• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Comment transformer l’insurrection des Gilets jaunes en projet (...)

Comment transformer l’insurrection des Gilets jaunes en projet fédérateur ?

L’immense mérite des Gilets jaunes est d’avoir remis au centre des débats la question sociale. L’impôt a toujours fait peuple ai-je rappelé dans un précédent billet. La question des inégalités patrimoniales, fiscales, territoriales doit aujourd’hui s’articuler autour de la refonte de nos institutions et la nécessaire transition écologique. Partout, des cahiers de doléances fleurissent et mettent radicalement en cause les politiques néolibérales à l’œuvre depuis les années quatre-vingt, dont Emmanuel Macron est le chargé de pouvoir assumé. Mais que faire de cet ensemble de revendications hétéroclites et parfois contradictoires ?

Les gilets jaunes, du moins ceux qui n’ont pas encore sombré dans la résignation où la violence nihiliste sont en demande d’un projet constructif[1]. Comment mettre en forme les cahiers de doléances sous forme d’un projet cohérent et mobilisateur ?

Ce moment potentiellement révolutionnaire est en effet aussi lourd de promesses que de menaces. Les Etats-Uniens, les Anglais, les Italiens, les Hongrois ont choisi par la voie des urnes la politique du pire. Le réel danger aujourd’hui est qu’en face de Macron le vide politique règne. Il n’y a aujourd'hui aucune force politique capable de proposer une alternative crédible porteuse de ces espérances. En attente de l’émergence de cette alternative politique résolument sociale et écologique, Macron doit rester pour l’instant au pouvoir en dépit de la détestation qu’il suscite car la République doit être sauvegardée. Mais il doit plier devant des revendications constructives qui permettraient de la refonder. Lesquelles ? C’est tout l’enjeu de ce billet que de remettre certaines idées au centre du débat. A vos plumes.

Reprécisons les enjeux. Fidèle à sa tradition, la France a choisi aujourd’hui un autre chemin que ses voisins : celui de la rue. C’est encore aujourd’hui le moyen le plus sain de se faire entendre devant l’impéritie des instances représentatives, toutes coincées dans les rets de l’ordre néolibéral. Nous devons être fiers de ce que ce mouvement peut générer de nouvelles solidarités. Dans ce domaine, les réseaux sociaux sont le venin autant de l’antidote : venin, car les pires intox circulent dans les bulles informatives de Facebook, antidote, parce qu’ils permettent à des gens aux profils politiques très divers de se rencontrer et de prendre enfin conscience de ce qui les opprime tous. C’est précisément ce que les médias mainstream ne peuvent ou ne veulent pas voir. Prisonniers de leur modèle économique qui consiste à capturer l’attention afin de mieux la vendre, ils sont trop fascinés par les violences à l’œuvre (qu’ils passent en boucle) et dont ils peinent d’ailleurs à montrer la dissymétrie. En moyenne, 9 blessés sur dix sont des Gilets jaunes. Et quand bien même il y aurait de la casse (choses infiniment regrettables), comment peut-on imaginer, face à une armée de policiers suréquipés, une marée de Bisounours qui, après avoir arraché de haute lutte quelques miettes au pouvoir en place, rentre sagement dans leurs pénates ? L'heure n'est plus aux mesurettes. A quoi sert de changer l’exécutif si c’est mener la même politique ? Après les Trentes Glorieuses, les Cinquante Maudites ont vu s’installer le chômage de masse et de longue durée, le creusement des inégalités, la généralisation de la précarité, l’évanouissement de toute perspective d’un avenir meilleur sinon pour soi, du moins pour ses enfants. Dissymétrie dis-je. D’un côté des voitures retournées, quelques magasins pillés, des symboles profanés et de l’autre des vies hypothéquées, parfois brisées par une violence sociale sournoise, jamais remise en question par le personnel politique. La vraie question n’est donc pas la présence de casseurs de l’ultradroite ou l’ultragauche ni même la part maudite du mouvement des gilets jaunes[2]. La vraie question est la colère, la rage, la radicalisation de gens qui n’ont jamais manifesté de leur vie ni exprimé la moindre opinion politique autrement qu’en glissant de temps à autre un bulletin dans l’urne, sans trop y croire. Comment transformer cette passion populaire, potentiellement dangereuse, en projet émancipateur ?

