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Accueil du site > Tribune Libre > Maroc : le mauvais procès fait à la langue arabe

Maroc : le mauvais procès fait à la langue arabe

 On ne peut être que d'accord sur le constat de la gestion économique, sociale et financière calamiteuse du pays par le PJD ( parti islamistes) avec deux gouvernements successifs depuis maintenant 8 années et que j'avais dénoncé dans de précedents articles 

Par contre sur la question de la langue d'enseignement je ne suis pas d'accord avec les francophiles et francophones qui rejettent la langue arabe et l'accable de tous les noms et de tous les maux de notre système d'enseignement. Une langue avec l'amazigh qui sont partie intégrante de l'identité nationale du pays. Ces gens-là nous parlent de langues étrangères mais ne parlent en fait que du français. Ils rejettent la langue arabe parce qu’ils ne la connaissent pas. Si des francophiles marocains formés exclusivement dans la langue française au Maroc sont des sortes d’étrangers dans leur propre pays ; dans l’Hexagone la langue arabe est d’abord assimilé à la langue du Coran.  

Or dans sa phase de notoriété et de gloire, cette langue était d’abord la langue des sciences. Il fut un temps où les savants parcouraient le monde, de Bagdad à Samarkand, de Grenade au Caire, de Damas à Jaipur. Leur langue commune était l’arabe. Astronomes, mathématiciens, géographes, médecins, philosophes… la science prend une dimension universelle. La langue arabe devient la langue de plusieurs peuples, de plusieurs cultures et du savoir scientifique. Alambic, alchimie, alcool, Aldébaran, algèbre, algorithme, Bételgeuse, borax, chiffre, élixir, toubib, zéro… Si la science n’a pas de nationalité, de nombreux noms et mots témoignent de l’influence de la langue arabe dans son histoire. Une civilisation née dans le désert, avec une culture écrite restreinte, ait tant apporté aux mathématiques, à l’astronomie, mais aussi aux sciences humaines comme la philosophie, la géographie ou l’histoire. Lire sur cet article de l’Institut du Monde Arabe Les arabes et la science.  L’apport des avants de langue arabes aux sciences et aux techniques

 Or certains francophiles et autres francophones bien de chez nous incultes en langue arabe, ne veulent pas voir dans cette langue sa richesse et ne veulent pas reconnaître son apport au développement humain notamment scientifique. Pourquoi cette langue serait-elle moins performante scientifiquement que l’hébreu longtemps rangé parmi les langues mortes, le grec, le portugais, le danois, le norvégien, le coréen, le malais ou que sais je ?.

Ce n'est pas la langue arabe qui est responsable de l’état lamentable de notre système d'enseignement. Le mal est ailleurs. Il est en nous, nous n'avons pas su tirer de la langue arabe, le meilleur qu'elle a pu donner à une certaine époque ou elle était la référence en science en médecine en astronomie etc. Nous avons mené une arabisation désastreuse en ne formant pas les enseignants correctement dans cette langue. Nous avons supprimé la philosophie des programmes d'enseignement pendant des décennies pour un enseignement islamique biaisé ; transformer les enseignant en philosophie en frofs d'éducation islamique et ce n'est ni les partis de l'Istiklal ou le PJD qui ont fait ça. On sait ce que cela a donné, le Pjd, Al Adl Wal Ihssan et tous ces mouvements fondamentalistes qui ont pignon sur rue dans le pays. Ce sont bien les politiques d'enseignement suivis depuis l'indépendance dans le pays qui sont responsables et non pas l'arabe en tant que langue qui reste d'abord un outil de communication. On ne peut faire de l'arabe le bouc émissaire de la faiblesse de notre système d'enseignement. Ça serait trop gros.

La fuite en avant actuelle qui veut que pour redresser notre système d’enseignement, il faut « s’ouvrir sur d’autres langues » lire remplacer la langue arabe par la langue française est une aberration.

Comment peut-on s’ouvrir sur d’autres langues, si on ne commence pas par maitriser sa propre langue, l’arabe mais l’amazigh langues nationales. ?

 


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12 réactions à cet article    


  • Decouz 16 avril 2019 10:08

    Combien de personnes au Maroc ou en Algérie maitrisent l’arabe classique ?

