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Accueil du site > Tribune Libre > Le discours de Nasrallah réveille la hantise de la guerre civile (...)

Le discours de Nasrallah réveille la hantise de la guerre civile libanaise

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En septembre dernier, le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah s’est vanter de sa loyauté envers le dirigeant suprême de l’Iran, Ali Khamenei, comme «  notre chef et maître.  »

Il a annoncé qu’il était prêt à mettre en œuvre ce qu’il exige de lui au Liban et à l’étranger. Il a reconnu que ce sont les mollahs iraniens qui lui ont fourni de l’argent et des armes.

Sur fond de manifestations en cours au Liban, il est revenu hier pour mettre en garde contre une guerre civile en cas de «  vide politique,  » menaçant les manifestants s’ils insistaient sur leurs revendications.

En appelant les manifestants à rentrer chez eux, Nasrallah les accuse d’obtenir des financements extérieurs et d’être infiltrés par certaines ambassades à l’étranger.

Un mois sépare la reconnaissance par Nasrallah de l’emploi d’un pays étranger de son accusation selon laquelle des millions de manifestants libanais reçoivent des fonds étrangers.

Il y a une grande différence entre les déclarations formelles et expresses et une accusation qui ne suscitent que le dégoût.

Se tenant comme un prédicateur, Nasrallah a accusé des millions de ses concitoyens d’être employés et de recevoir de l’argent étranger. Il n’a pas honte d’avoir déjà reconnu de façon flagrante qu’il est l’agent d’un pays qui traite le Liban et d’autres pays arabes tel un occupant et se vante d’occuper leurs capitales.

Une fois de plus, la milice du Hezbollah s’avère dangereuse pour le Liban. Elle fait revivre le théâtre de l’occupation de Beyrouth en 2008, et en 2018 lors de la célébration de la victoire aux élections libanaises, de la démonstration de la force et de l’invasion de Beyrouth.

Dans son discours, Nasrallah a alors rappelé aux Libanais la responsabilité de son parti pour la sécurité extérieure et intérieure du Liban, niant l’existence d’une armée et de forces de sécurité chargées de maintenir la sécurité, la stabilité et l’ordre.

Ce discours représente une situation récurrente dans notre région arabe.

La milice saute sur l’État national, enlève ses capacités et déclare le contrôle de l’État, tout comme a fait al-Houthi, l’allié de l’Iran au Yémen. Aujourd’hui, un autre allié iranien menace de reproduire le scénario Houthi au Liban.

La différence entre les deux cas est que Nasrallah professe être le mandataire loyal et subordonné des mollahs d’Iran, alors qu’al-Houthi le nie, même si les faits suggèrent que l’un est pire que l’autre en trahison, violation des frontières nationales et destruction des patries.

Dépassant le sectarisme, les Libanais ont participé à ces manifestations dans toutes les régions du Liban. Seul le drapeau libanais a été hissé. C’est peut-être leur plus grand crime aux yeux de Nasrallah, qui ne reconnaît que le drapeau de sa faction et son leadership à Téhéran.

Dans les rues, les Libanais se sont mobilisés contre la corruption et l’échec politique et administratif. C’est pas des promesses formelles de réforme qu’ils veulent, mais de vraies réformes. Ils veulent un système de gouvernement qui place le Liban au premier rang de ses priorités et qui ne fonctionne pas pour l’Iran et ses gardes révolutionnaires.

La prise de décision libanaise ne peut demeurer prisonnière de la volonté de l’Iran et un instrument dans sa main. Les milices pro-mullah qui reçoivent des ordres et des instructions du général Qassem Suleiman, menaçant l’une ou l’autre partie dans la poursuite de son plan stratégique expansionniste sectaire, ne devraient plus avoir de terreau fertile dans le Liban.

Dans son discours, Nasrallah n’a pas défendu la stabilité du Liban, comme il le prétend. Il est intervenu en faveur de son parti qui est confronté à une menace existentielle.