En matière de projet, le silence des intellectuels est assourdissant et le petit monde académique, pris lui aussi dans les rets d’une économie libérale du savoir, vit dans sa bulle, laissant le champ libre à tous les pseudo-intellectuels de salon qui peuplent les talk-shows et distillent le poison identitaire. Les appels à la convergence des luttes fleurissent ici et là[3] mais les propositions concrètes peinent à émerger à quelques exceptions près. Pourtant l’effervescence intellectuelle dans le monde est extraordinaire dans la dénonciation de l’ordre néolibéral, sa responsabilité dans le saccage de la planète et son instrumentalisation cynique de formes politiques extrêmement inquiétantes. Jusqu’à quand les Français sauront raison garder ?

Davantage que de revendications (qui seront portées démocratiquement et dont les cahiers de doléances ne constituent qu’une première ébauche), il s’agit ici de penser la cohérence d’un possible et souhaitable projet de société. Une utopie certes (au sens noble du terme) mais l’imagination politique, fruit d’un contexte historique particulier, est le seul moyen réaliste pour faire front à la doxa libérale. Mon schéma propose cinq axes d’actions tous imbriqués. Refonte des institutions démocratiques, justice fiscale et restructuration de l’économie en trois champs - distincts dans leurs fins mais profondément interdépendants : économie de la connaissance, économie verte et économie solidaire. J’espère que le symbolisme des couleurs n’échappera à personne… Toutes les sociétés à travers les âges et les continents se sont construites autour d’un triple impératif : créer, échanger, organiser[4]. Nous devons redonner un contenu à ces termes et remettre l’humain au centre de tout, au moment où les algorithmes et la technocratie tentent de redéfinir nos modes de vie[5]. Derrière ces cinq piliers, repose la question des territoires et de leurs relations avec la société englobante mondialisée. L’idée n’est pas de se débarrasser de l’Etat, du national ou même l’économie de marché mais de les remettre à leur juste place : au service de la revitalisation des territoires[6] (ce qui inclue les banlieues, pour l’instant les grands oubliés de l’affaire) et des enjeux transnationaux (transition écologique et la sécession des ultra-riches[7]).

La justice fiscale

Point de départ de la contestation des Gilets jaunes, la question fiscale est bien entendu le nerf de la guerre. Je ne reprendrai ici que quelques éléments qui synthétisent mon précédent billet Gilets Jaunes : vers une révolution fiscale ? Oui, mais laquelle ?

Français, pourquoi croyez-vous que notre système fiscal est d’une complexité affolante ? Par la prolifération des niches fiscales, le système est conçu pour permettre aux plus riches, grâce aux avocats fiscalistes, de se faufiler dans les mailles du filet (les 1%, voir graphique ici). Nous voulons donc l’établissement d’une nouvelle fiscalité radicalement simplifiée (donc lisible par tous) dont la progressivité ne se baserait plus uniquement sur l’impôt sur le revenu (dont 57% des ménages sont dispensés). Elle prendrait davantage en compte le capital, le patrimoine hérité (pour les plus riches), la taxation des transactions financières, une taxe carbone appliquée d’abord aux pollueurs et la mise sur pied d’un cadastre financier. La lutte contre les paradis fiscaux, la fraude ne doit pas occulter le vrai problème : la légalité des processus d’évasion fiscale. Nous croyons à tort profiter de la complexité du système fiscal. A tort ou à raison, nous craignons perdre nos minuscules avantages catégoriels à la moindre pseudo-réforme fiscale alors même que nous aurions intérêt à exiger tous une simplification radicale du système. A-t-on idée de ce qu’un simple redressement de la courbe des 1% les plus riches au même niveau de prélèvement de celui des classes moyennes pourrait rapporter dans les caisses de l’Etat ? De même, la fiscalité qui pèse sur nos petites et moyennes entreprises, celles qui emploient et créent du bien commun, hypothèque notre avenir car elle bloque l’investissement. Il nous faut un choc de simplification qui nous permette d’accoucher d'un système fiscal, juste, pérenne et surtout lisible par tous, afin que le consentement à l'impôt soit possible.

