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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Noir Désir, Post-Mortem

Noir Désir, Post-Mortem

Alors que d'Universal sort un nouvel album de Noir Désir le 24 janvier 2020, il est temps de revenir sur l'histoire d'un des plus grands groupes de rock français de ces trente dernières années. Au-delà des polémiques, des tragédies, il était temps de remettre les membres du groupe à la leur juste place. Car ces quatre artistes (et plus si l'on prend en compte ceux qui quittèrent Noir Désir durant son existence) ont fonctionné de façon équilibrée et démocratique pour composer quelques-uns des grands tubes rock français. Il aura fallu dix années de travail, de rencontres, de hauts et de bas pour faire naître un livre qui est sans nul doute le plus documenté et le plus véridique sur l'histoire artistique de ce groupe que des millions de français ont adoré. Retour sur plusieurs décennies d'une aventure extraordinaire. 

Génèse. 

Ce livre est né de rencontres, de hasards et de touches du destin. C'est en 2008 que je fus contacté par Patrick Eudeline, le cultissime journaliste de Rock & Folk, leader d'un des premiers groupes de punk français et écrivain singulier. Bertrand Cantat venait à peine d'être libéré, en liberté conditionnelle, que les éditions Scali et Patrick Eudeline, directeur de collection, me proposèrent d'écrire une biographie de ce groupe. S'ils posèrent leur dévolu sur moi, c'était parce que je sortais mon premier roman, un raod-récit sonique, mais aussi parce que j'étais très suivi sur Myspace. 

A la signature du contrat, j'avais seulement cinq semaines pour "pondre" un livre complet sur Noir Désir. Cinq semaines de travail de jour, de nuit, sept jour sur sept. Le challenge était audiacieux, mais j'eus la force de le relever. Dès sa sortie en juin 2008, je dus résister à une vague énorme de solliciations, de critiques mais aussi d'ovations. Le livre rencontra son public, quelques milliers de lecteurs, jusqu'à ce que Scali coule, empêtré dans les dettes, les impayés et les échecs commerciaux d'autres livres que le mien. J'eus à m'asseoir sur mes droits d'auteur tout en ayant à subir l'animosité d'internautes aveugles me reprochant de faire mon beurre sur le malheur des gens, de me faire un nom sur un drame. Or le livre n'était précisément pas cela. C'était une biographie d'un groupe, de TOUS ses membres, avec le respect dû à chacun. 

Traversées du désert.

Tandis que mes romans et autres écrits rencontraient leur public, la biographie resta dans un tiroir jusqu'à ce que mon éditeur historique me proposa de le rééditer à condition d'écrire une bio de Manu Chao. Ce fut chose faite en 2009. Ce fut un succès d'estime mais l'ombre des soucis continua à s'abattre sur moi. Régulièrement menacé par des anonymes et des moins anonymes, traité de tous les noms d'oiseaux par certains (pro et anti-Cantat) et harcelé par certains médias "fouille-merde", je décidai de me jeter dans l'oubli et mettre ce livre dans le cagibi de ma vie. On ne cessa pourtant pas de me contacter quelques années encore pour apporter un témoignage sur les drames qui entouraient le chanteur du groupe. Je refusai toutes les interviews des plus grandes chaînes de télé, des plus grands journaux, des plus grandes radios. Cette biographie avait causé de franches blessures dans ma propre vie. Je donnai la primauté à l'écriture de mes romans et à mes autres activités littéraires. 

La naissance d'une biographie.

