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Accueil du site > Tribune Libre > Trois idoles philosophiques

Trois idoles philosophiques

Descartes, Spinoza et Nietzsche constituent la constellation la plus prestigieuse de la philosophie moderne. À peu près tout le monde se réclame de l’un de ces trois philosophes, voire des trois. Ils ont renversé le platonisme, la morale, ils ont ouvert un nouvel âge et mis fin à la naïveté des penseurs idéalistes. Mais les motivations de leurs admirateurs sont impures. À travers ces trois penseurs, ce sont eux-mêmes qu’ils admirent : leur rupture avec la souche abrahamique, leur rationalisme dépourvu d’empathie, leur orgueil. Et si ces trois philosophes étaient moins rigoureux qu’on ne le dit ? Et si on donnait pour une fois la parole à un adversaire de Descartes, Spinoza et Nietzsche ?

Je discutais l’autre jour avec un ami catholique.

« Je comprends tout à fait que l’on rejette la foi chrétienne, me dit-il, mais ce qui est vraiment risible, à la fois prétentieux et vain, c’est de croire pouvoir démolir la foi à coups d’arguments philosophiques. J’ai discuté mille fois avec des intellectuels sur ces sujets, et c’étaient toujours les trois mêmes philosophes qui revenaient, encore et encore : Descartes, Spinoza, Nietzsche, Descartes, Spinoza, Nietzsche. Les athées n’ont aucune originalité, ils sont d’un conformisme atterrant, pire que des vieilles bigotes avec leur rosaire. Laisse-moi donc te dire, une fois pour toutes, ce que je pense de cette fameuse Trinité : Descartes, Spinoza, Nietzsche.

Descartes tout d’abord. C’est un grand philosophe, un philosophe authentique, je n’aurai pas le ridicule de le nier. Il a eu l’immense mérite de sortir la philosophie de l’ornière scolastique. Il a engendré toute une lignée de penseurs vigoureux, jusqu’à notre époque. Mais enfin, quand on loue Descartes, on sélectionne avec soin les textes, et on n’en retient à la vérité que trois : le Discours de la méthode, les Méditations métaphysiques et la première partie des Principes de la philosophie. Tout cela a une apparence austère et rigoureuse propre à séduire les esprits athées, fort influençables et désireux de trouver un terrain solide sur lequel s’appuyer. Mais ceci n’est que l’introduction de la pensée de Descartes, et tout le reste on n’en parle jamais. As-tu lu le traité des Passions de l’âme ? C’est plus fantasmagorique que la Genèse, crois-moi. On y parle d’« esprits animaux » qui s’enflamment dans le cœur ou dans la rate, je ne me souviens plus, et qui en passant au cerveau causent le désir, ou la pitié, ou la colère. Et ça se développe sur des pages et des pages, un matérialisme primaire dont il ne reste rien de nos jours. Et tout est à l’avenant chez Descartes : la théorie des tourbillons, l’animal-machine qui ne se distingue en rien d’une horloge bien réglée, etc. Alors Descartes est un grand philosophe, d’accord, mais qu’on ne prétende pas détruire la subtilité rabbinique de la Bible, affutée sur des générations et des générations, au milieu des guerres, des catastrophes et des persécutions, à l’aide d’arguments de cet ordre. Il suffit de retourner la prétendue rigueur des cartésiens contre eux-mêmes pour en venir à bout.

Mais ce n’est pas là le plus grand tort de Descartes. Ce que je ne pardonne pas à Descartes, c’est qu’il est à l’origine de l’individu contemporain, enfermé dans sa subjectivité et ses émotions, ne cherchant qu’une seule chose : « se sentir bien », à n’importe quel prix, aveugle et obtus à tout le reste. En enfermant l’individu dans sa conscience personnelle, Descartes s’est coupé de la rude et virile objectivité biblique et romaine. Ce n’est plus le monde qui précède l’individu, c’est l’individu qui génère le monde. Dès lors plus de politique, plus de lois, plus de rites, plus de communauté humaine, mais seulement ce qu’une de mes connaissances appelle plaisamment « la branlette narcissique du consommateur bobo ». L’intersubjectivité est tout ce qui reste, d’où les passions tristes, névroses, harcèlements, frustrations, etc. L’horreur moderne dans toute sa splendeur. Permets-moi de préférer les chants des lévites, les danses des vierges au son du tambourin tandis que l’on amène le bœuf consacré à l’autel du Dieu dont on ne doit pas prononcer le nom.