La réussite des quatre autres piliers autour de la reconstruction du lien social n’est possible qu’après l’établissement d’une vraie justice fiscale. Derrière cette question repose le nécessaire recouvrement de notre souveraineté financière mais aussi en tant que peuple.

La refonte de nos institutions démocratiques

Sans doute faut-il d’abord en passer par une constituante. Une sixième République ? Oui, sans doute, mais au service de l’instauration d’une vraie démocratie locale qui renouerait avec les institutions historiques fondamentales du territoire – le département, la commune, la région –, et qui donnerait à celles-ci les moyens fiscaux de leur politique, et reposerait sur la pratique du référendum, pour les décisions qui concernent directement leur périmètre, y compris les choix d’une éventuelle intercommunalité ou métropolisation que le gouvernement doit cesser de faire passer au forceps. Je reprends ici quasi verbatim les propositions de Jean-François Bayart, un des rares intellectuels à se mouiller en se faisant force de proposition[8]. Il ajoute : « A l’argument des députés qui seraient déconnectés des réalités s’ils étaient privés de mandats municipaux doit se substituer celui de la primauté des responsabilités locales sur les considérations nationales, dans la mesure où les villes sont devenues des actrices majeures, dans les deux sens du terme, et y compris dans les stratégies environnementales. Barcelone doit servir d’exemple, qui a élu une mairesse indépendante sur la base d’un programme citoyen de remise en cause de la marchandisation de la ville et du développement touristique de masse pour défendre les intérêts de ses habitants ». Il faut rompre avec un vieux système politique jacobin issu de la guerre froide et des décolonisations et prendre pleinement pied dans le 21e siècle en refondant une démocratie respectueuse de tous. Le présidentialisme à la française est aujourd’hui complètement délégitimé et ce n’est pas le moindre mérite de Macron que de nous rappeler que l’homme providentiel n’existe pas. En cela, la Ve République n'est pas réformable.

A cela, j’ajouterai au niveau départemental ou régional la création de Comités locaux du travail qui définiraient démocratiquement les besoins en matière d’activité économique et/ou solidaire (et pas seulement une politique d’emplois territoriaux ). Les cartes du géographe Hervé Le Bras montrent combien la question du soulèvement des gilets jaunes est associée à la diagonale du vide, c’est-à-dire les départements sous-équipés en services publics[9].

Une économie solidaire

Il s’agit ni plus ni moins de repenser le travail dans un monde globalisé. Nous oublions trop souvent que l’emploi salarié est une forme d’exploitation du travail récent, issu du modèle industriel du XIXème siècle. Les comités locaux du travail mettraient en place une économie solidaire relocalisée, affranchie en partie des contraintes des marchés par l’octroi d’un revenu de base dit de contribution. Ce revenu de contribution serait suffisant pour vivre modestement. Les gens auraient alors la possibilité de cumuler cette activité avec un emploi (à temps plein ou plus vraisemblablement partiel) en contractualisant par exemple du temps libre pour l’économie solidaire avec les entreprises. Il va de soi que ce cumul des activités et des revenues n’est possible que si la politique fiscale reste lisible et parfaitement progressive (avec plusieurs tranches d’imposition). 

