Ces furoncles au visage de la France
La conjonction d'erreurs incontestables commises en début de mandat par le Président de la république (dont lui même l'a reconnu) a servi de justificatif à une cyber-jacquerie qui couvait depuis longtemps et permit ainsi l'apparition d'un furoncle purulent au visage de la France. Un furoncle avec du pus qui en coule, dont il va être difficile de se débarrasser seulement par le dialogue et la concertation, y compris via le débat public national cependant souhaité par une majorité de Français.
Parmi ces erreurs, outre certains propos blessants et alors qu'en 2018 les niches fiscales ont atteint un record jamais égalé avec 104 milliards d'euros, Il faut rappeler qu'avec la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) telle qu'elle a été envisagée, seul l'immobilier est désormais taxé avec un impôt sur la fortune immobilière ( IFI). Comme en matière d'ISF, sont passibles de l'IFI les personnes dont l'actif taxable (déduction faite du passif) est au moins égal à 1,3 million euros. Bien que le seuil de déclenchement soit de 1,3 million d'euros, le barème commence à partir de 800.000 euros (au taux de 0,5 %). Du coup, le contribuable à l'IFI acquitte d'entrée un impôt de 2.500 euros.
Avec la suppression de l'ISF, La valeur de certains biens somptuaires est désormais exclue de la fiscalité ( yachts, jets privés, chevaux de course, voitures de luxe, ou lingots d'or, œuvres d'art) ainsi que sont dispensés les prélèvement sur les dividendes des actions lorsque le revenu fiscal de référence ne dépasse pas 50.000 euros pour un célibataire, divorcé ou veuf et 75.000 euros pour un couple soumis à une imposition commune.
Faut-il pour autant rétablir l'ISF ?
S'il ne s'agit pas de rétablir l'ISF sous sa forme initiale, il serait toutefois souhaitable de créer un impôt solidarité sur la richesse (ISR) en y réintégrant, outre l'immobilier, la valeur de certains biens somptuaires qui en ont été exclus ( yachts, jets privés, chevaux de course, voitures de luxe, ou lingots d'or, œuvres d'art) ainsi que la suppression de la dispense des prélèvement sur les dividendes des actions. Il conviendrait toutefois de relever les seuils, de manière à mettre à contribution solidaire vraiment les grosses fortunes, en le portant par exemple de 1,3 million d'euros à 5 ou 7 millions d'euros, somme à partir de laquelle la taxation se ferait. Les trois à quatre milliards d'euros ainsi perçus pourraient servir, par exemple, à aider les petites et moyennes entreprises créatrices d'emplois qui innovent dans les activités d'économie d'énergie ou de protection de l'environnement.
L'instrumentalisation politique, le pus qui coule de ce furoncle
Instrumentalisée par des responsables politiques Français, dont certains n'hésitèrent pas à faire les « pitres » en revêtant le gilet jaune qui était le symbole de ralliement de cette « jacquerie » version Web 2018 et apparaît aujourd'hui tel un gros furoncle au visage de la France, dont le pus que revêt cette instrumentalisation se met à couler. Ce pus c'est un véritable climat de haine et de violence qui s'installe dans le pays. Des élu(e)s de la république, mais pas seulement eux, des journalistes et policiers, mais aussi de simples citoyens qui expriment leurs désaccords sont victimes d'insultes, d'agressions, de menaces de toutes sortes, motivées soit par des actes de racisme, sexisme, ou simplement à cause de la mission qu'ils assurent ou des idées qu'ils expriment. C'en est trop !
Le pire, c'est qu'en plus de ces politiciens Français en quête de récupération politique par retours d'investissement due à la présence de leurs adhérents au sein des rassemblements, voila que les gilets jaunes, dont l'aventure se poursuit « cahin - caha » dans un climat délétère, reçoivent le soutien de dirigeants étrangers qui ne pensent qu'en découdre avec leurs homologues Français, tel le chef de la « léga » Ministre de l'intérieur Italien SALVINI et de celui du mouvement 5 étoiles Di MAIO, ou encore le très instable Président Américain TRUMP que l'on dit victime « d'incontinence cérébrale », comme ironisait l'un de nos Députés. Sans oublier ce Président Russe qui veille dans l'ombre, car, à l'instar de son homologue Américain, plus on déstabilise les pays de l'Union Européenne, plus c'est avantageux pour eux dans la concurrence économique mondiale... Mais attention, il y a toujours du pire à ce que l'on pensait être le pire !