Passons à Spinoza. Il est frappant de constater avec quel empressement, quelle unanimité les athées se rabattent sur L’Éthique, comme si l’alpha et l’oméga de la Création y étaient contenus. Les croyants ne considèrent pas la Bible avec plus de vénération, plus de servilité. On se barricade derrière Spinoza pour dissimuler son absence totale de conception personnelle quant au monde et à la vie de l’homme. Et tout y passe : le panthéisme, le déterminisme, le désir comme essence de l’homme, etc. Tous les clichés rebattus un millier de fois. On se sent tellement supérieur quand on déclame qu’on ne croit pas à la liberté individuelle, que le bien et le mal n’existent pas, etc. Il n’y a plus rien à rétorquer après ça. Mais quand on creuse un peu, à quoi renvoient ces belles formules ? Tout d’abord, et c’est proprement incroyable, sans équivalent peut-être dans l’histoire de la philosophie, on ne trouve pas une seule idée originale chez Spinoza. C’est une reprise pure et simple des théories de la nature des stoïciens. Spinoza n’aurait pas existé, on aurait pu reconstruire son ouvrage phrase par phrase à partir des fragments de Chrysippe, Posidonios, etc. Mais Spinoza en impose grâce à sa « méthode géométrique » et à sa terminologie obscure. Descartes avait eu le grand mérite de mettre fin au jargon scolastique, et celui-ci revient en force avec Spinoza : substance, essence, accident, etc. On revient au pédantisme des docteurs et à leur savoir verrouillé. Et comme tout cela flatte l’orgueil des agnostiques, qui n’ont pas eu l’occasion de s’initier à l’humilité chrétienne ! Tous ceux qui se piquent de philosophie ont écrit leur livre ou leur étude sur Spinoza : André Comte-Sponville, Michel Onfray, Frédéric Lenoir, Alain Minc, Jacques Attali, etc. Quand je te parlais du conformisme des athées. Et tout le monde s’en fiche, ces ouvrages ne se vendent pas, le moindre livre du pape se vend dix fois plus. C’est que tout le spinozisme est purement verbal. J’ai longtemps cherché un homme habité par la fameuse « béatitude » de Spinoza, je n’en ai jamais vu. Par contre j’ai souvent vu des vieilles femmes malades, la Bible à leur chevet, rayonnantes, souriant tout le temps. Qui peut se réclamer vraiment, authentiquement, de Spinoza ? Personne. Goethe peut-être, mais qui lit encore Goethe ?

Ce qui plaît à l’homme moderne chez Spinoza, c’est au fond sa conception de la nature. La paresse de l’homme moderne était flattée par le subjectivisme de Descartes, sa superficialité et son vide spirituel seront flattés par le « deus sive natura » de Spinoza. On est ému par les forêts, les oiseaux, on a peur de mourir, on ne conçoit rien au-delà de ce que perçoivent les sens, alors on est tout content de se réfugier dans le grand Tout de Spinoza, on se raccroche au moins à ça. Mais ce n’est pas le grand Tout qui nous sauvera, et ce n’est pas le grand Tout qui nous incitera à nous montrer un peu plus patient et plus tolérant à l’égard de nos semblables. Je préfère encore l’athéisme sarcastique et blasphématoire d’un Cioran à ces intellectuels crispés qui se cachent toujours derrière L’Éthique de Spinoza, au moins c’est plus franc et plus amusant.

