L’hiver doux 2019-2020 : pas de panique
Pas de panique. Think different. Imaginez une immense autoroute aérienne. Un ruban de vents forts du Québec à l’Oural. C’est le courant jet – le jet stream. Coincé entre le grand froid polaire et les remontées chaudes il file à grande vitesse, trop horizontal pour alterner le froid et le chaud. C’est ce que l’on nomme un flux zonal à courbure dépressionnaire, « donnant un temps venté, assez doux et très humide ».
L’image 1 de earth.nullscholl (clic pour agrandir) date du 23 février à 07h00 à l’altitude de 10’000 mètres (250 hPa). Le courant jet file à 350 km/h. L’image 2 de Météo-France montre cette situation de blocage pendant tout le mois de février pour 500 hPs (à 5’500 mètres).
C’est la raison générale de cet hiver doux : un blocage de l’air froid dans les hautes latitudes. En fait il n’a pas vraiment fait si chaud, il a surtout manqué de froid. Une ou deux vagues polaires, même à seulement moins 5 degrés pendant 5 à 7 jours, auraient été le pendant des vagues de chaleurs de l’été dernier. Les moyennes auraient chuté. On constate d’ailleurs, dans les archives de Genève, que les records de chaleur des derniers jours de février datent de 1903 à 1922.
La situation exceptionnellement longue de cet hiver caractérise une longue et intense phase positive de la NAO (oscillation nord-atlantique), connue depuis environ un siècle mais encore mal expliquée.
Cette balance périodique des pressions détermine la trajectoire des perturbations. Elle produit des hivers doux et humides en phase positive, comme cette année, et secs et froids en phase négative. La NAO est corrélée avec l’oscillation arctique (AO), en phase positive également. Elle maintient le vortex polaire (tourbillon dépressionnaire), particulièrement froid cette année, dans la région arctique.
« Un vortex polaire concentré, associé à une NAO sans cesse positive, favorise généralement un flux zonal sur notre continent. Le flux zonal est orienté au secteur Ouest, c'est à dire qu'il provient tout droit de l'océan Atlantique avec conséquemment un air nettement radouci. »
Météo-France résume très bien cette situation exceptionnelle mais connue :
« Cet hiver a été remarquable par la persistance d’une différence accrue entre les basses pressions polaires et les hautes pressions tropicales sur l’ensemble de l’hémisphère Nord. C’est ce qu’on appelle une anomalie positive de l’oscillation arctique, ou AO+. »
L’image 1 illustre cette situation au 23 février, l’image 2 l’ensemble du mois de février, l’image 3 celle d’hier 13 mars.
« Cette anomalie tout autour de l’hémisphère Nord a permis au régime océanique perturbé qui a frappé continuellement l’ouest de l'Europe de progresser loin à l’intérieur du continent jusqu’à l’ouest russe, qui a souvent connu cet hiver des températures presqu’ « océaniques » sous des vents d’ouest dominants. »
Conséquence : des masses d’air d’origine tropicale ont été et sont encore aspirées vers le nord de l’Europe et la Russie par un roulement presque ininterrompu de dépressions sur l’Atlantique. Elles ont plusieurs fois dépassé le cercle arctique.
Cette situation ne changera pas rapidement. Le vortex polaire (image 4) devrait impulser ce courant zonal jusqu’à ce que le réchauffement printanier naturel commence à le déstructurer.
Outre ces deux raisons, une troisième s’ajoute : l’ensoleillement record de l’hiver (à Genève et ailleurs), surtout en janvier. Le sol ne s’est pas refroidi.
Ensoleillement record ? Il y a quelques décennies les hivers européens étaient caractérisés par des anticyclones de longue durée, ainsi que par des périodes de stratus pouvant se prolonger pendant plusieurs semaines. Ce couvercle de stratus gardait le froid près du sol, là où les thermomètres enregistrent les mesures.
On connaissait régulièrement l’inversion des températures : il faisait plus froid sous le stratus en plaine qu’à 1’200 mètres en montagne. La différence pouvait atteindre jusqu’à 10 degrés. Les anciens s’en rappellent. La météo mentionnait fréquemment cette inversion.
