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Accueil du site > Tribune Libre > PMA pour toutes : lettre à ma députée (et à ses collègues)

PMA pour toutes : lettre à ma députée (et à ses collègues)

Madame la députée,

D’habitude, je ne juge pas utile de vous interpeller, quoique j’habite dans votre circonscription : votre temps est trop précieux. Mais aujourd’hui, le clavier me démange. Je me mets à votre place : vous allez être bientôt confrontée à une situation extraordinaire, à l’occasion du deuxième passage dans votre assemblée du projet de révision des lois bioéthiques. 

Vous rendez-vous compte ? Vous aurez la possibilité de faire ce que, de mémoire d’homme, aucune autorité, politique ou religieuse, n’avait encore osé : nier ce que tous les hommes ont toujours admis : l’humain naît d’un (ou plusieurs) père et d’une (ou plusieurs) mère.

La filiation hétérosexuelle, « butoir pour la pensée » fait partie, en effet, de ces choses qui - jusqu’ici - « ne sont pas transformables par la seule volonté humaine » (1)

Avec l’instauration d’une filiation homosexuelle, le projet sur lequel vous aurez à vous positionner, Madame, se propose de rompre avec l’ancrage éternel de l’homme à l’ordre naturel, selon lequel « les liens biologiques sont le modèle sur lequel sont conçues les relations de parenté » (2) et « la filiation (...) est substantiellement reliée à l’idée de la reproduction bisexuée » (3)

Vous pourrez, non seulement « changer de civilisation », comme le revendiquait trop modestement madame Taubira, mais bouleverser des repères anthropologiques reconnus par toutes les civilisations jusqu’aujourd’hui. 

Pourquoi pas ? me direz-vous. L’esclavage aussi était une pratique universelle que notre révolution eut bien raison d’abolir. 

Certes, « il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois ».

Toutefois, « le cas est rare : et lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante (…) » (4) 

Vous tenez donc, Madame, un pouvoir vertigineux entre vos mains, et je ne doute pas qu’elles tremblent…

Voilà pourquoi, j’ai pensé que, comme dans les situations délicates on a souvent besoin d’un plus petit que soi, vous liriez la prose d’une citoyenne ordinaire, sans éclater de rire, ni soupirer d’exaspération.

Le projet dont vous aurez bientôt à débattre – donc - se propose d’inscrire (explicitement ou implicitement) dans notre droit la notion - inouïe - de filiation homosexuelle. A vrai dire, la loi sur le mariage pour tous l’avait déjà introduite. Mais c’était à titre exceptionnel, puisqu’il s’agissait uniquement des enfants adoptés par des couples gays ou lesbiens.

Aujourd’hui, l’on projette, non plus seulement de faire accueillir des enfants privés de leurs parents par des nouveaux parents de même sexe, mais de concevoir des enfants dans une filiation homosexuelle, à savoir avec deux mères.

Une distinction s’impose d’emblée : engendrement, parentalité, filiation. L’un est biologique, le deuxième affectivo-éducatif, le troisième juridique. Je parle bien ici de la filiation et non de la parentalité. Il y a toujours eu des enfants élevés par deux femmes, ce n’est pas ici le sujet. 

Dira-t-on, Madame la députée, que cette double filiation maternelle est un pis-aller, une concession aux désirs d’enfants de couples lesbiens, une exception marginale à une règle, qui serait la filiation hétérosexuelle, une simple tolérance en un mot ?

Ce serait une discrimination caractérisée. Il ne saurait en être question, bien sûr.

Deux filiations, une seule société ?

Il faudra donc une égalité de statuts entre toutes les filiations : hétérosexuelles et bi-maternelles.

A partir de là, deux possibilités sont à envisager.

Première hypothèse : les deux filiations seront différentes. Ce ne sera pas la même chose d’être issu de deux femmes et d’être issu d’un homme et d’une femme. Sur l’acte de naissance, il y aura écrit « mère et mère » pour les uns, « père et mère » pour les autres. Certains se rattacheront à la société et à leurs ascendants par deux femmes, d’autres par un homme et une femme. Il y aura deux façons d’être mis au monde symboliquement, introduit dans le monde humain et social, relié à un espace généalogique : les uns selon un paradigme de ressemblance, les autres selon un paradigme de différenciation.

La filiation renvoie toujours à une conception anthropologique. Par exemple, la filiation purement patrilinéaire qui ne rattache l’enfant qu’à la lignée de son père, chez les Baruyas de Papouasie-Nouvelle-Guinée, va de pair avec une infériorisation de la femme, quasi démonisée ; alors que chez les peuples d’Europe occidentale, la filiation cognatique qui rattache l’enfant également aux lignées paternelle et maternelle s’accompagne d’une (relative) égalité entre les hommes et les femmes.

On peut supposer qu’à la filiation bi-maternelle sera associé un imaginaire d’engendrement particulier - par un double principe féminin - différent des représentations liées à la culture cognatique. 

Le salaire minimum, le régime de retraite, les normes sanitaires, mille choses s’appliqueront de la même façon pour tous. Mais ce qui relie l’enfant à ses parents, est l’un des éléments fondateurs de son identité, ce par quoi il « se rattache à l’espèce humaine (…) y trouve sa place et (…) s’inscrit dans une continuité qui donne sens à sa vie » (5), non.

Il y en aura deux sortes.

Mais je suis de mauvaise foi, pardonnez-moi. J’avais bien compris que telle n’était pas la philosophie de la loi en projet.

Il faudra donc retenir la deuxième hypothèse : les deux filiations seront semblables, en fait elles ne feront qu’une.

Sur tous les actes de naissance il y aura écrit : « parent 1 et parent 2 ».

(Entre nous soit dit : pourquoi l’un des parents ne serait que le numéro 2 ? C’est trop injuste !)

Les notions de père et de mère seront vidées de leur substance, de leur signification. Il sera, au fond, indifférent d’être père ou d’être mère. L’essentiel sera d’être parent. Jean-Pierre Winter, qui reçoit depuis trente ans des analysants, devra renoncer à affirmer : « la relation à la mère n’est jamais équivalente à la relation au père » (6)

Ceci renvoie directement à ce que d’aucuns appellent l’idéologie du genre : l’affirmation que le masculin et le féminin sont des constructions purement culturelles, sans lien aucun avec la nature.

Pourriez-vous, Madame, m’en administrer les preuves ?

Oui, prouvez-moi, s’il vous plaît - non pas que les identités masculine et féminine sont en partie façonnées par la culture : c’est trop évident - mais qu’elles ne doivent rien à la nature. Montrez-moi que la masculinité n’a rien à voir avec le fait que l’homme procrée en dehors de son corps et que la féminité n’a aucun rapport avec le fait que la femme procrée dans son corps.

Démontrez-moi que c’est tout à fait par erreur que l’ensemble des cultures humaines, passées et présentes, associent de près ou de loin les identités sexuelles (sous des formes infiniment variées et évolutives) à leur fonction biologique dans la sexualité, dans la procréation.

En l’absence d’arguments convaincants, je vous prie de bien vouloir, Madame, vous abstenir de voter cette loi - au nom du principe de précaution.

Car cette indifférenciation des fonctions paternelle et maternelle ne touchera évidemment pas seulement les femmes en couple demandeuses de PMA. Elle atteindra toutes les mères et tous les pères, dont le statut, du fait de l’universalité de la loi, sera réduit, neutralisé : tous ramenés à leur plus petit point commun : parents.

L’on aura encore le droit, sans doute, de se présenter comme père ou mère (quoique cela soit déjà un peu ringard, et remplacé presque toujours par les « papa » et « maman »). Mais il fort possible que, comme la loi canadienne interdit aujourd’hui aux fonctionnaires de donner aux personnes du « Monsieur » ou « Madame », l’on prohibe un jour l’usage des mots « père » et « mère » dans toute parole qui sortira de la bouche des professeurs, assistantes sociales, policiers et autres agents de l’Etat, avant que, progressivement, les mots ne disparaissent de la novlangue.

Et ce sera bien dans l’ordre de choses. De même que personne n’aurait l’idée stupide et méchante d’appeler quelqu’un « le Noir », « le Juif », ni « le maigre » ou « le chauve », puisqu’au yeux de la loi et de l’opinion commune ces caractéristiques ne constituent pas des identités suffisamment significatives pour distinguer les humains, il deviendra inconvenant d’assigner à une personne les qualificatifs aussi peu qualifiants que « père » ou « mère ». 

Du corps charnel au corps objet

En tout cas, une double rupture se produira.