L’autre option est plus radicale : la mise en place progressive d’un revenu de base pour tous. Je renvoie ici à mon billet Crise du travail : un revenu de base pour tous ? pour les détails de la réflexion. L’immense avantage est que l’accroissement des revenus et donc du pouvoir d’achat en particulier pour les plus démunis permettrait de renouer avec une croissance qui apporterait en retour des rentrées fiscales réparties équitablement entre les services régaliens de l’état et la revitalisation des territoires. La révolution ici est d’adosser la conditionnalité du revenu de contribution au « travail » mais de façon élargie et donc au constat que la participation de chacun au bien-être commun peut et doit être reconnue. Le revenu de base pourrait alors constituer une véritable reconnaissance d’autres formes de création de valeur que le capitalisme marchand ne reconnaît pas. Est-il possible d’humaniser le travail et d’en faire une activité pourvoyeuse de sens, d’utilité, de lien social et d’expression de soi ? Comme le souligne la sociologue Dominique Méda « le travail décent ou soutenable ne peut s’obtenir dans un monde obsédé par le profit ou même par les gains de productivité où chacun perd sa vie à la gagner »[10]. En quoi les mères qui élèvent leurs enfants, les retraités qui aident leurs petits-enfants, tout le milieu associatif et ses bénévoles, en quoi ne seraient-ils pas utiles à la société ? La réponse généralement donnée est qu’ils le font bénévolement justement. A quoi bon les rétribuer dans ce cas ? Mais le problème se pose autrement si TOUS les revenus sont assujettis à l’impôt personnel. Même s’ils touchent par ailleurs des revenus marchands confortables, une politique fiscale juste rétablirait la balance et cela resterait une reconnaissance symbolique de la société à leur égard (soulignons d’ailleurs qu’un revenu de base existe aujourd’hui : les allocations familiales). La question du mérite et de l’utilité sociale est redoutable et extrêmement dangereuse à manipuler[11]. Pour moi, elle doit être définie démocratiquement au niveau du territoire (par des comités locaux du travail).

Par la même occasion, les politiques d’accueil des migrants seraient relocalisées et pourraient participer à la revitalisation des territoires comme cela s’est fait de façon ponctuelle en Italie du Sud (avec un vrai succès avant que Salvini ne s’en mêle)[12]. Un certain nombre de travaux réputés pénibles ne trouvent plus preneurs depuis des lustres : il y a une relation gagnant-gagnant à contractualiser avec des migrants désireux de s’intégrer dans notre pays par le travail ou de capitaliser en vue d’un éventuel retour au pays.

Il y a encore mieux. Dans le contexte français où les aides sociales forment un vaste ensemble couteux, complexe et souvent peu cohérent, on peut se demander si cette réforme radicale ne présenterait pas l’intérêt d’offrir un vrai choc de simplification qui serait profitable cette fois non pas aux seules entreprises mais aussi aux bénéficiaires. En effet, il est amplement montré que les aides sociales ne vont pas à ceux qui en ont le plus besoin. Beaucoup de pauvres ignorent les mécanismes d’aides dont ils pourraient bénéficier, à rebours des discours culpabilisants sur l’assistanat qui font flores. La France pourrait ainsi se targuer au niveau européen de réinventer la protection sociale.

L’économie solidaire, en redonnant plus de place à la proximité et aux rapports humains dans les services publics, participerait enfin à la débureaucratisation de la vie quotidienne et professionnelle[13], au reflux des bullshit jobs qui nous font perdre le sens de notre activité et minent notre santé. Il est plus que probable que bon nombre de nos diplômés opteraient pour un simple revenu de contribution afin de se sentir vraiment utiles à la société plutôt que de perdre sa vie à la gagner.