C'est en octobre 2017 que je rencontrai Faustine, éditrice au Camion Blanc, lors d'une des soirées littéraires que j'organisais à Paris. Nous nous sommes tout de suite entendus, au point de décider de sortir ma biographie du placard et de la rééditer. Mais pas en l'état. Il fallait la rafraîchir, la mettre à jour. Et l'aventure prit une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. Contre toute attente, je parvins à me mettre en contact avec le guitariste de la formation : Serge Teyssot-Gay. Et ce fut une révélation humaine. J'avais, avant ça, la conviction, qu'il avait joué un rôle central dans le groupe, bien plus que ce que les médias et le public pouvaient en dire et en penser. Je ne m'étais pas trompé. Après de nombreux échanges, et une affection mutuelle qui s'instaura, j'ai découvert que ma "thèse" était la bonne. Il avait été l'architecte, le penseur musical du groupe. Ce n'était pas lui qui me le disait. C'était ce que je tirais de nos rencontres. Mon opinion, ma vision, ma conviction. "Noir Désir, Post-Mortem" est le fruit de destins. Cette biographie est, à ce jour, et n'y voyez aucune prétention de ma part, la plus complète, la plus proche de la vérité et la plus documentée qui ait été écrite. 

En retraçant toute l'histoire du groupe puis du parcours individuel de chacun de ses membres après la mort de Noir Désir, j'ai voulu donner toute leur place à leurs oeuvres. Le chapitre consacré à Serge Teyssot-gay est cependant celui dont je suis le plus fier. Dans l'ombre, méconnu des français et même des fans du groupe, il a déployé une nébuleuse artistique exceptionnelle qui ne cesse de s'étendre aujourd'hui encore. 

Noir Désir, Post-Mortem. Léonel Houssam. Préface de Faustine Sappa. Editions Camion Blanc. 2019. 468 pages. 32€.

Noir Désir, Post-Mortem {JPEG}


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19 réactions à cet article    


  • Trelawney 20 janvier 2020 12:38

     Je refusai toutes les interviews des plus grandes chaînes de télé, des plus grands journaux, des plus grandes radios. 

    Sage décision ! On imagine bien le sens des questions posées à l’auteur d’une biographie sur Noir Désir. Un journaliste reste avant tout un journaliste


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 20 janvier 2020 14:35

      @ l’auteur,

      Bonjour,

      Je ne vous cache pas que ce billet me met un peu mal à l’aise.

      Certes Agoravox à bien changé (et à bien des égards) depuis 2008 où j’y apparais par intermittence.

      Mais tout de même, jusqu’ici, il y avait une règle qui prévalait : ne jamais faire de publicité ou de promotion pour un livre dont on est l’auteur

      Écrire sur des livres d’amis, des coups de cœur, oui : je l’ai moi même fait ici souvent, de Pagan à Oster en passant par Prudon.

      Bon.

      Le fait que je sois l’avant-propotiste ( D. Beauvallet le préfacier) du livre de Marc Besse sur le sujet (« Noir Désir, à l’envers à l’endroit », chez RING) n’a rien à voir . Le livre est, je crois, épuisé par deux fois, et je ne suis pas intéressé au contrat sur le nombre d’ouvrages vendus.

      Enfin, bon, tout de même, ci-après le trailer de ce bouquin que j’ai la faiblesse de trouver pertinent, comme l’avait été la même « bio » de Besse sur Bashung (c’est du reste comme ça qu’on s’est rencontré).

      Pour ceux qui veulent entendre ma belle voix passée au Vocoder, c’est là.

      https://www.youtube.com/watch?v=IOJTlxTMpoI

      Sur le fond, ce qui c’est passé à Vilnius doit rester à Vilnius.L’affaire y a du reste été jugée définitivement. Et à présent qu’Olivier Metzner a tiré le rideau, on est à peu près 4 à savoir ce qui c’est passé.

      Mais le passé ne m’intéresse plus.

      L’avenir des scories du groupe, c’est entre autres « Nini » qui le porte, ( Denis Barthes)avec « Les Hyènes ». Il m’a passé début décembre aux Grands Prix de la Sacem leur dernier EP de 4 titres qui s’appelle « ça ne s’arrêtera jamais ». C’est une belle écoute.

      Un beau message aussi.

      Je ne sais pas si « l’avenir, c’est droit devant » , mais je suis sûr en tous cas que ça n’est pas derrière.


      • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 20 janvier 2020 15:25

        Et pour en finir avec le sujet, avant que les réactions ne tournent à l’éternel débat sur Vilnius, ci après les paroles les plus intelligentes sur l’impossibilité de faire un livre sur Noir Dez après Vilnius.
        C’est Jean -Daniel Beauvallet, co-fondateur des Inrocks, et qui préfacé le livre de Besse dont je parlais plus haut :
        https://www.youtube.com/watch?v=sCE3QUYArwA
        ou encore ceci :
        https://www.youtube.com/watch?v=nVzeu2HDMkc


      • ZenZoe ZenZoe 20 janvier 2020 16:24

        Cantat a fait exploser le groupe, honte à lui. Moins on parle de Noir Désir aujourd’hui, mieux c’est.


        • totof totof 20 janvier 2020 22:20

          @ZenZoe
          C’est vrai, d’ailleurs, pour tourner la page de Vilnius, le groupe avait pensé à changer de nom. Ils avaient pensé à Supertramp, et puis finalement ils ont laissé tomber...


        • ZenZoe ZenZoe 21 janvier 2020 09:50

          @totof
          Ils n’en avaient plus rien à battre.


        • John Orion 21 janvier 2020 18:56

          Salut ZenZoe !

          « Cantat a fait exploser le groupe »

          S’il n’avait qu’explosé le groupe ...

          Noir Désir ... Un groupe qui se nomme ainsi et qui signe chez Barclay ?


        • ddacoudre ddacoudre 21 janvier 2020 08:13

          bonjour

          merci pour cet article ;

          c’est dur de devenir l’icône d’un malheur. Ce n’est pas Cantat qui a tué Noir Désir, mais les médias en quête de sensationel qui avait une revanche à prendre, et surtout l’opinion publique qui a suivit comme un seul homme la mise au pilorie de Cantat comme exemple de violence faite au femme.

          Quand sa mère mourra, nous saurons alors l’histoire écrite par celui qui la vécu et gardé le silence par amour.

          cordialement.


          • ZenZoe ZenZoe 21 janvier 2020 09:49

            @ddacoudre
            Quand sa mère mourra, nous saurons alors l’histoire écrite par celui qui la vécu et gardé le silence par amour.

             ?


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 21 janvier 2020 19:28

            Soyons désinvoltes , n’ ayons l’ air de rien.


            • Initiativedharman Initiativedharman 21 janvier 2020 19:35

              On parle de toujours de Noir Désir, un grand groupe mais avant qu’ils n’attirent les foules massivement pour « Tostaky » on va dire. Il y avait en France un groupe majeur d’Angers qui tournait à l’international jusqu’aux USA. Et ce groupe était unique. Un son et une rythmique qui n’appartenaient qu’à eux. Un talent immense. Mais ils ne remplissaient pas de grandes salles. C’était les « Thugs » . Un groupe énorme qui aurait mérité plus de succès mais ils s’en foutaient.


              • John Orion 21 janvier 2020 19:59

                Salut Initiativedharman !

                « les Thugs »

                Super groupe que j’ai souvent vu ! Excellent sur scène ... Cool ... ! smiley

              • Initiativedharman Initiativedharman 21 janvier 2020 20:40

                @Orion
                Salut ! Moi aussi j’ai dû les voir 10 fois et à chaque fois j’ai pris une grosse claque ! Il existe un DVD sur eux qui est pas mal. « Come on people ».


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 21 janvier 2020 20:54

                @Initiativedharman

                Ok pour les Thugs . Mais bon un peu répétitif sur la longueur.


              • In Bruges In Bruges 21 janvier 2020 22:15

                Yes, the last spirit is there :

                le reste est mort.

                https://www.youtube.com/watch?v=-JRpiaFB2zs


                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 21 janvier 2020 23:15

                  @In Bruges

                  On arrete les conneries...Tostaky live et la géniale figure rythmique (riff pour les anglois) sur la Gibson Les Paul . Boum . Youtube.


                • totof totof 21 janvier 2020 23:56

                  Vous déconnez complet, les mecs ! Noir Dez’ c’est d’la demère ! Pour moi, rien d’neuf n’a été fait en France depuis la soundtrack de la Boum 2. C’est là, le last spirit ! yo man !

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