Les pratiques des éléments du parti sont susceptibles d’entraîner le Liban dans des guerres de rue. Elles visent à effrayer les Libanais et à les pousser à disperser les manifestations, reproduisant les pratiques des milices des Gardiens de la révolution dans les rues et les villes d’Iran dans des manifestations contre la mollahcratie qui ont été réduites au silence.

Nasrallah, qui fait allusion à ce scénario, a oublié qu’un grand pourcentage de ceux qui se sont opposés à la corruption sont des adhérents de son parti. Mais ce sont des Libanais qui ont été exploités par le parti dans son petit jeu politique.

Nasrallah dit que le Liban est devenu une cible régionale et internationale. Lui-même ne s’est pas posé la question  : Qui a mis le Liban dans ce cercle infernal  ? N’est-ce pas le Hezbollah, en étant loyal non pas à la nation mais au Guide suprême, responsable de l’entrée du Liban dans le spirale de la polarisation ? Nasrallah a-t-il non seulement commis une trahison, mais est-il même allé jusqu’à s’en vanter publiquement  ?

Le Liban souffre d’une crise structurelle de gouvernance et de gestion. Elle ne pourra être résolue qu’en démantelant ses causes et ses facteurs enracinés dans la structure politique et constitutionnelle libanaise.

Aujourd’hui, le peuple libanais a pris la rue en quête de son avenir, alors que Nasrallah essaie de se placer au-dessus de la volonté des Libanais, de la dompter et de la gèrer de sa propre manière, comme ses maîtres, dit-il, le font en Iran.

Dans ce contexte d’escalade imprudente, le Liban est au bord d’une crise majeure. Si Nasrallah et les partisans des mollahs ne respectent pas la volonté du peuple libanais, les choses risquent de déraper et le beau Liban, Dieu nous en préserve, pourrait devenir un champ de bataille qui finira toujours Dieu seul sait où et quand.

 


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11 réactions à cet article    


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 5 novembre 2019 14:15

    Bizarrement, les soutiens du Hezbollah (milice armée dépendante d’un pays étranger) au Liban condamnent les YPG (milices armées longtemps patronnées par les occidentaux) en Syrie.

    De même, ils trouvent que les Houtis au Yémen (milice ayant fait un coup d’Etat) c’est très bien, tandis qu’en Syrie, lorsque des milices veulent reverser Assad, c’est très mal.

    Ils nous disent aussi que demander la démission de Macron, vêtu d’un gilet jaune, c’est bien, mais demander la démission d’Assad, c’est très mal.

    Quand je dis que les poutiniens, ou les raéliens de l’UPR, sont des idiots, on ne me croit pas smiley


    • sls0 sls0 5 novembre 2019 16:50

      Je viens de lire le discours de Nasrallah dans un autre article et j’en lis son interprétation ici.

      Maintenant j’ai une meilleure définition de la déformation des faits, du mensonge et de la propagande.

      Massada et Salem même propagande et même combat.les EAU font partie du grand Israël.


      • Olivier Perriet Olivier Perriet 5 novembre 2019 18:00

        @sls0

        c’est à dire qu’il y a aussi comme un air de 2 poids 2 mesures dans les analyses des poutiniens smiley

        Il faudrait un jour qu’on m’explique pourquoi ce qui se passe au Liban est insupportable en Syrie, et encouragé au Yémen.

        Rien de bien méchant, rassurez vous, c’est humain, et vous n’avez pas vraiment le monopole de la malhonnêteté.
        smiley


      • sls0 sls0 5 novembre 2019 19:02

        @Olivier Perriet
        Je vous explique :
        Les libanais sont chez eux et font ce qu’il veulent.
        Les syriens sont chez eux et font ce qu’ils veulent.
        Les yéménites sont chez eux et font ce qu’ils veulent.
        Pour l’instant il n’y a pas deux poids et deux mesures.
        Des puissances extérieures foutent le bordel dans les deux derniers pays, voilà qu’arrivent les deux poids et deux mesures.
        Comme vous avez un point de vue très otanesque, le fait qu’on dise qu’on dise « foutez leur la paix » vous indispose et vous y voyez deux poids et deux mesures.
        Si pour vous demander qu’on foutre la paix aux gens chez eux c’est être poutinien, soit, soyons poutiniens.