L’économie de la connaissance

Il va sans dire que les moyens alloués aux écoles doivent être renforcés et l’accès aux filières de formation facilitées tout au long de la vie avec un crédit formation donné à tous. Mais là aussi, il faut voir plus large. Le philosophe Bernard Stiegler nous met en garde contre le capitalisme consumériste et la data economy, sources d'une nouvelle barbarie[14]. Le capitalisme de consommation a conduit à la destruction de tous les circuits de transmission. Et à leur prise de contrôle, hier par les médias de masse, aujourd'hui par les réseaux sociaux, demain peut-être par l'intelligence artificielle. Il appelle à inventer un nouveau Web source de vrais savoirs à partager. Il s’agit de renouer avec les savoir-faire, les savoir-vivre dans leur dimension critique et non plus technocratique[15]. Les algorithmes ne doivent pas régir nos vies. Partager les idées, les voitures, les connaissances, les maisons : le “commun” inspire citoyens, philosophes ou juristes…[16] Il y a tout un chantier à investir sur le renouveau des technologies et des savoirs open source qui soient réellement utiles pour cette économie solidaire et verte que nous appelons de nos vœux.

L’économie verte

Cette économie solidaire et de la connaissance, couplée à une vraie réforme fiscale serait bien évidemment au service de la nécessaire transition écologique. Un espace de négociation doit être ouvert pour que s’instaure une économie de transition qui puisse amener de façon pérenne à un monde de faible croissance économique, donc écologiquement viable. Reterritorialiser l’économie et les institutions démocratiques devrait permettre de favoriser les circuits courts, le peer-to-peer comme mode d’échange non marchand, dont la vitalité aujourd’hui devrait inciter à l’optimisme. 

C’est là aussi où la taxe carbone peut prendre un sens plus incitatif que punitif car on voit bien les limites de la sous-traitance de la transition écologiques à des entreprises privées dont la vocation verte relève souvent du simple marketing. Les sommes colossales à investir appellent de toute façon à innover en matière fiscale. Des lobbies citoyens peuvent également être mis sur pied pour mener le combat à Bruxelles.

Nous ne combattons pas des hommes mais un système qui nous opprime. Or notre souci majeur pour le vaincre, sinon le dépasser, est … que nous y participons tous, à notre corps plus ou moins consentant ! A quelques niveaux que nous soyons, la complexité de notre société est telle qu’espérer la réformer un tant soit peu implique de savoir renoncer sur certaines choses, en particulier nos égoïsmes catégoriels, nos névroses identitaires, afin de retrouver un plus grand bien pour tous. Faut-il attendre une catastrophe économique ou la victoire des droites extrêmes pour agir ? Le système que nous combattons n’est pas l’économie de marché, car nous ne savons pas aujourd’hui nous passer de la liberté d’entreprendre, de circuler et d’échanger. Ce que nous combattons est cette monstruosité idéologique et systémique qu’est la finance internationale, initiée par les révolutions conservatrices des années 80, et dont les effets les plus dévastateurs furent le saccage accéléré de la planète, l’implosion du système fiscal mondial, l’explosion des inégalités, la prolifération cancéreuse des idéologies identitaires pour nous détourner des vrais problèmes. Ces cinq axes d’actions peuvent servir de boussole et constituer le socle d’un mouvement populaire porteur d’espoir. Qui prendra le flambeau ?


[2] Un mouvement insurrectionnel pacifique est un oxymore (jacqueries, bonnets rouges, la révolution française et haïtienne, les trois glorieuses, le printemps des peuples, la Commune, les luttes anticolonialistes, mai 68, d’autres exemples ?

[4] Telle est organisée la salle « société » au musée des confluences à Lyon : Organiser, échanger, créer

[5] Hunyadi Mark, La tyrannie des modes de vie. Sur le paradoxe moral de notre temps, Le bord de l’eau, Paris, 2015.

[7] Voir la contribution de Bruno Latour un des auteurs les plus cités dans le domaine des sciences sociales dans L’âge de la Régression, Premier Parallèle, 2017.

[10] Méda Dominique, Le travail : Une valeur en voie de disparition ?, édition 2010, Paris, Flammarion, 2010.

