Aujourd’hui, la France sort partiellement du confinement mis en place mi mars. Ce confinement a permis de limiter la propagation de l’épidémie, même s’il faut souligner qu’il est un moyen très lourd pour le faire, faute d’en disposer d’autres armes, qui demandaient de l’anticipation. Aujourd’hui, la critique du déconfinement est vive, notamment sur le sujet des enfants. Qu’en penser ?
Prendre les citoyens pour des adultes, et non des enfants
La réponse est difficile et complexe. Si on vise le risque zéro, bien sûr, on pourrait attendre que plus aucun nouveau cas de coronavirus ne soit déclaré,
en interdisant toute sortie de chez soi et en approvisionnant directement les ménages en nourriture chez eux, comme à Wuhan. Mais une solution si radicale serait encore plus violente économiquement et éprouvante du point de vue des libertés individuelles. D’ailleurs, personne ne semble la proposer dans notre pays. Et au contraire, on peut se demander si la France n’a pas choisi un confinement presque trop radical, par la durée et l’ampleur,
comme l’indique le très fort recul de notre PIB au premier trimestre, -5,8%, le plus fort de la zone euro, plus important encore qu’en Italie et en Espagne, sans même parler de la situation allemande.
C’est la question que l’on peut se poser sur la réouverture des écoles. Bien sûr, personne ne veut mettre à risque des enfants, mais certains choix posent question. Certains transports publics ne sont-ils pas bien plus dangereux qu’une école ? Idem pour les grandes entreprises qui rassemblent des centaines de personnes sur le même site.
The Economist, avec qui je ne suis pas toujours d’accord, plaide pour ouvrir les écoles en premier. Et l’économie n’est pas au cœur de sa réflexion,
avant tout sanitaire et éducative. En effet,
les enfants transmettent moins la maladie et elle est relativement peu dangereuse pour eux,
avec une mortalité 2000 fois inférieure aux plus de 60 ans ! Pourtant, ces derniers peuvent déjà faire leurs courses et seront déconfinés...
Le plus important pour l’hebdomadaire est le risque de décrochage éducatif, particulièrement pour le primaire, mais aussi pour les familles au moindre bagage éducatif.
Mais pourquoi
la polémique est si vive sur la reprise de l’école, alors que le risque est deux mille fois plus important pour les personnes de plus de 60 ans, pour qui qui rien n’a été mis en place pour limiter leur risque d’exposition ? Ne pourrait-on pas imaginer de tester toutes les personnes qui souhaitent être en contact régulier avec des personnes de plus de 70 ans par exemple, pour réduire leur isolement, mais en essayant de limiter les risques le plus possible ? Pourquoi ne pas tester massivement dans les lieux sensibles d’une certaine taille, comme les écoles ? Il est étonnant que
l’exécutif se cantonne à des mesures finalement peu et mal différenciées alors que la situation est bien plus différente démographiquement que géographiquement. Comme si le prix payé en terme de privation des libertés individuelles et d’économie était une forme d’expiation
des erreurs passées de l’exécutif…
Au global la communication du gouvernement sur cette crise a été calamiteuse. Entre
l’infantilisation ridicule d’un président nous demandant de lire, le déluge de mensonges pour tenter, sans succès, de couvrir les retards de l’exécutif pour nous équiper, puis la toute dernière tentative, ubuesque, d’instituer un Ministère de la Vérité sur le coronavirus, ce gouvernement a été en dessous de tout. Pour couronner le tout, il est même totalement incapable de gérer la simple publication des attestations.
Celle pour les déplacements professionnels en transports en commun a été communiquée royalement hier dimanche, la veille de sa date d’application, imposant logiquement de repousser son caractère obligatoire à mercredi… Et celle pour les transports de plus de 100 kilomètres, pourtant nécessaire dès aujourd’hui, était introuvable dimanche soir… Faut-il être surpris devant tant de légèreté d’un tel exécutif ?
Difficile d’avoir une opinion forte sur les options choisies pour ce déconfinement lent et limité. Vrai bon choix sanitaire pris en conscience et de manière rationnelle, ou pure posture politicienne, trop stricte, ou pas assez, d’abord destinée à servir la communication présidentielle ? Le passé et certains angles morts (le traitement des personnes âgés notamment) n’incitent guère à la confiance…