    Ces deux pays (entre autres) ne veulent pas utiliser dans l’enseignement l’arabe dialectal qui est pourtant la langue parlée par la majorité. Il serait peut être judicieux de formaliser cette langue et de la pratiquer.

    Il y a bien un problème de superposition de langues, l’arabe coranique des religieux, l’arabe classique, l’arabe des médias, le dialectal qui varie d’un pays à l’autre, le berbère, le français, dans la conversation ordinaire on passe d’une même phrase d’une langue à l’autre.

    Après discuter de la supériorité de telle ou telle langue, c’est selon, j’ai entendu souvent dire que l’arabe a je ne sais combien de mots pour le lion, mais combien en a t il pour la neige ?

    L’arabe classique est parfait pour la métaphysique, il est toujours apprécié à ce titre par des intellectuels européens, au même titre que le sanskrit, pour la poésie, la rythmique, la rhétorique c’est une monture excellente.

    Pour les sciences actuelles il est l’image de la relative faiblesse de la recherche, et comme les savants français ou autres il est difficile d’échapper à l’anglais.


    • Decouz 16 avril 2019 10:10

      @Decouz
      « de formaliser l’arabe dialectal, connu par tout le monde, et de le mettre en pratique dans l’enseignement et dans l’édition ».


    • kirios 16 avril 2019 11:42

      parler arabe dans les Pays arabes est plus que légitime.

      vous écrivez : Pourquoi cette langue serait-elle moins performante scientifiquement que l’hébreu longtemps rangé parmi les langues mortes, le grec, le portugais, le danois, le norvégien, le coréen, le malais ou que sais je ?."

      l’anglais , le français, l’allemand ou le chinois ne le sont pas davantage .

      vous écrivez pour votre Pays mais c’est de partout pareil

      privilégier une langue ou une culture :étrangère dans son propre Pays est une trahison


      • Pascal L 16 avril 2019 12:07

        L’arabe comme le Français sont des langues d’envahisseurs mais aussi des langues parlées dans de nombreux pays. J’imagine qu’en d’autres temps le latin et le grec ont été largement parlées. Le choix entre l’arabe et le Français est un positionnement sur la communauté internationale. Le Maroc a le droit de préférer une zone plutôt que l’autre et ce choix le regarde mais les conséquences ne sont pas neutres.

        Regarder la langue arabe pour ses apports à la communauté scientifique est un leurre. Il n’y a jamais eu de période où la science a pu se développer dans le monde arabe. Après la destruction de deux des plus grandes bibliothèques de l’antiquité tardive par Omar (Pour Alexandrie, il n’a fait que finir le travail), le monde arabe s’est effectivement mis à traduire en arabe les manuscrits restants mais il n’a guère été possible de dépasser le niveau de la Grèce antique après tant de destructions. Iil ne faut pas oublier que ce travail a été fait en grande partie par des Chrétiens qui étaient encore majoritaires en Syrie, en Egypte et en Palestine jusqu’au 10ème siècle environ. Malheureusement, la mise en place progressive du statut de dhimmi les a fait disparaître. La cupidité des califes ne connaissait pas de limites. Abuhamid Al-ghazali, père de l’obscurantisme arabe, a mis un terme définitif à tous développement scientifique en langue arabe. Dans « revivification des sciences de la religion », il dissuade son lecteur de s’intéresser à toute connaissance extérieure à l’islam en raisons des bid’ah (à la fois innovation et faute morale) qui s’y trouvent. Le progrès ne peut être qu’une adhésion de plus en plus stricte à la norme formée par Muḥammad.

        Il est possible de faire remonter l’obscurantisme à l’époque de Muḥammad. Il Il existe un Hadîth : « Faites attention aux choses nouvelles, car toute nouveauté est une innovation, et toute innovation est un égarement, et tout égarement mène à l’Enfer » d’après les propos de Jabir Ibn Abdillah un compagnon du prophète. Difficile de savoir si ce Hadith est authentique, mais il est un fait que les Arabes musulmans ne se sont jamais intéressé à la science. D’ailleurs le Coran fait plutôt reposer l’économie sur le pillage, l’esclavage (Sourate 8, « Le Butin ») où sur l’exploitation financière des dhimmis (sourate 9, « At-Tawba »).