Par rapport à la contestation de la légitimité Présidentielle par les gilets jaunes
Les gilets jaunes contestent à Emmanuel MACRON le droit d’appliquer son programme sous le prétexte qu’il a réuni au premier tour 24,01% des voix et que sa forte majorité à 66 % du second tour est avant tout liée au rejet du FN et de Marine LE PEN, et dès lors de clamer : « Comment voulez-vous gouverner avec une base initiale aussi étroite » ?
En règle générale, cette critique émane de responsables ou d’électeurs qui ont voté pour l’opposition, ou bien qui n’ont pas voté. Ils oublient un détail : par définition, leur candidat, ou leur candidate, a obtenu encore moins de voix. Les partisans de Mme. LE PEN donnent des leçons de légitimité à un président élu à 66,1% alors que leur candidate a obtenu 33,9% dans le même scrutin, ou encore 21,3% au premier tour. Même chose à La France insoumise : 19,58% à MELENCHON au premier tour et donc éliminé au second. Qui est légitime ?
Mme. LE PEN et M. MELENCHON demandent une dissolution de l’Assemblée, car selon eux il y a une crise nationale avec un gouvernement minoritaire dans l’opinion, donc, pas d'autres issues, votons !... Soyons sérieux et réalistes que la société Française, à l'instar d'autres sociétés occidentales, connaisse des problèmes c'est certain, mais dès que moins de 300 000 personnes ( ce qui est inférieur à 1% du corps électoral ou à moins de 0,5% de la population) manifestent, avec de surcroît, comme le font les gilets jaunes, des revendications aussi variables, décousues et contradictoires, il faudrait dissoudre. A ce compte-là, il faut se préparer à voter très, très souvent, sans compter le coût financier que représenteraient de telles campagnes électorales nationales. A chaque fois qu'une protestation réunie des foules inférieures ou égales, donc dissolution ? Vraiment, ce n'est ni sérieux, ni à fortiori envisageable !
A propos du RIC (référendum d'initiative citoyen) qui est également réclamé
A l'origine, c'est une initiative d'il y a environ plus de 30 ans ans présenté par Mr. Yvon BACHAUD, militant associatif habitant de Chasse sur Rhône dans l'Isère, qui avait imaginé une procédure assez élaborée mais logique pour des référendum d'initiatives locales précis et justifiés. Par la suite sa proposition a évoluée de manière à aboutir à une demande d'inscription de son principe dans la Constitution. Ce dispositif est désormais prévu par les alinéas 3 à 6 introduits en 2008 sous la présidence de Nicolas SARKOZY dans l'article 11 de la Constitution qui indiquent notamment qu’« un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales » ( environ 4,5 millions) . Cette initiative prend la forme d'une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l'abrogation d'une disposition législative promulguée depuis moins d'un an. Dans ces conditions, Il est évident que le recours à un RIC devient très difficile, sinon impossible à réaliser.