D’abord, une rupture culturelle.

Vous avez appris qu’Abraham était le père d’Isaac ? Erreur : il aura été seulement son parent. Œdipe n’aura plus tué son père, ni couché avec sa mère, mais tué son parent 1 et couché avec son parent 2 - à moins que ce ne soit le contraire. Thétis ne sera plus la mère d’Achille, ni Ulysse le père de Télémaque. Deviendront incompréhensibles le « Notre père » des chrétiens, « le père Goriot », les Stabat Mater, Clémenceau « le père la victoire », et jusqu’à nos vieilles chansons populaires : « Ah c’que nos pères étaient heureux, quand ils étaient à table ! »

Bref, peu à peu, c’est l’ensemble de nos récits fondateurs, de notre culture, de notre mémoire qui sera appauvri, neutralisé, par la disparition du double paradigme paternel et maternel, que l’on pourra, certes, expliquer aux élèves et étudiants, mais qui ne rencontrera plus aucun écho vivant et existentiel chez eux.

Une rupture, ensuite, avec la nature.

Nous jetons aujourd’hui un regard critique sur le projet moderne d’arrachement de l’homme à la nature, la raison et la volonté de l’un ayant un droit sans limite sur l’autre, pure matière transformable, manipulable, exploitable. Les conséquences s’étalent sous nos yeux : dévastation de la terre et de la vie animale et végétale.

Nous comprenons - au bord de la catastrophe - que l’homme n’est pas une pure volonté rationnelle, mais poussière d’étoiles, chair vivante, corps sensible. Nous redécouvrons des vérités oubliées : les animaux, les plantes mêmes, sont sensibles, intelligents. Nous faisons partie de la nature, du cosmos. Nous pouvons peut-être le transformer pour notre utilité, mais nous devons surtout le respecter, l’admirer, être en relation vivante avec lui. Car la nature est en nous et nous sommes en elle.

Curieusement, c’est dans ce contexte de désir d’alliance avec la nature (de contrat naturel disait Michel Serre), que le gouvernement souhaite vous faire voter une loi dont le propos avoué de « dépasser les limites de la procréation » (7) oppose encore davantage l’homme et la nature ; détruit la représentation de ce qui le relie à son animalité constitutive : la procréation par les principes mâle et femelle. Nos enfants seraient ainsi entravés dans leur capacité à penser leur origine comme une rencontre de forces différenciées et complémentaires à l’œuvre dans le monde animal et végétal. L’imaginaire d’un ciel-père et d’une terre-mère ne relierait plus personne au cosmos, devenu pure extériorité. L’on accroîtrait encore le sentiment de solitude glacée, de séparation d’avec le monde naturel, qui nous étreint déjà.

Le corps charnel, vivant - ce corps que nous sommes - laissera la place à un corps mécanique, extérieur à nous, un corps qui nous appartient comme une chose, un corps objet.

En un mot, une filiation indifférenciée et totalement déliée des notions de père et de mère, fragiliserait notre double enracinement, culturel et naturel.

Je n’ose croire, madame, que, dans le but d’émanciper les hommes, c’est justement ce que vous souhaitez…

Mais je l’admets, par pure hypothèse d’école : voici l’homme délesté de son histoire et de la nature.

Qu’y gagne-t-il ?

Les deux principes dont il est issu symboliquement ne sont plus différents, mais semblables (parent 1, parent 2). Les enfants de hommes ne sont plus nés d’une altérité, leur permettant d’être autres eux aussi, mais de la répétition du même, les condamnant à être, comme disait Bernanos, « non pas égaux, mais pareil ». (8)

L’homme a perdu ce triangle qui « ajoute l’ouverture vers la prise de conscience, puisqu’il y a deux sexes, deux origines, deux manières d’aimer, deux mondes mentaux et deux cultures » et grâce auquel une « possibilité de choix apparaît que certains désignent déjà par le mot « liberté » (9)

Ce changement de paradigme - de la différence complémentaire et créatrice à la reproduction du même - est peut-être émancipateur - est-il vraiment libérateur ?

Permettez-moi maintenant, Madame la députée, de m’attarder sur les nouvelles familles que vous pourriez légitimer : les lesbiennes et leurs enfants.

Certes, comme j’ai tenté de le formuler plus haut, la loi en question ici condamnerait autant les mères que les pères à disparaître de notre culture en tant que représentations structurantes.

Toutefois, l’inertie des habitudes mentales laisserait vivre un temps l’expérience d’avoir deux parents qui seront quand même un père et une mère, ou deux mères. C’est sans doute pourquoi, l’on entend les défenseurs du projet de loi disserter dans les médias des notions de père et de mère, comme si elles devaient avoir encore un sens, pour quelques temps.

Pensons un peu aux enfants qui auront, donc, deux mères. Ils seront privés de père. Non parce que ce dernier les aura abandonnés, ou sera mort, mais parce qu’on les aura délibérément, officiellement, et peut-être aux frais de l’Etat, conçus sans père. Ils échapperont, c’est vrai, au risque de subir un père alcoolique, violent ou incestueux. Mais je vais vous faire un aveu : je serais contre une loi qui obligerait les pères à être poivrots, tortionnaires d’enfants ou pédophiles.

La question – ici - est la pertinence d’une loi qui obligerait des enfants à se passer de père.

Madame Buzyn nous a expliqué doctement que la fonction symbolique paternelle pouvait être remplie par « des oncles » et même, « une grand-mère ». (10)

Il ne faut pas se moquer de madame Buzyn. Contrairement à ce qu’ont aussitôt proclamé quelques plumitifs d’extrême droite, elle n’a jamais dit qu’une femme pouvait être père, réellement. Car elle ne parlait pas du père réel, mais du père symbolique.

Ainsi, il y aura des familles avec des pères réels et d’autres avec des pères symboliques.

Je prends note, déjà, d’une discrimination programmée : certains enfants auront un père réel, d’autres n’auront droit qu’à un père symbolique (et encore, ce ne serait même pas garanti par la loi dont le projet, que je sache, ne prévoit pas d’obliger les candidates à la PMA à justifier d’un père symbolique quelque part).

Par ailleurs, peut-il exister un symbole sans la réalité qu’il symbolise ? Je m’explique par un exemple bêbête : Marianne n’est pas la République, elle en est le symbole. Que serait Marianne si la République n’existait pas, si le mot « République » n’avait aucun sens ?

Autrement dit, le symbole remplace dans l’imaginaire une chose réelle, sans quoi il ne serait le symbole de rien du tout.

Aussi la fameuse « fonction symbolique » paternelle, dont les psychologues médiatiques nous rabattent les oreilles, ne peut fonctionner, justement, que parce que le mot « père » a du sens, et il ne saurait avoir du sens que parce qu’il y a des pères réels.

« Ils vont très, très bien, rassurez-vous ! »

Aussi, les pères symboliques, aussi gentils et aimants que savent l’être les oncles et les grands-mères, ne doivent leur fonction qu’aux pères réels des autres familles. La conclusion s’impose : les familles homo-maternelles seraient les passagères clandestines du modèle dominant, hétéro. Vous avez bien lu, Madame la députée : « modèle dominant ». L’expression est très désagréable, mais je n’en trouve pas d’autres. 

Je résume : les conséquences de la loi ne sont pas à craindre pour la raison que sera maintenu l’ordre symbolique que la loi a précisément pour objet de nier. Pour le dire autrement : le serpent se mord la queue.

On nous assure de toutes parts que les enfants élevés par deux femmes vont bien, rassurez- vous. Ils ne vont pas plus mal en tous cas que les enfants nés dans des familles traditionnelles. C’est sci-en-ti-fi-que-ment prouvé, toutes les études le démontrent.

En prêtant une oreille attentive, l’on peut entendre quelques voix discordantes, quand même.

Danielle Julien a recensé toutes les études disponibles en 2003. Bilan : « Ces études jettent un éclairage intéressant, quoique incomplet, sur les enfants qui ont vécu l’homoparentalité (prise en charge quotidienne par deux personnes de même sexe) ; elles ne peuvent cependant être concluantes en ce qui concerne les enfants qui expérimenteraient l’homoparenté (filiation d’origine à l’égard de personnes de même sexe) ». Or le sujet qui nous occupe ici n’est pas la parentalité, mais la filiation. « Danielle Julien reconnaît d’ailleurs qu’il reste beaucoup à faire tant au niveau de la composition des échantillons que des questions de recherche pour éclairer ces réalités. » (11)

Cela fait 17 ans, c’est un peu daté, dira-t-on. La sociologie du sujet qui nous préoccupe a beaucoup progressé depuis, n’en doutons pas. 

