Regard métaphysique sur le Hirak algérien. Le « haut degré de pacifisme et de maturité » dans une Algérie qui « avance »
Qu’est-ce que l’homme, sa pensée, sa destinée et son devenir, depuis le tournant de l’histoire de l’humanité après deux guerres mondiales, n’est-ce pas que c’est, en dernier ressort et toujours l’« Instance suprême qui gouverne le monde », c’est-à-dire Dieu ? Partant de cette vérité intrinsèquement métaphysique et d’une vérité vérifiable et au-dessus de l’homme, on peut se pencher sur le Hirak algérien, un mouvement presque sorti du néant. Et le néant existe-t-il ?
Et un vide ? Qu’est-ce qu’un vide ? Un espace vide où il n’y a rien ? Dès lors, si on s’interroge sur le néant ce que c’est ? C’est qu’en vérité il n’y a pas de néant, le néant n’« existe pas », il n’existe que dans notre pensée. Mais le néant est un tout, et le peuple, par son mouvement magnifique qu’est le Hirak algérien, sorti comme du néant, est en train de remplir ce néant métaphysique qu’est le tout. Et sans ce tout « le monde n’existerait pas si l’être humain n’avait pas existé et ceci dit en rapport de l’être humain. Dusse-t-il le monde existerait, il n’aurait pas de réalité dans la pensée de l’homme, si l’homme n’était pas, s’il n’avait pas existé dans le monde. »
Et ce Hirak vient aussi en droite ligne des crises politiques au Soudan, à Hong Kong, en Russie, en Iran qui est en prise avec les États-Unis. Donc l’humanité est un tout. Certes on ne va pas rappeler les événements historiques qui ont marqué l’histoire du monde de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à aujourd’hui, mais la situation présente des crises actuelles est suffisamment édifiante tant la position des acteurs de part et d’autre dans la crise est compréhensible et défendable dans le sens qu’ils ne peuvent faire autrement. Et lorsque l’on dit que la position est compréhensible et défendable ne signifie pas qu’elle est juste. Et cela relève des causes juste et des causes injustes. Et dans tout conflit humain, la cause juste l’emportera toujours sur la cause juste, et quel que soit le temps qu’elle mettra pour triompher. Sans la victoire de la cause juste sur la cause juste, l’humanité ne pourrait se concevoir « humanité », elle péricliterait et disparaîtrait pour être remplacée par une ou de nouvelles humanités.
Aussi prenons le Hirak algérien et tentons de comprendre. L’Algérie est sorti d’une longue période de colonisation, elle s’est reconstruite, elle a beaucoup évolué, mais par rapport à d’autres peuples surtout les peuples qui l’ont dominé, elle enregistre beaucoup de retard. Cependant tout lui est possible puisqu’elle a l’Esprit du monde avec elle. Et tout peuple sur cette terre a l’Esprit du monde avec lui. Ce n’est donc pas seulement l’Algérie. Et toute chose, toute évolution doit se faire en son temps, rien ne vient avant que toutes les forces aient fait leur effet. Et surtout celles qui bouleverseront les destinées et donc transforment le devenir.
Et ce qui se passe aujourd’hui en Algérie avec le Hirak algérien, à Hong Kong, au Soudan, en Russie et ailleurs, s’inscrit dans le mouvement du devenir des peuples. Ce n’est pas que les peuples se lèvent d’eux-mêmes – certes d’eux-mêmes, ils sont mus par leur libre-arbitre qui lui-même insufflée par la pensée et qu’insuffle l’Esprit du monde –, mais il y a aussi l’histoire qui se réalise, qui avance, et souvent les hommes n’en prennent pas conscience. L’histoire se réalise par eux, avec eux et ils en sont les acteurs, mais tout s’opère à leur insu. En clair, ils font l’histoire sans penser que c’est eux qui la font.
Et dans ce qui se joue aujourd’hui dans les crises, c’est un combat, un même combat, que le peuple soit algérien, soudanais, hongkongais, palestinien ou russe, c’est toujours la même pensée qui veut se libérer du diktat d’une pensée actuelle qui ne veut pas aller à l’avant. Le monde est en mouvement, les peuples changent, leur mentalité aussi, donc ce n’est pas la faute aux peuples qui changent, mais la faute au progrès qui les fait changer, qui leur fait entrevoir d’autres horizons jusque-là inconnus. La faute aussi à l’histoire qui avance.
Les démocraties occidentales ont-elles voulu être démocratiques ? Non, la démocratie s’est imposée d’elle-même aux peuples occidentaux. Pourquoi les pays d’Europe, les Américains sont démocratiques ? Le sont-ils d’eux-mêmes ? Non, ils ne le sont pas d’eux-mêmes, c’est l’évolution de leurs pensées que l’Esprit du monde leur a insufflé. Ils sont devenus démocratiques parce qu’ils se devaient de l’être. Une loi de la nature de l’histoire qui avance. L’histoire n’est pas figée, et la démocratie n’est encore qu’un stade de l’histoire de l’humanité, d’autres stades historiques attendent l’humanité où le stade démocratique n’aura été qu’un stade parmi les stades et donc appelé à être dépassé.
