Un train ... à deux vitesses
Comme systématiquement, je rappelle les accents mystérieux, qui s'obstinent à se cacher dans mon clavier italien.
Le TAV, train à grande vitesse, présenté comme un lien européen, est devenu rapidement le prétexte d'oppositions stériles.
L'Union européenne a défini dix trajets multimodaux ; Berlin-Palerme, Lisbonne-Kiev, Bari-Varna, Rotterdam-Genes sont ceux qui concernent l'Italie. Les différents gouvernements ont soutenu la Ligne Turin-Lyon. Par ailleurs, une douzaine de communes du Val de Suze s'y opposent.
En réalité, le nom de cette infrastructure est "Nuova Linea Torino-Lione", NLNL, projetée pour le transport de passagers et de marchandises, en plus de la ligne existante.
Les gouvernements fançais et Italiens s'y sont intéressés à partir de 1990 et en 1994, le Conseil européen d'Essen a inscrit cette ligne parmi les projets prioritaires. Nous sommes en 2019 et l'actuel gouvernement italien est occupé à s'entre-déchirer et à mener une guerre interne au sujet de cette réalisation. Manoeuvre politico-politique ?
Résumons, pour mieux interpréter !
2001 : le 29 janvier exactement. Le premier ministre Giuliano Amato et le président Jacques Chirac signent le premier accord en s'engageant à respecter une partie française entre Montbélian et la proximité de Saint-Jean-de-Maurienne, un trait commun entre Saint-Jean et Bussoleno et une troisième partie entre Bussoleno et Turin.
En 2003, l'entreprise française, Ltf, présente les projets préliminaires avec des études géologiques dans la province de Turin. Des protestations apparaissent. Le chantier est ruiné par 30000 manifestants, le 8 décembre 2005.
En 2006., le gouvernement Prodi crée un observatoire technique.
Les travaux reprennent le 27 juin 2011. Le projet est nouveau : on renonce au tunnel de Bussoleno.
Le 30 janvier 2012 est établi un document relatif au droit concerné, aux adjudications, à la répartition des couts, ...
En 2015 arrive une nouvelle entreprise publique, la Telt, chargée du trait Turin-Lyon. 81 concours publics sont ouverts, 45 pour la mise en oeuvre, 36 pour l'ingéniérie, concernant douze chantiers.
Actuellement, 25 kilomètres ont été creusés, par 800 personnes, dont 500 sur place, 250 pour les services et l'ingéniérie et 50 autres. Sur le chantier de Chiomonte, les travaux relatifs au creusement géologique, en l'occurrence de la galerie principale, sont terminés.
En aout 2018, le ministre M5S aux infrastructures a déclaré que tout avancement des travaux sera considéré comme un "acte hostile".
La presse italienne parle actuellement de possible crise gouvernementale. Comment pourrait-il en etre autrement avec deux vices-premiers ministres omni-décideurs, mais aussi peu d'accord ? Que peut-on attendre de constructifs quand un des deux (Lega) appuie sa position en affirmant qu'on verra qui a la tete la plus dure ?
Il reste désormais à publier sur le Journal officiel les concours d'adjudication des travaux restants, pour 2,3 milliards d'euros. Chacun reste sur ses positions et ce n'est pas le premier ministre qui réussit à les concilier.
Mais est-il raisonnable de parler du renoncement à des travaux d'une telle ampleur comme si on changeait d'avis à propos du changement des dallages de sa terrasse ? 1,4 milliard d'euros ont déjà été dépensés pour les travaux préliminaires. Qui les rendrait à l'Union européenne ? Un financement de 813 millions a été avancé entre 2014 et 2019. L'Italie peut-elle se permettre de les restituer ? La mise en sécurité de chantiers inachevés présente aussi un cout exorbitant, tout comme les dédommagements aux entreprises. Bref. on parle de 2 milliards d'euros, sans compter, comme le dit Paolo Foietta, commissaire extraordinaire du gouvernement, la décrédibilisation de l'Italie et le choix d'un "anneau manquant" au réseau, appelé à réunir l'Ukraine au Portugal.
Sources : www.tg24.sky.it/www.agi.it
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