Ecoutons donc quelques avis plus récents.

« La méthodologie de ces études est récusable » estimait en 2014 Aldo Naouri, pédiatre de renom, allant jusqu’à affirmer – carrément - qu’« il est impossible d’imaginer aujourd’hui des tests susceptibles de donner des résultats objectifs ». (12) Bigre !

Tout dernièrement, l’Académie nationale de médecine, quant à elle, ne jugeait « pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles » (13)

Ces académiciens, il faut le dire, sont en majorité des hommes, âgés de plus de cinquante ans pour aggraver leur cas. Toutefois, pour être parfaitement honnête, je ne voulais pas mépriser totalement leur avis.

On nous dit que ces enfants, même devenus adultes, « vont bien ». Mais que signifie « aller bien » ?

N’être pas plus angoissé que la moyenne, travailler normalement à l’école, avoir un emploi, être capable de fonder une famille, ne pas être délinquant – en somme, être adapté ?

Mais, témoigne Claude Halmos, psychanalyste, « les analystes rencontrent tous les jours des gens qui n’ont jamais posé aucun problème à leur famille ou à la société. Et qui pourtant ne parviennent pas à vivre ». 

Jean-Pierre Winter ne fait pas, lui non plus, de statistiques ni ne coche des cases dans un questionnaire sociologique. Il écoute les personnes se questionner. « On nous dit que la vérité sera dite à l’enfant. Mais quelle vérité ? Ce n’est pas celle de la mécanique qui l’intéresse, c’est celle du désir qui a présidé à sa venue au monde. Il devra donc gérer une question intenable : “Je suis le produit du désir de ces deux personnes, mais le produit du désir de ces deux-là ne peut pas donner d’enfant. Donc, qui suis-je ? » (12)

That’s the question.

Cela situe notre problématique à son vrai niveau : existentiel.

Il ne suffit pas d’être en bonne santé, normalisé sociologiquement, apte au travail, fonctionnel en un mot, pour éteindre en soi toutes les questions.A moins de donner raison au « dernier homme » décrit par Nietzsche. Vous le connaissez, Madame : celui « qui rapetisse tout », qui ne regarde jamais une étoile, est content de lui, satisfait, et sans souffrance. « On aime encore le voisin et l’on se frotte à lui : car de chaleur on a besoin (…) l’on travaille, car le travail distrait (…) pour le jour on a son petit plaisir, et pour la nuit son petit plaisir, mais on vénère la santé. (…) ‘ De l’heur nous avons fait la découverte’ - disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil. » (14)

Rabattre l’éthique et la recherche du sens, du vrai et du bien, sur le bien-être, c’est tentant. 

Mais je m’aperçois, Madame la députée, que je n’ai pas encore évoqué l’autorisation que la loi donnerait aux femmes célibataires de concevoir seules un enfant par PMA. Je confesse ma couardise : je reculais devant le pire.

Il faut pourtant le regarder en face.

Il s’agit de tout autre chose que l’adoption par les femmes célibataires, déjà légal. Une femme qui accueille par adoption un enfant déjà privé de parents, lui offre au moins une mère, ce qui n’est pas rien. Celle qui conçoit un enfant toute seule le prive par avance, non seulement d’un père, mais d’un deuxième parent.

Rationalité maîtrisée

Reconnaissons une chose : avec des mères lesbiennes, l’enfant pourra au moins s’appuyer sur une certaine différence, celle qui existera entre les deux femmes dont il sera issu par filiation. Issu de deux fois le même symboliquement, peut-être, mais avec toutefois des différences évidentes qui distinguent toute personne d’une autre, fusse-t-elle de même sexe.

Avec une mère seule, ce sera la même, accompagnée d’elle-même, toujours la même.

L’altérité nécessaire pour trianguler la relation duelle, indispensable pour faire advenir la liberté d’un sujet, encore possible avec deux mères, ne le sera plus avec une seule. A moins que, par chance, une personne proche vienne faire tiers : un frère, une mère, un oncle. Je vous laisse méditer sur l’inconscient de ces femmes qui voudront « faire un enfant » - surtout pas, grand Dieu, avec un amant ! - mais avec leur père, leur oncle, leur frère ou leur mère.

Comme il est presqu’humiliant, madame la députée, d’avoir à rappeler de tels truismes, je préfère laisser parler Boris Cyrulnik qui, lui, peut se prévaloir d’une riche expérience clinique : « Si la personnalité maternelle la mène à ‘faire un enfant pour moi seule’, ce n’est pas l’ouverture du triangle qui se mettra en place, mais une relation d’emprise, délicieuse d’abord puis gavante jusqu’à la nausée plus tard. » (15)

Vous me direz peut-être que ces mères, d’un bon niveau socio-culturel en général (Ah, la bonne bourgeoisie ! On se sent tout de suite rassuré…), mûrissent leur projet parental, pensent l’accueil de l’enfant, construisent leur maternité de façon raisonnable et responsable, bien davantage que la moyenne des mères « classiques ».

C’est vrai qu’elles sont beaucoup plus spontanées, improvisatrices et bien souvent, il faut le dire, un tantinet irresponsables, ces écervelées qui conçoivent un enfant dans l’amour…

Leur douce folie m’inquiète infiniment moins - je vous l’avoue - que la rationalité maîtrisée, la planification méticuleuse, la préméditation calculée des autres.

Scrutons maintenant le pivot conceptuel du projet de loi sur la PMA : le fondement de la filiation, rompant tout lien avec l’engendrement biologique, émigre dans la sphère de la pure convention.

Certes, l’engendrement n’a jamais été le fondement de la filiation. Un père n’est pas un géniteur, ni une mère une génitrice. Entre les enfants adoptés et leurs parents, la filiation est parfaitement établie. Le père n’est pas toujours celui qui engendre, on le sait. Sa place est donc bien fondée en partie sur un acte de volonté : la reconnaissance de l’enfant s’il n’est pas marié avec la mère ou, si c’est le cas, l’acceptation implicite d’occuper cette place de père, sans être jamais sûr (autrement que par la confiance) d’avoir engendré.

Toutefois, la fiction juridique qu’est la filiation renvoie au paradigme de l’engendrement par la différence sexuelle. Dans notre civilisation, le père est présumé géniteur et la mère est celle qui accouche ou, pour les mères adoptives, aurait pu accoucher.

Cela signifie que la filiation, quoique plus ou moins accompagnée par une intention des parents, est médiatisée par l’engendrement (réel ou symbolisé).

Même dans les cas où une naissance a été programmée, l’on ne peut jamais dire en toute vérité à un enfant : « Tu es né parce que nous t’avons voulu », mais plutôt : « Nous avons désiré un enfant et, par le concours de forces de la nature qui nous dépassent, tu es né, et nous t’avons accueilli ».  

Si la loi en projet était votée, Madame la députée, le seul fondement de la filiation sera la volonté humaine : l’intention, le projet. L’on sera parent, non parce qu’on aura accepté d’avoir engendré (ou d’avoir pu engendrer), mais parce qu’on aura eu un « projet parental » : l’on sera « parent d’intention ». Ce sera vrai pour les femmes lesbiennes ou célibataires, mais aussi pour tous les parents, par extension.

Comme toute volonté humaine, le projet parental sera à la fois entaché par une certaine fragilité et potentiellement tyrannique.

Fragile, d’abord. Je vous épargnerai, Madame la députée, une tirade sur l’inconstance et l’ambivalence des êtres humains ! Vous le savez aussi bien que moi : ce que l’on veut aujourd’hui, on ne le veut plus demain, et ce que l’on veut, on ne le veut pas toujours vraiment.

Cela ne liquéfiera pas la filiation, qui sera évidemment inscrite dans le marbre de l’état civil. L’intention ne sera pas révocable, j’ai bien compris.

Mais cela changera quelque chose dans la conscience et l’inconscient des parents. Si leur intention faiblit (et qui n’a pas regretté un moment d’être parent) à quoi pourront-ils s’accrocher ? Bien sûr à l’affection qu’ils auront pour leurs rejetons et le lien d’amour tissé depuis la naissance. Mais du côté du fondement de la filiation ? Uniquement à leur propre engagement. Leur volonté aura à faire - non à la réalité de l’engendrement et de processus naturels, au rassurant principe de réalité -, mais uniquement à elle-même, avec sa part d’arbitraire, voire d’absurdité angoissante.