[11] Il y a aussi une vraie réflexion à mener sur le rôle de la culture qui ne peut pas se ramener à une simple expression de soi. En quoi les cracheurs de feu et les surfeurs seraient utiles à la société et mériteraient un revenu de base ? Si la réponse est négative que penser des footballeurs et des traders qui touchent des sommes astronomiques uniquement parce qu’ils évoluent dans des marchés ultra-compétitifs ? Pour autant, donner un revenu de base suffisant pour vivre à ceux qui se contentent d’assouvir une passion indépendamment d’une utilité publique pose problème ; non pas seulement sur le principe même, mais parce que la plupart des gens peu qualifiés pourraient être tentés de fuir les travaux dits ingrats. Il y a quelque de profondément dérangeant à admettre : si la pauvreté et le chômage ont perduré dans nos sociétés c’est bien parce qu’elles ont une fonction sociale (la nécessité pour nous de se distinguer des moins bien lotis) et bien évidemment économique (le recours à une main-d’œuvre à bas coût corvéable à merci). La seule solution est de relever le salaire minimum légal fixé qui permet de vivre (qui ne peut donc pas être calculé sur une simple base horaire !) ce que propose Atkinson (proposition 8 dans Inégalités, Paris, SEUIL, 2016.. Les avantages en termes économiques ont été très souvent soulignés (Renforcement du marché intérieur, cotisations sociales des travailleurs…) à condition de moins taxer le travail pour les TPE et PME par mesure de compensation.

[13] Un livre essentiel à lire : Graeber David, Chemla Françoise et Chemla Paul, Bureaucratie, Babel, 2017.

[15] Il faut mettre fin à « l’opposition fonctionnelle entre, d’un côté, des producteurs prolétarisés, c’est à dire privés de savoir-faire, et de l’autre côté, des consommateurs eux-mêmes prolétarisés, parce que structurellement privés de leurs savoir-vivre : ceux-ci sont remplacés par les modèles comportementaux que standardise le marketing – et qui généralisent l’irresponsabilité. Emportés dans l’organisation systématique de l’obsolescence et de la jetabilité, soumis à une constante pression à la baisse exercée sur le coût d’un emploi qui n’a plus rien à voir avec un travail, producteurs et consommateurs sont devenus inexorablement insolvables » https://blogs.mediapart.fr/bernard-stiegler/blog/260514/capables-et-incapables-2017-etait-le-veritable-enjeu-de-2012


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (2 votes)




Réagissez à l'article

9 réactions à cet article    


  • seken 10 décembre 2018 13:11

    Bonjour,

    Tu fait parti de ceux pour qui je vais continuer a fermer les yeux sur la casse. Il te faut peut étre un de ses joli tank bleu retourné et brûlé, avec un mec qui danse dessus ? 

    On y travaille. Il sont tellement beau, gros, et il y a des emplacement partout pour attacher des trucs et Il n’y a que 3 vitre et deux caméras pour voir au dehors. Ca vous ira ?

    T’a besoin de flipper encore un peu, de te souvenir des conséquences dramatique, notamment pour l’éducation et la recherche, des insurrections. Il faut les gerer, sinon ils vont tout péter.

    Pése de tout ton poid d’élite pour que la fin de la gambergerie se passe en douceur, car les mec la il vont pas se laisser expluser a la fin de la tréve, ca je te le garanti. Il ne vont rien lâcher.

    Si par miracle ingénierie sociale, t’arrive a les mater, il vont comploter mon pote a chaque niveau de la société de la mousse d’avenir meilleur continuera de se faire jusqu’à ce que ça se fasse.

    ++


    • tiptop 11 décembre 2018 17:26

      @Super Cochon
       
      Avec un pseudo comme le tien. Pas besoin d’en rajouter. On avait compris...

      Troll sort de ce corps...


    • Arogavox Arogavox 10 décembre 2018 13:33

      ATTENTION ! : la controverse que je vais susciter ici sera une marque de la victoire du mouvement de « sapere aude » actuel,
      en prouvant qu’il est enfin possible de débattre entre nous de vraies questions et optiques citoyennes,
      plutôt que de se laisser tomber dans le piège des comités théodules tendu par le pouvoir jupiterien.