Passons maintenant à Nietzsche. Franchement j’aime bien Nietzsche. Je n’ai pas envie d’en dire du mal. C’est une sensibilité très délicate, un poète, et un vrai philologue, il savait de quoi il parlait, ce n’était pas de l’esbrouffe. Mais quand les athées le présentent comme le destructeur impitoyable et sanguinaire de la morale et de la religion, c’est risible. Il faut voir le rôle qu’il a joué dans le trio avec Paul Rée et Lou Andreas-Salomé, ou encore avec Richard et Cosima Wagner. C’est l’éternel dindon de la farce. Et il faut lire ses lettres à sa sœur : il a la maturité émotionnelle d’un garçon de quinze ans. Récriminations et jérémiades, délire de grandeur et de persécution. Les apôtres, les Pères de l’Église avaient des communautés à gérer, des luttes politiques à soutenir, ils mettaient leur vie en jeu, on est quand même à un autre niveau d’exigence existentielle. Mais ne considérons pas les données biographiques, restons-en à l’œuvre. Ce qui est caractéristique chez Nietzsche, c’est qu’il n’y a pas le moindre point de contact direct avec la vie chez lui. Seulement avec les livres. Nietzsche ne voyageait pas sans emporter des malles de livres, c’est révélateur. Alors on trouve tout chez Nietzsche, des analyses pénétrantes et des formules saisissantes sur Eschyle et Montaigne, Shakespeare et Mozart. Mais, contrairement à Descartes, Nietzsche ne s’est jamais posé dans la solitude originelle de l’homme pour étudier les données premières de son expérience et de sa conscience. Même un ouvrage comme Ainsi parlait Zarathoustra n’aborde jamais la vie de front, ce ne sont que des clés qui renvoient à Wagner, au christianisme, aux obsessions érudites de Nietzsche. Et quel est le fruit d’une authentique culture nietzschéenne ? Des individus péremptoires, agressifs, misanthropes, solitaires, fous. À comparer avec la qualité humaine d’un Louis-Marie Grignion de Montfort, auteur d’un Traité de la vraie dévotion à la vierge Marie.

- Mais si tu détruis ainsi nos philosophes les plus profonds et les plus renommés, vers quel penseur me tournerai-je ? m’écriai-je.

- Lis la Bible, c’est là le dépôt le plus riche, le plus authentique et le plus salutaire concernant l’expérience humaine, me répondit-il. Mais si tu veux absolument lire un philosophe, lis Sénèque. C’est un vrai philosophe, qui s’est jeté dans la quête de la sagesse de toutes ses forces (et elles étaient grandes), et qui philosophait encore au moment de mourir. Les questions cruciales de l’existence y sont abordées franchement, sans intellectualisme, sans esprit de système : la solitude, la douleur, la vieillesse, la mort. Bien sûr il y a chez Sénèque du pédantisme, des formules outrancières, c’était le tour de sa personnalité. Mais la matière du discours y est, c’est ça qui compte, cette volonté acharnée de revenir toujours au centre du problème, de se couper de toutes les entraves matérielles et émotionnelles, d’accéder à la vraie liberté du sage, indépendamment des circonstances. Crois-moi, c’est moins brillant, mais ça vaut largement Descartes, Nietzsche et Spinoza. »


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22 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 22 mai 2019 09:39

    ’’ce qui est vraiment risible, à la fois prétentieux et vain, c’est de croire pouvoir démolir la foi à coups d’arguments philosophiques.’’

     

    Si je retire les mots risible et prétentieux, j’approuve sans réserve cette assertion. Et j’en rajoute : «  tout discours sur dieu qui n’est pas d’adoration est vain » (dixit un homme de foi)

     

    Nous avons un cerveau qui fonctionne selon deux modes ; le premier appelé système 1 est animal : rapide, réflexe, pragmatique, fonctionne en permanence sans même que nous en ayons conscience. La vérité des choses n’est pas son souci, seul le résultat compte. Ce système n’a guère recours aux mots.