Rendre plus accessible le RIC, mais à nuancer toutefois le désir de démocratie directe exprimé par les Français
Tout en maintenant un « garde fou » parlementaire et sur des sujets qui ne sont ni en concurrence, ni en opposition avec une décision judiciaire ou la charte des droits Européen (le droit Européen prime sur le droit des Etats membres), il convient toutefois de réviser ce dispositif afin de le rendre plus accessible. Il faut toutefois noter que lors des dernières enquêtes d'opinion, les personnes soutenant les « gilets jaunes » sont fortement partisans de la démocratie directe par le RIC à 66 % contre 14 % seulement de ceux qui ne les soutiennent pas. Si on considère que de ces mêmes enquêtes faites fin Décembre 2018, il ressort que 55 % des personnes interrogées soutiennent les gilets jaunes, cela voudrait dire qu'une minorité de 42,6 % des Français sont favorables à la démocratie directe par le RIC...(36,3 correspond à 66 % des 55 % favorables aux gilets jaunes et 6,3 correspond aux 14% pour les 45 % restants qui ne leur sont pas favorables ) …
Dans le même esprit, beaucoup demandent l’instauration d’un scrutin proportionnel. Dans ce cas, chaque force politique serait représentée au Parlement en raison de son poids dans l’électorat, sans le prisme déformant du scrutin majoritaire. Argument indiscutable. Mais on oublie encore un détail : selon toutes probabilités, aucun parti, dans la configuration actuelle de la vie politique, ne serait majoritaire à lui tout seul. Le gouvernement devrait trouver une majorité de coalition, laquelle serait le plus souvent nouée une fois le résultat connu et parfois modifiée au gré des tractations parlementaires, comme sous la quatrième République. Ainsi, dans des cas qui n’ont rien d’invraisemblable, tel parti gagnerait l’élection en remportant le plus de voix, mais serait privé du pouvoir, ou renversé, à la suite d’une combinaison entre partis et l'on verrait accéder au Gouvernement les représentants de mouvements politiques qui obtiennent à peine 1 %, car leurs quelques Députés permettraient de faire ou défaire une majorité. Sous la 4eme République, on a eu l'exemple de François MITTERRAND qui à la tête d'un petit parti centriste « l'UDSR « obtenait autour de 2 % en moyenne au niveau national, mais servant de charnière pour constituer une majorité, il fut très souvent Ministre dans des gouvernements de sensibilités différentes.
Instaurer une dose de proportionnelle pour la désignation des Députés, cela signifie mettre en place la proportionnelle pour l'élection de certains députés, mais pas des élus dans leur ensemble.
Reste à savoir combien de députés seront concernés, pour déterminer l'impact que pourrait avoir ce changement ?... On peut penser que cela ne concernerait que les Métropoles urbaines (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux…) Instaurer, ne serait-ce qu’une modeste dose de proportionnelle, n’est-ce ouvrir une boite à Pandore rappelant les avatars de la 4ème République ?...
Pourquoi ne pas maintenir le scrutin de circonscription territoriale, uninominal à deux tours actuel avec un « correctif » Mais alors comment le définir ?
J’ai déjà eu l’occasion de rappeler qu’une une réforme permettant la représentation légitime des minorités politiques à l’assemblée nationale, sans pour autant bouleverser les équilibres institutionnels est possible. Pour éviter, comme sous la 4éme République d’accorder un pouvoir démesuré à de petites formations politiques monnayant au prix fort leur alliance, elle pourrait se traduire, par exemple, de la façon suivante :
A l’issue du premier tour de scrutin des élections législatives au scrutin uninominal à deux tours, tous les partis, ou groupements de candidats, qui auraient agréé 175 candidats et obtenu au premier tour, entre 375 000 et 500 000 voix se verraient attribuer 2 sièges de Députés (rattachés au siège de l'assemblée nationale et non à celui d'une circonscription), plus un par fraction complète de 250 000 voix. Afin de ne pas sur représenter les formations politiques, petites ou grandes, à l’issue du second tour, les partis, ou les groupements de candidats qui auraient obtenus des Députés au suffrage universel direct, soit en leur nom propre, soit par le jeu des apparentements, leur nombre serait déduit de celui du correctif éventuel auquel ils auraient droit. (Ce principe et ces chiffres n’étant qu’une proposition pouvant servir de contribution pour le débat national à venir)
Comme le prévoit la réforme des institutions, ce système suppose que le nombre actuel de Députés soit réduit. Avec les chiffres évoqués qui ne sont qu’une proposition, en se référant au dernier résultat du premier tour des élections législatives de 2017 et celui du second tour, le nombre de Députés représentant les minorités n’excéderait pas la dizaine, voire quinze maximum… Par ailleurs, contrairement au découpage actuel des circonscriptions qui sont faites au niveau Départemental, ce qui n’est pas très logique pour un scrutin national, le découpage des circonscriptions devrait se faire dans le cadre d’un schéma National, ce qui signifie qu’une circonscription électorale territoriale pour l’élection des députés pourrait se situer sur plusieurs Départements. C'est d'autant plus nécessaire si l'on veut réduire le nombre de Députés...