Menacé, ensuite, par la tentation de la toute-puissance. « Je t’ai voulu, j’ai fait une PMA et tu es né » pourra sonner comme «  Veni, vidi, vici ». Non pas que, dans la réalité, la PMA soit une victoire facile, encore moins une partie de plaisir. Echecs répétés, étapes fastidieuses, interventions douloureuses peuvent faire partie du processus, qualifié souvent de parcours du combattant. 

Mais précisément : il s’agit d’un combat pour faire advenir ce que l’on veut, et non d’un accueil de ce qui est donné. A défaut d’être réelle, la toute-puissance sera fantasmée.

Main basse sur le vivant

N’oublions pas le partenaire obligé : le pouvoir médical. Car, comme le dit l’anthropologue Maurice Godelier, il faut plus que les parents pour faire un enfant : le soleil, Dieu, une force magique, ou… les techniciens de la procréation.

Ne sous-estimons-pas leur potentialité tyrannique, qui pourrait donner raison à Bernanos : « La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c’est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l’ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. » (16)

Pour ma part, je suis sensible aux charmes de la « discussion inutile », comme vous, Madame la députée, puisque vous m’avez suivi jusqu’ici.

 D’un côté, les moyens techniques seront la baguette magique fantasmée des parents, au service de leur projet.

D’un autre côté, les dispositifs technico-médicaux dépossèderont les parents de la procréation de leurs enfants. Si les caresses au lit conjugal échappent encore (partiellement) au contrôle techno-marchand, les manipulations des tubes à essais en sont au contraire une des illustrations les plus parfaites. J’imagine bien que, selon une tradition très française, la loi réservera ces actes à l’hôpital public. Mais pour combien de temps ? Quelle garantie avez-vous, Madame la députée, que dans quelques années, un pouvoir exécutif moins bien inspiré que vous, ne confie pas ce service au privé, comme on veut le faire dès aujourd’hui pour l’aéroport Charles de Gaulle ou la gestion des contraventions de la route ? La France, pour défendre sa compétitivité, rejoindrait alors le juteux marché mondial de la reproduction. Lequel, comme tous les marchés, déploiera sa logique de profit maximum, sa publicité et sa volonté d’acheter le pouvoir politique. Le corps des femmes, inépuisable source de profit, une des plus fécondes poules aux œufs d’or du capitalisme. 

Fantasme parental et techno-pouvoir, se nourrissant l’un l’autre, œuvreront ensemble à faire main-basse sur le vivant.

Du côté des parents, se développera l’idée d’un « droit à l’enfant ». Certes, la loi que vous pourriez voter n’en fait pas une notion juridique. Pas encore. Mais la loi Veil, aussi, excluait le « droit à l’avortement », et elle a pourtant ouvert la porte à un processus socio-juridique qui a fini par le consacrer comme un noyau dur - intouchable - de notre législation. Comment ne pas raisonnablement craindre une issue comparable ? Déjà, la Mission d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique revendique le « droit à fonder une famille » (7). Du droit à l’enfant, l’on passera à l’enfant possédé. Telle est la logique de la filiation par intention, inspiré de la législation californienne. « Pour la Cour suprême de Californie (…) l’enfant est considéré comme appartenant (belonging to) à ceux qui l’ont ‘conçu’. (…) Fruit de leur projet, de leur ‘concept’ et de leur ‘intention’, il leur ‘appartient’ en quelque sorte comme un bien. » (17) Tout cela se comprend : la filiation d’intention promeut la puissance autonome de la volonté humaine. Et que fait la puissance livrée à elle-même, sinon dominer, posséder ?

Du côté du pouvoir techno-médical, sera mise en œuvre l’idée de l’enfant objet de fabrication - en attendant celle de l’enfant marchandise. Car qu’est-ce qu’un dispositif technique ayant pour finalité un résultat, si ce n’est l’organisation de la production d’un objet  ?

En tous cas, dans le projet de loi, si l’enfant n’est pas explicitement nommé comme objet, les « matériaux » à partir desquels il est fait sont curieusement désignés : « (…) sauf si un problème de qualité (c’est moi qui souligne) affecte ces embryons ». (18) Un problème de qualité ! On croirait lire une note de l’industrie automobile destinée aux fournisseurs de pièces.

 Me voilà entraînée vers un autre point du projet de révision des lois bioéthiques : la recherche sur l’embryon. Les « avancées » proposées vont toutes dans le même sens : toujours plus de pouvoir à la technoscience sur le vivant humain.

Que faire des embryons « surnuméraires » ? Comme leur nom l’indique, ils sont en trop. Alors autant qu’ils servent à quelque chose. Les commanditaires sont vraiment divins : ont-ils un projet sur l’embryon, celui-ci est élevé dans les hautes sphères de l’idéal ; n’ont-ils plus de projet, il tombe au niveau zéro d’un pur matériau de laboratoire. Avec l’autorisation de l’Agence de biomédecine, les chercheurs pourront s’y livrer à des expérimentations, le modifier génétiquement, comme Monsanto tripatouille son maïs, sauf tout de même à y introduire des gènes animaux, bien que la chose ait été sans vergogne proposée dans votre hémicycle. Et cela jusqu’à, non plus 7 jours de vie au maximum comme la loi actuelle l’impose, mais 14, voire 21 jours si l’on suivait la proposition des sénateurs. (19)

Ce serait trop demander que de proposer de faire de l’embryon un sujet de droit, à l’égal de vous, Madame la députée. La barre serait trop haute. Mais de là à le réduire à de la matière disponible, il y a de la marge. 

Eugénisme

Belle cohérence du projet de loi : l’embryon est un pur objet, l’enfant tend à le devenir. La PMA fabrique des embryons en quantité : à jeter, à donner (à d’autres « parents d’intention »), à servir en laboratoire. (20) Elle « fait » aussi des enfants.

On y va tout droit : l’enfant objet fabriqué, objet de droit, objet d’appartenance.

A partir de là, l’eugénisme sera quasi inéluctable.

Le diagnostic préimplantatoire (DPI) existe déjà pour les cas exceptionnels de couples en risque de mettre au monde des enfants atteints de maladies génétiques graves.

Le débat a eu lieu dans votre assemblée et au Sénat sur la question d’autoriser à élargir le diagnostic préimplantatoire aux anomalies du nombre de chromosomes, autrement dit à éliminer les embryons trisomiques et quelques autres non conformes. Députés et sénateurs, malgré les adjurations solennelles des grands professeurs Frydman et consorts, n’ont pas sauté le pas. Pour le moment.

Mais le ver est dans le fruit. Et il frétille.

Car après tout, quel mal y a-t-il à vouloir un enfant en bonne santé ? A prévenir des fausses couches à répétition ? A éviter un avortement ? Souvenons-nous que la technique de la PMA implique de prendre un embryon pour l’implanter - et détruire tous les autres (sauf si on les donne à d’autres parents). Alors puisque, de toutes façons, l’on n’en garde qu’un parmi tous les autres, pourquoi s’en remettre au hasard, se bander les yeux, alors que l’on peut faire les choses raisonnablement. Oui, pourquoi ne pas sélectionner intelligemment, celui qui aura le plus de chance d’être un bébé en bonne santé ? En y réfléchissant, il serait irresponsable de s’en abstenir !

Ces questions se posaient déjà avec la PMA déjà légale pour les couples hétérosexuels infertiles.

Mais, ici, nous franchirions un cap. Si le fondement unique de toutes les filiations est le projet parental, qu’est-ce qui peut arrêter ce projet, cette (bonne, forcément) intention  ? Quelles bornes la volonté humaine peut-elle se donner à elle-même ? Un enfant viable… sans maladie grave… en bonne santé à la naissance… potentiellement en bonne santé à 70 ans… avec des yeux bleus… un QI à 130… où est la limite ?

Et cela pour tous. Car, au nom de quoi les couples fertiles désirant, eux-aussi, un enfant-en-bonne-santé seraient-ils privés de ces techniques, de ce droit – discriminés  ?

Mais je traîne en longueur.

Abrégeons. 

Je voudrais évoquer quelques arguments ressassés en faveur de cette loi qui, je le sens bien, Madame la députée, vous brûlent les lèvres depuis le début de mon interpellation.

  1. « La loi doit s’adapter aux évolutions de la société. »

Ah bon ? Toutes les évolutions ? Si dans certains milieux distingués, l’on se mettait à pratiquer l’infanticide jusqu’à l’âge de sept ans, comme le recommandait le divin Marquis de Sade, faudrait-il adapter la loi à ces mœurs innovantes ? Davantage d’actualité : de nombreux enfants en France sont élevés dans des familles polygames. Faut-il pour autant, d’urgence, légaliser la polygamie ? Dans le cas contraire, l’on devra admettre qu’un discernement s’impose au législateur entre les évolutions auxquelles il peut légitimement s’adapter et les autres.