     

    L’homme n’est ni ange ni bête, ou plus exactement, il est à la fois ange et bête. La nature l’a doté d’un cerveau, la raison. C’est le système 2 : siège de l’analyse rationnelle, du raisonnement logique, c’est notre part humaine angélique. Le fonctionnement sur ce mode n’est pas automatique, il nécessite un acte de volonté et beaucoup d’énergie

     

    Ce système 2 est utilisé pour atteindre des buts supérieurs, autres que la simple survie : ce peut être un enrichissement personnel ou le bien être de l’humanité : les buts à atteindre, c’est une question d’affects nécessaires pour mettre en branle et alimenter la machine consommatrice d’énergie. De prise de pouvoir au sein de la conscience par les affects les plus puissants.

     

    Les affects sont une question d’éducation. On comprend bien dès lors, qu’une éducation qui prône une idéologie qui promet monts et merveilles et qui en même temps n’exige aucun effort, ne demande aucun investissement énergétique soit parfaitement indifférente à la raison ; nécessairement antinomique.

     

    Je dirai donc pour ma part  : ce qui est vraiment risible, à la fois prétentieux et vain, c’est de croire pouvoir démolir la philosophie par un catéchisme.

    CQFD


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 23 mai 2019 08:00

      @JL

      Ce qui est « rationnel » pour certains, ne l’est pas pour d’autres. Le conscient et l’inconscient, vous connaissez ? Le récit biblique est à plusieurs entrées. Relisez l’analyse des fameux rêves de Descartes. Trois rêves de Descartes : https://www.cairn.info/qu-est-ce-que-rever—9782749256627-page-84.htm


    • Francis, agnotologue JL 23 mai 2019 08:17

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
       
       je crois que la rationalité est comme le bon sens , « la chose la mieux partagée au monde ». Je veux dire que tout le monde est satisfait de la part qu’il possède.
       
      Ce qui s’oppose à la rigueur d’un raisonnement ce n’est pas un défaut de rationalité — on ferait une tautologie en l’affirmant — mais le fait qu’il souffre plus ou moins de un ou plusieurs biais cognitifs.
       
      Et les biais cognitifs sont directement en prise avec les affects ; c’est ce que je disais avec d’autres mots ci-dessus.
       
      Par exemple ici, l’auteur est affecté de L’effet Dunning-Kruger, ou effet de surconfiance : c’est un biais cognitif selon lequel les moins qualifiés dans un domaine surestiment leur compétence. Ce phénomène a été démontré au moyen d’une série d’expériences dirigées par David Dunning et Justin Kruger.
       
      L’auteur n’est pas en philosophie : son attachement à sa croyance l’empêche d’acquérir cette compétence.


    • Gollum Gollum 22 mai 2019 09:52

      Quel tissu de conneries ! Le mot n’est pas trop fort...

      Et cela me confirme du néant des « penseurs » catholiques une fois de plus.

      Bon là j’ai pas le temps d’argumenter j’ai des choses à faire mais je compte bien revenir..


      • gaijin gaijin 22 mai 2019 17:00

        @Gollum
        « Bon là j’ai pas le temps d’argumenter j’ai des choses à faire »
        pareil mais franchement j’aurais du mal a savoir par ou commencer .........


      • Étirév 22 mai 2019 09:54

        Descartes

        Lorsque Descartes voulut faire table rase dans son entendement, la première phrase qu’il aurait dû dire, pour reconstruire l’édifice de ses croyances, au lieu d’être son fameux : « Je pense, donc je suis », aurait dû être : « Je parle, donc je pense », car cette phrase qu’il prononçait mentalement, il la prenait dans sa connaissance qu’il avait du langage dont il avait oublié de se défaire comme de ses autres connaissances.

        Spinoza

        Le panthéisme, en faisant de Dieu le « Grand Tout » qui anime l’Univers, formulait donc la véritable doctrine scientifique de la divinité. Il ne lui manquait plus qu’une chose : donner à ce principe universel un nom qui permit de le connaitre, de le retrouver dans la Nature, de le définir ; allons plus loin, de le ranger dans la nomenclature des corps simples.

