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Après le covid l’espoir

 

Sinistre lundi de Pâque : on dénombre plus de cent milles décès à travers le monde. Rien qu’en France, c’est près de quinze mille personnes qui ont succombé à la maladie. La moitié de la population de la planète se trouve confinée, d’une manière ou d’une autre. Partout, des scènes lunaires : les rues vidées de leurs habitants, la police contrôlant les sorties ; les hôpitaux débordés trient leurs malades, qui finissent par agoniser dans la solitude ; les morts, hélas, sont enterrés à la va-vite, en comités restreints, sous prétexte de précautions sanitaire.

En France il est de plus en plus difficile de ne pas voir clair à travers les écrans de fumée du gouvernement. Le professeur Raoult, au-delà de la question de l’efficacité de son traitement à base de chloroquine, a le mérite d’avoir indirectement révélé les conflits d’intérêts des prétendus experts de la Santé. On le sait, aujourd’hui : ils ont sciemment sacrifié la santé et parfois la vie des plus fragiles. La ministre Buzyn et son mari le docteur Lévy, de l’INSERM, ont préféré passer sous le tapis ce traitement potentiel —pas assez cher, donc pas assez rentable. Pour les soutenir, Karine Lacombe, médecin —VRP ?— des laboratoires Gilead, intervient très régulièrement à la télévision.

La gabegie du matériel médical, conclusion naturelle de la destruction méthodique de l’hôpital par les gouvernements successifs de ces deux dernières décennies, est venue en rajouter une couche. Le mépris de classe du gouvernement Macron était certes bien connu ; mais les élucubrations télévisées, de Sibeth N’Diaye notamment, quant aux masques de protection franchissent un nouveau de palier. Le gouvernement est dans l’insulte ouverte, la provocation hallucinante, l’injure à l’intelligence même du peuple dont il est censé tirer sa légitimité ; privilège d’une caste à la fois dépassée et indifférente, vulgaire, et qui se sait intouchable, tant que dure le confinement.

Le confinement, justement, dont MM. Castaner et Nuñez n’auraient même pas osé rêver lorsqu’ils matraquaient aveuglément les gilets jaunes. Il fallait un drame de cette ampleur pour effacer subitement toute trace de l’intense contestation sociale qui émaillait jusqu’ici le quinquennat. C’est le préfet Lallement, comme d’habitude, qui trahit le plaisir pervers des plus haut cadres de l’Intérieur face aux français désormais privés de leur liberté, et touchés au coeur, à travers ses petites phrases obscènes. Même le ministre a dû le rappeler à l’ordre et le contraindre à présenter des excuses —du bout des lèvres— après qu’il ait insulté les malades admis en réanimation.

Que le confinement, dans sa forme ou son principe, soit absolument nécessaire et efficace n’est même plus la question. L’urgence avec laquelle il a été mis en place, après des semaines de dénégations rassurantes, et le plébiscite général dont il a fait l’objet l’imposent. 

Mais l’impératif sanitaire ne sera pas éternel. Demain, le gouvernement sera contraint de lever les mesures. Pour l’heure, le président souffle dans le sens du vent, en feignant une désaffection pour ses principes néo-libéraux, brutalement battus en brèche par le désastre épidémiologique. Il est pourtant constamment contredit par des personnalités moins prudentes. La secrétaire d’état Pannier-Runacher, ainsi, nous « prévient » qu’il faudra travailler plus pour rattraper (sic) la perte d’activité ; le président du Medef espère ouvertement bazarder les congés et les jours fériés des français, au bénéfice de la croissance ; et le ministre Le Maire d’agiter, sans honte, le spectre de l'austérité, au moment même où nos soignants s’habillent de sacs poubelles en guise de surblouses. 

La France est à l’arrêt et demain, en conséquence, viendra la pire dépression depuis 1929. Des millions de français perdront leur emploi, et tous perdront beaucoup dans l’hyperinflation que causeront les mesures de relance. On le voit, ceux qui nous ont conduit au désastre ne manquent pas d’air, et préparent le massacre du Code du Travail, et la destruction de l’État-providence ; en fait, nos élites préparent la suite des hostilités. L’épidémie est bien sombre ; demain le sera encore plus.

Ils ont peur, pourtant. Car le pari est risqué, très risqué. Une fois l’épidémie endiguée, une fois les défunts inhumés, et les français frappés par le marasme économique, les applaudissements se tairont. Au sein du ministère de l’Intérieur, déjà, les haut-fonctionnaires privilégient les appels vocaux, voire Whatsapp, aux ordres écrits, de peur de laisser des traces derrière eux. Ils ont peur d’un procès ; c’est pourtant ce qui pourrait leur arriver de mieux. Le ministre Castaner craint pour sa part une « action » de réseaux « d’ultra-droite et d’ultra-gauche », et prépare une application de traçage ( « tracking » ) sous couvert d’épidémiologie.

À quelques heures d’une énième allocution présidentielles, les spéculations vont bon train quant à son contenu. Nombreux sont ceux qui prédisent un renforcement de ce confinement si opportun, et une prolongation en mai. Et ce au moment même où, en Italie et en Espagne, on prévoit des assouplissements. 

Quoi qu’il en soit, le gouvernement aura l’union nationale qu’il appelle de ses voeux. Il est d’ores et déjà parvenu à fédérer toutes les affinités, toutes les forces, tous les espoirs, et toutes les haines, aussi. Contre lui. 