  1. « On ne peut empêcher les femmes d’avoir un enfant par PMA, elles vont le faire dans les pays où c’est-autorisé. » Complément : « Seules celles qui en ont les moyens le font, les autres sont lésées ».

Et si la mode venait un jour, chez certains français aisés, d’aller acheter des esclaves dans les pays où la vente en est autorisée, pour en jouir pendant leurs vacances sous les cocotiers ? Faudra-t-il - pour ne pas pénaliser ceux qui n’ont pas les moyens d’aller se fournir loin de chez eux - légaliser le commerce d’esclaves en France ?

  1. « La légalisation de la PMA pour toutes est adoptée par plus en plus de pays dans le monde, c’est un mouvement universel. La France ne peut pas rester isolée ».

Pauvre général de Gaulle ! S’il avait entendu ce genre de conseil, il ne se serait pas donné autant de mal pour s’opposer au sens de l’histoire. En 1940, la tendance universelle, c’était le nazisme et autres fascismes, la nouvelle grande Europe. Il serait resté auprès d’Yvonne et n’aurait pas laissé la France à l’écart de ce vaste mouvement.

Ni bien, ni mal

Ces trois arguments convergent dans le renoncement à exercer notre faculté de jugement, au profit de la soumission à l’état de fait ou à la nécessité du progrès. Du fatalisme pur. Intéressant, de la part de personnes qui agitent très fort le drapeau de la liberté. Tout ce qui se fait est justifié. Tout ce qui peut se faire sera nécessairement fait, et donc doit être fait. Doit  ?…

  1. Mais attention : « En régime laïc, la loi n’a pas à dire le bien et le mal. »

Voilà ce qu’on répond ordinairement aux interlocuteurs suspectés de quelques accointances catholiques, notamment.

Plus surprenant, le Comité consultatif national d’éthique, selon son président, « n’est pas là pour indiquer où se trouvent le bien et le mal. » Une éthique sans bien ni mal, c’est un peu comme un droit sans loi, une politique sans souveraineté ou, si l’on préfère, une cuisine sans rien dans l’assiette. Une éthique qui ne serait pas de la morale. Mais, alors, à quoi sert donc cette éthique-là ? Réponse : à « écouter le milieu associatif et aussi (…) savoir ce que la science pense et ce qu’elle a envie de faire bouger », pour « arriver à un équilibre entre les avancées de la science et les avancées de la société ». (21) En d’autres termes : gérer les rapports entre les forces sociales et techno-scientifiques. Gérer les rapports de forces ! En bon français, cela pouvait s’appeler diplomatie, négociation, arbitrage, voire management ou gouvernance, mais non éthique. Je vais recycler mon vocabulaire.

Revenons à la loi : peut-elle se passer de morale, faire l’impasse sur le bien et le mal ? Au nom de quoi est-il interdit de tuer son voisin dont la télévision fait trop de bruit à 1h du matin, si ce n’est au nom du commandement « tu ne tueras pas » lequel, sauf erreur, signifie que tuer son voisin, c’est, comment dire… mal ? 

Je vais peut-être vous décevoir, Madame la députée, mais la loi que vous risquez de voter s’arque boute, elle aussi, sur une morale, quoiqu’en disent ses promoteurs. Une morale qui définit très clairement le bien et le mal :

Le bien c’est le progrès (des biotechnologies, de la société), le mal c’est l’immobilisme. Le bien c’est la liberté (d’avoir des enfants), le mal c’est la soumission (à la biologie). Le bien c’est l’égalité (des mères lesbiennes et des parents hétérosexuels), le mal c’est la discrimination. Le bien c’est l’amour (de tous les parents pour les enfants), le mal c’est la haine (envers les familles homosexuelles), le bien c’est le bonheur (des enfants, quelle que soit la famille où ils grandissent), le mal c’est la souffrance (des femmes qui ne peuvent être mères à cause de leur orientation sexuelle).

Une morale des plus sévères pour les transgresseurs : ultra-conservateurs, autoritaristes, homophobes, haineux, intégristes catholiques, tous aux gémonies ! Une morale qui a ses ligues de vertu (les associations LGBT et leurs compagnons de route), toujours vigilantes, l’œil aux aguets, prêtes à s’indigner, dénoncer le mal, partout où il surgit.

  1. « Actuellement dans les familles avec des enfants élevés par deux femmes, si la mère légale vient à décéder, la loi ne reconnaît aucun droit à l’autre. Les enfants sont alors séparés de la seule maman qui leur reste. Afin de prévenir ces situations dramatiques, il faut donc accorder aux deux femmes le même statut dans la filiation. Pour le bien des enfants. »

Tiens ! « Le bien des enfants » : on y pense ! Cela mérite qu’on s’y attarde.

D’une manière générale, dans les familles de couples lesbiens ou non, les enfants qui n’ont qu’un seul parent, se retrouvent orphelins au décès de celui-ci, c’est assez logique, quoique dramatique. Cela arrive malheureusement à ceux dont le parent décédé s’était retrouvé seul du fait de l’abandon par le conjoint ou de sa mort. Pour les enfants des couples lesbiens, cependant, il y a une différence : la mère a organisé volontairement cette situation de monoparentalité légale.

Faut-il une nouvelle loi, au prétexte que quelques mères mettent sciemment leurs enfants en danger dans le cadre de la loi actuelle, en s’opposant à son esprit ?

L’esprit de la loi, c’est de permettre aux enfants d’avoir deux parents.

Ce qui – magnifique et douloureuse ironie - n’est pas le cas du projet de légalisation de la PMA pour toutes : toutes, y compris les femmes seules !

Toutefois, bien que non juriste, j’ai du mal à croire qu’il soit impossible de faire évoluer la législation en accordant à la mère non légale des droits d’accueil et une certaine autorité parentale, pour les cas où la mère légale décèderait.

Je fais tout à fait confiance là-dessus à ceux qui ont eu l’imagination suffisamment fertile (non, je n’ai pas dit « délirante ») pour inventer une extravagante filiation homosexuelle. Ils sauront – s’ils le veulent – imaginer une loi permettant aux enfants orphelins de mère et de père d’être confiés à un tiers de confiance qui a les a élevés et qu’ils appellent « maman ». Ce ne devrait pas être si difficile : allez, un petit effort de créativité, Mesdames et Messieurs les députés ! 

  1. « L’essentiel pour un enfant c’est que ses parents l’aiment. »

Oui, oui, oui, il est préférable pour un enfant d’être aimé par ses parents. Mais la loi actuelle réservant la filiation aux parents de sexes différents n’oblige pas, que je sache, les parents à détester leurs enfants. Et les lesbiennes qui élèvent déjà des enfants sans en être toutes les deux mères légales n’ont pas non plus interdiction de les aimer, sous peine d’amende. Si elles obtiennent la filiation complète, les en aimeront-elles davantage ? L’état civil, dispensateur d’amour, ce serait nouveau.

Par ailleurs, c’est très mignon de parler d’amour lorsqu’il est question de droit. Cela fait couler quelque douceur dans un monde qui en a bien besoin. Mais, comme l’observe Jean-Pierre Winter, encore lui, « (…) là où il y a de l’amour, il y a de la haine. (….) L’amour n’est jamais pur. Il est toujours mêlé de haine, et inversement. L’un ne va pas sans l’autre ». Cela jette un froid. Et pourtant, il faut bien en tirer les conséquences : « (…) une communauté qui s’édifie sur l’amour n’est ni fiable ni stable. L’amour ne fonde pas un lien social durable. Il ne fait pas un lien politique entre les humains. Ce qui peut faire lien entre les humains, c’est la loi. Seule la loi, qui répartit et limite les jouissances, peut remplir ce rôle ». (22)

Et puis, si l’amour - fascinante force, vertigineuse et sans limite - justifie tout, il faudrait donner raison au très fleur-bleue Gabriel Matzneff lorsqu’il se défend d’avoir abusé d’une adolescente de quatorze ans par « la beauté de l'amour que nous vécûmes, Vanessa et moi » (23), et légaliser les relations sexuelles entre adultes et enfants, y compris incestueuses, pendant qu’on y est - puisqu’ils s’aiment.

  1. Last but not least : «  Il faut faire cesser la discrimination légale qui frappe les familles de couples lesbiens. »

La discrimination ! Le voici pour terminer, le grand mot qui fait peur. 