        C’est ce que la science moderne a fait. Mais Spinoza est né trop tôt pour avoir vu la sanction de sa doctrine dans l’œuvre de Lavoisier. Il est resté dans les nuages indécis de la spéculation, il n’a pas su mettre l’idée flottant dans son esprit sur le terrain plus sûr, mais moins brillant, des sciences positives.

        Nietzsche

        Les hommes comme Nietzsche ne laissent, dans le monde, qu’une impression : « C’est un misogyne !... » Leur science est néant, leur œuvre on l’oublie, leur haine seule reste.

        La science de Nietzsche n’est, du reste, pas à lui ; sa haine seule lui appartient. Il est philologue, il étudie les textes antiques et nous les traduit. C’est un plagiaire des idées lointaines, celles que personne ne réclame, c’est pour cela qu’il est quelquefois étonnant, il nous rend des idées très anciennes qu’il attribue à l’homme supérieur, le suprahumain.

        Livres de Femmes, Livres de Vérités


        • Taverne Taverne 22 mai 2019 10:02

          Que Dieu reste à sa place !

          Tout un texte entre guillemets dont les propos sont entièrement attribués à « un ami catholique ». Et votre avis, à vous ? Enfin, si vous en avez un...

          En tous cas, voici le mien : pour que l’ordre règne, que Dieu reste à sa place ! Que le philosophe aussi reste à sa place de philosophe !

          J’ajoute que le procédé consistant à qualifier de grands philosophes d’idoles (comme en religion) et à les présenter sous les traits d’une sainte trinité, ne me trompe pas. Il s’agit là d’un point de vue de croyant qui s’imagine que le cerveau de l’athée est fait comme le sien, autrement dit que l’athée vénère ces trois-là comme une triade divine. C’est ridicule. Moi, athée et philosophe, je les vois comme des hommes, de grands penseurs, et rien de plus. Vous avez bien fait (enfin « votre ami catholique » a bien fait...) d’ajouter Sénèque.


          • #gcopin Gcopin 22 mai 2019 12:03

            Bonjour, dommage le titre était alléchant. Je pense que l’on ne peut pas tout catégoriser, surtout sans arguments solides. Par exemple, il semblerait dans votre article que la définition d’un athée est une personne qui ne croit pas au christianisme donc un musulman est-il un athée ? Pour Descartes, il écrit « Cette idée d’un être parfait et infini en moi prouve à la fois l’existence et la perfection de Dieu. Ce pourquoi, ce n’est pas un Dieu trompeur, puisque ce serait une imperfection. » pour Spinoza c’est probablement plus complexe avec l’idée de Dieu nature immanent est non la transcendance comme les religions monothéistes (avant le big bang lol), Dieu ou pas dieu la question reste ouverte, donc pour Spinoza athée ou pas athée la réponse n’est pas simple. Le nihilisme de nietzschéen à ma connaissance n’est pas un petit bricolage philosophique, mais une remise en question fondamentale de l’idée de croyance. En lisant votre article, je sens une petite musique dogmatique très inconfortable. Heureux, ceux qui ne doutent pas, pour ma part j’en suis encore au stade, ce n’est pas que je ne crois pas, mais je ne sais pas si je crois. Comme vous affectionnez Nietzsche, je terminerais par une de ses citations. « Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude. »


            • Gollum Gollum 22 mai 2019 12:25

              Bon me revoilou... smiley

              Sur Descartes et les animaux-machines : cela vient en ligne droite de l’univers biblique qui crée une scission nette entre le monde humain (avec une âme) et le monde animal et végétal (sans âme). Or ce qui est sans âme ne peut être que mécanique. Voilà. CQFD. La faute à la Bible point barre. smiley

              Descartes d’ailleurs n’a fait ici que reprendre le sentiment majoritaire (issu de l’Église donc) de la société de son temps..

              Sur Descartes qui cherche à se sentir bien et à une sorte d’hédonisme. Bon je laisse cela à d’autres meilleurs connaisseurs de Descartes que moi (Taverne peut-être) mais sérieusement j’en doute très fort..