      • Ilan Tavor aka Massada 5 novembre 2019 19:26

        @sls0

        La seule puissance extérieure qui « fout le bordel « comme vous dite, c’est l’Iran Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les libanais et les iraquiens.


      • phan 5 novembre 2019 21:05

        @Ilan Tavor aka Massada
        Il y a 2 états-voyou nucléaires qui foutent le bordel dans la région, ce sont les US et Israël : ils ont respecté aucune résolution de l’ONU ! 


      • Ilan Tavor aka Massada 6 novembre 2019 07:31

        Le Trésor américain a placé, ce 4 novembre, neuf proches de l’ayatollah Ali Khamenei sur liste noire. (gel des avoirs aux Etats-Unis et de l’interdiction de toute transaction avec les personnes concernées.)
         

        Selon Washington, tous occupent des postes clés au sein de différentes institutions iraniennes. « Cette mesure réduit encore davantage la capacité du guide suprême [iranien] à mettre en œuvre sa politique de terreur et d’oppression », a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin dans un communiqué, affirmant dans la foulée que les personnes visées étaient « liées à un grand nombre d’actes néfastes menés par le régime ».


        • Ilan Tavor aka Massada 6 novembre 2019 08:17

          « Kerbala libre, Iran dehors » « Ils sont pires que Saddam Hussein » 

           
          L’Irak en grève « jusqu’à la chute du régime »
          Quatre manifestants ont été tués par balles près du consulat iranien à Kerbala, dans le sud du pays, où les manifestants renforcent lundi la désobéissance civile.

           

          Dans la nuit, des manifestants ont tenté d’incendier la représentation diplomatique de l’Iran, pays voisin et grand parrain de la politique irakienne, à Kerbala, ville sainte chiite visitée chaque année par des millions de pèlerins iraniens. Ils ont déployé des drapeaux irakiens sur le mur d’enceinte du consulat, où ils ont écrit « Kerbala libre, Iran dehors ». Les forces de l’ordre ont répliqué avec des rafales de balles réelles, qui ont fait quatre morts.


          • JC_Lavau JC_Lavau 6 novembre 2019 12:23

            @Ilan Tavor aka Massada. La caste élue a supprimé mon commentaire.
             Je remerciais donc avant censure, Massada de s’être vanté que la caste élue est bien aux commandes de la nouvelle tentative de « révolution colorée » en Iraq.


          • fabrice68 fabrice68 6 novembre 2019 12:02

            discours plutot sioniste je trouve. Le peuple Libanais soutient dans sa majorité le Président Aoun, lui meme soutenu par le Hezbollah. La minorité qui manifeste est plus ou moins encouragée par ceux qui ont intéret à déstabiliser le Liban (suivez mon regard...), comme ils l’ont tenté pour la Syrie (et ont échoué). 


            • Ilan Tavor aka Massada 6 novembre 2019 12:42

              Sous pression et en partie contesté dans ses propres fiefs, le Hezbollah pourrait tenter de détourner l’attention de la contestation et diriger des tirs contre Israël.
               

              Mais une guerre coûte très cher et le Liban a une dette publique de 86 milliards de dollars, soit 150 % du PIB.

               
              Le Hezbollah est financé par l’Iran
              Or, la monnaie iranienne a perdu 80% de sa valeur et les Iraniens asphyxiés par les sanctions américaines commencent à crever de faim, ils ne peuvent plus rien s’acheter sur les marchés.

               

              Un conflit avec Israel ramènerait le Liban à l’ âge de pierre, Israël a prévenu : Il n’y a pas de ‘réaction limitée’.

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