Edouard Philippe ou… les dernières nouvelles de demain
Edouard Philippe ou … les dernières nouvelles de demain (*)
Dans son allocution télévisée du 12 mars, le président de la République E. Macron avait annoncé que l’avenir serait différent. Radicalement différent. ( https://www.youtube.com/watch?v=uSZFA0xLQsQ )
Mais ce dernier n‘avait pas dit en quoi consisterait concrètement cet avenir promis et prometteur. Conformément il est vrai, à son système de communication, mis en branle dès la campagne électorale de 2017. Qui réserve à ses interlocuteurs la surprise de découvrir, plus tard, (au moment où il rend public le texte d’une « réforme » ou d’une « promesse » donc … trop tard) ce qui aurait fallu qu’ils comprennent … plus tôt. Donc après coup, et non pas "en même temps".
Dans une longue et savante (mais un peu voyante) mise en scène par des spécialistes (1) le jeudi 2 avril 2020 en début de soirée sur TF 1, (on n’aura attendu que 15 jours !) le Premier Ministre a donné la réponse.
Il a en effet indiqué que la masse de milliards que le gouvernement annonce vouloir déverser pour pallier les conséquences de tous ordres de la diffusion (déconfinement « par région » non encore comptabilisé) en France du virus « covid 19 », proviendra directement ou indirectement d’emprunts auprès des banques et des marchés financiers (2) . Et non d’emprunts directs auprès des banques centrales (3).
Donc …
… ce qui continuera à maintenir l’Etat sous le contrôle et sous les directives des financiers privés.
Le fait que les taux d’intérêts soient négatifs à un moment (argument avancé pour aujourd’hui), n’empêche pas qu’ils puissent remonter dès que l’opportunité se présentera (possibilité occultée).
Et le fait que les prêts soient remboursables (contrairement aux prêts souscrits auprès des banques centrales / ou lorsque la monnaie est simplement émise par l’institut d’émission de l’Etat), exige des pouvoirs publics qu’ils trouvent les fonds pour éponger la dette (ainsi créée de manière délibérée), et lorsqu’il y a lieu, pour payer les intérêts.
Et comme l’élite dirigeante ne peut s’abstraire de ces conceptions, elle ne peut trouver d’autres recettes que celles qu’elle est formatée à utiliser pour « rembourser la dette ». Et pour faire plaisir aux banquiers et aux autres manipulateurs de capitaux. Qui, s’ils sont satisfaits (taux d’endettement jugé convenable par rapport, à leur choix, du PIB ou du budget ), et si c’est en tout état de cause leur intérêt, n’augmenteront pas trop le taux d’intérêt des prêts … perpétuels.
Recettes et cuisine connues (qui, depuis une trentaine d’années sont les mêmes, et ne sont pas plus sophistiquées que celles des fast food ) :
Vendre ce qui est vendable, supprimer les services publics et les donner au privé, transformer les fonctionnaires en agents aussi précaires que les salariés du privé, transformer le droit du travail en galéjade, baisser les rémunérations et les prestations sociales des plus faibles, et augmenter les impôts et les taxes des classes moyennes.
Le tout progressivement pour habituer les citoyens à l’idée que tout cela est « normal », irrémédiable. Donc, non discutable. Ni au parlement puisque la majorité est verrouillée (grâce à la loi électorale). Ni dans la rue (blessures par la police et condamnations par les juges qui appliquent la loi forgée par ceux-là mêmes qui commandent la police).
Et d’un autre côté alléger, pour la minorité, les charges et impositions de toutes natures, au nom de la « compétitivité des entreprises », de la « facilitation » du financement de ces dernières par les investisseurs traversant les frontières aussi bien que les virus. Et du mythe des emplois, que cette compétitivité serait censée conserver ou augmenter … Au moins (quand on analyse les statistiques) … dans les imaginations.
On ne voit d’ailleurs pas l’élite politique en place changer d’objectif ou de méthode, sans se priver des avantages tirés des pantouflages et des rétro-pantouflages.
Un banquier ou un groupe industriel ou des fonds spéculatifs, pourraient certes engager un individu qui leur aurait fait perdre pas tout -mais quand même de grosses sommes d’argent ou des espoirs de gains-, lorsque l’individu en question avait un poste dans les rouages de l’Etat. Mais, comme les poissons volants, les personnages de l’espèce, à supposer qu’il put d’aventure en exister, ne peuvent constituer la majorité du genre.
Au passage (4), E. Philippe a incidemment précisé ce qu’il fallait entendre par concorde nationale : pendant que les gens cherchent des masques et prient pour avoir une place à l’hôpital, ils se taisent. Et quand les citoyens auront fini de mourir, le gouvernement reprendra sa réforme des retraites pour les survivants. .....(Décidément … !!!)
En résumé : après la crise rien ne sera plus comme avant.
C’est vrai :
Ce sera (nécessairement) pire (5).
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités.
(*) L’expression est empruntée à une journaliste respectée et célèbre, Geneviève TABOUIS. Qui jusque dans les années 1960 sur Radio Luxembourg, annonçait sa prochaine chronique par un : ... Et à mardi ou jeudi … « pour les dernières nouvelles de demain ». En associant d’une certaine manière sa mémoire à des propos émanant d’hommes politiques contemporains, nous n’avons évidemment pas l’intention de lui manquer de respect.
