Affaire Carlos Ghosn : la police perquisitionne le bureau et le domicile de Rachida Dati
A l’initiative des juges d’instruction chargés de l’enquête ouverte pour « abus de biens sociaux » et « corruption » , les bureaux et le domicile parisien de l’ex-ministre et garde des sceaux Rachida Dati, ont été perquisitionnés ce mardi 22 octobre.
Des suspicions sur des activités de conseil
Le parisien relayant ses sources, l’avait affirmé en mai dernier : des investigations, visant certaines missions et rémunérations de Rachida Dati avaient été confiées aux policiers de l’Office anti-corruption (OCLCIFF). L’information avait été formellement infirmée le 21 Mai par le Parquet National Financier.
L’affaire s’était déclenchée en février dernier, alors que Carlos Ghosn le magnat de l’automobile et PDG du groupe Renault-Nissan était accusé d’abus de biens sociaux notamment, d’avoir utilisé les fonds de son entreprise pour rénover des acquisitions immobilières personnelles aux Pays-Bas, au Liban, en France et au Brésil. Ces lourdes accusations pèsent toujours contre l’homme qui est aussi soupçonné de fausses déclarations auprès des autorités financières et boursières japonaises et d’avoir fait endosser ses propres pertes à Nissan sur des produits dérivés financiers pour 14 millions d'euros lorsque s’effondrait la banque Lehman Brothers en 2008.
Renault-Nissan, plongé au cœur du scandale décide alors d’effectuer un audit interne sur le fonctionnement et l'utilisation des fonds de RNBV. Cette filiale en question, à 50-50 entre Renault et Nissan était la structure créée par Carlos Ghosn pour incarner l'alliance des deux constructeurs au niveau opérationnel. C’est aux conclusions de cet audit mené par le cabinet Mazars que Rachida Dati se retrouve éclaboussée par plusieurs découvertes.
Le 31 mai, une enquête est finalement ouverte, confirmant les suppositions de la presse. Une plainte déposée le 17 avril par une actionnaire de Renault avait ouvert la brèche et ce volet annexe de l’affaire Carlos Ghosn, concernant l’implication de l’actuelle maire du 7ème arrondissement de Paris.
En effet, à l’époque où Rachida Dati était encore eurodéputée, elle était rémunérée pour assister le développement de l'Alliance au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Engagée entre novembre 2009 et février 2013, d'après Bloomberg, elle n’aurait pas facturé des services de consultante mais plutôt ceux d'une avocate. Selon les sources de l’Express, Rachida Dati aurait perçu la somme de 600 000 euros payés en quatre fois. Or, en tant que députée européenne à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, elle n'avait déclaré aucune activité professionnelle sur l'année 2009.
Pour la plaignante, il y aurait un usage inconsidéré des fonds de Renault par Ghosn. « Les contrats sont douteux de par leurs montants, effectués au profit d’une filiale n’ayant aucun salarié », avait déclaré Me Jean-Paul Baduel, son conseil, relayé par Le Parisien. Notons que le budget global de la société pour 2018 n'était que de 60 millions d'euros tandis que les sorties d’argent liées aux frais de consultants et d'avocats s’élevaient à un montant mirobolant de 12,4 millions d'euros.
Alain Bauer, engagé entre 2011 et 2012 par Renault pour ses conseils en sécurité aurait touché quant à lui, un million d’euros. Il est aussi concerné par l’enquête.
« Une intention de nuire particulièrement évidente »
Le bureau de la mairie et le domicile parisien de Rachida Dati ont été perquisitionnés ce mardi 22 octobre à l'initiative des juges d'instruction, chargés de l’enquête sur ses contrats auprès de la filiale RNBV de Renault-Nissan.
Déjà à la mi-octobre, l’Express avait annoncé que l’enquête qui mettait en cause l’élue avait repris, provoquant ainsi une dénonciation des avocats de Rachida Dati. Dans un communiqué, Me Pardo et Me Lehman, dénonçaient un « amalgame scandaleux », une tentative de déstabilisation politique « l'intention de nuire particulièrement évidente » à quelques jours de la décision sur l'investiture du candidat LR à la Ville de Paris, briguée par leur cliente, avaient souligné les conseils dans la publication citée sur France 3.
Favorite pour obtenir l’investiture et en difficulté face à ces démêlés judiciaires, Rachida Dati continue de nier toute illégalité dans les versements perçus de RNBV : « J’ai été rémunérée comme avocate et non consultante de 2010 à 2012, de façon forfaitaire : 300 000 € par an. Tous les contrats ont été validés par le commissaire aux comptes et le directeur juridique Monsieur Husson. À chaque réunion de travail, il y avait soit Carlos Ghosn, soit Christian Husson, soit la secrétaire générale Mouna Sepehri. » Se défendait l’ex Ministre dans le Parisien, il y a quelques mois.
En attendant, Carlos Ghosn, l’ancien PDG de Renault, reste pour l’instant en attente de son procès au Japon.
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