              Permets-moi de préférer les chants des lévites, les danses des vierges au son du tambourin tandis que l’on amène le bœuf consacré à l’autel du Dieu


               smiley Au secours... Il y a encore des nostalgiques des sacrifices animaux à la gloire de Yod Hé Vav Hé ? Nan mais sérieux ? smiley


              Spinoza :


              Et tout y passe : le panthéisme, le déterminisme, le désir comme essence de l’homme, etc. Tous les clichés rebattus un millier de fois.


              Ah bon ? L’absence de libre-arbitre c’est un cliché mainte fois rebattu ? Les seuls à avoir osé envisager cette éventualité furent les cathares exterminés pour cette raison et bien d’autres...


              Même encore aujourd’hui l’idée du non libre-arbitre est encore largement minoritaire.. smiley


              On se sent tellement supérieur quand on déclame qu’on ne croit pas à la liberté individuelle, que le bien et le mal n’existent pas


              Et on se croit inférieur quand on croit au libre-arbitre ? Mais qu’est-ce que cette idée débile vient faire là ? Sinon votre ami n’a pas dû lire Spinoza en profondeur car il ne dit nulle part que bien et mal n’existent pas mais qu’ils sont relatifs aux existants. Ce qui fait une très grande différence que votre ami semble incapable de saisir. Exemple : le lion mange la gazelle. Pour la gazelle c’est mal (c’est une évidence non ?) mais pour le lion c’est bien (évidence là encore). Mais pour un tiers neutre (l’homme, le scarabée, le passereau) c’est neutre. Et pour le sommet de la Création, pour Dieu, puisque Spinoza n’était pas athée, les deux sont biens puisque voulus tous les deux par le général en chef en personne. 


              on ne trouve pas une seule idée originale chez Spinoza.


              Plus c’est gros comme on dit... smiley


              Mais Spinoza en impose grâce à sa « méthode géométrique »


              Tout le monde s’en fout de sa méthode géométrique. Ce qui est intéressant c’est sa vision des choses.. Pitoyable là encore. smiley


              Sur le jargon de Spinoza je rigole, c’est un des auteurs les plus clairs qui soient. Frottez vous à Husserl vous m’en direz des nouvelles. Idem pour Heidegger.


              Tous ceux qui se piquent de philosophie ont écrit leur livre ou leur étude sur Spinoza : André Comte-Sponville, Michel Onfray, Frédéric Lenoir, Alain Minc, Jacques Attali, etc. Quand je te parlais du conformisme des athées


              Sauf que je ne pense pas que Lenoir soit athée. Et moi non plus du reste. Et Spinoza non plus.


              • Gollum Gollum 22 mai 2019 12:25


                Et tout le monde s’en fiche, ces ouvrages ne se vendent pas


                Les ouvrages de Frédéric Lenoir se vendent très bien.

                Ici une conférence de Lenoir sur Spinoza qui trouve Spinoza très christique.. Eh oui ! smiley https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/frederic-lenoir-conference-le-76419


                le moindre livre du pape se vend dix fois plus.


                Quel argument d’une profondeur abyssale ! Le catholique a toujours eu le culte de la bite la plus grosse. Pas étonnant qu’ils aiment les grandes structures étalées sur la planète entière ça leur donne un sentiment de supériorité qu’ils auraient, sans cela, du mal à revendiquer..


                Qui peut se réclamer vraiment, authentiquement, de Spinoza ? Personne.


                Beaucoup de monde et c’est bien ce qui vous ennuie. D’ailleurs s’il n’avait pas de succès même pas la peine de pondre cet article.. smiley

                On est ému par les forêts, les oiseaux, on a peur de mourir, on ne conçoit rien au-delà de ce que perçoivent les sens


                Pétard mais quel c... votre pote ! Spinoza n’était pas athée ! Faudra le dire combien de fois ? smiley Et ce qui intéresse les athées chez Spinoza ce n’est pas cela c’est la démolition des cotés superstitieux des religions constitutionnelles.. Comme par hasard, vous ne parlez pas de cet aspect essentiel. 