Et c’est cela qui n’est pas compris par les gouvernants qui ne savent qu’ils ne sont ou qu’ils n’ont été qu’une destinée que le devenir du monde va dépasser. Prenons le peuple algérien. Qui a pensé qu’un jour, qu’il se réveillerait un certain jour de février 2019, le 22 de ce mois ? Le peuple algérien l’a-t-il pensé ? On a avancé que ce sont les réseaux sociaux qui en ont été à l’origine ? Mais ces réseaux sociaux ne pouvaient être Dieu, le maître du monde. Ce ne sont que des réseaux sociaux, certes ils sont très puissants, mais on ne peut penser que ce sont eux qui ont fait marcher tout un peuple. Car si c’était ainsi, alors on dira que l’humanité est en danger, et le progrès la guette, qu’un jour elle sera gouvernée par la technologie, dès lors elle perdra son humanité.
Non, ce n’est pas la technologie qui commande les hommes, ce sont les hommes et leurs pensées qui « fabriquent » la technologie, et leurs pensées relèvent de l’Esprit du monde. Dès lors que la technologie relève de l’homme et de l’Esprit du monde et donc un progrès essentiel qui lie les peuples, dès lors c’est l’Esprit du monde qui a mû l’ensemble des pensées d’une grande partie du peuple algérien à marcher dans toutes les villes d’Algérie et à scander ses revendications pour la dignité, le respect de soi et d’une gouvernance meilleure.
Il est évident que rien ne vient facilement parce que le facile ne peut apporter la plénitude à un peuple. Et l’Esprit du monde n’apporte rien que ce qui est gagné par la persévérance, l’ardeur dans ses revendications, l’esprit pacifique, et surtout être à la hauteur des enjeux auxquels est confronté l’Algérie. L’Algérie n’est pas un petit pays, beaucoup de pays suivent, attendent ce qu’apportera l’Algérie à l’humanité. Tout peuple apprend d’un autre peuple. D’autant plus que l’Algérie fait partie de ce « autre monde », qui n’a donc pas les mêmes avancées économiques et technologiques que ce auquel sont arrivés les pays occidentaux qui y sont déjà très avancés.
Ce regard métaphysique peut-il nous dire davantage sur le mouvement contestataire qu’est le Hirak algérien ? Évidemment, oui. Puisque deux éléments essentiels venant de la pensée du peuple algérien qui a marché a été d’abord le « pacifisme » et un « haut degré de civisme » dans les marches. A voir chaque fin des marches, une escouade de bénévoles qui nettoient les rues. Le deuxième tout aussi majeur « Djeich, Chaab, Khawa, Khawa », signifiant « Armée, Peuple, frères, frères ». « Qu’est-ce qu’une armée si elle n’est pas une armée d’un peuple ? Qu’est-ce qu’un peuple s’il n’a pas une armée qui le défende ». Donc l’Armée Nationale Populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN) et le peuple algérien sont d’une même essence qui s’appelle l’Algérie, une nation libre, une et indivisible. Et puis l’emblème national arboré par les populations dont beaucoup en recouvre le dos montre si besoin est cette terre sacrée, cette patrie libre qui est « amour de cette terre » et aussi « don de Dieu » pour les Algériens. Et on comprend la force qui est retirée par le peuple de l’emblème national, d’une portée plus que physique, « métaphysique » liée directement à l’Esprit du monde, Dieu.
Et, ici, c’est une réalité. L’Algérie est une terre libre, une terre républicaine libre de tout pouvoir oppressant, le peuple est un acteur de poids et il est mû par son libre-arbitre lequel est sous-tendu par une pensée qui revendique un état de droit, un pays civil et non un pays militaire, un régime démocratique avec égalité de chances pour tous les Algériens. Donc une revendication « historique » tout à fait naturelle et qui ne surprend personne sauf si on se réfère que le peuple algérien n’a pas par le passé revendiqué haut et fort ce qu’il revendique aujourd’hui.
Mais est-ce qu’un peuple peut aller plus vite qu’il ne court, plus vite qu’il ne pense ? Non, la pensée aujourd’hui s’est imposée, c’est nouveau, et elle vient de la Pensée du monde. Donc un processus tout naturel de ce que le peuple algérien demande aujourd’hui. Et qu’en est-il du pouvoir algérien ? On ne peut oublier que les hommes du pouvoir font partie intégrante du peuple algérien, certes ils gouvernent mais ils demeurent qu’ils sont à l’écoute de ce peuple qui les a surpris. Eux aussi ont un libre arbitre et une pensée qui vient de l’Esprit du monde, et donc des humains algériens. Accepteront-ils de répondre aux revendications du peuple ? Et ce peuple qui demande que tout le système qui gouverne s’en aille. Il est évident que le pouvoir, même sous la pression populaire, va tout faire pour se maintenir, et c’est normal. Quel est le pouvoir qui va abdiquer et offrir sur un plateau au peuple les clés de la maison « Algérie » ?