Or depuis quelques décennies il pleut moins, d’où des sécheresses chroniques et l’accentuation des vagues de chaleur, mais aussi la diminution des brouillards et stratus de l’automne et de l’hiver en raison de la moindre humidité.
Il y a donc davantage de soleil depuis les années 1980, ce qui contribue à radoucir les hivers. Ce sont d’ailleurs les hivers plus doux qui contribuent le plus à la hausse des températures moyennes annuelles.
Une quatrième raison à cet hiver doux est suggérée par une étude datant de 2014 et réalisée par le Centre national de recherches météorologiques. C’est surprenant. La réduction de la pollution atmosphérique aggraverait le réchauffement :
« En réfléchissant et en absorbant la lumière du soleil, les aérosols (particules de suie, de sulfates ou d’autres composés) modifient le bilan radiatif terrestre provoquant un refroidissement estimé par le GIEC à environ -0,8 W/m2 au niveau mondial.
(…)
Or les émissions d’aérosols anthropiques ont fortement diminué ces 50 dernières années en Europe. Les chercheurs ont analysé la fréquence et l’intensité des épisodes de froid en Europe et en Russie sur la période 1970-2005 et révélé « la signature indéniable » de la diminution des aérosols sur la raréfaction des hivers froids. »
Quelle que soit la part attribuée au CO2 par le Giec, il ne serait donc pas seul en cause ?
L’hiver 2019-2020 est caractérisé par une situation météorologique bloquée sur une longue période. Cette situation favorise le courant doux et humide d’ouest, contribuant par rétroaction négative à réduire la sécheresse, ce qui est une bonne chose.
Si le réchauffement global intervient en musique de fond sur une telle situation météo exceptionnelle, il n’en est pas la cause. Les variations et épisodes chauds sont la norme. Selon cette étude, les Romains avaient un climat plus chaud que le nôtre (image 5). Il ont prospéré.
Puis le climat s’est refroidi, en même temps que leur déclin. Nouveau réchauffement vers l’an 1000, puis refroidissement du Petit âge glaciaire (non expliqué à ce jour). La Tamise alors gelait régulièrement.
Revenons à cet hiver. Dans son rapport saisonnier Météosuisse constate :
« Avec des valeurs extrêmes supérieures à 0 °C, les hivers des 30 dernières années sont entrés dans un nouveau régime de température. Les hivers froids avec des températures moyennes nettement inférieures à -4 °C à l’échelle nationale ont disparu de notre climat actuel. »
Oui, en effet. C’est la phase de réchauffement. De même, la fin de l’optimum climatique médiéval a connu un nouveau régime de températures vers le froid. Donc oui, par rapport à la références 1960-1990, quelque chose a changé. Et cela changera encore.
D’ailleurs les lombrics le remarquent. Pendant des années, les vers de terres ne sont presque plus sortis du sol. La terre de surface, trop sèche, ne leur permettait pas de creuser. Or depuis cet automne on voit partout les petits tourbillons de terre, celle que les lombrics rejettent en creusant.
Cela signifie que la terre est plus arrosée. Nous avons en effet reçu de bonnes pluies en plusieurs épisodes. Les vers peuvent travailler le sol, le labourer et le faire respirer jusqu’en surface. Ce qui est une très bonne chose pour la planète locale.
Maintenant ceci me semble important : même avec un hiver nettement plus doux que par le passé, il n’y a pas eu de catastrophes, d’extrêmes dévastateurs, de terreur météorologico-climatique.
Il y a eu des tempêtes, comme toujours en hiver. Quelques inondations récentes, comme déjà par le passé. Rien d’affolant. Rien d’inconnu.
Le réchauffement n’apporte pas les catastrophes démesurées prédites depuis 40 ans. La vie sur Terre n’est pas en danger. Les raisons de l’hystérie climatiste ne sont pas validées par les observations sur le terrain.
Il n’y a pas lieu de paniquer. Think different.
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