        • JPCiron JPCiron 16 avril 2019 18:11

          @Pascal L

          Sur le sujet des langues d’envahisseurs, sans doute pourrait-on dire que le français doit plus au « romain » qu’au « gaulois » ...


        • Pascal L 16 avril 2019 21:35

          @JPCiron
          Oui. toutes les langues sont devenues internationales par l’expansion géographique. La langue de l’envahisseur devient la langue de l’administration et c’est ainsi qu’elle se répand dans la population. Le chinois n’est pas (encore) devenu une langue internationale, mais le pays est assez grand par lui-même et les langues locales ont été également marginalisées.


        • JPCiron JPCiron 17 avril 2019 16:33

          @Pascal L

          La langue de l’envahisseur devient la langue de l’administration >

          Le plus souvent, effectivement.
          Par contre, l’Araméen a été la langue administrative de l’Empire Perse...


        • Pascal L 17 avril 2019 18:10

          @JPCiron
          Encore une fois oui. L’araméen a été la langue des échanges internationaux de la perse jusqu’au nord de l’Arabie.C’était la langue parlée à Jérusalem au temps de Jésus et elle est la base de l’arabe littéraire. Il existe au moins trois système d’écriture pour cette langue dont les caractères syriaques (à l’origine de l’écriture arabe) et les caractères hébreux. Les arabes ont du mal à en disconvenir, mais un tiers du Coran environ vient de l’araméen. Il existe environ 10000 mots à usage unique (hapax) dans le Coran sur 17000. Ces mots posent des difficultés énormes à traduire. Ainsi que peut vouloir dire Al-Qadr dans la sourate 97. En général une traduction est proposée pour le titre (le destin ou la destinée) mais ils n’osent pas le traduire dans le corps du texte qui reste sous la forme Al-Qadr. Si nous rapprochons la racine de ce mot de l’araméen, nous trouvons une traduction : la nativité. Alors, est-ce bien le Coran qui est descendu lors de cette nuit ? Si nous traduisons par nativité, alors tout le corps de la sourate devient bien plus limpide : « Certes nous l’avons fait descendre dans la nuit de la nativité. Que fait-tu de ce qu’est la nuit de Noël. L’office nocturne de noël est plus bénéfique que 1000 vigiles. les anges accompagnés de l’Esprit font descendre avec la permission de leur Seigneur toutes sortes d’hymnes. Paix est cette nuit jusqu’à la pointe de l’aube. »


        • MagicBuster 16 avril 2019 12:13



          Trop fort le sketch : Il n’y a pas d’arabes dans le monde arabe  smiley

          https://www.youtube.com/watch?v=wqT8uR1_-E0


          • tuxuhikewi 16 avril 2019 15:18

            Ce propos est indéfendable. Vraiment. Relisez vous. Vous défendez l’enseignement et l’usage d’un patois non codifié, une version dégénérée de l’arabe impérial.

            Sois tu milite pour une académie de marocain, et tu en fait une langue stricte, que tu codifie a l’échelle nationale et que tu apprend a l’école aux enfants.

            Sois tu milite pour un usage de l’arabe littéraire, qui fait parti des langues impériales officielle. Si ca te fait mal de servir l’empire, planque toi sous panarabe.

            Vous pouvez aussi « nationaliser » votre pakage linguistique hérité comme les canadiens avec l’acadien. Rien en vous empêche de mélanger les deux héritages.


            • Krokodilo Krokodilo 16 avril 2019 17:55

              @tuxuhikewi D’accord avec vous, sujet intéressant mais l’article n’est pas très clair.


            • JPCiron JPCiron 16 avril 2019 17:56

              La richesse d’une langue, c’est pour beaucoup une manière de penser, d’appréhender le monde de tous les jours, de saisir le non-dit.

              Il est donc utile, pour comprendre nos voisins, de pratiquer leur langue. 

              Une langue peut comprendre bien des variantes. L’anglais britannique se distingue de l’Américain. Et entre cockney, gallois et écossais, il y a bien des finesses.

              Pourquoi ce qui va de soi pour l’anglais irait-il autrement pour l’arabe ?

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