                Maintenant Nietzsche..


                il a la maturité émotionnelle d’un garçon de quinze ans.


                 smiley Que dire devant tant de bêtise ? Ben rien.. tiens. smiley


                Nietzsche ne s’est jamais posé dans la solitude originelle de l’homme pour étudier les données premières de son expérience et de sa conscience.


                Là encore c’est tellement à côté de la plaque et péremptoire qu’on ne sait pas quoi dire..


                Et quel est le fruit d’une authentique culture nietzschéenne ? Des individus péremptoires, agressifs, misanthropes, solitaires, fous.


                Ben je dois être péremptoire (ceci dit votre pote me bat à plate couture hein !) solitaire et fou.. smiley Faudra que j’en informe mon entourage.. smiley


                À comparer avec la qualité humaine d’un Louis-Marie Grignion de Montfort, auteur d’un Traité de la vraie dévotion à la vierge Marie.


                Lol ! smiley Le gars terrorisé à l’idée de marcher par terre sur une croix dessinée par l’ombre de branches d’arbres croisées.. Une peur obsessionnelle du blasphème, même involontaire, et surtout parfaitement dérisoire. Voilà le modèle de l’homme catholique : un vécu permanent dans la terreur du péché..

                Il n’y a pas que lui d’ailleurs ils furent tous pour la grande majorité ainsi.


                Lis la Bible, c’est là le dépôt le plus riche, le plus authentique et le plus salutaire concernant l’expérience humaine, me répondit-il.


                Lol je suis MDR smiley


                De ce texte indigent et surréaliste, complètement prosélyte et faux, je ne retiendrai que l’hommage final à Sénèque.


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 22 mai 2019 12:45

                @Gollum

                La seule philosophie française qui m’importe est celle de Rabelais.


              • RageAgainst RageAgainst 19 juillet 2019 12:56

                @Gollum

                Permets-moi de préférer les chants des lévites, les danses des vierges au son du tambourin tandis que l’on amène le bœuf consacré à l’autel du Dieu


                surtout qu’en terme d’exotisme le Salammbô de flaubert vaut largement plus le détour !!! lol


              • Christian Labrune Christian Labrune 22 mai 2019 14:21

                Aucun de ceux qui me lisent de temps en temps sur AgoraVox ne peut ignorer que je suis en relation avec l’Immaculée Conception. Elle m’apparaît assez régulièrement dans la grotte des Buttes-Chaumont, mais il n’y a pas dix minutes, c’est elle qui m’a téléphoné -ce qui lui arrive rarement et nous avons eu une brève conversation.

                Son téléphone, comme le mien, est de la marque Huawei, et elle s’inquiétait de savoir si elle pourrait continuer à l’utiliser après la décision de l’administration Trump. Je l’ai rassurée comme j’ai pu.

                C’est elle qui m’a signalé cet article sur AgoraVox et m’en a recommandé la lecture, après une conversation qu’elle venait d’avoir avec Dieu le Père. « Il est MDR ! », m’a-t-elle dit juste avant de raccrocher en catastrophe, ce qui lui arrive quelquefois quand elle est en train de préparer la bouffe au plus haut des cieux. La dernière fois, l’huile avait pris feu dans sa poêle à frire.

                Je n’ai pas du tout compris ce qu’elle entendait par « Dieu est MDR ». D’habitude, elle est moins sibylline. Y aurait-il quelqu’un qui pût nous éclairer ?


                • Claude Courty Claudec 22 mai 2019 17:29

                  « ... ils ont ouvert un nouvel âge et mis fin à la naïveté des penseurs idéalistes. »

                  Il faut être aveugle pour écrire une telle absurdité, quand tous les obscurantismes, religieux comme politiques, n’ont jamais autant profité de l’angoisse existentielle du roseau pensant, agité depuis un bon siècle par des désordres et une barbarie comme l’humanité n’en avait jamais connu ; auxquels s’ajoute le souffle de l’écolo-anxiété. 


                  • Prudence Prudence 22 mai 2019 19:54

                    Oh, ça bouge, dans les commentaires !