      « Comment mettre en forme les cahiers de doléances sous forme d’un projet cohérent et mobilisateur ? »

      « Davantage que de revendications (qui seront portées démocratiquement et dont les cahiers de doléances ne constituent qu’une première ébauche),
      il s’agit ici de penser la cohérence d’un possible et souhaitable projet de société. »

      >>> Ces deux phrases me confirment le risque de malentendu que je craignais, entre apporteurs de pierres à une visée qui se veut constructive.
      Cette différence fondamentale de points de vues a déjà été abordée ici : https://www.agoravox.fr/commentaire5371472
      Il est manifestement nécessaire d’insister ...


      • Arogavox Arogavox 10 décembre 2018 13:42

        En gros, la cohérence d’une collection d’options politiques (civiques et non pas politiciennes) ne peut être logiquement envisagée qu’après le cautionnement par le peuple des différentes options qui pourront constituer cette collection !

        ...

         d’où la piste de technique démocratique (indépendante, orthogonale à tous autres techniques, voire ’stratagèmes de légitimation’) trouvée sur le Web par les mots :

        « doléances Kdo »

        carte mentale : https://mind42.com/mindmap/b4c7b420-9669-4b79-8212-4a28006c2c26?rel=gallery

        texte linéaire : https://fr.calameo.com/read/003990373f841c36b2be9

        ...


      • devphil30 devphil30 10 décembre 2018 14:03

        Les gilets jaunes ont remis le débat dans la bonne direction mais je ne pense pas que la classe dirigeante soit partante pour aller vers du social.

        Donc si aucun des protagonistes ne cèdent , c’est la force qui va prendre la relève.

        Jupiter ne veux pas céder , à mon avis c’est clairement la position qui ressort du peu que j’ai entendu à midi , même si ce sont des fuites sont fondements on ne doit pas être loin de la position de ce soir 20 h

        Donc samedi prochain manifestation monstre en France avec casse etc ....

        Et ensuite ... probablement on se dirige vers un État plus répressif en terme de liberté .

        Serait ce l’application de « la stratégie du choc » de Naomi Klein qui va s’appuyer sur des désordres pour durcir de manière excessive les libertés au nom de la république etc ....

        A mon sens on va vers de l’affrontement dur dont la responsabilité sera mise sur les gilets jaunes qui auront refusé les propositions et la main tendue de l’État.

        Celui ci sachant parfaitement que ses propositions ne sont pas crédibles.


        • tiptop 10 décembre 2018 16:52

          @devphil30
          On verra bien ce soir. Pour le social, je suis pessimiste. Et sur les régions je doute qu’il y ait des réformes du fond même s’il devrait lâcher du lest.


        • ASTERIX 10 décembre 2018 18:44

          @tiptop

          darmanin c’est un chien qui fait le beau ou un nouveau mignon ????????????????????????

          dans quel poubelle MANU 1ER trouve t’il des ministres et députés aussi voyous une air de fillion _à 80 millions ou de sarko le nain de jardin qui voudrait revenir pour LA france vue d’en bas donc de son mètre 49 AVEC TALONNETTES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


        • ASTERIX 10 décembre 2018 18:45

          @ASTERIX RECTIF : une AIDE DE FILLON 80 MILLIONS


        • tiptop 11 décembre 2018 13:02

          « leurs revendications ne sont porteuses d’aucune vision globale de la société »

          Une liste de revendications ne fait pas un projet. Les gilets jaunes doivent s’organiser (oui, s’institutionnaliser), assumer de faire de la politique (autrement) sinon d’autres le feront à leur place (ils n’attendent que ça...).

          "Ce mouvement soit sera récupéré par les agitateurs démagogiques habituels ; droite extrême et raciste ou gauche révolutionnaire de salon" 

          C’est bien le sens de mon billet. Ne pas laisser le terrain aux démagogues et aux technocrates.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité