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Accueil du site > Tribune Libre > « Il y a de plus en plus de misère cachée »

« Il y a de plus en plus de misère cachée »

Interview réalisé par Jean-François Chalot.

lire le numéro spécial de "Familles laïques" la couverture est en photo

Le 29 novembre dernier, le CNAFAL a rencontré Julien Lauprêtre, le Président du Secours populaire depuis 1958

1/ Pouvez-vous nous dire ce qu'est le Secours Populaire aujourd'hui ?

Le secours populaire a été créé en 1945, avec plus d’un million de membres, 82 000 bénévoles, l’activité est grande. Nous sommes des généralistes de la solidarité.

Dans le domaine alimentaire, 180 millions de repas ont été distribués l’année dernière. L’accès aux soins avec le concours des médecins du Secours populaire. De grandes campagnes pour les vacances, avec nos Journées des Oubliés pendant le 15 août. Donc, une grande activité dans tous les domaines et au niveau international.

Nous avons créé le mouvement « enfants copains du monde » qui rencontre un grand succès. Afin que les enfants apprennent à s'aimer plutôt qu’à s’entretuer, à se rassembler plutôt qu’à se fuir.

Cette année, nous avons ouvert 31 villages enfants-copains du monde, 18 en France et 13 à l'étranger.

Le principe est de regrouper des enfants de toutes nationalités. Cette année, les enfants de 50 pays étaient réunis. Ces séjours permettent aux enfants de mieux se connaître et trouver des idées pour développer la solidarité. Ces structures s'appelaient initialement des villages enfants copains du monde vacances. Suite au récit dramatique d'un enfant, ce terme a été supprimé.

Ainsi, la structure du Bénin récolte de l'argent pour acheter des poubelles pour les hôpitaux de leur région. Des enfants philippins ont, quant à eux, décidés de créer un groupe de musique pour apporter de l'argent à leur association.

Les enfants font fi des appartenances religieuses.

Au niveau international, nous avons une multitude de partenaires qui nous permettent d'être plus efficaces et réactifs, en cas de catastrophe naturelle, par exemple.

Notre idée est de mondialiser la solidarité.

2/ Quelle est selon vous la réalité de la pauvreté ? On parle de plus en plus de la grande pauvreté…

Je confirme qu'elle gagne du terrain dans toutes les régions. Dans toute la France, nos bénévoles sont sur le terrain. Les personnes âgées font de plus en plus souvent appel à notre banque alimentaire ainsi que les familles monoparentales. On note aussi une augmentation de jeunes. Nous avons créé un réseau de solidari-bus qui se déplace sur les campus universitaires pour apporter de quoi se nourrir aux étudiants. Un phénomène nouveau aussi, des personnes de la classe moyenne se trouvent à venir au secours populaire suite à un accident de la vie.

Trois millions de personnes ont sollicité l'aide du SPF, en 2017.

Il y a de plus en plus de misère cachée.

Le SPF demande une participation minime afin que les "demandeurs" ne se sentent pas dans une situation d'assisté.

La montée des idées racistes est très préoccupante pour le SPF.

Le Secours populaire déplore que les exemples d’actes positifs ne soient pas plus mis en lumière.

Pour l'alimentation, le SPF est en partenariat avec des restaurateurs et des boulangers qui font des actions pour la pauvreté. Le SPF a soumis une idée pour que les boulangers, pendant l’épiphanie, vendent leurs galettes au bénéfice du Secours populaire.

Les bénévoles sont de plus en plus nombreux. Une des priorités est de fonder un mouvement européen. Pour cela, un colloque a été organisé à Bruxelles. Avec 400 jeunes européens.

Le Secours populaire revendique sa totale indépendance au niveau politique, quel que soit le pouvoir en place. L’idée est d’aiguillonner les pouvoirs publics.

Ainsi, nous avons réussi à sensibiliser le Président de la République sur le problème des enfants qui ne partent jamais en vacances. Des enfants ont été reçus à l’Elysée, suite à cette initiative.

Nous sommes l’avocat des pauvres.

50 000 enfants sont partis en vacances avec le SPF. Grâce à lui, certains enfants ont vu la mer ou bien la Tour Eiffel pour la première fois.

3/ Au niveau national et départemental, nous avions lors de nos permanences de surendettement beaucoup de personnes endettées par le crédit il y a 5, six ans. Désormais, on constate que les personnes qui viennent sont pauvres.

Oui, nous faisons le même constat, et nous aidons aussi les personnes qui ont eu des coupures d’électricité. On travaille aussi sur l’éducation populaire, aider les gens à s’en sortir pour user de leurs talents : avec des ateliers cuisine, …

4/ Les majeurs qui sortent de l'ASE ne sont plus pris en charge et dorment dans le rue avec les risques qui sont liés. Une proposition de loi est en cours, mais pour l’instant que faire ?

Des mesurettes sont prises. Ces jeunes sont dans des situations dramatiques. Il faut faire jouer la solidarité. Nous sommes présents dans des campus universitaires. Nous sommes partenaires avec la Fédération des Maisons des lycéens.

Début décembre, des jeunes de cette Fédération, déguisés en père noël verts, sont allés au Parlement Européen pour alerter les membres du Parlement Européen sur le maintien de l’aide alimentaire, en faisant semblant de manger dans une assiette vide.

Nous invitons les jeunes à venir nous voir pour trouver conjointement des solutions.

5/ Dans nos associations, nous avons un véritable réseau entre associations mais comment se faire reconnaître par les institutionnels ?

C'est une bataille continue pour le rôle et la place des associations humanitaires dans la société. Elles ont un rôle fort et ont un besoin de soutien et d’écoute, sans que l’on touche à leur indépendance.

Le bénévolene peut pas prendre du repos durant les vacances. Il faut s'organiser pour que les structures soient ouvertes 24h/24h.

6/ Parlons gilets jaunes, beaucoup de personnes des classes moyennes se soulèvent, et si les pauvres s’y mettaient ?

Avec les gilets jaunes, on sent à travers les témoignages que la misère grandit et de nombreuses personnes disent désormais qu'elles sont forcées d’aller au Secours populaire. C’est le reflet d'une précarité montante.

 


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13 réactions à cet article    


  • Montdragon Montdragon 25 janvier 2019 07:42

    Le secours catho est un organe infiniment nuisible pour le pauvre...Catho...blanc.

    J’y ai croisé un type, conseiller et formateur, qui a passé sa vie dans l’industrie à délocaliser des productions de France vers l’étranger, et qui soutenait qu’il fallait accueillir aveuglément toute la merde africaine !

    De l’art d’être un tartuffe.


    • Coeur de la Beauce France Républicaine et Souverainiste 25 janvier 2019 10:57

      @Montdragon
      Du grand classique ! La déclinaison du permanent syndical de l’éducation nationale qui réside dans un quartier protégé et qui milite pour accueillir toute la misère du monde, à quelques distances cependant de son pavillon !


    • ZenZoe ZenZoe 25 janvier 2019 08:38

      Il y a de plus en plus de misère cachée.

      Notre idée est de mondialiser la solidarité.

      Chalot, vous ne voyez pas le lien entre ces deux phrases, vraiment pas ?


      • cevennevive cevennevive 25 janvier 2019 09:45

        Bonjour CHALOT,


        « 50 000 enfants sont partis en vacances avec le SPF. Grâce à lui, certains enfants ont vu la mer ou bien la Tour Eiffel pour la première fois. »

        C’est bien. Mais pourquoi ne pas leur montrer aussi les boutiques hors de prix des Champs Elysées, et les ors de Versailles ?

        N’est-ce pas donner des envie de grandeur à ces petits ? Cela leur donne-t-il à manger, à se chauffer, à se vêtir que de passer une semaine de vacances aux frais du SPF. Je me le demande... Cela ne risque-t-il pas d’accentuer dans leur esprit la différence de milieu entre celui où ils vivent et l’autre, l’univers des riches, des arrogants et des puissants ?

        Parfois, les organismes luttant contre la pauvreté sont à côté de la plaque.

        Ce n’est pas ainsi qu’il faut procéder je crois.