(1) pour l’identité des employeurs, voir sur internet
(2) Ce qui montre que les réflexes de l’élite dirigeante, en matière d’économie politique, s’inscrivent toujours très exactement dans les préceptes de Milton Friedman. Et que les cerveaux des membres de cette élite ne peuvent pas envisager de penser et d’agir autrement, et ne sont pas adaptés à la lecture et à la compréhension d’autres analyses économiques.
(3) La réponse tirée de l’interdiction inscrite dans les textes européens n’en n’est pas une. Quand ça doit être différent … ça ne peut plus être pareil, donc il faut transformer les règles.
A moins que l’on ne soit, mais c’est une autre question, en présence d’une manifestation du syndrome du pêcheur.
Le « syndrome du pêcheur » est celui qui frappe le croyant quand ce dernier sent planer la mort. Qui va à confesse, récite un acte de contrition, est ainsi soulagé et rassuré. Et qui à peine sorti du confessionnal recommence à mal se comporter au sein de la même bande d’énergumènes. D’autres appellent ce même syndrome, le "syndrome Sarkozy" Du nom de celui, qui après avoir dignement fêté, et en rutilante compagnie, son élection comme président de la République, prononça publiquement un acte ( aussi vibrant que le texte du 12 mars le fut douze ans plus tard) de contrition à Toulon (le 25 septembre 2008) : « il faut réglementer les banques (sic) pour réguler le système (sic) … La crise devrait amener à une restructuration de grande ampleur de tout le système bancaire mondial (sic) … Il faut que l’Etat intervienne (sic) , qu’il impose des règles (sic), qu’il investisse (sic) , qu’il prenne des participations (sic) … J’appelle l’Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à l’urgence, à repenser ses règles (sic) , ses principes (sic) , en tirant les leçons de ce qui se passe dans le monde » (sic) , etc… https://www.youtube.com/watch?v=W3SPUBRTjtA https://www.youtube.com/watch?v=GbKV5MItfqU
Syndrome qui pose également la question de son traitement. Dont certaines pistes, non médicales, sont suggérées dans certains de nos développements. Par exemple : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-virus-neutralisera-t-il-222710
(4). Le Premier Ministre n’a pas d’indiqué, ni éludé (les organisateurs n’ont pas mis non plus cette question sur la liste de celles auxquelles devait répondre l’invité) s’il avait pensé à encadrer les prix (en dehors de celui du gel hydro alcoolique). Spécialement des denrées alimentaires et des matériels de protection de la vie, pour éviter qu’ils ne continuent à augmenter comme on l’observe, et que le marché noir ne s’installe.
C’est la raison pour laquelle chacun peut prendre attache avec les personnes ayant le statut de député dans le lieu de confinement pour rappeler à ces derniers que la constitution (art. 39) leur permet de déposer une proposition de loi.
Du genre :
Code de commerce .
un article 410-1-2 ainsi rédigé est ajouté au code de commerce : « à compter du ( date de la publication de la loi) et pour une durée de ( X ) mois les prix des biens et des services sont ceux auxquels ces même biens et services étaient proposés à la vente au 1er janvier 2020. Les conditions auxquelles des dérogations peuvent être accordées sont définies par un décret en Conseil d’Etat Les fournisseurs des biens et services déposent à la Préfecture du lieu de leur établissement, la liste des prix pratiqués, dans un délai de huit jours à compter de la date mentionnée à l’alinéa 1"
Code pénal
A. Un article 313-6-3 est créé : « Le fait de vendre, d'offrir à la vente ou d'exposer en vue de la vente ou de la cession ou de fournir les moyens en vue de la vente ou de la cession des biens et des services de manière habituelle ou occasionnelle en méconnaissance des dispositions de l’article 410-1-2 du code du commerce est puni de 30 000 € d'amende. Cette peine est portée à 100 000 € d'amende et à 5 ans d’emprisonnement en cas de récidive. Le défaut de dépôt des listes de prix prévu au deuxième alinéa de l’article 410-1-2 du code de commerce est puni d’une peine de 15 000 € majorée de 1000€ par jour et par produit. La peine est portée respectivement à 50 000 € et à 5000 € au delà du huitième jour de retard. Les fausses déclarations sont punies des mêmes peines ».
B. Article 313-7 l’article 313-6-3 est ajouté à la liste des dispositions auxquelles le premier alinéa de l’article 313-7 renvoie : « Les personnes physiques coupables de l'un des délits prévus aux articles 313-1, 313-2, 313-6 , 313-6-1 et 313-6-3 encourent également les peines complémentaires suivantes : … »
(5) Pas pour les chargés de communication de l’élite économico-politique qui fabriqueront les argumentaires destinés à provoquer la résignation des citoyens. Comme ils sont arrivés à faire rejeter par principe aux citoyens l’idée que ces derniers auraient possiblement intérêt à ce que certaines règles de l’union européenne, dont ils vivent cependant les effets négatifs, ne leur soient plus appliquées. Et par voie de conséquence, à faire gommer du discours des politiquas (comme M. Le Pen et J. L Mélenchon) toute référence à cette éventualité. Sous peine de le « payer » aux élections. Comme l’ont « payé » certains députés sortants, astucieusement marqués de la flétrissure / « souverainiste » / « populiste » / lors des dernières élections législatives.
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