Une « partie de la population se voit refuser l’accès à la PMA comme conséquence de son orientation sexuelle », remarque, choquée, la Mission d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique (7).

Regardons-y de prêt : s’agit-il précisément de discrimination ?

« On devrait au moins observer, note Sylviane Agacinski, au nom de la simple raison, que la procréation (assistée ou non) n’a que faire des orientations sexuelles, et qu’elle a en revanche tout à voir avec l’asymétrie des deux sexes, qui ne sont, en la matière, ni équivalents ni égaux. Dans ce domaine, un couple de même sexe n’est pas l’équivalent à un couple sexuellement mixte (…) » (24)

C’est le Conseil d’Etat qui le dit : « la différence de traitement (…) entre les couples formés d’un homme et d’une femme et les couples de personnes de même sexe (…) n’est pas contraire au principe d’égalité. Pour les juges, « le principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que législateur règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général ». (25) 

Car c’est un principe juridique élémentaire : la discrimination est « une inégalité de traitement entre des personnes placées dans des situations comparables (…) » (26)

 Cela dit, je suis large d’esprit, je veux bien m’affranchir de toute tradition juridique, balayer d’un revers de la main l’arrêt du Conseil d’Etat, et accorder que les lesbiennes interdites de PMA sont actuellement dis-cri-mi-nées.

Mais, alors, pour être parfaitement juste, mesurons à la même aune le projet de loi visant à légaliser la PMA pour toutes.

Eh bien, je ne voudrais pas vous faire de peine, Madame la députée, mais il est lui-même discriminatoire. 

Car enfin, comment qualifier autrement une loi qui interdit aux couples d’hommes ce qu’elle permet aux couples de femmes ? Si ce n’est pas de l’androphobie, çà !

Et puis, pourquoi deux parents, et pas trois, et même quatre ou sept ? C’est frileux. Vous le savez sûrement, il existe déjà dans certains milieux branchés et innovants, des trouples« J’ai déjà eu plusieurs trouples dans mon cabinet, constate, émoustillé, Stéphane Clerget, psychiatre et pédopsychiatre. C’est un phénomène assez récent et qui est peut-être annonciateur, qui sait ? de nouveaux comportements, les homosexuels étant souvent prescripteurs. C’est un équilibre qui s’établit en totale rupture avec le modèle traditionnel du couple. » (27)

Crispée sur ce modèle traditionnel du couple, la loi en discussion discriminerait potentiellement certaines familles.

Un dernier mot.

Je ne suis pas contre le principe de parité, je suis même plutôt pour. Sur les plateaux de télévision, au jury des Césars, parmi les cadres des entreprises du Cac 40, en beaucoup d’autres lieux, il ne serait pas mauvais que hommes et femmes soient plus également répartis. Ils y apporteraient ensemble les deux moitiés précieuses de l’humanité. La complémentarité des sexes, ce sera un combat de longue haleine, dans toute la société.

Toute ? Non ! Il existe un petit domaine qui résiste au pouvoir d’un sexe unique. Un seul, dans lequel la parité existe déjà. Depuis toujours. Là, nous ne nous sentons pas obligés de signer des pétitions, d’écrire des chartes de bonne pratique, de rédiger des tribunes dans Libé, de nous épancher dans les micros, ouf ! Il y en a au moins un.

C’est la filiation. 

Tous les enfants ont un père et une mère. Au moins dans leur origine, dans leur identité profonde, les humains bénéficient de cette différence, de ces deux moitiés complémentaires de l’humanité - de cette parité.

Faut-il vraiment le leur enlever ?

Allez, pour terminer, une pensée d’Albert Camus qui, tout d’un coup, me passe par la tête : « Chaque générationsans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » (28)

Vous remerciant d’avoir eu la bonté de me lire jusqu’à la fin, je vous prie de recevoir, Madame la députée, l’expression de ma parfaite considération.

 

 Estelle Floriani  

 

NOTES :

1 - Françoise Héritier, Marianne, le 4 février 2013. https://www.marianne.net/societe/francoise-heritier-oui-au-mariage-des-homosexuels-et-l-adoption

2- Claude Lévi-Strauss, L’anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011. https://books.google.fr/books?id=DLPEAgAAQBAJ&pg=PT21&lpg=PT21&dq=L%C3%A9vi+strauss+les+liens+biologiques+sont+le+mod%C3%A8le+sur+lequel+sont+con%C3%A7ues+les+relations+de+parent%C3%A9+%C2%BB&source=bl&ots=Sf4hWMPOmN&sig=ACfU3U3zqF2cXBZqeUF2ZDMZzLuf8MIMsA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjQgPTDj9noAhUEDmMBHUaICrkQ6AEwBHoECAwQMg#v=onepage&q=L%C3%A9vi%20strauss%20les%20liens%20biologiques%20sont%20le%20mod%C3%A8le%20sur%20lequel%20sont%20con%C3%A7ues%20les%20relations%20de%20parent%C3%A9%20%C2%BB&f=false

3- Françoise Héritier, Masculin, Féminin. La pensée de la différence. Paris, O. Jacob, 1996, p.278.

4- Montesquieu, Lettres Persanes, lettre 79.

5- Pierre Legendre, 1985, L’Inestimable objet de la transmission. Étude sur le principe généalogique en Occident, Paris, Fayard, p.10.

6- L’avenir du père, Albin Michel, 2019, p. 124.

7- Rapport déposé à l’Assemblée nationale en janvier 2019 par la Mission d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique.

8- La France contre les robots, Le Castor Astral, 2009, 2015, p. 104.

9- Boris Cyrulnik, Les Vilains Petits Canards, Odile Jacob, Paris, septembre 2004, p. 106.

10- « Ça vous regarde », LCP, le 24 septembre 2019.

11- Renée Joyal, « Parenté, parentalité et filiation. Des questions cruciales pour l’avenir de nos enfants et de nos sociétés. Enfance. Famille. Génération. Numéro 5, automne 2006.

https://www.erudit.org/fr/revues/efg/2006-n5-efg1620/015778ar/) 

12- https://www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Mere/Articles-et-Dossiers/Homos-et-parents

13- Séance du 17 septembre 2019 http://www.academie-medecine.fr/rapport-sur-le-projet-de-loi-relatif-a-la-bioethique/

14- Ainsi parlait Zarathoustra, Idées/Gallimard, 1971, p. 27.

15- Ibid. p.116.

16- Ibid. p. 109.

17- Sylviane Agacinski, L’homme désincarné, du corps charnel au corps fabriqué, Tracts Gallimard, 2019, p. 19.

18- Art. L. 2141-3 http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15t0343_texte-adopte-seance

19- Titre IV, Chap. 1, art. 14. https://solidarites-sante.gouv.fr/grands-dossiers/bioethique/les-evolutions-proposees-par-le-projet-de-loi/article/la-recherche-sur-embryon-et-cellules-souches-embryonnaires

20- Et pourquoi pas cette idée originale, venue d’Australie : une entreprise particulièrement innovante – babybeehummingbirds - propose aux femmes qui ont vécu une PMA de recycler artistiquement leurs embryons surnuméraires en les transformants en bijoux. https://slate.com/human-interest/2017/05/embryo-jewelry-is-creepy-but-how-creepy.html

21- Le Parisien, 29 décembre 2019.

22- Jean-François Delfraissy, Valeurs actuelles, 3 mars 2018.

 https://www.valeursactuelles.com/societe/jean-francois-delfraissy-je-ne-sais-pas-ce-que-sont-le-bien-et-le-mal-93615.

23- Homoparenté, Albin Michel, 2010.

https://books.google.fr/books?id=Cd4L_Spwl9cC&pg=PT20&lpg=PT20&dq=jean+pierre+winter+amour+haine&source=bl&ots=EXjgdso9An&sig=ACfU3U0qfXEhMz6NsZXMuYt9-0P77x-ZxA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjds7Lpu9noAhVRx4UKHaOFC_8Q6AEwEnoECAsQOQ#v=onepage&q=jean%20pierre%20winter%20amour%20haine&f=false

24- Ibid, p. 26.

25- Décision N° 421899 du 28 septembre 2018. 

26- https://www.humanrights.ch/fr/dossiers-droits-humains/discrimination/definition/

27- https://www.elle.fr/Love-Sexe/Sexualite/Dossiers/Apres-le-couple-le-trouple-1970926

28- Discours de réception du prix Nobel de littérature, Stockholm, 10 décembre 1957.


