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Apocalypse …

Les Monumentales de Marc Petit

 

 

Passant une première fois en visiteur curieux dans cette magnifique installation, j’étais entouré de gens, l’appareil photographique vissé à l’œil tandis que deux jeunes gens croquaient quelques œuvres. Décidément, notre société est résolument tournée vers l’image, seule représentation accessible désormais pour rendre compte d’une émotion ou d’un évènement.

N’acceptant pas cette facilité, c’est armé d’un seul stylo que je reviens le lendemain, bien décidé à vous montrer avec des mots cette merveilleuse exposition. Vaine démarche sans doute qui exige de chacun de vous de prendre la peine de déchiffrer ces étranges signes qui finissent par donner sens pour ceux qui se livrent encore à cette activité obsolète.

Le Campo Santo, ancien cimetière médiéval, installé non loin de la Cathédrale Sainte Croix a retrouvé sa dimension de sanctuaire. En y pénétrant, vous êtes immédiatement saisis par une impression de désolation. Vingt six sculptures, dispersées dans ce vaste rectangle de verdure, ceint d’arcades élégantes célèbrent à leur manière énigmatique la fin d’une société à l’agonie.

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Dans la paix majestueuse de l’enclos, des personnages figés aux traits marqués par l’incompréhension, la terreur, l’effroi ou l’angoisse témoignent par leur présence envoutante de l’apocalypse prochain. Ces éclaireurs des futurs ténèbres s’adressent à nous en une tentative désespérée de nous réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Leurs cris silencieux nous prennent aux tripes pour peu qu’on prenne la peine de leur prêter attention.

Un sémaphore tourne le dos à la grille d’entrée. Il tient ne branche calcinée, symbole du désastre en cours. Il tente vainement de nous transmettre un message inaudible encore. Les mots sont bloqués dans sa gorge, son visage n’exprime plus rien. Il se désespère de pouvoir sauver ce qui peut l’être encore.

À ses côtés, une femme sur un tabouret n’attend plus rien. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres personnages de cette œuvre, il est déjà trop tard. L’inéluctable est en marche. D’autres témoins, assis eux aussi, n’ont plus la force de se mettre en mouvement pour échapper au pire. Ils ont accepté sans illusion leur triste sort.

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L’exode, certains ont souhaité le vivre en un ultime espoir. La mort les a fauchés dans leur fuite désespérée. Ils sont saisis dans la sidération tandis que même Charon les a rejoints. Son chariot en a terminé de sa macabre tournée. La vie a abandonné cette vallée de larmes. D’autres personnages encore vous vrillent le cœur. Il est impossible de sortir indemne de cette plongée dans l’horreur.

Douze disques de bronze font face aux personnages. Le Testament de l’humanité est gravé dans le bronze tandis que l’immobilité donne à cet ensemble une incroyable puissance évocatrice. La grande disparition est à l’œuvre, celle d’une humanité qui a renoncé à survivre à la folie des humains.

La visite ne vous laisse pas sans réaction. Elle vous interpelle, vous pousse à donner du sens à ce spectacle morbide d’une fantomatique beauté. Vous êtes saisis par cet appel au secours, cet ultime avertissement qu’il convient de ne pas négliger si l’on ne veut pas rejoindre les personnages sculptés par Marc Petit. Je quitte l’exposition transformé.

Je m’interroge : « Comment un tel message peut être ainsi mis en valeur par une collectivité dont toutes les décisions vont à l’encontre de cette vision ? » Qu’importe leurs intentions, ils n’ont sans doute pas compris la portée de cette œuvre magistrale, je me contenterai de les remercier de m’avoir permis de profiter pleinement de ce moment essentiel.

Puissiez-vous à votre tour, vous perdre en méditation parmi ces sculptures qui ne vous laisseront pas de marbre. L’exposition est ouverte jusqu’au 25 août. Si vous passez par Orléans n’hésitez pas à vous y rendre. Vous ferez alors abstraction de l’hideux bâtiment des Beaux Arts qui en compagnie de quelques vilaines cabines de chantier parasite grandement la magnificence de cette installation.

Apocalyptiquement leur.

Photographies de Jean Baptiste

Orléans

 


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2 réactions à cet article    


  • Étirév 16 juillet 2019 10:12

    En complément de cette exposition, parlons de l’Apocalypse de « Jean », bien plus optimiste, en réalité, dans son Esprit originel.

    L’Apocalypse est un livre écrit par un auteur qui se répand en doléances sur le mal qui règne partout, sur le sort des opprimés victimes des religions et des institutions nouvelles des hommes.

    Il s’élève contre Jézabel, désignant ainsi les femmes perdues qui suivent les Paulinistes. Il accuse les Nicolaïtes et les Juifs qu’il appelle « ceux de la synagogue de Satan », et annonce, une fois de plus, le retour de la Femme-Messie.

    Ce livre, tout rempli de réminiscences de l’Ancien Testament, a évidemment été altéré par les Jésuites qui y ont mis, après coup, leur Jésus, leur Dieu Père, leur personnel ecclésiastique et les douze apôtres à la place des douze tribus, ce qui fait qu’ils apparaissent comme contemporains des prophètes. L’Apocalypse a dû être écrite avant la destruction du temple ; les remaniements qu’elle a subis, peut-être plusieurs fois, ont dû commencer dans le IIème siècle, L’ancien symbolisme, dont la signification était connue et facile à comprendre, y devient un surnaturel fantastique en prenant les idées abstraites symbolisées pour des réalités concrètes. Cette transformation de l’idée se retrouve dans tous siècles, c’est l’éternel manteau de l’ignorance et de la bêtise posé sur l’éternelle Vérité.

    L’Apocalypse en est un des plus frappants exemples. Ceux qui savent la lire et la comprennent y voient de grandes choses, de tout temps elle a eu un grand prestige. Ceux qui ne comprennent que la lettre sans apercevoir l’esprit n’y voient qu’une vision étrange d’un illuminé.

    On nous dit que c’est Jean l’Evangéliste qui est l’auteur de l’Apocalypse. Or, comme Jean, c’est Johana, nous ne doutons pas que c’est cette grande femme, fondatrice du premier Christianisme, le seul vrai, qui a écrit le livre dans lequel, découragée après toutes ses luttes, toutes les persécutions subies, elle met son dernier cri d’espérance : « Si la femme n’a pas triomphé avec nous, elle triomphera dans l’avenir », après que le règne de l’homme aura apporté au monde toutes les tribulations qu’elle annonce.

    L’Apocalypse semble avoir été, d’abord, le livre rituélique des « Mystères Johanites  ». (…)

    Tel est ce livre étrange qu’on a appelé « le livre de la Fatalités », parce que les malheurs du règne de l’homme, qu’il annonce, sont les conséquences fatales des instincts de sa nature masculine Dans sa forme altérée, il a un caractère surnaturel qui le rend ridicule ; mais on aperçoit, cependant, à travers ce voile qui cache et déforme, la pensée première, l’annonce du retour de la Femme à la vie sociale, du réveil de son Esprit refaisant la science, en un mot de sa Résurrection.

    Les détails mêmes de cet événement étonnent ceux qui savent par leur exactitude, ce qui fait qu’une question se pose :

    Johana, qui a écrit le livre, a-t-elle aperçu les événements futurs par intuition ? Si cela est, l’intuition est une faculté qui peut s’exercer à longue distance, ce qui supprime pour notre cerveau la notion du temps. Quel problème à méditer !

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