Mais la pression populaire est pacifique et surtout annonce que l’armée et le peuple sont frères, donc pas de scénarios à la syrienne, libyenne ou autre. Impossible tels scénarios, et donc à exclure. Et on le sent même par ces presque six mois de marche, chaque vendredi, malgré la chaleur de l’été, malgré le Ramadan, malgré la saison estivale, le peuple algérien n’a pas changé dans son combat. La seule explication est Dieu, Allah le Tout Puissant qui est avec le peuple algérien. Et c’est la raison pour laquelle le pouvoir algérien est sensible à cette force du peuple. Et l’Etat algérien essaie de calmer, d’assainir le climat, de combattre la corruption, et tant de décisions auxquelles le peuple a été sensible. Et qui est cet État algérien qui est essaie de calmer le jeu, d’assainir le climat politique ? Si ce n’est le peuple algérien, le pouvoir en place, l’opposition, et tous les Algériens qui sont silencieux ! Et tous face à la crise cherchent à avancer l’Algérie, à résoudre la crise pacifiquement comme le fait le peuple. Et le peuple sait aussi que tout ce qui s’est opéré par le pouvoir dans la lutte contre la corruption, les incarcérations de personnalités du pouvoir, d’hommes hauts placés le doit au Hirak, aux marches populaires depuis cinq mois et demi, et ce dans toutes les villes algériennes. Un Hirak pacifique, mouvement il faut le dire comme « sorti de la terre » et qui a fasciné, marqué les peuples du monde.
Et au-delà des slogans qui font peur au pouvoir, le peuple sait que c’est lui le peuple, le peuple sait que c’est lui l’Algérie, et cette pensée lui vient de la pensée comme le pense naturellement le peuple. Et cette ténacité en lui à toute épreuve qui vient précisément de la foi mise en lui par l’Esprit du monde ne veut que le bien à l’Algérie. Parce que cette parcelle de la Terre est sienne, octroyée par Dieu depuis la nuit des temps. Et pour preuve, 132 ans de colonisation n’ont pas sapé l’esprit du peuple, de même dix années d’islamisme barbare n’ont pas sapé l’esprit du peuple. Parce que le peuple de l’Algérie libre est un peuple libre, et qu’envient les peuples sous monarchies, il en est un phare.
Aussi vient cette interrogation qui doit nous guider dans ce qui sera du Hirak algérien dans les mois à venir ? La première réponse est qu’il ne faiblira pas. Pourquoi ? Cinq mois ou dix mois, le peuple algérien ne changera pas parce qu’au fond ce n’est pas lui qui marche même si c’est lui qui marche. C’est l’histoire de l’Algérie qui marche selon un ordre métaphysique qui régit le monde, et pas seulement l’Algérie mais tous les peuples de la Terre. Le pouvoir va-t-il changer ? Il changera, il fait partie du processus qui se joue dans ce tournant de l’histoire algérienne. Évidemment, il restera à l’histoire du peuple algérien et de l’Esprit du monde qui décidera en dernier ressort de la marche du temps de l’Algérie. Mais l’Algérie avancera et cela nécessairement parce qu’en fait c’est la Pensée de l’Esprit du monde qui a ordonné dans l’esprit des Algériens d’avancer. Et l’Algérie réussira, toute avancée difficile sera rémunérée, un peu comme un labeur d’un peuple qui mérite un salaire. Ce sera un salaire de la dignité, de la reconnaissance, de la compréhension, du mûrissement, de la sagesse. L’Algérie saura s’en sortir la tête haute de cette crise surtout que le peuple algérien est appelé à affronter une économie qui n’est pas au beau fixe avec la chute, année après année, des réserves de change et du faible cours du prix du baril de pétrole. Et ce sont ces facteurs qui vont obligatoirement aider aussi à résoudre la crise.
Mais ce qu’on ne doit pas oublier, c’est que l’Algérie, après ce Hirak, va changer et beaucoup changer. Et elle doit changer en bien parce que les années à venir sur le plan économique vraisemblablement ne seront pas positives. Le prix du pétrole à 100 dollars, à 120 dollars ne reviendra plus à moins d’une guerre... nucléaire au Moyen-Orient qu’il ne faut pas souhaiter aux peuples frères. Tous les peuples sont frères parce qu’ils relèvent tous de l’Esprit du monde qui les a créés.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
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