Il est évident qu'aujourd'hui il y a bien une crise manifeste de la représentativité mais aussi des institutions. A-t-on besoin du Sénat ? Ne faudrait- il pas réduire de façon drastique le nombre de communes sur la base des intercommunalités qui seraient supprimées ? Faut-il revoir le découpage territorial des régions ? Faut-il réduire le nombre de départements ou les supprimer ? Comment améliorer la démocratie représentative en permettant aux minorités politiques une présence au parlement ? Doit-on revoir l'élection du Président de la république au suffrage universel et si non, doit-on modifier la périodicité avec les élections législatives ? Nul doute que ces questions seront posées lors du débat public national concernant la démocratie et les institutions.
Cet autre furoncle qui affecte le visage de la France, mais aussi celui de la planète, loin des préoccupations de la grande majorité des gilets jaunes
Entre 2008 et 2018 la population mondiale a augmenté d'un milliard d'habitants, passant de 6,7 milliards à 7,7 milliards et pendant la même période selon les statistique d'un institut du Minoséta, les terres arables disparaissent à raison de 100 000 km², soit entre 2008 et 2018 un million de km² (presque deux fois la superficie de la France). Si cette croissance démographique se poursuivait à ce rythme pour chaque décennie, en 2050 nous serions près de 11 milliards et 3 millions de km² de terres arables en moins avec un bouleversement climatique amplifié de façon catastrophique.
En 2005, déjà le coût de l'inaction des bouleversements climatiques était estimé à 5 500 milliards d'euros
Les études sur les impacts et le coût financier du changement climatique étaient le plus souvent menées par des ONG ou des scientifiques, peu ou pas écoutés par les milieux financiers. Mais dorénavant cette prise en compte commence à être sérieusement intégrée. En 2005 l'étude réalisée sous la responsabilité de Nicholas STERN, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, commandée par le gouvernement Britannique de Tony BLAIR estimait à 5.500 milliards d'euros le coût de l'inaction face aux bouleversements climatiques désormais irréversibles. Cette étude avait pour but d'évaluer les conséquences économiques du réchauffement climatique pour le Royaume-Uni et le monde d'ici 2100. Le rapport STERN a passé en revue l'éventail des faits avérés sur les incidences du changement climatique et sur son coût économique. Il a pour cela fait appel à différentes techniques d'évaluation des coûts et des risques pour chaque impact du réchauffement de la planète. Puisque le changement climatique affectera les éléments fondamentaux de la vie sur Terre tels que l'accès des populations à l'eau, la production alimentaire, la santé et les grands équilibres naturels, le rapport a intégré les risques de pénuries d'eau, de famine, et surtout de l'engloutissement des zones côtières. Cette étude intégrait-elle la problématique de la bombe démographique, ce n'est pas certain et dans ce cas plus de 10 ans les estimations doivent être revues à la hausse.
En se basant sur les modèles économiques officiels, l'étude démontre que si rien n'est fait, les conséquences du changement climatique pourraient coûter 5% du PIB mondial chaque année, dès maintenant et indéfiniment. Ce qui signifie que le montant du PIB pour la France en 2017 étant de 2163,37 milliards d'euros, 5 % cela représente plus de 108 milliards d'euros... Si on y ajoute les dommages collatéraux cela pourrait même porter ce coût à 20% du PIB mondial, voire plus.
Toujours selon cette étude, l'activité humaine d'aujourd'hui et des décennies à venir, aggravée par la démographie, c'est à dire la loi du nombre, risque d'avoir des répercussions majeures sur la vie économique et sociale, du même ordre que celles qu'ont eues les deux guerres mondiales et la dépression économique des années 1930. Autrement dit, le changement climatique serait la plus grande faillite de l'économie de marché que le monde ait jamais connue.
Ces chiffres rappellent donc qu'il est urgent d'agir. Selon ce rapport, le changement climatique étant un problème mondial, la parade doit être internationale, assise sur des objectifs communs sur le long terme, adossée à des accords-cadres de nature à accélérer l'effort dans les dix années à venir et mettant en œuvre les synergies entre les actions à mener à l'échelle régionale, nationale et internationale.
Mais en France, ce n'est pas à l'évidence l'une des préoccupation des gilets jaunes dont les revendications essentielles sont : moins d'impôts, plus de pouvoir d'achat, la démission de MACRON via le RIC, plus parfois quelques autres, au gré des ronds points, qui frisent la débilité intellectuelle, telles celles qui demandent de supprimer les taxes sur les cigarettes, sur les carburants ou que des emplois soient créés pour les chômeurs… Même s'ils servent à rien...
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