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30 réactions à cet article    


  • leypanou 24 avril 2020 12:50

    Croyez-vous vraiment qu’un(e) député(e) va lire un texte aussi long ?

    A un moment, vous écrivez : abrégeons, mais ce qui vient après est aussi -ou même plus- long que ce qui a été écrit avant.

    Pourtant, je partage à peu près votre position.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 24 avril 2020 13:06

      @leypanou

      Croyez-vous vraiment qu’un(e) député(e) représente ses électeurs ?
      Ne croyez-vous pas qu’un une) député (e ?) vote en fonction des consignes qu’il (elle) reçoit ou du contenu de sa gmelle ?


    • Estelle Floriani 24 avril 2020 15:42

      @leypanou
      Je ne me fais aucune illusion. Si ne serait-ce qu’un seul député pousse le sens du devoir jusqu’à me lire, ce serait extraordinaire. En fait, j’ai rencontré ma députée, en vrai : elle m’a reçue très gentiment et m’a écoutée avec une admirable patience dérouler mes arguments. Ces derniers glissaient sur son esprit comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Aucune controverse ne fut possible. Seul « argument » avancé par mon interlocutrice : « il faut s’adapter aux demandes sociétales ».  


    • paulau 25 avril 2020 06:47

      @Estelle Floriani
      Un fil qui pourra vous intéresser :
      https://forum.lesmoutonsenrages.fr/viewtopic.php?f=22&t=10871


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 février 2022 17:23

      @Estelle Floriani
      « « il faut s’adapter aux demandes sociétales » »
      tant qu’un referendum n’aura pas défini les demandes sociétales, nul ne peut prétendre les connaitre, et donc encore moins prétendre agir en leurs noms !

      Si j’en crois les réactions a votre texte (certes effectivement un peu long smiley, rien ne permet de penser que votre députée a compris la demande sociétale, bien au contraire ! Je partage votre point de vue (bien que pas tout lu)


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 12:56

      Merci pour votre article. Nouvelle sur ce site je suppose, je ne vais revenir avec tous mes commentaires qui rejoignent les vôtres. Le mien d’aujourd’hui sur le transhumanisme :

      Comme dans la nature, le choix d’un ou d’une partenaire est un affaire de nez. Celui-ci ou celui-là, je ne le sens pas. Un nouveau-né est toujours un nouveau nez (fruit de l’ADN de deux êtres faits pour se rencontrer). Fruit d’une alliance : ADN ou arche de Noé. Il est « nez » le divin enfant. C’est à l’odeur que l’oenologue jugera de la qualité du vin, s’il est ou non divin,...C’est à la particularité de son vieillissement qu’il se juge. L’ADN ne transmet pas qu’un codé génétique, mais aussi la phylognénèse de l’individu. En phylogenèse, on représente couramment les parentés par un arbre phylogénétique. Le nombre de nœuds entre les branches, qui représente autant d’ancêtres communs, indique le degré de parenté entre les individus, les groupes ou les taxons. Plus il y a de nœuds et donc d’ancêtres intermédiaires entre deux êtres vivants, plus leur ancêtre commun est ancien et plus leur parenté actuelle est éloignée. En coupant dans la filiation on gagne en résistance physique ce que l’on perd au niveau de l’arbre généalogique. Un peu comme si l’on remplaçait un vrai sapin par un sapin en plastic. C’est vrai, le second tiendra plus longtemps. Mais il sera mort vivant. L’immortalité est réservée au Dieux (ou la nature) qui se chargera d’éliminer les faussaires. Un virus déjà s’en occupent. Enfants sans filiation un Etat sans direction,...Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. comme pour moi il s’agit d’un infanticide j’aimerais ester en justice. Mais c’est lourd. Mes remerciement à Jean-Pierre Winter qui a osé affronter les furies,...ETAT CRIMINEL


      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 13:02

        Etrange synchronicité. Cette nuit j’ai rêvé que deux homosexuelles me suppliait de leur laisser avoir un enfant. Vous comprenez, il n’y a plus d’hommes en suffisance sur cette terre qui veulent assumer le rôle de père. Je restais ferme sur mes position. Non, non, décidément : NON


        • Clark Kent Séraphin Lampion 24 avril 2020 13:07

          @Mélusine ou la Robe de Saphir.

          eh ben, vous avez raison : un coq, ça suffit pour tout un poulailler et un bouc pour tout un troupeau de chèvres.


        • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 13:38

          La BAAlgique est la plus touchée par la pandémie. Cela ne m’étonne pas. A force de jouer les apprentis sorciers dans les domaines de la procréation, le virus diabolique (qui divise) a trouvé le terrain parfait pour s’implanter. Benoît Poelvoorde ce grand dépressif écrivait ceci à l’époque : « Nous, de la Belgique, quand on voit ça (mainf pour tous), on rigole. Mais qu’est-ce qu’on a à foutre si tu maries... Et puis ces mecs qui sont contre l’homoparentalité, qu’est-ce qui te dit que leur gosse ne va pas devenir homosexuel ? Ils vont faire quoi les gros malins qui ont manifesté en disant : ’Jamais, jamais !’ quand leur enfant leur dira : ’Papa, je suis PD’ ? »

          Et d’expliquer, avec le franc-parler qui fait son succès et sous les éclats de rire : « En Belgique, on s’enfile comme des rois ! Pour un oui, pour un non, on est derrière son copain. On regarde ça de loin en se demandant ’qu’est-ce que c’est’ ? On dirait que vous venez de découvrir l’électricité et que vous croyez qu’elle pourrait vous aveugler à vie ! » Pour le moment, c’est le virus qui enfile les belges. 


          • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 13:44

            Les virus sont nettement plus actifs dans les milieux « homo »gènes, ayant des pratiques contre natures et confinés comme des sardines : WUHAN. Si on a pas encore compris,.... Quand il y aura encore une catastrophe on sait maintenant quels sont les responsables. 


            • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 16:34

              Des études cliniques ont déjà pu faire le lien entre trouble de l’attention et du comportement (Enfants hyper-actifs) et enfants trop désirés qui doivent correspondre à un schéma. Comme un objet acheté a le devoir de « fonctionner » correctement. L’enfant conçu par un homme et une femme dans la chaleur réciproque de l’amour est d’emblée aimé. C’est le cadeau de l’amour de deux êtres : il ne peut être qu’être parfait malgré ses nombreuses imperfections. Tiens, cette façon de piétiner quand il n’est pas content, c’est tout toi et c’est pour cela que je t’aime. Il n’aime pas l’école. Bah, c’est comme sont père. On fera avec...cela à aussi son charme puisque tu as réussi malgré tout à me séduire. Cet enfant, c’est un peu Dieu, le hasard d’un moment dans notre couple qui l’a voulu. Ne dit-on pas que les enfants de l’amour sont les mieux réussis ??? Je sais que cet écrit est une bouteille à la mère. Mais si au moins, un couple le lit, j’espère qu’il réfléchira....avant. C’est l’enfant qui décide de venir. Pas les parents. 


              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 16:48

                Ces enfants ont l’air heureux. Oui, cela s’appelle un « faux self ». Pourrait-il faire autrement au risque de déstabiliser leurs « parents ». D’une certaine manière (comme les petits enfants chinois), ils ont l’obligation" d’être heureux. Ou du moins d’en avoir l’air. Vous imaginez le contraire,...Le cauchemar,...Des enfants oui, des robots certainement ;


                • chantecler chantecler 25 avril 2020 07:11

                  @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                  Mais qu’est ce que vous en savez !
                  Vos fantasmes mystico idéologico religieux sont envahissants .
                  Des « couples homosexuels » vivent et ne sont pas dans le rejet de l’autre sexe .
                  J’ai rencontré de ces femmes , de ces hommes , ouverts qui avaint plus que des passerelles avec « l’autre sexe »....
                  Et cet autre sexe fournissait largement les référents maternels et paternels que vous réclamez à corps et à cris , ici sur ce site et ailleurs .
                  Et les enfants de ces foyers , étaient souvent bien plus épanouis que d’autres vivants dans un cadre traditionnel mais désuni , en proie à la violence , car désirés.
                  Arrêtez avec votre psychanalyse à quatre sous .
                  Quand je constate ce que vous trimballez encore comme névrose , je pense que celles que vous avez suivies ne vous ont pas trop réussi .
                  Et sincèrement je me réjouis que la Belgique vous ait interdit d’exercer la profession .
                  En France , et partout , on a fait en sorte que des gens n’ayant suivi qu’une psychanalyse ( dite didactique) pour soigner votre mal vivre et plus , ne puissent sans formation complémentaire , s’installer comme psychanalyste (pour la « rentabiliser », comme ils disent) .
                  Surtout avec votre conception de « psychanalyse à vie » .