M. Le Gendre, pas angoissé, assure qu’il n’y aura pas de « Grand Soir ». Ce n’est pourtant pas la première fois de son histoire que la France fait face à la trahison de ses élites. On sait comment les français règlent leurs comptes. Le souvenir récent du mouvement des Gilets Jaunes permet de comprendre le potentiel de la contestation à venir, quand les rangs des manifestants seront grossis de millions de chômeurs outragés et n’ayant plus rien à perdre. Avec cette crise, le gouvernement achève d’abandonner le peuple ; le peuple saura reconquérir son gouvernement. Si ce n’est pas un Grand Soir, c’est une formidable aube d’espérance qui vient après la nuit covid.


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5 réactions à cet article    


  • sls0 sls0 13 avril 2020 17:37

    Chez moi l’argent de la santé n’intéresse pas les marchés financier, 4,4% de la dépense française, ce n’est même pas une part de gâteau, à peine une miette.

    Comme le système de santé ne fonctionne pas à l’idéologie ultralibérale, ici il n’y a que 16 morts par million d’habitants à comparer aux 215 morts français.

    En Espagne où c’est le privé qui gère l’argent public pour les hôpitaux publiques c’est 375 morts.

    L’Italie où le libéralisme a fait plus de dégâts qu’en France mais moins qu’en Espagne c’est 330 morts.

    Par curiosité allez voir un bilan annuel d’un CHU, je cherchais le nombre de lits de soins intensifs. Je crois avoir trouvé mais j’ai des doutes.

    Les malades sont une part de marché.

    Au début de chaque spécialité c’est ce que rapporte le service.

    Il y a les projets de baisse de couts.

    On y parle que de fric, 5 lignes pour les résultats médicaux et c’est tout.

    Je me sens plus à l’aise ici avec un budget de 4,4%.

    La quarantaine, ça surveille la distanciation social, pas de paperasse. C’est un pays très festif et convivial, on peut oublier la distanciation sociale donc la nuit couvre feu. Par d’amende mais les menottes et arrestation. Facebook est pisté, celui qui se vante de son incivisme, il passe à la télé pour s’excuser.

    Pour aller au boulot dans les zones franches où ça tourne en 3x8 pour la distanciation sociale c’est des bus désinfectés après chaque voyage. Pour y monter c’est gants et masques. En France le matin c’est la cohue dans le métro.

    Gel, gants et masques on en trouve facilement, en ce moment il y a une usine militaire qui fabrique des masques.

    Le gouvernement est corrompu mais pas vendu aux marchés financiers ce qui explique les meilleurs résultats.


    • sls0 sls0 13 avril 2020 17:39

      On s’inquiète pour 100000 morts ? Une simple spéculation sur les céréales fait 20 millions de morts.


      • caillou14 rita 14 avril 2020 08:23

        Ce virus, un prétexte pour les gouvernants de cacher leurs incompétences derrière le covid !


        • François Vesin François Vesin 14 avril 2020 10:38

          @rita
          Si seulement ils n’étaient qu’incompétents !!
          Le populicide auquel ils sont en train de se livrer
          n’a d’autre but que de protéger leurs maîtres les financiers
          Un confinement dans la peur sous contrôle de la milice
          est tout ce qu’ils ont trouvé pour détourner l’attention
          des petits épargnants et les empêcher de se ruer dans les banques
          quand ils réaliseront qu’ils sont en train de se faire plumer.


        • Un des P'tite Goutte Un des P’tite Goutte 14 avril 2020 16:26

          Je suis heureux de voir rappelé par sls0 : « On s’inquiète pour 100000 morts ? Une simple spéculation sur les céréales fait 20 millions de morts. » 

          Insuffisamment rappelé. Fait capitaliste insuffisamment rappelé ! Il faudrait le marteler, encore et encore !

          De même qu’un pilote de drone tue à distance des dizaines de « dommages collatéraux » sans sentir l’odeur de la mort, traders, spéculateurs font un geste minime, clic de souris, geste à la bourse, appui sur « enter » et des famines, suicides (exple de pères de familles et paysans bengalis), fermetures d’usines, non construction d’un hôpital, régions sinistrées etc. s’ensuivent. Merci encore à sls0 de nous rappeler à cette réalité.

          J’ajoute : Innombrables guerres, civiles ou non, conflits contemporains, ponctuels ou larvés, à long terme, gangs, drogue, etc. (Afrique extrêmement touchée, pays du « tiers monde » en général), je fais un décompte macabre approximatif depuis la fin de la seconde guerre mondiale, d’après : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_guerres_contemporaines          Résultat : plus d’un milliard .

           La FAO nous renseigne sur le nombre de décès attribués à la faim :
          25000 X 365 /an = 9 125 000 soit un peu moins de 10 millions...par an
          (http://www.fao.org/french/newsroom/news/2002/9703-fr.html)

           C’est sans compter les décès dus aux maladies, accidents qui, ici, en occident auraient été soignés, guéris.

          Bien sûr, la grande faucheuse est habillée de néolibéralisme, mais pas que. D’autres systèmes en - isme sont toujours mortifères. Le problème à résoudre, avec beaucoup du boulot à la clé, se situe au cœur de l’humain. Simplement en moi, en toi, en nous. En « eux », ça viendra, coulant de source.


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Cheylade


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