La rente française où comment nous nous croyons protégés derrière des barrières
La rente est partout en France : Sociale, économique, politique, scolaire, administrative..
Chacun cherche sa rente, sa niche, puis s'y réfugie et accuse les autres de le provoquer ou de vouloir le ruiner
Les Français sont peut-être réfractaires au changement (mais quelle réforme positive a mené l'Etat depuis 20 ou 30 ans et qui aurait laissé des souvenirs satisfaisants) mais surtout il semble bien peu outillés (armés) pour jouer leur partitition sur une planète qui comptera bientôt 10 milliards d'habitants, où les cartes économiques et sociales sont rebattues en permanence et où celui qui ne change pas (très vite) risque d'être rapidement et définitivement éliminé du jeu
Le rentier du XIXe siècle décrit par Balzac (le père Goriot) est notre modèle national
Le rentier, cet oisif qui vit du travail des autres ou qui s'enrichit en dormant n'a jamais eu bonne presse en France. Pourtant la démocratisation de l'économie de marché, le développement des classes moyennes et désormais la socialisation de tous les revenus ont fait de l'ensemble des Français des rentiers.
La rente reste présente mais elle est d'abord devenue sociale
Même si l'impôt sur le revenu (introduit en 1914), les deux guerres mondiales et les impôts sur les héritages ont largement dilué la fortune des Français (aujourd'hui 50 % des Français disposent de 40 % de la fortune nationale)
La France s'est fait un spécialité depuis Vauban : construire des forts, des protections, des frontières afin de se protéger des autres : les étrangers supposés déloyaux, les spéculateurs supposés avides de nos richesses, les concurrents supposés trop forts pour nous.
Dans les années 30 la ligne Maginot était censée protéger les Français d'une nouvelle guerre avec l'Allemagne
A l'abris de notre ligne Maginot nous estimions que le nazisme ne nous atteindrait pas, que nous pouvions nous reposer (le front populaire) en octroyant des congés payés oula semaine de 40 heures face à une Allemagne nazie qui elle travaillait bien plus et construisait sa future (et heureusement temporaire) domination de l'Europe.
Après la guerre la France s'est lentement installée dans un espace européen censé la remettre à niveau
Cette ouverture sur l'Europe (Marché commun, CEE puis Union Européenne) avait trois fonctions principales
- Eviter de nouvelles guerres en Europe (on n'attaque pas son partenaire économique sous peine d'être ruiné avec lui)
- Faire face aux deux énormes puissances de l'époque : USA et URSS tout en luttant contre le communisme et ses avatars socialisants (l'Allemagne ne risquant pas de devenir communiste avec l'exemple qu'elle avait de la RDA et du rideau de fer)
- Ouvrir l'économie française (jusque là recluse sur ses frontières ou son ancien empire colonial) et lui permettre à la fois d'exporter plus mais aussi et surtout d'améliorer ses performances grâce à la concurrence (c'est en se confrontant aux autres qu'on apprend et qu'on progresse)
L'ouverture sur l'Europe et sur le monde a partiellement échoué en France du fait d'une économie de rentes
La rente administrative permet à une armée (6 millions) de fonctionnaires de contrôler (et de brimer) toute l'activité du pays. Que dirait-on d'une entreprise qui dépenserait plus de 50 % de son CA dans son administration (les services supports) ? Cette entreprise serait évidemment non rentable et très vite les consommateurs lui tournerait le dos. En France l'administration représente plus de 50 % des frais généraux du pays. Au lieu d'y consacrer 10 ou 15 % de notre richesse nous y consacrons (aides sociales comprises) plus de 60 %. Ce quasi record mondial entraîne trois sortes de conséquences
- Les Français sont empêchés d'entreprendre et s'ils se lancent malgré tout ils comprendront très vite que les cartes sont truquées, que la "start up nation" est un leurre, qu'ils sont condamnés à demander des aides à l'Etat, à partir à l'étranger pour produire des richesses ou à travailler 70 heures par semaine pour à peine faire les frais. Les PME connaissent ce problème mais aussi de plus en plus les grandes entreprises (souvent des sous-traitants...mal traités par les donneurs d'ordres).
- Les Français sont assistés mais très mal accompagnés. Si encore le système administratif français était efficace (comme dans les pays scandinaves) on pourrait estimer que c'est le prix à payer pour la paix sociale et une vraie efficacité (sécurité, santé, éducation). Sauf qu'il n'en est rien. Aujourd'hui l'Etat est à la ramasse dans la plupart de ses attributions : l'école chavire (tout en coûtant une fortune) elle n'a plus de valeur ajoutée (un riche y trouve son compte, un pauvre sera leurré puis accompagné dans son déclassement), le système de santé publique implose à force de non gestion et d'absence de responsabilisation (les Urgences sont la face émergée de l'iceberg d'une médecine publique devenue l'ombre d'elle-même). La sécurité n'est plus assurée dans de nombreux quartiers qui sont aux mains de mafias diverses et variées (les intégristes, les communistes, les populistes...)
- Le pays s'enfonce dans la dette, les déficits sociaux car il n'est globalement plus capable de produire des richesses (des richesses concurrentielles face aux autres pays) et donc il lui faut subventionner à la fois les transports, la production de biens et services et tout le social (le social n'est pas financé par l'économie mais représente en France une véritable industrie lourde payée par la dette et des charges sociales écrasantes)
A suivre
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