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 avril 2020 10:34

                  @chantecler Je ne suis interdite de rien du tout. DESOLE. C’est eux qui ont peur de moi,.....


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 avril 2020 10:50

                  @chantecler
                   Vous confondez enfant désiré et enfant qui vient combler un trou, un vide, un manque. C’est la même différence qu’entre désirer quelqu’un d’autre par amour pour cette personne et la pornographie qui vise à remplir une frustration. 


                • chantecler chantecler 25 avril 2020 10:54

                  @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                  Mais qu’est ce que vous en savez ?
                  Pénible !


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 avril 2020 10:55

                  De nombreuses femmes qui ont eu recours à la PMA racontent leur parcours. Avec une dépression à la clé,... Le mari n’arrivait pas à « produire son sperme » au moment x. Il a fallu faire le tour des sex-shop pour trouver la bonne revue porno. Quel parcours « poétique »....


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 16:59

                  C’est normal que les politiques ne répondent pas. ils ont eux-même des "faux self. L’image qu’ils montrent aux autres n’a rien à voir avec leur véritables personnalité . Ils savent que pour être élu, ils doivent se composer un personnage formaté. Normal que votre courrier reçoive une fin de non-recevoir. Vous leur tendez un miroir.


                  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 avril 2020 17:28

                    outons

                    Tester ce enfants, c’est comme comparer des moutons de Panurge à de Panurge. Quoi de plus semblable à un robot qu’un autre robot ? Et comme le disait Victor Hugo : LE PLUS LOUD FARDEAU C’EST d’EXISTER SANS VIVRE. Au suivant chanterait Brel,....La dictature est en marge. Les réfractaires au confinement.


                    • Esprit Critique 24 avril 2020 18:38

                      Si l’autrice avait écouté les débats pour le mariage pour tous elle aurait entendu que les fait que si deux hommes se sodomisent ou deux gouines se gougnotent n’obtiennent pas de grossesse ils sont victimes d’inégalités et d’injustices.

                      Quand on laissent les malades mentaux dire de tel conneries et que les élus confondent Fantasmes d’illuminés et réalités biologiques alors il est déjà trop tard.

                      C’est sur le fond et la totalité du sujet qu’il faut faire marche arrière. Le mariage correspond a une réalité biologique. Rien d’autre.

                      Pour rigoler un peu : Avec l’Arrêt du transport aériens des dizaines de mômes commandé par PMA attendent d’être récupéré par des couples spéciaux, va falloir payer des suppléments, ou relocaliser les trafics ! ? 


                      • Esprit Critique 25 avril 2020 01:09

                        @Esprit Critique
                        « Commandé en GPA », mais tout le monde avait compris .... 


                      • troletbuse troletbuse 24 avril 2020 18:55

                        Microniimbus l’a bien dit :«  Vous pensez que le père est un mâle »

                        Je conclue que Micrnomo est à enfermer.


                        • slave1802 slave1802 24 avril 2020 20:24

                          Et si au lieu de regarder ce qui se passe dans le lit des autres, vous vous occupiez de votre cul ?


                          • Estelle Floriani 24 avril 2020 22:32

                            Je vous remercie, Slave 1802, pour votre commentaire argumenté, subtil, élégant et dont la percée conceptuelle fait avancer le débat. 
                            Je réponds à votre question : je m’en occupe très bien, merci. 
                            Par ailleurs, je vous invite à relire mes lignes, fastidieuses j’en conviens, et de vous apercevoir peut être qu’il n’en est pas question, à aucun moment. 


                          • Jonas Jonas 24 avril 2020 23:24

                            Les projets de loi sur la PMA et de la GPA (qui va bientôt suivre) représentent l’aboutissement de l’idéologie progressiste visant la destruction de la structure familiale, qui a constitué le socle fondateur de notre civilisation chrétienne européenne pendant près de deux millénaires.

                            Ayant réduit quasiment à néant le dogme catholique, la vie humaine n’est plus considérée comme Sacrée, l’enfant reste sans protection contre les progressistes soumis à Mamon qui ont désormais la possibilité de marchander les corps, et de réduire l’enfant à un simple objet que l’on peut acheter sur Internet.

                            Les couples homosexuels peuvent déjà aujourd’hui acheter un enfant pour 39 700 euros (gamme sans options) sur Internet.

                            « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. »
                            Matthieu 6:24

                            En Inde par exemple, le marché de la GPA est estimé à un milliard d’euros par an.

                            Anabel Pastor, milite dans la « fondation Triangle », association LGBT+ qui fait de la propagande pour la banalisation des familles homosexuelles, lesbiennes et transgenres, y compris à destination des enfants.
                            Julia, 3 ans, montrée comme une bête de foire à l’Assemblée d’Estrémadure en Espagne, n’a pas de papa : « j’ai deux mamans ».


                            • paulau 25 avril 2020 06:53

                              La PMA pour toutes ne doit pas être vu que du point de vue de l ’enfant mais prendre en compte l ’ ensemble de la vie de celui que l ’on veut mettre au monde. En effet être enfant est un moment de la vie, l ’enfant va devenir adulte, on n’est pas enfant pour toujours. Le jouet reste jouet toute sa vie, la peluche reste peluche, l’enfant, lui, porte un avenir autre que celui de sa condition d’enfant. Il va devenir un adulte.
                              Les notions de « désir d’enfant », de « droit à l’enfant », ne valent rien face à cela. L ’ adulte, ancien enfant né de PMA, vivra soixante-dix années, quatre vingt ans ou plus. Nous serons alors loin, très loin, dans le temps du "besoin d’amour parental d ’un enfant, amplement satisfait par les soins aimants d’un couple de lesbienne comblé par sa venue", pour plagier les partisans de la PMA pour toutes. Cet enfant devenu adulte vivra loin de la « joie d’avoir été désiré » que mettent en avant les pro PMA. Il ne pourra jamais dire : « papa ». Cet adulte vivra face au mur de l’opacité de son origine.
                              Ses parents « créateurs » disparus, il n’aura, pour remonter en amont de sa « création » que la béance et le néant à scruter. Il aura été un produit conçu par caprice, par le seul caprice aveugle d’une femme ou d ’un couple de femmes, entichés de leur propre bonheur d ’avoir un enfant , sans songer à l ’adolescent puis à l ’adulte qu ’il va devenir et qui va vivre un drame : il ne peut connaître son origine.


                              • Julot_Fr 25 avril 2020 09:14

                                La sterilisation par la bouffe (et les vaccins covid a venir) + PMA = nos elites bien intentionnees se positionnent pour controler la procreation qui devient partiellement du business ... ils vont s’en mettre plein les poches


                                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 avril 2020 12:05

                                  J’aimerais profiter de cet espace pour dire aux jeunes qui vont très mal et se demandent dans quel monde leurs parents ont décidé de les lancer, que de nombreuses personnes, dont des psys n’étaient pas d’accord avec la loi sur le mariage homosexuel et ses conséquences. Si vous avez l’impression qu’il n’y a rien à faire, que le système politique ou économique est le plus fort. Que vous n’avez aucun moyen d’action (ni contre les législateurs qui ne vous protègent pas, ni contre ceux qui détruisent la bio-diversité), qu’il est encore possible de s’exprimer et de dire : NON. C’est peut-être votre seule porte de survie, mais n’hésitez jamais à vous rebeller contre un système devenu pervers.


                                  • vesjem vesjem 25 avril 2020 19:52

                                    merci l’auteur ; excellent article

                                    la pma et la gpa, le mariage homo, sont des projets mondialistes de dingues, qui ont le pognon pour déstabiliser la famille, les mœurs, les nations

                                    l’avortement sans discernement, a été le commencement de ces dérives non naturelles (parfois nécessaires tout de même)

                                    l’absence d’un père authentique ou d’une mère authentique, c’est faire porter un « boulet psychologique » à un enfant tout au long de sa vie


                                    • Estelle Floriani 29 janvier 2022 17:46

                                      Je relis mon article. Je tombe sur une faute impardonnable : « Aussi la fameuse ’fonction symbolique paternelle’, dont les psychologues médiatiques nous rabattent les oreilles (...) »

                                      Il fallait écrire, bien sûr : « rebattre les oreilles ».

                                      Alors, lecteurs, vous n’aviez rien vu non plus ?

                                      Estelle Floriani.

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