il faut une carte pour monter ». L'homme précise ensuite : « j'étais sous ma douche, ma chienne ». Le premier SMS daté du 10 octobre 2009 à 19h29 dit ceci : « J’ai senti ta gêne… désolé pour ma 'violence'. J’ai aimé… Tu veux encore ? Pas déçue ? ». « Ce silence dit quoi ??? », relance l’interlocuteur enregistré sous le nom « Tariq Ramadan » à 21h53. A 23h09 nouveau message : « Tu n’as pas aimé… Je suis désolé Christelle. Désolé ». Le lendemain, le 11 octobre à 9h24, un nouvel SMS dit ceci : « J’ai attendu tte la journée un message hier pour lire enfin des reproches et une déception… Que veux tu que je rajoute à ça… Ça me peine et c’est moche ».
Pour l'avocat de la défense, le contenu des téléphones établit que la rencontre a été planifiée et que, dans les messages datés du 10 et 11 octobre 2009, Tariq Ramadan s'excuse pour sa violence, tandis que, dans ses SMS, Christelle répond qu'elle a dû se rendre à l'hôpital après la rencontre du 9 octobre. La plaignante serait d'ailleurs en possession d’un certificat médical faisant état d’ecchymoses et d'autres blessures. Le prédicateur, pour sa part, conteste être l’auteur de ces messages explicites. Selon une source proche du dossier, les juges d’instruction ont également envoyé une réquisition pour vérifier l’alibi fourni par Tariq Ramadan. Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans a remis en décembre dernier la copie d’une réservation d’avion entre Londres et Lyon qui le faisait arriver à 18h35 le 9 octobre 2009. Or, Christelle dit avoir été violée « dans l’après-midi ». Ce document, après avoir été égaré par le parquet de Paris, n’a été versé au dossier qu’au début du mois. De nouvelles investigations devraient permettre d’éclaircir les choses.
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