Le plan d’élargissement de l’OTAN du président Trump aura-t-il le soutien de l’Europe ?
L’article 5 de l’OTAN pourrait être un obstacle au soutien européen
Dans une région en conflit permanent, il est concevable que les pays européens de l’OTAN s’opposent à la politique d’élargissement du président Trump aux pays du Moyen-Orient. En effet, l’article 5 de l’OTAN constitue le noyau dur de la défense collective de l’Alliance. Il stipule que si un pays membre de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque pays membre de l’Alliance devra prendre toutes les précautions nécessaires, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer sa sécurité.
Les pays européens de l’OTAN, comme la France et l’Allemagne, redoutent d’être particulièrement impliqués dans des guerres civiles sans issue et de perdre leur politique d’équilibre dans la région. En effet, l’adhésion de l’Arabie saoudite obligerait les pays européens de l’Alliance à s’impliquer dans la protection de la souveraineté de la monarchie saoudienne en cas d’attaque. Il convient de noter que la monarchie saoudienne a subi plusieurs attaques contre sa souveraineté par les rebelles houthis, une milice yéménite proche du régime iranien depuis son intervention dans la guerre civile yéménite. Le 29 janvier, les rebelles houthis ont affirmé avoir lancé des missiles sur les installations pétrolières d’Aramco et des drones sur les bases militaires saoudiennes. L’implication des pays européens dans une guerre sanglante dont l’objectif premier serait de contrer l’influence iranienne au Yémen risquerait de démanteler définitivement l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action - JCPOA) que la France et l’Allemagne cherchent à sauver après le retrait des États-Unis de l’accord en 2018 et le récent soutien déclaré du Premier ministre britannique à l’idée d’un nouvel accord.
Les Européens divisés sur l'utilité de l’OTAN
Face à l’unilatéralisme américain, la France souhaite donner une impulsion au projet européen de défense. Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le président Macron a annoncé son intention de voir la dissuasion nucléaire française contribuer à la défense de l’Union européenne. Par ailleurs, le président Macron a exprimé sa volonté de rétablir le dialogue avec la Russie. Paris souhaite construire une architecture de sécurité et de confiance entre l’Union européenne et la Russie.
Pourtant, les pays européens n’ont pas montré un réel enthousiasme pour les propositions du président Macron. L’Allemagne soupçonne Paris de vouloir promouvoir la défense européenne afin de servir ses propres intérêts. Elle n’a pas l’intention de mettre en péril ses relations de défense et de sécurité avec les États-Unis et ne soutiendra pas la politique de rapprochement du président Macron avec le Kremlin. La politique russe du président Macron est également un sujet de grande préoccupation pour les pays baltes et les pays de l’ancien pacte de Varsovie. Ces pays considèrent toujours le président Poutine comme l’ancien officier du KGB et la Fédération de Russie comme l’État successeur de l’Union soviétique, qui les a annexés. Pour ces pays, l’OTAN reste une alliance de sécurité utile et nécessaire pour contrer les intentions expansionnistes de la Russie.
Le président Macron ne peut pas se permettre de fracturer ses relations avec ses alliés européens de l’OTAN. Avec une Allemagne pacifiste, la seule solution concrète pour Paris serait de construire ses futures relations bilatérales de défense et de sécurité avec la Grande-Bretagne. En effet, les conséquences de Brexit ont fait que la France a perdu son jumeau stratégique et militaire, le pays avec lequel elle partage un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et des capacités militaires et nucléaires comparables. Il est donc dans l’intérêt de Paris d’établir avec Londres un nouvel accord bilatéral de défense et de sécurité qui s’appuie sur les accords de Lancaster de 2010.
Kareem Salem
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