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La fin d’un monde… Bienvenue dans l’Europe allemande !

À lire la vidéo qu’Alexandre Mirlicourtois a publiée le 12 septembre 2013 sous le titre « Des menaces sur la compétitivité allemande », il semble bien que nous n’ayons pas eu tort de nous pencher sur un passé plus lointain que celui qu’il aborde ordinairement… Jusqu’à la mise en place du mur de Berlin, la République fédérale d’Allemagne a en effet alimenté ses forces de travail qualifiées au détriment des efforts de formation réalisés par sa concurrente : l’Allemagne dite « de l’Est »… Il n’est pas dit qu’elle ait perdu de vue aujourd’hui les avantages qu’elle avait alors obtenus, à la différence de l’ensemble des autres pays européens… et notamment de la France…

Avant de regarder quelles sont les difficultés cruciales qu’Alexandre Mirlicourtois croit pouvoir distinguer dans un avenir plus ou moins éloigné pour l’Allemagne, arrêtons-nous, avec lui, sur la réussite criante de l’accumulation capitalistique dans ce même pays, sur l’éminente pertinence de la transformation de son énorme capital-argent en outils de production – notamment industriels -, et sur les qualités reconnues dans le monde entier des produits qui en sont issus, pour ensuite être commercialisés à des prix qui incorporent allègrement une marge d’admiration à peu près unanime…

Tout aussi dépité que nous… il veut bien en convenir… et agrémenter son propos d’un graphique qui nous en met plein la vue à nous, les abonné(e)s de la Cinquième République…
« Certes, notre voisin va enregistrer des excédents extérieurs records cette année, près de 200 milliards d’euros. »

La suite est tout autant déprimante pour nous…
« Le pays a aussi depuis longtemps retrouvé puis largement dépassé son niveau d’activité d’avant crise. C’est unique en Europe. »

S’il y a des cocus de l’Histoire, heureusement il n’y a pas que nous… Mais à peine avons-nous tendu l’autre joue, qu’on nous en remet une louche :
« Le pays est enfin proche du plein emploi avec un taux de chômage au plancher, à peine supérieur à 5%. »

Cependant, il paraît que notre revanche va être terrible !… Vas-y, Alexandre, fâche-toi un peu… Et si ça gagne pas, il est sûr, au moins, que ça débarrasse…
« Mais ce tableau idyllique ne doit pourtant pas masquer ses fragilités. Des points faibles extérieurs mais aussi domestiques. Extérieur d’abord. L’Allemagne a construit sa compétitivité en sous-traitant sa production dans les pays à faible coût d’Europe de l’Est. Une économie de bazar dont le talon d’Achille est le temps qui passe et qui fera converger les coûts salariaux des PECO vers les standards européens. »

Ça, c’est véritablement un vœu pieux… Si, comme nous l’avons vu, la population formée professionnellement par ces pays a tendance à aller vers une Allemagne qui ne l’accueille qu’à cette condition d’être assimilable à la partie relativement haute de la main-d’oeuvre locale, rien ne dit qu’en l’absence d’une direction politique fondamentalement marxiste-léniniste telle que celle qui ordonne l’économie chinoise, il soit possible de se leurrer longtemps quant à une éventuelle convergence des rémunérations du travail à l’échelle européenne… Tout au contraire, sans doute…

Mais, autant Alexandre Mirlicourtois ne peut qu’être aveugle à cette considération politique à laquelle je viens de faire allusion, autant il s’illusionne quant à l’éventuelle faiblesse de la dictature de la grande bourgeoisie internationale sur le monde impérialiste et, plus particulièrement, sur sa partie européenne déclinante : tout ce qui n’y est pas allemand ou sous contrôle allemand…

Quant à l’Allemagne, dans ce contexte impérialiste, elle a de quoi tenir tête, elle, bien plus que jamais – par exemple – le Japon ne l’a fait. C’est pourquoi il est inutile de lui opposer ce pays-là comme une limite plus ou moins infranchissable. En effet, la réciprocité germano-chinoise est désormais trop bien dessinée pour laisser place, dans la diplomatie allemande, à quelque autre alliance technologique et stratégique que ce soit… Et pendant ce temps-là, le Japon…

Laissons donc le Japon, et même les Etats-Unis pour ces avantages qu’ils auraient désormais dans le domaine de l’énergie fossile… Et gardons-nous de croire qu’un certain effet de balancier, auquel Alexandre Mirlicourtois paraît beaucoup tenir, aurait quelque chance de dépasser un cadre plus qu’épisodique… Il s’agirait donc d’un…
« …basculement géographique de la croissance mondiale vers les vieux pays. Ce qui prend l’Allemagne à contre-pied, elle qui a opéré un déplacement géographique spectaculaire de son commerce extérieur. L’excédent, alimenté aux 2/3 par l’Union européenne en 2007, est aujourd’hui généré aux 3/4 en dehors. »

De fait, les deux-tiers datent d’un temps où l’Europe hors-Allemagne était encore un continent à conquérir et à placer sous la coupe allemande… C’est désormais terminé… Les peuples travailleurs européens sont décidément mis au pas…

Et la partie basse de la main-d’oeuvre allemande tout autant… qu’elle soit autochtone ou de provenance étrangère, de même que l’élite ouvrière allemande et les spécialistes venus de bien plus loin savent eux aussi, précisément, à quel endroit ils se rangent à l’intérieur d’une hiérarchie dont ils espèrent, de toute la force d’âme dont ils disposent, qu’elle est désormais intangible.

Alexandre Mirlicourtois s’aveugle donc une première fois :
« Côté intérieur, la modération salariale destinée à limiter les coûts de production se heurte aux revendications salariales de plus en plus pressantes. C’est d’autant plus vrai que les prix de l’immobilier se réveillent et pèse sur le budget des ménages. C’est un sérieux coup de canif à la compétitivité allemande. »

De même qu’il s’aveugle encore ici :
« Mais l’épicentre des difficultés se trouve dans l’évolution de la démographie. Si la France vieillit, l’Allemagne, elle se fossilise. Avec un taux de fécondité de 1,36 enfant par femme, parmi les plus faibles d’Europe, l’Allemagne ne renouvelle pas ses générations et a recourt à la main d’œuvre étrangère : 1 million de migrants en 2012, dont 130 000 venus d’Europe du Sud. Mais, c’est une chose d’attirer les jeunes talents étrangers de pays en crise. C’en est une autre de les garder. »

Mais l’effet de rotation des mains-d’oeuvre étrangères venues en Allemagne n’en sera que plus dynamique, séparant constamment le bon grain de l’ivraie au détriment des travailleurs et travailleuses que leur séjour en Allemagne aura révélé(e)s comme ne correspondant pas, ou plus, à ce qu’exige le « made in Germany »

NB. Cet article est le soixante-et-onzième d'une série...
« L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
Pour revenir au document n° 1, cliquer ici


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1 réactions à cet article    


  • Le421... Refuznik !! Le421 4 juin 2019 20:30

    3.5 millions d’emplois créés en France en 2019 !!

    ♫♪♪ We are the champions, my friend !! ♫♪♫

     smiley

    Il suffit d’y croire et hop !!

    Ça va mieux...

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