        Aider, accompagner, ce n’est pas leur montrer la mer... C’est agir (sans doute comme vous le faites) avec des arguments percutants, une force et une certitude, mais quelquefois aussi avec une certaine violence. Chanter, danser, (les resto du coeur...) faire la manche et protester gentiment n’apporte rien à part des sandwichs peut-être... 

        Mais que faire ? Peut-être agir à la façon de Greenpeace de par le monde ?

        Je crois que l’armée des bénévoles est plus utile aux pauvres que les organismes prétendant lutter contre la pauvreté.

        Autre chose dont je suis certaine : la pauvreté est moins cuisante et discriminatoire dans des pays ou des milieux pauvres que dans nos civilisations de richesses et de grandeur factice. L’on s’y entraide plus, on se mélange et se comprend. C’est aussi pour cette raison que les émigrés sont forcément déboussolés en croyant que chez nous, tout le monde est riche...



         


        • baldis30 25 janvier 2019 10:43

          bonjour,

           article excellent et mieux que cela.... indispensable .... !

          mais, avec tout le respect dû à votre travail militant ne seriez vous pas un peu naïf, à la lecture de cet article issu .... horresco referens.....  de la presse luxembourgeoise ? ( certes la forme rhétorique de la question contient en contraposition l’élément principal de la réponse mais le rappel doit être fait !) :

          http://www.lequotidien.lu/a-la-une/dumping-fiscal-sur-les-multinationales-le-luxembourg-encore-epingle/


          • zygzornifle zygzornifle 25 janvier 2019 10:43

            Par contre la richesse elle ne se cache plus , elle parade a la une des merdias ....


            • karibo karibo 25 janvier 2019 10:57

              Pour en importer au quotidien par wagons « flottants » entiers, il faut bien les cacher si non ce serait une levée de bouclier, qui, quand le quota sera atteint seront lâchés au grand jour et là, la conspiration sera un succès, le bowdel et la guerre civile .

              Voulue ? allons allons ne soyez pas facho , la récompense de je suis charlie & homo n’ ont pas de prix mais un cout...

              & L’ addition sera salée pour votre plus grand bonheur et alimenter vos larmoiements pathologiques !


              • MagicBuster 25 janvier 2019 11:03
                il n’y a pas de radars sur les autoroutes de la misère, par contre ils sont bien installés sur les trajets des français.

                Qui fait venir les migrants ? Voyez avec eux pour avoir du budget ...

                Bonne journée.


                • berry 25 janvier 2019 16:30

                  @MagicBuster
                  Parmi ceux qui font venir les migrants, il y a le célèbre George Soros et sa fondation « Open Society ».
                  Ce pourri de première vit dans un manoir immense protégé par des caméras de surveillance, entouré d’un mur digne de la muraille de Chine.
                  https://lesobservateurs.ch/2019/01/18/soros-lapotre-des-frontieres-ouvertes-vit-dans-une-forteresse/
                  Son « monde sans frontières », il n’y croit même pas, c’est juste un slogan pour duper et manipuler les goys, rien de plus.


                • Pierre 25 janvier 2019 14:10

                  C’est quand même bizarre : nos compatriotes vivraient de plus en plus mal alors que nous sommes le pays qui redistribue le plus au monde et que les statistiques indiquent que le niveau de vie des français augmente en permanence ! D’ailleurs les anciens le savent bien, leur vie quotidienne était bien moins confortable, par exemple avoir l’eau courante était considéré alors comme un luxe...


                  • MagicBuster 25 janvier 2019 16:22

                    Ca vous parait normal les verbalisation à 51Km/h pour financer l’eau courante gratuite des migrants  ?

                    C’est un luxe dont il faudra se passer.


                  • Pierre 25 janvier 2019 16:39

                    @MagicBuster
                     ????


                  • aimable 28 janvier 2019 00:38

                    @MagicBuster
                    Je connais , dans mon village il n’y avait qu’un seul puits situé chez un paysan et toutes maisons du village allaient chercher l’eau avec des seaux , a notre arrivée mon père a creusé un puits d’une profondeur de 7 mètres et installer une pompe pour éviter la corvée d’eau .
                    L’eau courante est arrivée au village dans les années 60 .

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