                    Ayons la bonté de nous intéresser à Vincent, lequel pleure quand on lui annonce qu’il va mourir. C’est plus important que toute théorie du passé et les luttes intellectuelles entre Descartes, Spinoza ou Nietzsche (qu’est-ce qu’il vient d’ailleurs faire ici, celui-là ?). C’est notre présent, et aussi notre avenir, compte tenu de qui en découlera et nous concernera tous.

                    Il y a aussi le vote, dimanche.


                    • Prudence Prudence 22 mai 2019 21:03

                      @arthes
                      Si vous étiez capable de réellement comprendre ce que vous dites, vous verriez que vous avez associé le nom « Vincent Lambert » à l’expression « calmos la bête », en plaçant juste un point d’interrogation entre. C’est tout bonnement horrible. Je sais bien qu’en disant « la bête » c’est à moi que vous pensez, mais vous avez néanmoins fait cette juxtaposition. Vous avez un inconscient effrayant. Soignez-vous bien, « arthes ».


                    • Prudence Prudence 22 mai 2019 22:38

                      @arthes
                      Magnifique vidéo qui montre que l’art est heureusement présent parmi nous, et que le goût existe encore. Quel rapport avec nos conversations ? Je ne suis pas sot, mais pas devin.


                    • Yann Esteveny 22 mai 2019 23:34

                      Message à avatar Laconique,

                      Merci pour votre article intéressant.

                      Descartes voyait l’homme comme le nouveau maître de la Nature, Spinoza a récolté un herem et enfin Nietzsche redécouvre avant de sombrer dans la folie l’adversaire de Dieu. Qu’ils soient idolâtrés par la barbarie moderne est normal. 

                      D’accord pour dire que Sénèque est un philosophe « solide ». Blaise Pascal et Soren Kierkegaard sont des philosophes chrétiens exceptionnels. Héraclite, Platon et Heidegger permettent également de faire ses humanités.

                      Respectueusement


                      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 23 mai 2019 07:33

                        Lisez Jankélévitch et vous vous en remettrez...


                        • eddofr eddofr 23 mai 2019 11:19

                          Le plus grand philosophe de tous les temps c’est Conan le Barbare  !


                          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 mai 2019 11:33

                            @eddofr

                            Y’a eu aussi Connard le barman , au café du commerce.


                          • Pierre Régnier Pierre Régnier 23 mai 2019 11:21

                            Il y a des athées que je qualifie d’athées obscurantistes. Ce sont ceux qui croient inutile de "perdre son temps" à examiner le contenu des croyances religieuses parce que, selon eux, il n’y a là que des sottises. Ceux d’entre eux qui sont actifs en politique jouent aujourd’hui un rôle très négatif. Ils contribuent à l’islamisation de la France, donc à la promotion de sa violence, à sa régression civilisationnelle.

                            Je connais mal les trois philosophes mis ici en accusation mais l’un d’eux a joué un rôle déterminant dans ma vie spirituelle. Malgré plusieurs tentatives je n’ai jamais réussi à lire l’Éthique de Spinoza, mais son Traité théologico-politique, absent du présent article, m’a convaincu que l’essentiel, dans l’analyse des religions, c’est l’examen, en chacune d’elles, de son rapport à la violence existant dans le monde. Spinoza, que je n’ai nullement ressenti comme un philosophe athée, a beaucoup alimenté ma conviction qu’il faut aujourd’hui désacraliser la violence religieuse. Et qu’il faut bien sûr, pour cela, que les croyants cessent d’attribuer à leur Dieu les appels à de prétendues « bonnes violences ».

                            Je considère que les « chrétiens » trahissent Jésus de Nazareth leur « maître à penser Dieu » quand ils s’obstinent à ne pas vouloir désacraliser la violence de leur faux christianisme. Avec des arguments opposés ils alimentent, tout aussi lamentablement que les athées obscurantistes, l’épouvantable violence islamique qui gangrène aujourd’hui la France, l’Europe et le monde.

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